Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 4
Temps de recherche: 0.0329s

hiver

Quelques minutes plus tard, une blancheur dévastatrice, des congères volantes, déferlant telles des vagues de neige à cette altitude, ondulaient le long de l'avion qui émergea de la houle au-dessus des collines. La beauté de ces terres étouffait sous la neige.

Auteur: Giraldi William

Info: Aucun homme ni dieu

[ nuage ] [ aéronef ]

 

Commentaires: 0

départ

Voilà, c'est fini, me dis-je quand nous eûmes dépassé la dernière petite maison, presque ensevelie sous la neige, avec sa barrière inclinée, emprisonnée de part et d'autre par de hautes congères. L'horrible ville nous a laissé passer, elle nous a craché dessus une dernière rafale de mitraillette, lointaine et désormais inoffensive, après quoi les ondes se sont vidées et tues, comme par un fait exprès juste au moment où est apparu le large ruban de la voie fédérale, damé par une multitude de roues et reliant Pétrozavodsk la morte à la lointaine Mourmansk. C'est fini. On n'aura plus jamais à revivre ça, plus d'immeubles en pierre, de ponts, de rues pleines de voitures abandonnées, de vitrines défoncées, de fenêtres barricadées. D'attente pesante de la mort. De peur.

Auteur: Vagner Yana

Info: Vongozero

[ éloignement ]

 

Commentaires: 0

rêve

Je suis de nouveau au bord de la mer. Tout est exactement comme je me le rappelle. L'océan et la plage, le soleil et la grande maison en rondins noircis au goudron avec sa longue véranda ; je me souviens de tout dans les moindres détails. L'escalier qui mène à la galerie, et sa rampe étroite. La troisième marche qui grince quand on descend vers la grève. La digue de pierres polies par les marées sur lesquelles je me suis blessé en tombant à la fin de l'été 1924. Les rochers sont comme dans mon souvenir. Le sable, le sable chauffé par le soleil et qui va de la digue jusqu'au rivage. Les oiseaux de mer aux pattes raides et aux becs allongés, qui picorent dans les congères d'algues échouées. Les vagues qui lèchent le rivage, s'étirent, essayant en vain d'atteindre les oiseaux, puis refluent, déçues, et meurent sous la lame suivante. Je n'ai rien oublié. Je suis revenu sur cette plage d'hier, et je cours, heureux bondissant au-dessus des goémons. Je me jette à l'eau, les embruns me giflent de leurs gouttelettes glacées. Je nage, je nage, le plus loin possible, au-delà de la troisième lagune où mon père m'interdit d'aller, et me laisse tomber dans l'océan froid et salé. Il m'embrasse, m'immerge dans son astringente verdure. Je nage, je plonge dans sa froidure, frotte mon ventre contre son fond sablonneux, traverse les rais de lumière oblique, brasse jusqu'à ce que mes poumons crient grâce et m'obligent à remonter. J'explose le miroir de la surface où se reflète le soleil. Le sel me brûle les yeux, je les ferme et jouis de la chaleur de l'air sur ma poitrine. Je suis là, les yeux fermés, et autour de moi je sens l'océan et le soleil et l'écume des brisants et les vagues qui me font osciller d'avant en arrière, d'arrière en avant.
Quand je m'éveille, l'océan n'est plus là. Le fracas que j'entends est celui des roues du train à bestiaux, le flux et le reflux du wagon qui grince et tangue. Chaque embranchement des rails se répercute à travers les lattes du plancher et martèle ma colonne vertébrale.

Auteur: Brask Morten

Info: Terezin plage

[ mémoire ]

 

Commentaires: 0

famille de mots

Le mot "globe" est assez tardif. Selon le Bloch & Von Warburg, il apparaît au XIVè s., est usuel au  XVIIè s. où il a déjà les acceptions principales d’un "corps sphérique, ou sphéroïdal".

À la différence de la sphère ou de la boule, qui s’accompagnent d’une exacte définition géométrique, le globe est une approximation, usitée en géographie, en astronomie et en anatomie ("globe utérin").

"Global" quant à lui est attesté pour la première fois en 1840, soit en pleine révolution industrielle, ce qui n’est sans doute pas un hasard.

Selon le Gaffiot, globus désigne une masse, un amas, un amoncellement. Tacite parle de globus nubium, "amas de nuages". C’est aussi, on s’en souvient,  l’une des acceptions de la Gestion, déployée à partir de la racine gerere, qui désigne la "masse", le "tas". Congerere, c’est "entasser", d’où les congères, les amas de neige portée par le vent.

L’étymologie de globus est différente de celle d’orbis, qui a aussi pour significations dérivées "la terre" (chez Ovide) et le monde. Car Orbis désigne, par opposition à la rotondité de globus, un cercle ou un disque plat ou creux (selon le Dictionnaire étymologique de la langue latine de Ernout et Meillet). Orbis désigne la courbure, un mouvement circulaire, et bien entendu la révolution d’un astre. Et, comme si orbis assumait la perte de matière à quoi le conduit le creux de son acception initiale, c’est un terme spontanément métaphorique, qui peut désigner le cours circulaire d’événements, le tour d’une discussion (chez Cicéron) ; per omnes in orbem imperium ibat, chez Tite-Live, signifie "l’autorité se transmettait à tous en faisant le tour"… Orbis suggère le creuxglobus le dense, la foule, et le peloton en langage militaire.

La distinction est subtile, mais elle a son importance.

Ce qu’il importe de comprendre, pour commencer, c’est que le globe, contrairement au cercle, est une vague vue de l’esprit. Le cercle est une notion bien définie, il désigne une forme précise, calculable et manipulable par et pour le calcul, tandis que le globe est une pure évaluation. Or, comme si l’idée de globe souffrait de son approximation initiale,  elle ne peut s’appliquer à la "Terre" qu’en faisant abstraction de son abstraction même. Concevoir "la Terre" comme "globe" (je dis "la Terre" par commodité, pour employer une expression triviale, qui elle-même est déjà la conséquence d’une façon globale d’envisager le monde), au sens d’une sphère artificielle sur laquelle le regard se pose en surplomb et que l’on manipule à son gré en la faisant tourner sur son axe, c’est s’engager à maintenir l’intégrale intégrité du monde que l’on conçoit ainsi, ce à quoi on ne peut parvenir qu’en faisant abstraction de tout ce qui risquerait de récuser cette intégrité.

Et les exemples de ce qui récuse cette intégrité abondent. Ainsi  l’énonciation de Wittgenstein, dans le Tractatus logico-philosophicus, selon qui  "le monde se dissout en faits". Le monde wittgensteinien est incompatible avec une conception du monde comme "globe".

Auteur: Zagdanski Stéphane

Info: https://laggg2020.substack.com/p/gober-le-globe-les-romains-les-bretons

[ historique ] [ impact conceptuel ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson