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moi-même

J'ai stoppé ma marche. Arrêté au milieu de la piste j'ai observé le paysage autour de moi et ai compris que les yeux qui faisaient cela l'avaient vécu un million de fois auparavant. La façon dont je scrutais cet horizon était la façon dont l'horizon avait été scruté par mes ancêtres, il y a cinquante mille ans, alors qu'ils parcouraient les savanes, une lance à la main. Ils m'avaient créé. Je l'avais appris d'eux. Tout ce que mon corps faisait, la façon dont je pliais mes doigts et mes coudes, la façon dont je tournais la tête à l'entente d'un son. Je l'avais appris d'eux. Et eux le savaient comme les singes avant eux et les singes l'avaient appris des poissons et nous étions tous passés par là ensemble. Tout menait à moi et tout ce que j'étais menait au-delà de moi, il y avait cette grande chaîne et j'en étais un maillon. Le passé et le futur n'étaient rien, ils se rejoignaient et se séparaient à nouveau, et tout montait, descendait et tourbillonnait autour de tout le reste.

Auteur: Kingsnorth Paul

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[ point de singularité ] [ ego ] [ contemplation ] [ chaînon ]

 
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zen

En ce temps-là, Maitreya, le Sage révéré, se dirigea vers le mont Kailasha, demeure du dieu Shiva. Arrivé là, il demande au dieu : "Seigneur, je t'en prie, initie-moi au secret de la Vérité suprême (parama tattva)." Mahadeva, le Seigneur majestueux, lui dit : "Le corps est réputé être un temple ; l'Atman individuel (jivatman) est Shiva, et lui seul. On doit se débarrasser des fleurs fanées données en offrande par notre nescience* (ajnana) et adorer la Divinité avec cette pensée : 'Soham, je suis Lui'. La connaissance consiste à ne voir aucune différence entre toute chose et soi-même ; la méditation consiste à abstraire son mental des objets des sens ; les ablutions consistent à laver le mental de ses impuretés, et la purification consiste à tenir sous le jour les organes sensoriels. On doit boire ce nectar qu'est Brahman, mendier de la nourriture juste pour sous sustenter son corps et, se vouant exclusivement à l'Unique, vivre dans la solitude de l'unicité, libre de toute dualité.
C'est ce que doit observer le sage, qui parviendra ainsi à la libération.

Auteur: Buttex Martine

Info: Les 108 upanishads, Maitreya-Upanishad, II, 1-4, p. 846, *état de celui qui ne sait pas, qui n’a pas de savoir

[ contemplation ]

 

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curiosité

Qu’arriva-t-il par la suite, Tata ? s’empressèrent de demander plusieurs enfants à la fois ? Il arriva au roi ce qui devait lui arriver dans ces conditions. En effet, le seizième jour du troisième mois depuis l’avènement de la voix, le roi de l’un des villages voisins de wêkê déclencha une guerre au roi Mintolonfin. Ce dernier ne s’étant pas préparé pour la guerre, ne lui survécut point. Il fut décapité. Son village, investi, tomba sous l’autorité du roi du village voisin. Les sujets du roi Mintolonfin devinrent esclaves du nouveau souverain. Nan, la femme du roi Mintolonfin, fut faite esclave. Elle fut emmenée dans le village voisin. C’est au cours de la déportation qu’elle accoucha. Elle accoucha d’un petit garçon que les conquérants ont tôt fait de jeter dans une calebasse et d’abandonner au bord de la voie. Mais cet enfant, depuis sa calebasse abandonnée au bord de la route, appelait tous ceux qui passaient par leurs noms. Ceux-ci s’arrêtaient, cherchaient à voir celui qui venait ainsi de les nommer. Ils retrouvaient un enfant d’ à peine quelques heures dans une calebasse.

Auteur: Kakpo Mahougnon

Info: Les épouses de Fa

[ bataille ] [ naissance ] [ miracle ] [ génie ] [ sidération ] [ conte ]

 

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nature

La rivière était haute et nerveuse. Les berges sifflaient et de petits tourbillons glougloutaient éperdument à la surface avant d'être balayés et ramenés dans les rangs. Je sentais la terre trembler sous mes pieds, je sentais l'euphorie du courant et j'en étais tout réjoui et comme paralysé d'émotion. J'aimais cette rivière. Je sentais mon coeur battre chaque fois que je l'approchais. Je comptais parmi les plus belles choses de ma vie le simple fait de m'asseoir à ses côtés, la regarder, l'écouter, sous le soleil, sous la pluie, qu'elle fût calme ou exaspérée, limpide ou noire comme de l'encre, je connaissais ses humeurs, ses chants, ses sortilèges, elle me parlait, me réconfortait ou me plongeait dans de sombres états d'âme, elle dansait comme un ange ou se dandinait comme une infâme putain, j'avais passé des heures et des heures avec elle, les yeux fixés dans ses reflets, alanguis ou rougis de larmes ou fiévreusement écarquillés lorsque le jour tombait et qu'un dernier rayon déclenchait la plus étonnante et hiératique symphonie que je pouvais imaginer, certainement oui j'éprouvais à son égard un amour véritable.

Auteur: Djian Philippe

Info: Crocodiles

[ contemplation ] [ eau ]

 

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genèse

Lorsque Dieu a procédé au partage de l’univers, le paysan a pris la terre, le pêcheur le lac, le chasseur la forêt, le jardinier les vergers et le marchand des étalons de poids ainsi que la balance. Et ainsi de suite. Pendant ce temps-là, le poète s’attardait dans la forêt où le rossignol le charmait de son chant et les arbres lui susurraient dans l’oreille maints secrets des bois... Mais les yeux – les yeux du poète – ne parvenaient pas à se détacher des genoux de la lavandière et de la planche de blanchisseuse qu’elle tenait à la main. C’est ainsi que le troubadour a perdu toute notion de l’heure et s’est présenté en retard. Et quand il est arrivé, l’univers avait déjà été partagé. De sorte que Dieu ne disposait plus à son intention que des nuages, des arcs-en-ciel, des roses et des oiseaux d’été. En revenant, il n’a même plus retrouvé la lavandière. Elle s’était fait engager quelque part comme nourrice... — Puisque tu as de l’imagination, lui dit l’Eternel, eh bien ! Tu n’as qu’à te créer des univers toi-même!

Auteur: Peretz Isaac Leib

Info: Les oubliés du shtetl. Yiddishland

[ conte ] [ fable ] [ professions ] [ rêveur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nature

Qui n'a rêvé devant un arbre au printemps ? Qui n'a ressenti son calme épanouissement comme une invite ? Même l'homme moderne, qui a perdu la faculté de s'émerveiller, sauf peut-être et pour un temps devant les inventions nées de son cerveau, ne peut y rester insensible. Mais que l'on imagine que l'humain des temps anciens, vivant au sein de la nature, pour qui l'alliance avec elle n'était point soumission, comme on veut nous le faire croire, mais harmonie, ou, mieux encore, que l'on pratique la méditation, alors une telle rêverie retrouve son utilité première, elle redevient ce qu'elle était, authentique, vitale, elle constitue un mode d'être, le plus authentique, le plus clairvoyant qui soit. Ainsi, au pied de l'arbre, rêve le Bouddha, et il s'éveille du trop humain cauchemar. Durant la méditation devant le figuier sacré, surgit du tréfonds de l'être la compréhension intuitive de l'univers dont l'individu cesse d'être séparé, celle de la place qu'il y occupe, du rôle qu'il doit y jouer, compréhension spontanée, nécessaire et suffisante, que possède tout vivant et qui n'est refusée qu'à l'homme, ou plutôt que l'homme seul se refuse.

Auteur: Brosse Jacques

Info: Mythologie des arbres

[ contemplation ]

 

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écriture

Pour moi, un romancier n'a qu'un seul devoir : de raconter une histoire. Il faut que l'histoire soit tellement bien racontée qu'elle semble non seulement possible mais plus réelle que la réalité. Donc pour moi, écrire un roman "engagé" n'est pas le but véritable ; c'est un but qui produira dans presque tous les cas des polémiques au lieu de la littérature. Ceci dit, quand l'écrivain raconte son histoire honnêtement et sans honte, le résultat sera presque toujours un roman engagé, parce que la vie humaine, même quand elle se déroule dans les lieux carrément domestiques, est complexe, et parce que l'histoire, la politique, et les grandes questions de la vie sont derrière toutes nos conversations et tous nos échanges, même ceux qui paraissent banals. Prenez par exemple les romans tout à fait domestiques et féminins de Jane Austen : existe-il dans la littérature anglophone du commentaire plus pointu sur la patriarchie et le système de classe sociale ? Dans la même façon, pour moi, il est impossible de raconter une histoire malaisienne sans allusion à la politique de race, à nos problèmes sociaux, à notre passé compliqué.

Auteur: Preeta Samarasan

Info:

[ contexte ] [ arrière-plan ] [ milieu ambiant ]

 

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police de la pensée

Pour parler autrement, l’Histoire est sortie de l’ordre du naturel, ou de l’inconscient, c’est-à-dire de l’immortel. Elle est maintenant de l’ordre du conscient. Et, comme telle, elle est fragile. Il faut plaider pour elle, désormais. Il faut élaborer toute une néo-théologie, toute une historiologie, il faut essayer d’apporter des preuves de l’existence de l’Histoire comme on élaborait au Moyen Âge des preuves de l’existence de Dieu. […] D’où la mise en place de nouvelles valeurs absolues, toute cette démence autour de l’éthique, des droits de l’homme, du Bien, de l’humanitaire, tout ce développement international d’associations prêtes à se constituer partie civile au moindre signal, tous ces collectifs de surveillance, de vigilance et de repentance, toute cette Word Virtue Compagny, toute cette éthique planétaire, toute cette McEthic, tout ce chemin de croix de la pacification universelle, tout cela n’est rien d’autre que la constitution galopante du socle de la nouvelle théologie, et la justification par avance des persécutions à venir, de toutes les terreurs qui se préparent ou qui sont déjà là, contre les hérétiques du nouveau dogme. […] Dieu est mort, tout est permis ? L’Histoire est morte, rien ne l’est plus.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 112

[ ceintures de contention ] [ totalitarisme vertueux ] [ pouvoir sémantique rationalisé ] [ mondialisation ] [ anti transcendance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déplacements du sens

Il y a toujours dans les films les plus explicites un niveau énigmatique. Roland Topor me racontait l'autre jour que Dynastie (*) - c'est difficile de trouver plus littéral - vu par des Esquimaux, chez qui il est tabou de parler avec sa belle-mère, avait une force pornographique ou subversive si énorme que ce feuilleton devenait autre chose. Dans les pays arabes, on dit aussi que voir n'importe quelle série américaine où les femmes ne sont pas voilées et ont des rapports familiers avec les hommes crée une sensation de subvertion pas seulement politique, mais aussi poétique : c'est-à-dire que cela provoque tellement de malentendus que le système de malentendu devient en effet poétique objective. A bout de souffle de Godard a eu sur moi le même effet quand je l'ai vu pour la première fois au Chili. Je ne peux pas dire que j'ai cessé de l'aimer par la suite, mais en le revoyant j'ai été assez déçu, parce que je l'ai trouvé très terre à terre, alors que j'avais compris des choses qui n'avaient rien à voir. En cette période de mondialisation, cette potentialité poétique, même si elle est involontaire, va être impossible à maîtriser.

Auteur: Ruiz Raul

Info: Entretien paru dans "Positif", n°424, juin 1996 - cité dans "Passage du cinéma", éd. Ansenodia, p. 364 - (*) série américaine des années 80

[ cinéma ] [ géographie culturelle ] [ contexte interprétatif ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

roman

Peu à peu, Fédor Mikhaïlovitch consentit à nous parler de sa vie en Sibérie et des mœurs des réprouvés, ses compagnons de bagne. La plupart de ces récits furent inclus ensuite dans les Souvenirs de la maison morte. Ce livre, d’ailleurs, parut dans des circonstances opportunes.

L’esprit de tolérance soufflait sur le pays et pénétrait jusqu’à la censure. Des ouvrages virent le jour dont, peu de temps avant, la publication paraissait impensable. Certes, la censure fut quelque peu troublée par ce livre sans précédent, tout entier consacré à illustrer des vies de forçats, par le fond noir des récits dont les héros étaient d’effroyables criminels et enfin par le fait que l’auteur lui-même était un ancien prisonnier politique, à peine revenu à la vie normale. Cependant, rien ne put détourner Dostoïevski de rapporter exactement ce qu’il avait connu. Aussi les Souvenirs de la maison morte bouleversèrent-ils l’opinion ; leur auteur apparut comme un autre Dante. L’enfer où il était descendu fut d’autant plus terrifiant pour le public que, loin d’être le fruit de l’imagination du poète, il appartenait incontestablement au monde de la réalité. Cependant, sur les instances de la censure, Dostoïevski supprima l’épisode des Polonais déportés et des détenus politiques.

Auteur: Milioukov Alexandre

Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 67

[ contexte ] [ réception ] [ circonstances ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson