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femmes-hommes

Ce fut principalement contre les Turcs devenus mahométans que nos moines écrivirent tant de livres, lorsqu'on ne pouvait guère répondre autrement aux conquérants de Constantinople. Nos auteurs, qui sont en beaucoup plus grand nombre que les janissaires, n'eurent pas beaucoup de peine à mettre nos femmes dans leur parti: ils les persuadèrent que Mahomet ne les regardait pas comme des animaux intelligents; qu'elles étaient toutes esclaves par les lois d'Alcoran; qu'elles ne possédaient aucun bien dans ce monde, et que dans l'autre elles n'avaient aucune part au paradis. Tout cela était d'une fausseté évidente; et tout cela a été cru fermement.

Auteur: Voltaire

Info: Questions sur l'Encyclopédie 1770

[ inégaux ] [ historique ] [ injustice ]

 

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frontière

Monseigneur,

Nous mîmes à la voile dans la nuit au port de Petra le 15 mars 1701 dans le dessein d'aller à Constantinople : ce port est la partie septentrionale de l'île de Metelin, et comme le vent était bon, nous découvrîmes à la pointe du jour l'île de Tenedos et nous passâmes entre cette île et la Troade ; sur le midi, nous entrâmes dans ce fameux canal qui sépare les deux plus belles parties de la terre, l'Europe et l'Asie : on l'appelle l'Hellespont, le détroit de Gallipoli, le canal des Dardanelles, le bras de Saint-Georges, les bouches de Constantinople ; les Turcs le connaissent sous le nom de Boghas, ou détroit de la mer Blanche.

Auteur: Tournefort Joseph Pitton de

Info: Voyage d'un botaniste, tome 2 (en Turquie, Georgie et Arménie) Lettre 11. A monseigneur le comte de Pontchartrain, secrétaire d'Etat et des Commandements de Sa Majesté, incipit

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

théologie

Pour les juifs, la notion de - roulement des âmes - (gigal) est exprimée en ces termes dans le Zohar des Hébreux :  "La naissance de l'homme ici-bas ainsi que la mort ne provoquent qu'un déplacement de l'esprit".

Quant à la religion chrétienne, il lui est arrivé d'enseigner la transmigration des âmes selon le mode essénien. "Chaque âme a existé depuis l'origine : elle arrive dans ce monde renforcée par les victoires ou affaiblie par les défaites de sa vie préalable", écrivait Origène, l'un des Pères de l'Eglise. Et puis le deuxième concile de Constantinople, en 553, promulgua l'interdiction de cette croyance. Ne resta que l'incompréhensible bricolage théologien de la "résurrection des corps", réduisant l'évolution des âmes à une invasion de morts-vivants sortant de la tombe, au jour du Jugement dernier, pour être déférés devant Dieu.

Auteur: Van Cauwelaert Didier

Info: Le nouveau dictionnaire de l'impossible

[ métaphysique ] [ christianisme ] [ métempsychose ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

colonisation

Cette descente des hordes de la steppe qui viennent périodiquement asseoir leurs khans sur les trônes de Tch'ang-ngan, de Lo-yang, de K'ai-fong ou de Pékin, de Samarquand, d'Ispahan ou de Tauris, de Qonya ou de Constantinople, est devenue une des lois géographiques de l'histoire. Mais il est une autre loi - opposée- celle qui fait lentement absorber les envahisseurs nomades, par les vieux pays civilisés ; phénomène double, démographique d'abord : les cavaliers barbares, établis à l'état d'aristocratie sporadique, sont noyés et disparaissent dans ces denses humanités, dans ces fourmilières immémoriales ; phénomène culturel ensuite : la civilisation chinoise ou persane vaincue, conquiert son farouche vainqueur, l'enivre, l'endort, l'annihile. Souvent, cinquante ans après la conquête, tout se passe comme si elle n'avait pas eu lieu. Le barbare sinisé ou iranisé est le premier à monter la garde de la civilisation contre les nouvelles vagues d'assaut de la Barbarie[...] Le Turco-Mongol n'a ainsi vaincu les vielles civilisations que pour finalement mettre son épée à leur service.

Auteur: Grousset René

Info: L'Empire des steppes : Attila, Gengis-Khan, Tamerlan

[ inversion ] [ influence ] [ culture ] [ soft power ] [ assimilation ]

 

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historique

Vous l'aviez deviné, mademoiselle Esperluette, je la trouve assez fascinante la crise ! C'est pourquoi, quand on me dit le livre en crise, je me demande ce que serait le livre sans crise. De la nuit de son histoire jusqu'à nos jours, n'est-il pas toujours en crise ? Dans ses substances comme dans ses formes, dans les sujets et les styles, dans ses initiatives et ses audaces, dans ses déboires et ses bannissements. Le livre n'a-t-il pas connu de grandes renaissances où l'on avait cru le perdre ? N'est-il pas un phénix renaissant de ses cendres après les autodafés qui marquent son histoire, de la destruction de la bibliothèque de Thèbes par Akhenaton en 1358 av. J.-C. à celle de la Byzantine de Constantinople par les croisés en 1204, de la disparition des livres aztèques au Mexique en 1529 à l'incendie de la bibliothèque du Congrès de Washington par les Anglais en 1814, des autodafés nazis dans les années trente à la destruction des bibliothèques irakiennes en 2003 ?

Auteur: Nyssen Hubert

Info: Lira bien qui lira le dernier : Lettre libertine sur la lecture

[ littérature ]

 

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sécularisation

Jusqu’à 869 après Jésus-Christ, le parallélisme entre les deux triades cosmologique et anthropologique a été bon gré mal gré maintenu. Le cosmos est le "Grand Homme" pourvu d’un corps, d’un cœur et d’un esprit. Le "petit homme", celui que nous sommes, est structuré de la même manière. Entre les deux, il y a correspondance et possibilité de passage. Ce qui est en haut est en bas ! En vertu de la loi de similitude, qui emprunte ces passages, et beaucoup le font, est alors un initié. A cette date, le concile de Constantinople abroge la tripartition essentielle et la réduit au dualisme corps et âme. Descartes surenchérit plus tard en confirmant la dyade pensée et étendue. Averroès, dans le domaine de la physique céleste, procède de même et efface dans le Grand Anthropos, ou le Cosmos, le monde du milieu, communément appelé celui de l’ange ou de l’imagination vraie, de l’imaginal, écrira Corbin. Quel est-il, ce monde ? C’est celui des archétypes, des modèles, un univers d’énergies formelles idéales d’où procède notre monde sensible lui-même.

Auteur: Albrecht Pierre-Yves

Info: L'initiation, pp 103-104

[ rationalisme ] [ démythification ] [ perte ] [ solipsisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

comparaison

Plusieurs clés s'offrent à nous pour déchiffrer le destin de Raspoutine, et tout d'abord la "clé religieuse". Le Sibérien revenait souvent sur un moment très précis de la christianisation de la Russie, en 988. En ce temps-là, Vladimir, le plus grand prince de la Russie éternelle, avait fait venir auprès de lui des représentants des principaux cultes, afin de choisir sa religion. Connu pour son épicurisme, il avait été tenté par le paradis de Mahomet, mais rebuté par l'interdiction de s'enivrer, qui ne s'accordait pas avec la tradition russe ! Intéressé par le judaïsme, il refusa la circoncision. Quant aux catholiques, leur soumission à Rome l'irritait au plus haut point. En revanche, la religion orthodoxe qui lui présenta un moine gréco-bulgare le séduisit pour la "beauté de ses rites". Ses messagers envoyés à Constantinople lui décrivirent ainsi leur éblouissement : "Nous ne savions pas si nous nous trouvions au paradis ou sur terre. Car sur terre, nous n'avions jamais rencontré une telle splendeur !"
De plus, l'orthodoxie était une foi tolérante qui n'interdisait ni de boire, ni de manger, ni d'aimer, ni de guerroyer, ni de conquérir de nouvelles terres.

Auteur: Fédorovski Vladimir

Info: Le roman de Raspoutine, La cité : les vieux-croyants, p 179

[ religions ]

 

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nord-sud

L’intervention de Zelensky au festival cannois va de soi si vous regardez ça sous l’angle de ce qu’on appelle "la mise en scène" : un mauvais acteur, un comédien professionnel, sous l’œil d’autres professionnels de leurs propres professions.

Je crois que j’avais dû dire quelque chose dans ce sens il y a longtemps. Il aura donc fallu la mise en scène d’une énième guerre mondiale et la menace d’une autre catastrophe pour qu’on sache que Cannes est un outil de propagande comme un autre. Ils propagent l’esthétique occidentale, quoi…

S’en rendre compte n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça. La vérité des images avance lentement. Maintenant, imaginez que la guerre elle-même soit cette esthétique déployée lors d’un festival mondial, dont les parties prenantes sont les États en conflit, ou plutôt "en intérêts", diffusant des représentations dont on est tous spectateurs… vous comme moi.

J’entends qu’on dit souvent "conflit d’intérêt", ce qui est une tautologie. Il n’y a de conflit, petit ou grand, que s’il y a intérêt. Brutus, Néron, Biden, ou Poutine, Constantinople, l’Irak ou l’Ukraine, il n’y a pas grand-chose qui a changé, mise à part la massification du meurtre.

Auteur: Godard Jean-Luc

Info: 23 mai 2022

[ ukraine-russie ] [ géopolitique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

paradigme

Ainsi, j’ai considéré l’ensemble de la textualité canonique, c’est-à-dire la variété des sources qui témoignent de la reprise de l’Idée impériale romaine par la papauté, non plus seulement sur le mode de l’hégémonie politique [...] mais de façon beaucoup plus radicale encore en réformant l’Église elle-même par une appropriation du Corpus juridique romain. Au mépris de la Romanité ininterrompue incarnée à l’est par l’empereur de Constantinople, ce vaste mouvement, assuré de sa légitimité par une tradition de commentaires de théologie politique, assortis de manipulations de textes [...] a été rendu possible par la Réforme grégorienne précisément, à l’occasion de l’affrontement entre le Saint-Siège et le Saint-Empire romain (germanique) sur le terrain féodal. C’est au XIIe siècle qu’en apparaissent les effets institutionnels massifs, soutenus par la renaissance intellectuelle d’une ampleur inédite, transmise par la mémoire savante sous l’étiquette de Scolastique : la Science des écoles.

[...] nous assistons à la formation d’un Mouvement romano-canonique complexe, qui pour la civilisation européenne a valeur d’une Bible seconde. Autrement dit, le Moyen Age a échafaudé, distincte des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, l’autre Bible de l’Occident, laquelle nous tient encore, sous l’emprise de causes parfaitement identifiables. [...]

Je tire les conséquences d’une Révolution dont les implications mises au jour par l’exploration érudite ont affecté de façon décisive, sur le mode d’une causalité généalogique, la structuration de la Modernité européenne.

[...] Les contenus du Monument romano-canonique ne sont plus d’actualité, du moins telle que nous l’entendons, car nombre de concepts issus des interprétations médiévales ont continué de cheminer sous des appellations renouvelées dans les systèmes normatifs nationaux élaborés par les Temps modernes. Mais la logique constitutive, elle, est demeurée intacte, et c’est elle qui nous autorise aujourd’hui à parler de Modèle institutionnel occidental, aussi bouleversés qu’ont été les contenus au fil des siècles. Les Occidentaux, eux aussi, véhiculent une tradition, pour l’essentiel refoulée. Mes travaux nomment ce phénomène de refoulement notre lien à l’Immémorial.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 65-66

[ christianisme ] [ historique ] [ inconscient ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

querelle du filioque

La source la plus claire de la notion de pardon que le christianisme développera pendant des siècles remonte, dans les Évangiles, à saint Paul et à saint Luc. Comme tous les principes de base de la chrétienté, elle sera développée chez saint Augustin, mais c’est chez saint Jean Damascène (au VIIIe siècle) qu’on trouvera une hypostase de la "bienveillance du père" (eudoxia), de la "tendre miséricorde" (eusplankhna) et de la "condescendance" (le Fils s’abaisse jusqu’à nous)(synkatabasis). A rebours, ces notions peuvent être interprétées comme préparant la singularité du christianisme orthodoxe jusqu’au schisme de Per Filium/Filioque.

Un théologien semble avoir profondément déterminé la foi orthodoxe qui s’exprime puissamment chez Dostoïevski et donne à l’expérience intérieure propre à ses romans cette intensité émotionnelle, ce pathos mystique si surprenants pour l’Occident. Il s’agit de saint Syméon le Nouveau Théologien (999-1022). [...] Saint Syméon comprend la Trinité comme une fusion des différences que sont les trois personnes, et l’énonce intensément à travers la métaphore de la lumière.

Lumière et hypostases, unité et apparition : telle est la logique de la Trinité byzantine. Elle trouve immédiatement, chez Syméon, son équivalent anthropologique : "Comme il est impossible qu’il existe un homme avec parole ou esprit sans âme, ainsi il est impossible de penser le Fils avec le Père sans le Saint-Esprit [...]. Car ton propre esprit, de même que ton âme, est dans ton intelligence, et toute ton intelligence est dans tout ton verbe, et tout ton verbe est dans tout ton esprit, sans séparation et sans confusion. C’est l’image de Dieu en nous." Dans cette voie, le croyant se défie en fusionnant avec le Fils et avec l’Esprit : "Je te rends grâce que sans confusion, sans changement, tu te sois fait un seul Esprit avec moi, bien que tu sois Dieu par-dessus tout, tu sois devenu pour moi tout en tout."

Nous touchons ici l’ "originalité de l’orthodoxie". Elle aboutira, à travers maintes controverses institutionnelles et politiques, au schisme accompli au XIe siècle et achevé avec la prise de Constantinople par les Latins en 1204. Sur le plan proprement théologique, c’est Syméon plus que Photius qui formule la doctrine orientale Per Filium opposée au Filioque des Latins. Insistant sur l’Esprit, il affirme l’identité de la vie dans l’Esprit et de la vie dans le Christ, cette pneutamologie puissante trouvant dans le Père son origine. Toutefois, une telle instance paternelle n’est pas simplement un principe d’autorité ou une cause mécanique simple : dans le Père, l’Esprit perd son immanence et s’identifie au royaume de Dieu défini à travers des métamorphoses germinales, florales, nutritives et érotiques qui connotent, par-delà l’énergétisme cosmique souvent considéré spécifique à l’Orient, la fusion ouvertement sexuelle avec la Chose aux limites du nommable.

Dans cette dynamique, l’Église elle-même apparaît comme un soma pneumatikon, un "mystère", plus qu’une institution à l’image des monarchies.

Cette identification extatique des trois hypostases entre elles et du croyant avec la Trinité ne conduit pas à la conception d’une autonomie du Fils (ou du croyant), mais à une appartenance pneumatologique de chacun aux autres, que traduit l’expression Per Filium (l’Esprit descend du Père par le Fils) opposée au Filioque (l’Esprit descend du Père et du Fils).

Il a été impossible, à l’époque, de trouver la rationalisation de ce mouvement mystique interne à la Trinité et à la foi, où, sans perdre sa valeur de personne, l’Esprit fusionne avec les deux autres pôles et, du même coup, leur confère, au-delà de leur valeur d’identité ou d’autorité distinctes, une profondeur abyssale, vertigineuse, certainement aussi sexuelle, dans laquelle se logera l’expérience psychologique de la perte et de l’extase. Le nœud borroméen que Lacan a utilisé comme métaphore de l’unité et de la différence entre le Réel, l’Imaginaire et le Symbolique permet peut-être de penser cette logique, si tant est qu’il soit nécessaire de la rationaliser. Or, précisément, tel ne semblait pas être le propos des théologiens byzantins du XI au XIIIe siècles, préoccupés de décrire une nouvelle subjectivité post-antique plutôt que de la soumettre à la raison existante. En revanche, les Pères de l’Église latine, plus logiciens, et qui venaient de découvrir Aristote (alors que l’Orient en était nourri et ne cherchait plus qu’à s’en différencier), ont logifié la Trinité en voyant en Dieu une essence intellectuelle simple articulable en dyades : le Père engendre le Fils ; le Père et le Fils en tant qu’ensemble font procéder l’Esprit. Développée par la syllogistique d’Anselme de Cantorbury au concile de Bari en 1098, cette argumentation du Filioque sera reprise et développée par Thomas d’Aquin. Elle aura l’avantage d’asseoir d’une part l’autorité politique et spirituelle de la papauté, d’autre part l’autonomie et la rationalité de la personne du croyant identifié à un Fils ayant pouvoir et prestige à égalité avec le Père. Ce qui est ainsi gagné en égalité et donc en performance et en historicité, est peut-être perdu au niveau de l’expérience de l’identification, au sens d’une instabilité permanente de l’identité.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, pages 218 à 222

[ influence ] [ psychanalyse ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson