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sorcier

Bien souvent, les maux qui affligent le client d'un chaman sont imaginaires ou de type psychosomatique. J'ai vu plusieurs fois des gens quasiment à l'article de la mort, ayant abdiqué toute volonté de vivre tant ils étaient persuadés que rien ne saurait les délivrer de leur ensorcellement, et dont j'aurais pourtant parié qu'ils étaient en parfaite santé, vu l'absence apparente de tout symptôme préoccupant. Entraînés par l'un de leurs proches chez un uwishin renommé dont ils gagnaient la demeure avec une peine infinie, ils s'en revenaient quelques jours plus tard d'un pas vif et la mine florissante, délivrés d'un tourment qui n'avait sans doute jamais eu de base organique. Parce qu'ils apaisent l'angoisse de ceux qui les consultent, parce qu'ils les délivrent de l'aliénation terrible du face-à-face avec la douleur et l'inconnu, les chamans arrivent même à provoquer un mieux-être temporaire chez des gens réellement malades, toute détérioration postérieure de leur état apparaissant moins comme le signe d'un échec que comme l'indice d'un nouvel ensorcellement sans rapport avec le premier. Contrairement à ce que pense avec une certaine naïveté les missionnaires catholiques qui imputent le présent mercantilisme des chamans jivaros à une navrante dégradation des valeurs antiques, il semble bien que le réconfort apporté par la cure soit proportionnel à son prix. Chacun sait ici que la guérison est d'autant plus rapide qu'elle a coûté plus cher, les chamans ayant compris ce que les psychanalystes ont découvert tardivement, à savoir qu'il faut littéralement "payer de sa personne" pour faire d'une situation de dépendance la condition de son propre salut.

Auteur: Descola Philippe

Info: Les Lances du crépuscule

[ soigner ] [ médecine ] [ mage ] [ tribu ]

 

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mythologie

Quiconque s’intéresse aux pierres dans l’aire culturelle syro-mésopotamienne ancienne consultera avec grand intérêt une édition de l’œuvre sumérienne Lugal-e ("Le roi"). Ce texte littéraire, dont la première tradition écrite en sumérien date manifestement du IIIe millénaire avant notre ère, nous conte le combat de Ninurta, divinité guerrière majeure du panthéon mésopotamien, contre Asag, démon cosmique monstrueux, né de l’union du Ciel et de la Terre. Pendant la bataille, ce dernier est suivi par une armée de pierres révoltées, progéniture d’Asag lui-même et des montagnes ; une fois le démon défait par le Ninurta, celui-ci fixe le sort de ces minéraux, tantôt bénis, tantôt maudits, en passant par un exposé systématique de leurs caractéristiques. En se focalisant sur ces pierres animées on pourra s’interroger sur leur qualification, afin d’analyser leurs usages et leur classification dans le prisme de cette œuvre littéraire de premier plan, tout en corrélant ces informations avec certains documents de la pratique et rituels cunéiformes relatifs aux pierres. La confrontation de sources textuelles de différentes natures permet notamment de réfléchir sur la notion de "pierre précieuse" et d’approcher la compréhension de certaines propriétés physiques et apotropaïques* de ces minéraux, tout en observant de près les arts dans lesquels ces derniers s’illustrent. Nonobstant l’importance considérable de ce chant-šir-gid par sa portée littéraire, ses richesses grammaticale et philologique, ainsi que son intérêt majeur pour l’histoire des religions, il est intéressant d’aborder cette source originale avec un regard d’historien des sciences et des techniques, afin d’éclaircir certaines zones d’ombre autour de plusieurs pierres dans les langues sumérienne et akkadienne

Auteur: Ramez Manon

Info: "Ninurta, fils d’Enlil, fixa leur destin". Révolte, sort et qualification des pierres dans l’œuvre sumérienne Lugal-e.  Le Lugal-e ("Ô, Roi !" en sumérien), ou Les exploits de Ninurta est un récit mythologique en sumérien, relatant la victoire du dieu Ninurta contre le démon Asag/Asakku et son armée. - résumé. *Qui conjure le mauvais sort.

[ minéraux ] [ croyances ] [ lithothérapie ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

citation s'appliquant à ce logiciel

Imaginons un dispositif futur pour l'usage individuel, une sorte de dossier-bibliothèque privé et mécanisé. Inventons lui un nom au hasard, le "memex". Ce serait un dispositif par lequel un individu stockerait tous ses livres, enregistrements et informations et qui serait mécanisé de sorte qu'il puisse être consulté avec grande vitesse et flexibilité.

Ce serait une extension de sa mémoire intime. Le propriétaire du memex pourrait être, disons, intéressé par l'origine et les propriétés de l'arc et de la flèche. Spécifiquement il étudierait pourquoi l'arc turc court fut apparemment supérieur au long arc anglais lors d'escarmouches durant les croisades.

Il aurait donc des dizaines de livres et d'articles pertinents pour son memex. D'abord il consulterait une encyclopédie, trouverait un article intéressant, mais imprécis... Ensuite, dans une autre chronique, il dégotterait un autre texte pertinent qu'il joindrait au précédent. Ainsi commencerait-il à construire une chaine de beaucoup de textes et autres commentaires. De temps à autre il y ajouterait une remarque de son cru, l'insérant dans la chaîne principale ou la joignant par un lien latéral à un texte particulier.

Quand il deviendrait évident que les propriétés élastiques des matériaux utilisés ont beaucoup à faire avec l'efficacité des arcs, il créerait alors une arborescence latérale qui prendrait en compte certains ouvrages sur l'élasticité et les tables de constantes physiques inhérentes. Il pourrait aussi y insérer un texte d'analyse de son cru. Ainsi se construirait une sorte de parcours de son exploration mentale dans le labyrinthe des textes et autres matériaux disponibles concernant l'évolution des arcs. Et surtout, le parcours de cette promenade cérébrale, ne s'effacerait pas.

Auteur: Bush Vannevar

Info: The Atlantic Monthly, As We May Think, July 1945

[ réflexion ] [ outil ] [ informatique ] [ FLP personnalisé ]

 

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dissimulation

"Mundele veut bundanga (le Blanc veut connaître le mystère)" disent les sorciers noirs en parlant de la curiosité des Blancs pour la sorcellerie. Mais les Noirs n'aiment pas beaucoup parler de leur sorcellerie, ils pensent qu'il vaut mieux ne pas dire toute la vérité. Et par exemple si matari (la pierre) doit être placée au fond du chaudron, ils jugeront plus prudent de dire qu'il faut la mettre au-dessus ou vice-versa. Un autre de mes informateurs généralement très clair dans ses explications ne manque jamais, quand il se méfie des intentions occultes de son disciple, d'omettre par prudence certaines choses ou de changer certains détails qu'il juge très importants. D'après Calazán, le Blanc qui voudrait connaître le mystère sans être affilié à un temple et sans se compromettre d'aucune manière, devra poser beaucoup de questions, avoir recours à différentes sources, consulter de nombreuses autorités qui se montreront toujours assez réservées. " Et il ajoute que quand un menteur ou quelqu'un qui fait semblant d'être idiot lui dit avoir jeté une aiguille dans la mer pour la planter dans l'oeil d'un poisson, il lui répond qu'il a entendu le bruit qu'elle a fait en tombant dans l'eau, car il y a toujours quelque chose de vrai, même dans un mensonge. Et il se peut qu'en mentant à quelqu'un, on lui dise en fait la vérité. Il se peut que l'aiguille ait été ensorcelée, qu'elle ait réellement transpercé l'oeil du poisson et que le poisson lui était destiné. C'est ce qui arriva à une femme ouvertement trompée par son mari qui entendait une vieille voisine lui répéter continuellement la même chanson : " Un poisson frit a les yeux ouverts, mais il ne voit pas ". Quand elle s'aperçut finalement qu'elle était trompée, elle dit : " J'étais aveugle et personne ne m'a rien dit ". Alors, la vieille en question lui répondit : " Je te l'avais bien dit. Je t'ai souvent dit qu'un poisson frit a les yeux ouverts, mais ne voit pas. Et le poisson c'était toi".

Auteur: Cabrera Lydia

Info:

[ secret ] [ sorcellerie ]

 

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anecdote

Au Brésil, les prisonniers peuvent sortir plus tôt de prison s'ils lisent des livres, rapporte Reuters.
Le Brésil vient en effet de créer une nouvelle sorte de remise de peine. Les détenus des prisons fédérales pourront réduire la longueur de leur peine grâce à la lecture. La décision du gouvernement prévoit quatre jours par livre lu.
Les 473.627 prisonniers du pays pourront ainsi lire jusqu'à 12 oeuvres de littérature, de philosophie ou de science par an, gagnant ainsi jusqu'à 48 jours de détention en moins sur une année.
Le gouvernement brésilien explique que les prisonniers auront quatre semaines pour lire un livre et ensuite rédiger une dissertation sur le sujet. Un panel décidera ensuite si le prisonnier peut obtenir sa remise de peine.
Sur le site du Guardian, Erwin James, un ancien détenu, dresse la liste des livres que devraient consulter les prisonniers brésiliens. L'éditorialiste, qui a passé vingt ans en prison, conseille notamment Crime et Châtiment de Fiodor Dostoïevski.
Erwin James détaille les raisons qui l'ont poussé à inclure ce livre dans sa liste:
"L'auteur pense que le meurtre est permis dans le cas de la poursuite d'un objectif noble. J'ai conclu que [les sujets du livre] étaient des cogitations intellectuelles fallacieuses enroulées dans une prose brillante. Un chef d'oeuvre qui m'a aidé à organiser ma façon de penser non sophistiquée."
L'ancien détenu se souvient aussi de la lecture de The Second Prison de Ronan Bennet qui l'a beaucoup marqué:
"Le livre raconte l'histoire de Kane, un républicain irlandais relâché après avoir purgé sa peine pour sa participation dans un meurtre. (...) Même s'il est sorti de prison, de différentes façons il est toujours un prisonnier ; cela est vrai pour de nombreuses personnes qui trouvent que la vie après la prison est un challenge inattendu."
Pour Erwin James, l'initiative brésilienne est une très bonne idée. Il se souvient de son passage en prison et de l'importance qu'ont revêtu ces ouvrages:
"Les livres que j'ai lus en prison ne m'ont pas donné de réduction de peine mais ils m'ont aidé à devenir celui que j'aurais dû être".

Auteur: Jannic-Cherbonnel Fabien

Info:

[ littérature ] [ pénitencier ]

 

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fable

Qu’il est difficile d’être honnête avec soi. En tout cas, je n’ai pas tellement d’indulgence pour ceux qui prêchent le sacrifice et l’oubli de soi. Tiens, je vais te raconter une histoire… Il était une fois un ermite qui vivait dans une grotte dans la montagne et qui méditait chaque jour, seul, détaché de tout désir humain. On venait de loin pour le voir et lui demander conseil. On le considérait comme un saint. Mais voilà qu’un jour une pute s’installe dans une autre grotte, un peu plus loin. Elle aussi reçoit beaucoup de visiteurs, mais pas pour les mêmes raisons ! Le saint est mortifié de devoir supporter quotidiennement le spectacle de la débauche. Tu penses bien, la putain démonétise sa sacro-sainte entreprise spirituelle, elle obscurcit le monde par le vice et le stupre. Bref, il n’y a pas un jour où il ne maudisse cette sale pute de s’être installée dans la grotte d’à côté !

Mais par l’un de ces hasards dont l’univers a le secret, l’ermite et la putain meurent le même jour. Les voilà à patienter dans la queue pour le paradis. L’ermite est en colère parce qu’il y a des tas d’âmes devant lui, des âmes de simples profanes, et il devient carrément furieux quand il voit que même la pute est plus avancée que lui dans la queue. Alors il sort du rang et va râler auprès des autorités compétentes. “Il y a une erreur dans votre liste, qu’il dit ; la preuve, c’est que la péripatéticienne là-bas, elle est devant moi.” Ni une ni deux, l’ange qui gère la file va consulter ses dossiers. En revenant il dit : “Cher ermite, tout est bien en ordre. Vois-tu, pendant les dix années qui viennent de s’écouler, tu as passé tes journées à maudire la prostituée qui vivait près de chez toi, parce qu’à cause d’elle, la montagne te semblait moins sacrée. Elle, pendant toutes ces années, qu’a-t-elle fait ? Tous les matins, elle priait pour toi, remerciant le ciel de t’avoir placé là, en face de son bordel, parce que la vue de ta sainteté l’aidait à supporter sa condition de pécheresse. Je te le demande : de vous deux, qui a l’âme la plus pure ?”

Auteur: Kalda Katrina

Info: La mélancolie du monde sauvage

[ religiosité ] [ théorie-pratique ] [ sagesse ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

Abraham, juif religieux, se demande un jour si les relations sexuelles sont vraiment compatibles avec le shabbat. Comme il n'est pas absolument sûr que ce soit un jeu et non un travail, il a peur que ce ne soit un pêché.

Son voisin de palier est un prêtre catholique, et il va lui demander ce qu'il en pense. Le prêtre réfléchit quelques instants, consulte plusieurs ouvrages aussi poussiéreux que volumineux et finit par lui répondre : "Mon fils, tout ce que j'ai trouvé concorde à laisser penser que l’œuvre de chair étant un devoir, c'est assimilé à un travail. J'ai bien peur que vous ne puissiez donc la pratiquer durant le sabbat."

Un peu refroidit, Abraham se dit in petto : "Pfff... Je suis bête d'être allé poser cette question à un prêtre catholique. Qu'est-ce qu'il sait sur le sexe, après tout ?"

Il décide donc d'aller demander à un pasteur de ses amis ce qu'il en pense. Après tout, le pasteur est marié, et en sait certainement plus qu'un prêtre voué au célibat. Il va donc le voir et lui demande son avis. Après mûre réflexion et force de recherches dans de vénérables in-folios, le pasteur lui répond : "Malgré quelques références contradictoires, je crains que les relations sexuelles ne relèvent du travail, les rendant par-là même incompatibles avec shabbat."

De plus en plus agité, Abraham entreprend ce qu'il aurait dû faire depuis le début : interroger le rabbin. Après tout, c'est lui le spécialiste du shabbat. Il prend donc son courage à deux mains, traverse la moitié de la ville et va poser la question au rabbin.

Ce dernier n'a nul besoin de consulter quelque ouvrage que ce soit. Il lui répond immédiatement : "Ne t'inquiète pas, il n'y a aucun doute : les relations sexuelles sont un jeu, pas un travail." Soulagé Abraham est tout de même curieux de la raison qui donne une telle certitude au rabbin.

- Mais, rabbin, pourquoi êtes-vous sûr que c'est un jeu et non un travail, alors que beaucoup d'autres soutiennent le contraire ?

Le rabbin répond doucement :

- Si c'était un travail, ma femme demanderait à la bonne de s'en occuper...

Auteur: Ouaknin Marc-Alain

Info: Tout l'humour juif

[ libido ] [ monopole ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

voyance

Le patient, en mars dernier, se décida à consulter la diseuse de bonne aventure, et il lui proposa la date de naissance de son beau-frère, sans bien entendu le nommer ou lui révéler qu’il pensait à lui. L’énoncé de l’oracle fut : en juillet-août prochain, cette personne mourra d’un empoisonnement causé par des écrevisses ou des huîtres. Après m’avoir raconté cela, il ajouta : c’est vraiment faramineux.

Ne comprenant pas, je lui répliquai vigoureusement : qu’y a-t-il de si faramineux ? Voilà déjà plusieurs semaines que vous êtes revenu chez moi ; si votre beau-frère était effectivement mort, vous me l’auriez raconté depuis longtemps ; il est donc toujours vivant. La prophétie s’est produite en mars, elle devait s’accomplir au milieu de l’été, nous sommes maintenant en novembre. Elle ne s’est donc pas réalisée, qu’y trouvez-vous de si merveilleux ?

Il me répondit : bien sûr que ce n’est pas arrivé. Mais ce qui est remarquable, c’est ceci : mon beau-frère est un grand amateur d’écrevisses, d’huîtres, etc., et il a effectivement été empoisonné par des écrevisses en août de l’année dernière, et il en est presque mort. Il n’en fut plus question.

Voulez-vous que nous discutions maintenant ce cas.

[…] L’affaire s’explique sans reste, si nous voulons admettre que ce savoir s’est transféré à elle, la soi-disant prophétesse, par des voies inconnues excluant les modes de communication qui nous sont connus. C’est-à-dire qu’il nous faut conclure : il y a du transfert de pensée. Le travail astrologique de la diseuse de bonne aventure y a joué le rôle d’une activité qui détourne et occupe de façon anodine ses forces psychiques de manière à ce qu’elle puisse recevoir et transmettre l’effet des pensées d’un autre, devenir un véritable "médium". Nous connaissons par exemple dans le trait d’esprit de semblables arrangements, lorsqu’il s’agit d’assurer à un processus psychique une décharge plus automatique. 

Mais l’analyse fournit à ce cas un surcroît de sens. Elle nous apprend que ce n’est pas un fragment quelconque de savoir indifférent qui s’est transmis par voie d’induction d’une personne à une autre, mais qu’un souhait extraordinairement fort de quelqu’un […] peut se trouver une expression consciente légèrement voilée à l’aide de quelqu’un d’autre […]. On pourrait reconstruire le cours des pensées du jeune homme après la maladie et le rétablissement du beau-frère haï comme rival. Bien, ce coup-ci c’est vrai qu’il en a vraiment réchappé, mais c’est bien pourquoi il ne va pas renoncer à ce goût dangereux et, la prochaine fois, espérons qu’il en mourra. C’est cet "espérons" qui est transformé en prophétie.

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Psychanalyse et télépathie", trad. Wladimir Granoff et Jean-Michel Rey in "La transmission de pensée", éd. Flammarion, 2005, pages 47 à 53

[ explication psychanalytique ] [ désir refoulé ] [ inconscient ] [ parapsychologie ]

 
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religieux-civil

Le Syllabus éclata comme un coup de foudre en décembre 1864, quelques jours après la divulgation de la convention du 15 septembre, comme une réponse du Vatican à un arrangement qui disposait de lui sans lui. Ce n’était cependant pas, ainsi que l’a écrit le Père Curci, un document bâclé à la hâte ou un coup de tête de Pie IX. Chez le Pape, revenu de ses premières illusions et leur gardant les rancunes d’un esprit déçu et d’un cœur blessé, c’était un projet déjà ancien. Dès 1852, à en croire un historien ecclésiastique, le Souverain Pontife avait fait adresser à quelques évêques un questionnaire latin en vingt-huit chapitres "sur les erreurs du temps", touchant le dogme et spécialement la morale et la politique. Ce projet fut en tout cas repris dix ans plus tard, en 1862, et celte fois les nombreux évêques réunis à Rome pour la canonisation des martyrs japonais furent consultés confidentiellement. Dans l’intervalle, en 1860, Pie IX aurait, nous dit-on, fait prévenir de ses intentions Mgr Pie, évêque de Poitiers, en lui demandant des notes à ce sujet. Mgr Pie, qui dans l’épiscopat français était à la tête du parti favorable à L’Univers, aurait en ses réponses dénoncé au Vatican les maximes de certains catholiques sur les libertés modernes comme contraires aux constitutions antérieures des papes, et, pour couper court à de pareilles tendances, l’évêque de Poitiers aurait instamment demandé une encyclique solennelle qui fixât sur ces points les croyances indécises. La même année, un prélat non moins illustre, celui que Sainte-Beuve appelait un Platon chrétien, Mgr Gerbet, l’ancien collaborateur de La Mennais à L’Avenir, prenant les devants sur la chaire romaine, publiait un mandement (23 juillet 1860), qui était une sorte de préface du Syllabus. Toujours est-il qu’en juin 1862, Pie IX avait fait consulter les évêques, rassemblés à Rome, sur un semblable catalogue d’erreurs ; le mot Syllabus, on le sait, n’a pas d’autre sens. Mgr Dupanloup, qui ne pouvait être soupçonné de redouter de nouveaux combats, avait averti le cardinal Antonelli de l’orage que ne manquerait pas de soulever une pareille publication. Ce premier Syllabus était, paraît-il, emprunté presque mot pour mot au mandement de Mgr Gerbet, ce qui était peu d’accord avec les usages de la curie romaine. Il fut mis de côté ; mais, sous le règne de Pie IX, la Prudence, dont la figure allégorique décore tant de salles du palais apostolique, avait perdu au Vatican une bonne part de son vieil empire. Un nouveau Syllabus, cette fois extrait des actes mêmes du pontificat de Pie IX, parut à l’improviste à la fin de 1864. La publication en fut accueillie avec enthousiasme dans le clan des adversaires des libertés publiques.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, pages 189 à 192

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

lecture

Internet, l'iPhone, Facebook, les jeux virtuels, ont en quelques années révolutionné notre quotidien. Mieux encore, ils modifient la mémoire et la plasticité du cerveau de nos adolescents. Pour certains experts, nous vivons une révolution digne de Gutemberg et de la découverte de l'imprimerie.
La Student Academy, à Bruxelles, est une magnifique maison de maître nichée à deux pas de l'ULB. Ici, avant d'entrer, les étudiants déposent leurs smartphones. Aujourd'hui, une vingtaine d'étudiants, tous issus du secondaire, viennent suivre un cours de techniques de concentration. Ils apprennent à mémoriser durablement les matières qu'ils étudient. Au préalable, leur coach les soumet à un petit exercice. Pendant neuf minutes, ils doivent retenir un texte par coeur. David a beaucoup de mal. Le moindre mouvement dans la salle le distrait et la présence de la caméra de la RTBF n'arrange pas les choses. Mais surtout, David a sa mémoire saturée d'informations qu'il puise sur internet. Il l'avoue lui-même : il passe toutes ses journées sur son ordinateur et se sent ensuite incapable de se concentrer sur ses cours.
Pour Lola Van Lierde, coach à la Student Academy, David n'est pas une exception. Soumis à des tests de concentration, la plupart des étudiants qui jonglent avec internet, Facebook et les réseaux sociaux, sont devenus "multitâches", mais sont aussi plus facilement distraits. A la Student Academy, ils apprennent à renforcer leur mémoire. Mais dès la pause de midi, l'Iphone reprend ses droits. Eloi discute athlétisme avec son copain pour connaître le chrono de Hussein Bolt au championnat du monde. Il consulte internet et obtient la réponse en un clic.
Révolution de Gutenberg
L'Iphone et internet sont une vraie révolution digne de la découverte de l'imprimerie par Gutemberg.
Commentaire :
Par contre, l'imprimerie ne nous à pas enlevé notre capacité à la concentration ni à la mémoire à long terme. S'il y a, c'est tout le contraire.
Aujourd'hui, plus besoin de mémoriser des chiffres, des adresses ou des numéros de téléphone, nous avons toutes ces infos. Résultat, plutôt que de mémoriser du contenu, notre cerveau a plutôt tendance à mémoriser comment y accéder. La génération 'Google' a tellement intégré cette nouvelle forme d'apprentissage que son cerveau s'est transformé. Valérie Cornil, neuropsychiatre aux Cliniques de l'Europe à Bruxelles, observe que l'hippocampe, siège de consolidation de l'information, est moins développé chez nos ados. Tandis que les lobes frontaux, sièges du traitement de l'information multiple, la synthèse, ont tendance à se renforcer.
En d'autres termes, leur cerveau s'adapte. Les ados développent le sens de la synthèse.
Commentaire :
Quoiqu'intéressant, paradoxal : comment développer le sens de la synthèse si nous perdons le sens de la consolidation de l'information?
Nous sommes loin du temps où un professeur était dépositaire d'un savoir universel. Aujourd'hui, les sources d'information se bousculent, à nous de faire le tri. A moins d'accepter de s'offrir plus de plages de concentrations coupées d'internet.

Auteur: RTBF

Info: Internet et les téléphones "intelligents" modifient le cerveau d'une génération.

[ historique ] [ évolution ]

 
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