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illusion

La réalisation majeure du nouveau complexe militaro-cognitif a consisté à rendre superflue toute oppression directe et manifeste : les individus sont bien mieux contrôlés et "poussés" dans la direction qui convient lorsqu’ils continuent de se vivre comme des acteurs libres et autonomes de leurs propres existences… Il y a une autre leçon essentielle de Wikileaks : notre absence de liberté est dangereuse au plus haut point lorsqu’elle est vécue comme le médium même de notre liberté. Qu’y a-t-il de plus libre en effet que ce flux communicationnel incessant qui permet à chacun de faire connaître à tous ses opinions et de former à volonté des communautés virtuelles ? Dans la mesure où la licence et le libre choix font figure de valeurs suprêmes, il semble que le contrôle social et la domination ne menacent plus le sujet et sa liberté : l’individu supposément libre en fait l’expérience en tant qu’expérience de soi-même et, ce faisant, les conforte. Qu’y a-t-il de plus libre en effet que nos manières de "surfer" sur la Toile sans la moindre contrainte ? Voilà comment opère aujourd’hui "le fascisme qui a l’odeur de la démocratie".

Auteur: Zizek Slavoj

Info:

[ indépendance ] [ GAFAM ]

 

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afrique

En 1986, l'anthropologue américain Beverly Strassman s'installa chez les Dogons, tribu du Sud-Est du Mali, près des collines du Bandiagara. Ces pasteurs cultivateurs vivent toujours selon un mode ancestral comportant la polygamie des hommes. Selon leurs croyances religieuses, les femmes sont impures quand elles ont leurs règles, ce qui perturbe les Esprits. Aussi leur impose-t-on de séjourner pendant cette période dans une hutte à l'écart du village : la "maison des femmes". Les femmes continuent de travailler dans les champs, mais sont le reste du temps confinées dans la hutte, dans l'obscurité. Les hommes peuvent voir qui est dans la hutte et quand.
Cette pratique n'a pas seulement une fonction religieuse, elle permet aussi aux hommes de s'assurer de leur paternité : ils sont sûrs qu'une femme qui sort de la hutte n'est pas enceinte. La maison des femmes permet également aux hommes de contrôler la fidélité de leurs femmes. Une femme qui ne séjournerait pas à la hutte alors qu'elle n'aurait pas eu de rapports sexuels avec son mari dans le mois est considérée avec suspicion : l'absence de règles peut révéler qu'elle a trompé son mari.

Auteur: Vignal Philippe

Info: L'enfer au féminin

[ tradition ] [ menstruation ]

 

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non-voyant

Les yeux créent les couleurs. L’homme fait et défait les paysages. Laissez-moi vous dire ces choses, elles sont trop peu connues et, venant d’un aveugle, elles ont une petite chance de plus de retenir votre attention.
Les yeux font les couleurs. Bien sûr pas les yeux physiques, ceux de l’ophtalmologie. Ces deux organes confus et fragiles en avant de la tête ne sont, après tout, que des miroirs. Les deux miroirs brisés, les yeux continuent de vivre.
Ceux dont je veux parler, les vrais yeux, travaillent au-dedans de nous. Tant pis si le vocabulaire fait défaut, s’il est faible : voir, c’est un acte fondamental de la vie, un acte indéchirable, indestructible, indépendant des outils physiques dont il se sert. Voir, c’est un mouvement de la vie fait en nous avant les objets, avant toute détermination extérieure. Avant les objets et après eux si, par accident, les instruments matériels de la rencontre viennent à manquer. C’est au-dedans de vous que vous voyez.
Si la lumière intérieure ne nous était pas donnée d’abord, et par conséquent les couleurs aussi qui sont la monnaie de la lumière, jamais nous ne pourrions admirer les couleurs du monde.
Voilà ce que je sais après vingt-cinq ans de cécité.

Auteur: Lusseyran Jacques

Info: Le monde commence aujourd'hui, p 13

[ témoignage ]

 

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lenteur

Notre ville a été envahie par des papillons. Ils sont grands, beaux, carnivores. On n'a jamais vu tant de papillons dans la ville. Ils ont tout couvert : les rues, les toits, les voitures, les arbres. Les gens qui se trouvaient dans la rue pendant l'invasion ont été mangés. De ma fenêtre, je vois trois squelettes d'hommes et un squelette de chien parfaitement nettoyés. [...]
Pour l'instant, toute la ville est paralysée. Les gens se sont retranchés chez eux et regardent la rue couverte de papillons, par leurs fenêtres couvertes de papillons. Les bestioles semblent s'installer définitivement chez nous. Elles continuent même d'y affluer. La couche de papillons est de plus en plus épaisse, on dirait de la neige colorée.
Notre armée n'a rien pu faire contre les papillons. On a dû s'habituer à eux. On s'est finalement rendu compte que les papillons ne dévorent que les êtres vivants qui font des gestes brusques. Si on bouge très lentement, les papillons ne réagissent pas. On peut même les écraser sous les pieds, ils restent tranquilles et meurent en silence. D'ailleurs, on ne peut avancer dans la rue qu'en les écrasant. [...]
À cause de tout cela et de notre pensée ralentie, on se parle au rythme d'un mot par jour. Et quand nous faisons l'amour, tout va tout aussi lentement.

Auteur: Visniec Matéi

Info: Théâtre décomposé, ou, L'homme-poubelle: Textes pour un spectacle-dialogue de monologues, extrait de La Folle Tranquille

[ littérature ]

 

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néo-capitalisme

Kekulé rêve du Grand Serpent qui tient sa propre queue dans sa bouche, le Serpent rêveur qui entoure le Monde. Mais la mesquinerie, le cynisme avec lesquels ce rêve est utilisé. Le Serpent qui annonce "Le Monde est une chose fermée, cyclique, résonnante, un éternel retour", doit être placé dans un système dont le seul but est de violer le Cycle. Prendre et ne pas rendre, exigence que "productivité" et "gains" continuent d'augmenter avec le temps, le Système enlève au reste du Monde ces vastes quantités d'énergie pour que sa propre minuscule fraction désespérée fasse du profit : et pas que la plus grande partie de l'humanité - les plus grandes autres parts du Monde, animale, végétale et minérale, sont mises à mal dans le processus. Le système peut comprendre ou pas qu'il ne fait que gagner du temps. Et ce temps n'est que ressource artificielle, sans valeur pour qui ou quoi que ce soit hors du le Système, qui va tôt ou tard s'effondrer, lorsque sa dépendance à l'énergie deviendra plus importante que ce que le Monde peut fournir, entraînant avec lui des âmes innocentes sises le long de la chaîne de la vie. Vivre dans le Système, c'est comme traverser le pays dans un bus conduit par un maniaque suicidaire... C'est vrai qu'il est plutôt aimable, puisqu'il continue à faire des blagues dans les hauts-parleurs...

Auteur: Pynchon Thomas

Info: Gravity's Rainbow

[ sans issue ] [ ouroboros ]

 

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santé marchandisée

En termes d'une approche scientifique qui veut mesurer toujours plus précisément les phénomènes dans une réalité-monde où JAMAIS une situation ou un objet ne se retrouvent à l'identique - du à l'hyper-complexité et l'intrication de tous les paramètres - le rationalisme tel que nous le connaissons, à savoir qu'une démonstration doit pouvoir être reproductible, se cognera avec toujours plus d'insistance contre le mur des ses limites. Les tergiversations scientifiques autour du Covid 19 semblent montrer quelque chose de ce genre. Un virus (déjà les scientifiques ont grand peine à s'accorder sur le fait qu'il soit vivant ou pas), même plus stable que la moyenne, qui s'attaquerait de manière similaire - statistiquement s'entend - à des populations fort diverses, ça parait un peu aventuré (et les paramètres avancés ici sont très simplifiés puisque le virus mute lui-même). Tout le travail des labos et de Big Pharma & consorts n'a d'autre but que nous convaincre qu'un tel rationalisme existe et que des solutions - chères et c'est normal, faut bien payer la recherche et les actionnaires ma bonne dame - seront incontournables. La vision mécaniste du corps humain tient encore bien la rampe, alors que les travaux sur l'effet placebo continuent de patiner dans la choucroute. Lisez "l'univers bactériel" de Lynn Margulis bon sang.

Auteur: Mg

Info: 30 mai 2020

[ mercantilisme médical ] [ consumérisme sanitaire ]

 
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neuro-psychologie

Le lithium régule les protéines qui contrôlent l'horloge interne du corps. Cette horloge fonctionne, bizarrement, sur l'ADN, à l'intérieur de neurones spéciaux au plus profond du cerveau. Des protéines spéciales s'attachent à l'ADN des gens chaque matin, et après un temps déterminé, elles se dégradent et disparaissent. La lumière du soleil réinitialise les protéines encore et encore, de sorte qu'elles tiennent beaucoup plus longtemps. En fait, les protéines ne disparaissent qu'à la tombée de la nuit, moment où le cerveau devrait "détecter" l'ADN mis à nu et arrêter de produire des stimulants. Ce processus se dérègle chez les maniaco-dépressifs parce que les protéines, malgré le manque de lumière du soleil, continuent à se fixer rapidement à leur ADN. Leur cerveau ne se rend pas compte qu'il devrait arrêter de tourner. Le lithium aide donc à séparer les protéines de l'ADN pour que les gens puissent se calmer. Remarquez que la lumière du soleil l'emporte toujours sur le lithium pendant la journée et réinitialise les protéines ; ce n'est que lorsque la lumière du soleil disparaît la nuit que le lithium aide l'ADN à se libérer. Loin d'être le soleil dans une pilule, le lithium agit donc comme un "anti-lumière du soleil". Sur le plan neurologique, il annule la lumière du soleil et ramène ainsi l'horloge circadienne à vingt-quatre heures, empêchant à la fois la formation d'une bulle maniaque et le plantage du mardi noir de la dépression.

Auteur: Kean Sam

Info: The Disappearing Spoon : And Other True Tales of Madness, Love, and the History of the World from the Periodic Table of the Elements.

[ médicament béquille ] [ cycle journalier ]

 
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homme-machine

Mes travaux les plus importants ont porté sur le développement d'une approche logique de la sémantique du langage naturel, connue sous le nom de grammaire de Montague. Cette approche repose sur l'idée que la sémantique des langues naturelles peut être formalisée à l'aide de la logique intensionnelle, une branche de la logique qui s'intéresse aux significations des expressions.

Ma  Grammaire de Montague permet de rendre compte de la sémantique de nombreuses constructions grammaticales du langage naturel, notamment les constructions relatives, les constructions interrogatives, les constructions modales et les constructions quantifiées.

Mes travaux ont eu une influence considérable sur le développement de la linguistique et de la philosophie du langage. Ils ont notamment contribué à la création de la linguistique computationnelle, un domaine qui étudie les aspects formels du langage naturel.

Voici quelques-uns de mes apports les plus importants la sémantique du langage naturel :

- J'ai montré qu'il est possible d'utiliser la logique intensionnelle pour formaliser la sémantique des langues naturelles.

- J'ai développé une approche unifiée de la sémantique du langage naturel, qui permet de rendre compte de la sémantique de nombreuses constructions grammaticales.

- J'ai contribué à la création de la linguistique computationnelle, un domaine qui étudie les aspects formels du langage naturel.

A ce jour mes travaux sont toujours d'actualité et continuent d'être étudiés et développés par les linguistes et les philosophes du langage.

Auteur: Montague Richard

Info: Compil Bard-Mg, janv 2024 *qui s'oppose de manière critique à la théorie grammaticale de Chomsky, dans laquelle la sémantique est considérée comme un composant indépendant de la syntaxe. Montague affirme au contraire que le sens d'une phrase est immédiatement lié à sa construction syntaxique.

[ apprentissage automatique ] [ onomasiologie ]

 

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cité imaginaire

Qui arrive à Tecla ne voit pas grand-chose de la ville, au-delà des clôtures en planches, des écrans en toile de sac, des échafaudages, des armatures métalliques, des passerelles en bois suspendues à des cordes ou soutenues par des scies, des échelles, des tréteaux. Si l'on demande : "Pourquoi la construction de Tecla prend-elle tant de temps ?", les habitants continuent de soulever des sacs, de  jouer du fil à plomb, de déplacer de longues brosses de bas en haut, et répondent : "Pour que sa destruction ne puisse commencer."

Et si on leur demande s'ils craignent qu'une fois les échafaudages enlevés, la ville ne commence à s'écrouler et à tomber en morceaux, ils ajoutent hâtivement, dans un murmure : " Pas que la ville."  Si, peu satisfait des réponses, vous jettez un oeil œil par la fissure d'une clôture, vous verrez des grues qui soulèvent d'autres grues, des échafaudages qui enserrent d'autres échafaudages, des poutres qui soutiennent d'autres poutres. "Quelle est la signification de votre construction ?" demande-t-on alors. "Quel est le but d'une ville en construction, à moins qu'elle ne soit une ville ? Où est le plan que vous suivez, le schéma directeur ?" "Nous vous le montrerons dès que la journée de travail sera terminée ; nous ne pouvons pas interrompre notre travail maintenant", répondent-ils. Le travail s'arrête au coucher du soleil. L'obscurité tombe sur le chantier. Le ciel est empli d'étoiles.

"Voilà le plan", disent-ils.


Auteur: Calvino Italo

Info: Les Villes invisibles

[ continue édification ] [ fuite en avant ]

 

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civilisation

Jung reconnaît l'origine sexuelle des productions psychiques supérieures, mais il nie que ces productions puissent en tant que telles avoir encore quelque chose de sexuel. Pour expliciter cette position, il utilise entre autres cette comparaison : "Bien qu’il ne puisse y avoir aucun doute quant à l’origine sexuelle de la musique, ce serait une généralisation sans valeur et de mauvais goût que d’aller inclure la musique dans la rubrique de la sexualité. Une terminologie de ce genre conduirait à traiter de la cathédrale de Cologne dans le cadre de la minéralogie sous prétexte qu’elle est en pierre." Cette comparaison va, selon moi, à l’opposé de ce que Jung veut démontrer. La cathédrale de Cologne n’a pas cessé au moment de sa construction d’être effectivement en pierre pour ne plus exister que sous forme d’idée artistique. En effet, même le plus splendide édifice du monde est en substance un tas de minéraux qu’on examinera en minéralogie et dont seul un point de vue anthropocentriste étroit pourrait contester la réalité. Et les fonctions psychiques les plus élevées ne changent rien au fait que l’homme est un animal dont les réalisations supérieures sont incompréhensibles en elles-mêmes et ne peuvent se concevoir que comme les fonctions d’authentiques instincts animaux. Le développement du psychisme ne ressemble pas à l’éclosion d’une bulle dont la pellicule signifierait le présent et dont l’intérieur ne contiendrait qu’une espace vide au lieu du passé, il est plutôt comparable à la croissance d’un arbre où les couches successives de tout le passé continuent de vivre sous l’écorce.

Auteur: Ferenczi Sándor

Info: Critique de "Métamorphoses et symboles de la libido" de Jung

[ sublimation ] [ dénégation ] [ émergence continuelle ] [ tiercités hyper-structures ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson