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intrications

La pensée n'est pas nécessairement liée à un cerveau. Elle apparaît dans le travail des abeilles, des cristaux, et dans tout le monde purement physique ; et on ne peut plus nier qu'elle soit vraiment là, que les couleurs, les formes, etc. des objets sont vraiment là. Si vous adhérez constamment à un déni injustifiable de ceci vous serez conduit vers une certaine forme de nominalisme idéaliste semblable à celui de Fichte. Non seulement la pensée est pensée dans le monde organique, mais elle s'y développe.

Mais comme il ne peut y avoir de Généralité sans Instances qui l'incarnent, il ne peut y avoir de pensée sans Signes. Nous devons ici donner au "Signe" un sens très large, sans doute, mais pas large au point d'entrer dans notre définition. Aussi, en admettant que les Signes reliés doivent avoir un Quasi-esprit, on peut subséquemment déclarer qu'il ne peut y avoir de signe isolé. De plus, les signes nécessitent au minimum deux Quasi-esprits ; un Quasi-énonciateur et un Quasi-interprète ; et bien que ces deux éléments ne fassent qu'un (c'est-à-dire qu'ils forment un seul esprit) dans le signe lui-même, ils doivent néanmoins être distincts. Dans le Signe, ils sont, pour ainsi dire, soudés.

Par conséquent, il ne s'agit pas simplement d'un fait de la psychologie humaine, mais d'une nécessité logique, que toute évolution logique de la pensée soit dialogique. On pourrait dire que tout cela n'est que discours vague ; et j'admets qu'en l'état actuel des choses, il y a une grande dose d'arbitraire. On pourrait accumuler les arguments afin d'éliminer la majeure partie de cette anomalie ; mais en premier lieu, pareille expansion nécessiterait un volume - et un volume peu engageant : et en second lieu, ce que je j'énonce ne s'applique qu'à une infime partie de notre système de schématisation, en ne l’affectant que très légèrement ; ainsi, si tout ceci est erroné, l'effet de loin le plus dangereux sera que notre système ne représente pas chaque forme de pensée non humaine.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Prolegomena to an Apology for Pragmaticism. The Monist, 16, 492-546. 1906

[ interdépendance ] [ interpénétration ] [ distanciation ] [ extraterrestres analysés ] [ désincarnation linguistique ] [ xénolinguistique ] [ épigénétique ] [ zoosémiotique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

tueur

[...] ... Un jour, dans un magasin, j'assiste à un tour de magie, celui de la fausse guillotine. Vous mettez une pomme de terre sous la lame, tandis que quelqu'un passe son cou dans une ouverture prévue à cet effet. La lame tombe et seule la pomme de terre est coupée en deux. Le magicien demande un volontaire et une belle jeune fille blonde se présente, poussée par son petit ami. Tout le monde rigole. Moi, à ce moment, je flippe complètement et je perds contact avec la réalité. Cela n'aurait pas dû m'arriver. Comment imaginer que l'on puisse couper la tête de quelqu'un dans un magasin ? J'étais fasciné, ce concept de décapitation était tellement excitant à mes yeux qu'il m'a hanté pendant des semaines. Bien avant mon premier crime, je savais déjà que j'allais tuer, que cela se terminerait ainsi. Les fantasmes sont trop forts, trop violents. Je sais que je ne serai pas capable de les contrecarrer. Ils reviennent sans cesse à la charge et ils sont trop élaborés ... On parle quelquefois de la face obscure de telle ou telle personne. Tout le monde pense à des choses qu'il garde enfouies au plus profond, parce qu'elles sont par trop cruelles et horribles pour être exprimées : "J'aimerais lui faire sauter la tête, ou tuer ce type." Nous le faisons tous, un jour ou l'autre. Moi, j'y pensais tout le temps. J'avais constamment des pensées négatives. A un moment donné de votre croissance, vous parvenez à surmonter cette phase morbide. Moi, non. Un adulte peut guider un enfant en lui montrant une autre voie. Ma mère était là, au contraire, pour m'humilier et me battre. Elle me montrait à quel point les mâles étaient insignifiants. En quelque sorte, elle a précédé de quelques années les mouvements féministes ! Je sais que ce n'est pas juste de parler ainsi d'une morte qui n'est pas là pour se défendre. Son propre père avait été quelqu'un d'insignifiant et elle avait dû prendre les choses en main dès son plus jeune âge. Maman s'occupait de tout. Elle ne savait pas comment agir autrement. ... [...]

Auteur: Bourgoin Stéphane

Info: Serial Killers: Enquête mondiale sur les tueurs en série

[ psychose ] [ pervers ]

 

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condition tragique

Nous vivons de plus en plus séparés du milieu naturel (que nous cherchons éperdument à retrouver en vacances) et voici que perdant contact avec cette réalité, qui fut réalité substantielle de notre vie, nous avons le plus extrême besoin d’une autre réalité. Vivant dans un nouveau milieu abstrait, théorique, non correspondant à notre tradition, un milieu non vivant, où l’homme se trouve seul vivant, il ne peut encore concevoir ce milieu technicien comme la réalité. L’homme moderne vit alors dans un refuge vers le naturel, une fiction : nous sommes toujours dans la nature. Et il a le plus grand mal à se concevoir comme l’homme exclu de la nature (ou la Nature exclue !) entré dans un autre univers. Fiction d’être toujours, comme toujours, dans un monde d’eaux, de vents, d’arbres et d’animaux. Cependant que l’univers réel dans lequel il se trouve lui paraît non réel. Le béton, l’auto, l’acier, l’asphalte, ce sont des accidents. Or, au moment même où nous nous enferrons dans cette double fiction, dans ce refus du réel, voici que nous sommes justement obsédés par le réel et le concret. Seule nous intéresse l’action sur la réalité, balayées les idées et les pensées, le concret seul...celui de l’argent, de la machine, du métier... Le concret compte seul dans notre conviction et dans notre choix de vie. Étonnante contradiction. Et voici alors que l’image miséricordieuse vient tout résoudre. L’image coïncide avec la réalité. Et nous sommes épanouis de retrouver constamment la nature en images. Nous sommes de nouveau chez nous, par ces majestueuses photos d’océan, par ces habiles films sur les animaux, au téléobjectif. Jamais nous n’avions si bien connu cette nature. Si bien vu. Et grâce à ces images nous respirons l’air du large et des hautes cimes. En même temps que l’image nous rend l’univers technicien dans sa réalité hypostasiée. Le monde mécanique qui souvent nous gêne et nous trouble devient magiquement présent, dans sa familiarité. Mais familiarité montrée, ce qui veut dire rendue majestueuse, noble, éminente : digne d’être montrée, digne d’admiration. Mirari ­– mirage. L’image mirage réconcilie les contradictions, rend de nouveau la nature présente et réelle, rend le milieu technicien familier et admirable, et comble notre soif de concret, de réel.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 324-325

[ illusion ] [ réconciliation ] [ technique ] [ réalité de seconde main ] [ remède-poison ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-par-hommes

Maintenant, réfléchissant dans le noir à leur passé, il s'apercevait qu'il ne pouvait y avoir qu'une raison à la façon acrobatique et distante que Nora avait de faire l'amour : comme les prostituées qui vendent leur corps, mais non leur plaisir, Nora, simplement, ne l'aimait pas. Toutefois cette explication ne lui sembla pas satisfaisante : Nora répétait constamment qu'elle l'aimait dans les occasions les plus intimes et les plus désintéressées et il n'avait pas de raison d'en douter. Mais alors ? Il se dit que son manque de participation à l'amour ne pouvait s'expliquer que s'il l'entendait au-delà des limites du rapport sexuel. En réalité, pensa-t-il, la manière qu'avait Nora de faire l'amour sous-entendait une attitude psychologique analogue : aux démonstrations amoureuses de Lorenzo elle répondait, en fait, par l'immobilité, l'indifférence, carrément par l'agacement et la répulsion. Maintenant, à y bien repenser, il se rappela que Nora n'aimait pas être caressée sur le visage, alors que c'est une des caresses les plus affectueuses ; dès qu'il ébauchait ce geste, elle ne pouvait s'empêcher de détourner la tête. Qu'est-ce que cela signifiait ? Comment cela pouvait-il être compatible avec l'affirmation obstinée et sincère de Nora qui prétendait l'aimer ? Lorenzo se souvint du comportement analogue d'un de ses chats, chez ses parents, sauvage et méfiant, habitué à vivre à la maison le jour et sur les toits la nuit, il se dérobait à la caresse ou se retournait et faisait mine de le griffer. Lorenzo avait demandé à sa mère pourquoi l'animal ne voulait pas être caressé. Elle avait répondu :
- Parce que tu ne lui plais pas.
- Mais nous lui donnons une maison, de la nourriture, il devrait au moins se laisser caresser.
- Il est égoïste, il veut recevoir et non pas donner. Ou plutôt, si tu réfléchis un peu, il y a quelque chose qu'il nous donne.
- Quoi ?
- Sa beauté. Il est beau. Il se laisse contempler, il ne veut pas donner davantage.
Maintenant, en repensant aux mots de sa mère, il crut pouvoir expliquer l'attitude de Nora dans l'amour. Comme le chat de sa mère, Nora était simplement égoïste : tout en acceptant son amour, elle ne ressentait pas le besoin d'y répondre, elle se contentait de vivre sous ses yeux, de se laisser regarder.

Auteur: Moravia Alberto

Info: La femme léopard

[ distantes ] [ froides ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

réfléchir

Si j’ai excellé dans l’art du mathématicien, c’est moins par l’habileté et la persévérance à résoudre des problèmes légués par mes devanciers, que par cette propension naturelle en moi qui me pousse à voir des questions, visiblement cruciales, que personne n’avait vues, ou à dégager les "bonnes notions" qui manquaient (sans que personne souvent ne s’en soit rendu compte, avant que la notion nouvelle ne soit apparue), ainsi que les " bons énoncés" auxquels personne n’avait songé. [...] Mais plus encore que vers la découverte de questions, de notions et d’énoncés nouveaux, c’est vers celle de points de vue féconds, me conduisant constamment à introduire, et à développer peu ou prou, des thèmes entièrement nouveaux, que me porte mon génie particulier. C’est là, il me semble, ce que j’ai apporté de plus essentiel à la mathématique de mon temps. À vrai dire, ces innombrables questions, notions, énoncés dont je viens de parler, ne prennent pour moi un sens qu’à la lumière d’un tel "point de vue" — vu pour mieux dire, ils en naissent spontanément, avec la force de l’évidence ; à la même façon qu’une lumière (même diffuse) qui surgit dans la nuit noire, semble faire naître du néant ces contours plus ou moins flous ou nets qu’elle nous révèle soudain. Sans cette lumière qui les unit dans un faisceau commun, les dix ou cent ou mille questions, notions, énoncés apparaîtraient comme un monceau hétéroclite et amorphe de "gadgets mentaux", isolés les uns des autres — et non comme les parties d’un Tout qui, pour rester peut-être invisible, se dérobant encore dans les replis de la nuit, n’en est pas moins clairement pressenti. [...] Et il arrive, parfois, qu’un faisceau de points de vue convergents sur un même et vaste paysage, par la vertu de cela en nous apte à saisir l’Un à travers le multiple, donne corps à une chose nouvelle ; à une chose qui dépasse chacune des perspectives partielles, de la même façon qu’un être vivant dépasse chacun de ses membres et de ses organes. Cette chose nouvelle, on peut l’appeler une vision. La vision unit les points de vue déjà connus qui l’incarnent, et elle nous en révèle d’autres jusque là ignorés, tout comme le point de vue fécond fait découvrir et appréhender comme partie d’un même Tout, une multiplicité de questions, de notions et d’énoncés nouveaux.

Auteur: Grothendieck Alexandre

Info: Récoltes et Semailles, texte autobiographique, 2.6. Point de vue et vision

[ recul ] [ distanciation ] [ comprendre ] [ quête ] [ réflexion communautaire ] [ perspectivisme multidimensionnel ] [ unification ]

 

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pandémies

À partir du moment où nous disposons d'archives écrites, les preuves de l'occurence d'épidémies mortelles se multiplient et l'on peut en déduire de façon prudente leur existence à des périodes antérieures. L'épopée de Gilgamesh en est peut-être le témoignage le plus parlant, avec le passage où son héros affirme que sa renommée survivra à la mort tout en décrivant le spectacle d'un flot de cadavres descendant l'Euphrate, probablement victimes d'une maladie infectieuse. Il semble bien que les Mésopotamiens aient constamment vécu sous la menace d'épidémies létales. C'est ce dont témoignent les amulettes, les prières, les poupées prophylactiques et l'existence de déesses et de temples aux vertus " curatives " — le plus célèbre étant celui de Nippur — destinés à protéger les humains contre ces maladies collectives. Ces phénomènes étaient, bien entendu, assez mal compris à l'époque, et souvent attribués à la colère meurtrière d'un dieu, ou bien perçus comme la punition d'une transgression qui exigeait un rituel compensatoire, tel le sacrifice de boucs émissaires.
Les premières sources écrites montrent toutefois que les peuples de la Mésopotamie antique comprenaient le principe de la contagion. Chaque fois que c'était possible, ils prenaient des mesures afin de mettre en quarantaine les premiers cas identifiables en les confinant à leurs domiciles sans laisser entrer ni sortir personne. Ils comprenaient que les voyageurs de longue distance, les commerçants et les soldats pouvaient être porteurs de maladies. Leurs pratiques d'isolement et de prévention préfigurent les mesures de quarantaine des lazarets des ports de la Renaissance. Et cette compréhension de la contagion se manifestait non seulement par l'évitement des personnes infectées, mais aussi par celui de leur vaisselle, de leurs vêtements ou de leur literie. Les soldats de retour d'une campagne militaire et soupçonnés d'être porteurs d'infection étaient contraints de brûler leurs vêtements et leurs boucliers avant de pénétrer dans la ville. Lorsque l'isolement et la quarantaine échouaient, ceux qui le pouvaient fuyaient la cité, laissant derrière eux les morts et les agonisants, et ne revenant chez eux, s'ils revenaient, que bien longtemps après la fin de l'épidémie. Ce faisant, il est probable qu'ils aient fréquemment transporté avec eux la maladie dans les régions voisines, engendrant ainsi un nouveau cycle de quarantaines et de fuites. De mon point de vue, il y a peu de doute qu'une bonne partie des abandons précoces et non chroniqués de régions fortement peuplées aient eu des causes épidémiologiques plutôt que politiques.

Auteur: Scott James C.

Info: Homo Domesticus, Chapitre 3. Zoonoses : la tempête épidémiologique parfaite.

[ historique ] [ propagation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

chape médiatique

À partir de ce moment-là, à l'exception de quelques commentaires isolés, inévitables, le récit du vieillard cessera d'être écouté attentivement et sera remplacé par une réorganisation de son discours en fonction du vocabulaire utilisé, dans le but d'évaluer l'information reçue. La raison de ce changement imprévu d'attitude est à chercher dans l'emploi du verbe maîtriser, passablement recherché, par le narrateur, qui faillit presque le disqualifier de sa fonction de narrateur complémentaire, important, certes, car sans lui nous n'aurions aucun moyen de savoir ce qui s'est passé dans le monde extérieur, de sa fonction de narrateur complémentaire, disions-nous, de ces événements extraordinaires, alors que chacun sait que la description d'un fait, quel qu'il soit, a tout à gagner de l'utilisation de termes rigoureux et appropriés. […] Un commentateur de télévision trouva la métaphore appropriée et compara l'épidémie, ou quel que soit le nom du phénomène, à une flèche lancée très haut dans les airs qui, ayant atteint l'apogée de son ascension, s'arrête un moment comme en suspens et commence aussitôt après l'inéluctable descente que la gravité s'efforcera d'accélérer avec le consentement de Dieu jusqu'à la disparition du terrible cauchemar qui nous tourmente, et avec cette invocation le commentateur revenait à la trivialité des échanges humains et à l'épidémie proprement dite. Une demi-douzaine de mots de ce genre était constamment utilisée par les grands moyens d'information qui finissaient toujours par former le vœu pieux que les infortunés aveugles retrouvent promptement leur vue perdue, et en attendant ils leur promettaient la solidarité de l'ensemble du corps social organisé, tant officiel que privé. […] Malheureusement, l'inanité de pareils vœux ne tarda pas à être démontrée, les espoirs du gouvernement et les prédictions de la communauté scientifique s'en allèrent tout bonnement en eau de boudin. […] L'effet conjugué de l'inutilité manifeste des débats et de certains cas de cécité subite en plein milieu des séances où l'orateur s'écriait, Je suis aveugle, je suis aveugle, mena les journaux, la radio et la télévision à cesser presque entièrement de rendre compte de ces initiatives, à l'exception du comportement discret et à tous égards louable de certains organes d'information qui, faisant leurs choux gras du sensationnalisme sous toutes ses formes, des heurs et des malheurs d'autrui, n'étaient pas prêts à manquer la moindre occasion de raconter en direct, avec tout le tragique exigé par la situation, la cécité subite, par exemple, d'un professeur d'ophtalmologie.


Auteur: Saramago José

Info: L'aveuglement

[ culture de l'émotion ] [ minimisation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

histoire légendaire

[...] le mythe a dans l’ensemble un caractère de fiction. Mais cette fiction présente une stabilité qui ne la rend aucunement malléable aux modifications qui peuvent lui être apportées, ou, plus exactement, qui implique que toute modification en implique de ce fait même une autre, suggérant invariablement la notion d’une structure. D’autre part, cette fiction entretient un rapport singulier avec quelque chose qui est toujours impliqué derrière elle, et dont elle porte même le message formellement indiqué, à savoir la vérité. Voilà quelque chose qui ne peut être détaché du mythe. [...]

Le mythe se présente aussi dans sa visée avec un caractère d’inépuisable. Pour employer un terme ancien, disons qu’il participe du caractère d’un schème au sens kantien. Il est beaucoup plus près de la structure que de tout contenu, et se retrouve et se réapplique, au sens le plus matériel du mot, sur toutes sortes de données, avec cette efficacité ambiguë qui le caractérise. Le plus adéquat, c’est de dire que la sorte de moule que donne la catégorie mythique est un certain type de vérité, où, pour nous limiter à ce qui est notre champ et notre expérience, nous ne pouvons pas ne pas voir qu’il s’agit d’une relation de l’homme – mais à quoi ? [...]

Il ne tient qu’à nous de nous apercevoir qu’il s’agit des thèmes de la vie et de la mort, de l’existence et de la non-existence, de la naissance tout spécialement, c’est-à-dire de l’apparition de ce qui n’existe pas encore. Il s’agit donc des thèmes qui sont liés, d’une part, à l’existence du sujet lui-même et aux horizons que son expérience lui apporte, d’autre part au fait qu’il est le sujet d’un sexe, de son sexe naturel. Voilà à quoi l’expérience nous montre que l’activité mythique est employée chez l’enfant. [...]

Les mythes, tels qu’ils se présentent dans leur fiction, visent toujours plus ou moins, non pas l’origine individuelle de l’homme, mais son origine spécifique, la création de l’homme, la genèse de ses relations nourricières fondamentales, l’invention des grandes ressources humaines, le feu, l’agriculture, la domestication des animaux. Nous y trouvons aussi constamment mis en question le rapport de l’homme avec une force secrète, maléfique ou bénéfique, mais essentiellement caractérisée par ce qu’elle a de sacré.

Cette puissance sacrée, diversement désignée dans les récits mythiques qui expliquent comment l’homme est venu en relation avec elle, se laisse situer pour nous dans une identité manifeste avec le pouvoir de signification, et très spécialement de son instrument signifiant.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, pages 353 à 355

[ caractéristiques ] [ psychanalyse ] [ parole ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

rumination

Je regarde les visages éteints des autres passagers - qui montent leurs porte-documents, leurs sacs à dos, qui se bousculent pour débarquer - et je pense à ce que Hobie a dit : la beauté modifie le grain de la réalité. Et je pense aussi à la sagesse plus conventionnelle, à savoir que la poursuite de la beauté pure est un piège, une voie rapide vers l'amertume et le chagrin, que la beauté doit être liée à quelque chose de plus significatif.

Mais quelle est cette chose ? Pourquoi suis-je faite comme je le suis ? Pourquoi est-ce que je me soucie de toutes les mauvaises choses, et pas du  tout des bonnes ? Ou, pour le dire autrement : comment puis-je voir si clairement que tout ce que j'aime ou ce à quoi je tiens est une illusion, et pourtant - pour moi, en tout cas - tout ce qui vaut la peine d'être vécu réside dans ce charme ?

Une grande tristesse, que je commence seulement à comprendre : nous ne choisissons pas notre propre cœur. Nous ne pouvons nous forcer à vouloir ce qui est bon pour nous ou ce qui est bon pour les autres.

Parce que... n'est-ce pas d'une indiscutable une platitude toute cette culture qu'on nous inculque constamment, dès l'enfance ? De William Blake à Lady Gaga, de Rousseau à Rumi, de Tosca à Mister Rogers, un message curieusement uniforme, accepté de haut en bas : dans le doute, que faire ? Comment savoir ce qui est bon pour nous ? Chaque psy, chaque conseiller d'orientation professionnelle, chaque princesse Disney connaît la réponse : "Sois toi-même." "Suis ton coeur."

Mais voici ce que j'aimerais vraiment, vraiment que quelqu'un m'explique. Que se passe-t-il si l'on est doué d'un coeur auquel on ne peut faire confiance ? Et si ce coeur, pour ses propres raisons insondables, nous conduit délibérément, via une indicible radiance, à nous détruire la santé, loin des acceptations, de la responsabilité civique, des liens sociaux forts et autres fades vertus communes, pour foncer tout droit vers une belle flambée destructrice d'auto-immolation et de désastre ?... Si votre moi le plus profond chante et vous incite à aller droit vers pareil feu de joie, est-il préférable de s'en détourner ? Boucher ses oreilles avec de la cire ? Ignorer toute la gloire perverse qu'il demande ? S'engager sur la voie qui mènera consciencieusement vers la norme, des horaires raisonnables et des visites médicales régulières, des relations stables et une carrière stable, la promotion du New York Times et le brunch du dimanche, le tout avec la promesse d'être en quelque sorte une meilleure personne ? Ou... vaut-il mieux se jeter la tête la première et en riant dans cette sainte rage que porte notre nom ?

Auteur: Tartt Donna

Info: The Goldfinch

[ introspection ] [ égoïsme ]

 

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citation s'appliquant à ce logiciel

Il faut voir FLP tel un cerveau droit homme-machine, par contraste avec les IA cerveaux gauches communautaire. Comme si, sous forme de catalogage intriqué, Gaïa s'amusait à se portraiturer en usant de l'entendement collectif humain, c'est à dire ses langages-consensus structurés et hiérarchisés. Ramenés ici au français.

Tous les acteurs restant bien sûr constamment en mouvement : l'univers, la matrice Gaïa, les hommes... leurs machines... et leurs idiomes. 

Collaborer à l'entreprise FLP est un processus réflexif, personnel et sincère, difficile, qui tendra à intégrer l'entendement du lecteur-tagueur dans le corpus général monde-langage-FLP par l'entremise d'une démarche qui, dans l'idéal, devrait concilier beaucoup de points : lecture plaisir, compréhension, désambiguation, décorticage, contextualisation, curiosité linguistique, mise en rétroaction de FLP, etc. 

Ainsi la réflexion individuelle pourra-t'elle peut-être quelque peu dépasser les simplifications imposées par les modes et autres "politiquement correct" des lieux/époques. 

Pour ce faire il faut appréhender l'insertion-étiquetage d'un extrait à deux niveaux : 

a) Celui de la logique formelle du réel perçu, froide et impersonnelle... inhumaine d'une certaine façon. QUEL EST LE SENS de l'insert, son rapport au réel ? (tag/catégorie)

b) Celui où l'humain-miroir s'implique un peu plus, parle de lui, de ses tourments, conflits personnels et intersubjectifs, antagonismes de pouvoirs et autres... (tags/étiquettes)

En procédant avec plaisir et mesure le participant pourra préciser/approfondir son rapport au langage et donc, par effet miroir, avec lui-même. Mais il faut du temps, celui d'une réflexion soutenue. Un peu comme les interactions aller-retour entre la vie biologique et son environnement tels que montrés par l'épigénétique. 

En termes de "descriptivité formulée", le langage se fonde sur le réel et précède la pensée. Il est la post-source. Le signifiant, en s'imposant comme  "signifié consensus" - même confiné aux hommes terrestres - devient, selon la belle formule de C.S. Peirce, quasi-esprit. 

Il faut donc procéder méthodiquement, en cherchant clarté et continuité, via une meilleure traçabilité (historique, étymologique, phylogénétique, etc - merci Internet), tâche beaucoup plus aisée que si on veut analyser une vidéo ou un film, qui, par leur surcroit de stimuli "submergent" l'esprit et l'emprisonnent. 

Cette grâce du langage écrit : sa linéarité qui le limite, focalise. Nous voilà en quelque sorte à l'opposé de la réalité pure et dure et ses milliards d'informations enchevêtrées. 

En résumé : à partir des mots de base, et puis des pensées (linéarités linguistiques) qui s'ensuivent, FLP fait office d'intégrateur/agrégateur. Voilà nos idées humaines intriquées dans un grand lexique multidimensionnel. (Mais gare aux règles d'insertion, amis participants.)

Tels sont les grands traits de l'entreprise des Fils de La Pensée : un dictionnaire analogique communautaire doté d'une base de données intelligente (intelligente au sens où chaque entrée est paramétrée au mieux) et doté de possibilités de recherche étonnantes. 

Evidemment, utiliser cette application nécessitera un peu de pratique pour en comprendre les possibilités. 

Pour revenir aux deux hémisphère du cerveau évoqués au départ, nous somme ici assez proches de l'idée des "Dialogues avec l'Ange". Une idée qui place l'homme dans un rôle de convertisseur du réel en quelque chose d'autre. 

Ici via des signes organisés, lexternalisés et entrelacés - sous forme digitale et autres invites informatiques.

Auteur: Mg

Info: 13 février 2022

[ corps-esprit ] [ transmutation ] [ anthropocentrisme ] [ définition ] [ homme-machine ]

 
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