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commerce

Peu m'importe si tu m'aimes, telle est, à la fin de Mauvaise passe, la devise de Pierre (Daniel Auteuil), alors qu'il a auparavant quitté sa femme, son fils et son métier de prof de littérature française pour aller vivre à Londres, puis pratiqué la prostitution masculine de haut vol. Pierre aura écrit son roman à succès mais continuera de se faire payer pour quelques passes d'amour. Michel Blanc fait preuve d'un curieux cynisme dans cette allégorie à peine déguisée du statut de l'artiste. L'argent y est source de liberté (je baise, tu payes, nous sommes quittes), l'amour source de contraintes (je ne veux pas recommencer avec toi la vie de couple que j'ai fuie). Mais peut-être s'agit-il aussi d'un Français pris de la fièvre libérale (la liberté chère aux économistes néolibéraux). Easy money et vie facile contre exigences de couple et poids de la culture (la littérature française), voilà une alternative que certaines sirènes libérales, dans le microcosme du cinéma français, ne manqueront pas de relever. Michel Blanc et son personnage adhèrent à l'idée qu'un livre, un film, l'amour sont de purs produits commerciaux. Dès lors, peu m'importe si tu m'aimes...

Auteur: Chauvin Jean-Sébastien

Info: critique de Mauvaise passe de Michel Blanc, Les Cahiers du cinéma novembre 1999

[ consumérisme ] [ transaction ] [ rapports humains ]

 

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management

Nous concevons notre temps objectivé comme s'étendant aussi bien dans le futur que dans le passé, et nous coulons pareillement dans le même moule nos évaluations du futur et nos souvenirs du passé, en établissant des programmes, des prévisions et des budgets. L'identité de forme des unités (conforme au système de mesure des quantités spatiales) au moyen desquelles nous mesurons et concevons le temps nous amène à considérer ‘‘l'élément sans forme’’, ou ‘‘substance’’, du temps comme étant homogène et en raison directe du nombre d'unités. Aussi attribuons-nous à toutes les prestations des valeurs calculées en unités de temps, ce qui permet l'édification d'une structure commerciale temporelle : salaire horaire (le travail horaire remplace de plus en plus le travail à la pièce), rente, crédit, intérêt, frais d'amortissement, et primes d'assurance. Il ne fait pas de doute que ce vaste système, une fois édifié, continuera de fonctionner quel que soit le traitement linguistique dont le concept de temps sera l'objet. Mais le fait qu'il ait été élaboré pour atteindre l'ampleur et la forme particulière qu'il a dans le monde occidental est incontestablement en accord avec les structures des langues appartenant au groupe S.A.E. (Standard Average European).

Auteur: Lee Whorf Benjamin

Info: Linguistique et anthropologie, p. 108-109

[ linéaire ] [ rationalisé ] [ langage ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

décalage générationnel

Dans les fermes où on se fait la guerre entre vieux et jeunes, c'est dur pour l'ouvrier qui se trouve sans savoir de quel côté se tourner quand l'un a dit blanc et l'autre noir. Joseph en a séparé des pères et des fils, ou des frères, ça s'empoignait au fond de l'étable ou à la grange, juste à côté de la trappe ouverte sur un escalier bien raide, il a reçu des coups perdus et ensuite on l'a regardé de travers parce qu'il avait vu ce qui doit rester caché dans le secret des familles. C'est la boisson qui est le pire. Tant que les parents sont là et en bonne santé pour aider, ils ont leur mot à dire et le fils continuera le fromage, le saint-nectaire, parce que la ferme est dans la zone d'appellation contrôlée, juste à la limite mais encore dans la zone ; dans une ferme organisée comme celle-là, on a besoin d'un ouvrier comme lui pour aider et on peut le payer uniquement si on transforme le lait ; mais tout le monde sait ce que le fils pense ; le fils pense qu'ils travaillent pour payer l'ouvrier, à cause des charges, et que c'est un système périmé.

Auteur: Lafon Marie-Hélène

Info: Joseph

[ campagne ] [ paysan ] [ rapports humains ] [ tensions ]

 

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reconnaissance

Le savoir et la connaissance ne sauraient faire bon ménage a dit un sage.
Je sais, chère Solrun, qu'il t'était, tout comme à bien d'autres, de plus en plus difficile d'affronter une des douloureuses épreuves de la vie. Cette épreuve-là ne pouvait s'accorder avec ton innocence naturelle et ta foi dans le bien. Solrun, tu n'étais pas forte, dans le sens où tu n'es pas parvenue à résister aux tentations qui, l'espace de quelques instants, donnent l'illusion d'une existence plus supportable. Mais tu étais plus forte que la plupart des gens quand il s'agissait d'atteindre le plus louable des objectifs, celui de faire don de ta personne afin de rendre les autres heureux et de leur insuffler ton énergie. Un jour est venu où tu ne pouvais plus donner, pas parce que tu n'avais plus rien à offrir mais parce que parce que ta générosité était mal interprétée et abusée.
Et, bien que la connaissance des hommes que t'a enseignée la vie ait fini par avoir raison de toi, le lieu dans lequel tu as élu domicile au fond de mon coeur est illuminé par la joie et la gratitude que tu m'aies permis de te connaitre. Tu continueras d'occuper cet espace pour toujours dans mon coeur. Je pourrai revenir puiser force et énergie dans les souvenirs que j'ai avec toi.

Auteur: Thorarinsson Arni

Info: Le temps de la sorcière, p 316

[ éloge ] [ deuil ] [ funèbre ] [ suicide ]

 

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émerveillement

Sentir ses liens avec une terre, son amour pour quelques hommes, savoir qu’il est toujours un lieu où le cœur trouvera son accord, voici déjà beaucoup de certitudes pour une seule vie d’homme. Et sans doute cela ne peut suffire. Mais à cette patrie de l’âme tout aspire à certaines minutes. "Oui, c’est là-bas qu’il nous faut retourner". Cette union que souhaitait Plotin, quoi d’étrange à la retrouver sur terre ? L’Unité s’exprime ici en termes de soleil et de mer. Elle est sensible au cœur par un certain goût de chair qui fait son amertume et sa grandeur. J’apprends qu’il n’est pas de bonheur surhumain, pas d’éternité hors de la courbe des journées. Ces biens dérisoires et essentiels, ces vérités relatives sont les seules qui m’émeuvent. Les autres, les "idéales", je n’ai pas assez d’âme pour les comprendre. Non qu’il faille faire la bête, mais je ne trouve pas de sens au bonheur des anges. Je sais seulement que ce ciel durera plus que moi. Et qu’appellerais-je éternité sinon ce qui continuera après ma mort ? Je n’exprime pas ici une complaisance de la créature dans sa condition ; c’est bien autre chose. Il n’est pas toujours facile d’être un homme, moins encore d’être un homme pur. Mais être pur, c’est retrouver cette patrie de l’âme où devient sensible la parenté du monde, où les coups du sang rejoignent les pulsations violentes du soleil de deux heures.

Auteur: Camus Albert

Info: Noces

[ appolinien ] [ foi ] [ esprit ] [ appartenance ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

construction

Je n’ai pas commencé [ce travail] comme philosophe, et je ne désire pas particulièrement écrire à propos de philosophie ou sur la nature des choses. Ce n’est pas mon métier. Une seule question m’intéresse par dessus tout - comment créer de beaux bâtiments. Je ne m’intéresse seulement qu’à la beauté réelle. Je n’ai jamais eu l’envie de concevoir du bâti lisse que les architectes de mon temps ont généralement conçu. Nombre d’entre eux ont abandonné le travail du beau, et par ricochet abandonné ce travail en tant qu’idéal atteignable. Cela est peut être compréhensible. Construire à un degré de beauté qui pouvait être commun aux XIIème ou XVème siècle en Europe et dans des centaines d’autres cultures à presque toutes les ères de l’histoire humaine à l’exception de la notre nous est très ardu. Cela était spécifiquement dur pour nous en cette fin de XXème siècle et continuera de l’être alors que nous entrons dans le vingt-et-unième. Pour différentes raison - pas entièrement claires pour moi il y a trente cinq ans - cette difficulté est telle que les architectes ont presque abandonné. Cela je ne l’ai jamais accepté. Je n’ai jamais accepté le pis-aller, ou l’idée idiote de la "bonne architecture" avec laquelle certains architectes du XXème baratinent le public. Je voulais être capable de réaliser le vrai et pour cela je devais comprendre quel était ce vrai. La raison n’était pas curiosité intellectuelle, mais une raison pratique, je voulais pouvoir le faire moi même.

Auteur: Christopher Alexander

Info:

[ ordre ] [ expérimentation pratique ]

 
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Ajouté à la BD par Patate

enfants-animaux

Nombre d’enfants ont mal vécu leur Œdipe ou leur sortie de l’Œdipe par manque d’une castration, je veux dire que manque d’être verbalisée la prohibition de la réalisation du désir sexuel en famille, laquelle libère le désir pour sa réalisation hors du milieu familial. Par manque d’occasions fréquentes de voir d’autres enfants, leurs parents voulant les garder pour eux les jours de congé, ces enfants-là cherchent à avoir des animaux domestiques, tant pour les aimer que pour les mettre en leur dépendance. Ce sont des chats, des chiens, des animaux de compagnie, des hamsters, et même aussi, maintenant, des chevaux que les enfants aiment beaucoup lorsqu’ils sont doux. Cela ne veut pas dire, d’ailleurs, que ces enfants, avec le temps, ne vont pas "s’en sortir" et arriver à résoudre leur Œdipe ; mais ce sera plus tard, car les animaux sont comme leurs objets transitionnels d’autrefois, qui les reliaient imaginairement à leur mère-sein. Ces animaux qu’ils aiment à câliner, à caresser et dont ils se font aimer, à qui ils commandent ou dont ils se font craindre, sont pour eux des objets transitionnels de leur relation sensuelle diffuse aux parents d’avant la résolution de l’Œdipe [...]. Cet attachement à des animaux peut d’ailleurs devenir un but de sublimation qui, plus tard, se continuera dans une vocation liée au monde animal. Je ne veux pas dire que toute bonne relation avec les animaux soit pour les humains le signe d’une image du corps non sortie de la relation œdipienne. Mais c’est le cas lorsqu’il s’agit d’animaux que l’amour de leur maître isole de leurs congénères, par la nécessité narcissique chez l’enfant d’avoir un confident affectif et muet.

Auteur: Dolto Françoise

Info: "L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, pages 186-187

[ explication ] [ passion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sacré-profane

Une œuvre d'art, pour avoir une portée spirituelle, n'a pas besoin d'être une "œuvre de génie" ; l'authenticité de l'art sacré est garantie par ses prototypes. Une certaine monotonie est de toute façon inséparable des méthodes traditionnelles ; au milieu de toute la jubilation et de l'apparat qui sont le privilège de l'art, cette monotonie préserve la pauvreté spirituelle - le non-attachement des "pauvres en esprit" (Mt 5,3) - et empêche le génie individuel de sombrer dans une sorte de monomanie hybride ; le génie est comme absorbé par le style collectif, avec sa norme dérivée de l'universel. C'est par les interprétations qualitatives, à quelque degré que ce soit, des modèles sacrés que le génie de l'artiste se manifeste dans un art particulier ; c'est-à-dire qu'au lieu de s'épuiser en "largeur", il s'affine et se développe en "profondeur". Il suffit de penser à un art comme celui de l'Égypte ancienne pour voir clairement comment la sévérité du style peut elle-même conduire à une extrême perfection.

Cela nous permet de comprendre comment, à l'époque de la Renaissance, des génies artistiques ont soudain surgi un peu partout, et avec une vitalité débordante. Le phénomène est analogue à ce qui se passe dans l'âme de celui qui abandonne une discipline spirituelle. Les tendances psychiques qui ont été maintenues à l'arrière-plan se manifestent soudainement, accompagnées d'une éruption étincelante de nouvelles sensations avec l'attrait compulsif de possibilités encore inépuisées ; mais elles perdent leur fascination dès que la pression initiale de l'âme se relâche. Néanmoins, l'émancipation du "moi" étant désormais le motif dominant, l'expansivité individualiste continuera à s'affirmer : elle conquerra de nouveaux plans, relativement plus bas que le premier, la différence de "niveaux" psychiques agissant comme source d'énergie potentielle. C'est tout le secret de la pulsion prométhéenne de la Renaissance.

Auteur: Burckhardt Titus

Info: Fondements de l'art chrétien (L'art sacré dans la tradition)

[ historique ] [ beaux-arts ] [ artisanat ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

dernières paroles

Malheureusement, dans ce pays, nous subissons un lavage de cerveau dès notre plus jeune âge pour nous faire croire qu'en échange de notre dévouement et de nos services, le gouvernement oeuvre pour la justice pour tous (...), qu'il y a de la liberté dans ce pays, et que nous devrions être prêts à donner notre vie pour les nobles principes de nos pères fondateurs. (...) J'ai passé toute ma vie d'adulte à essayer de me sortir tout ce bordel de la tête." (...) les hommes politiques, "des voleurs et des menteurs qui ne pensent qu'à leur propre intérêt", le sauvetage des banques et des grandes entreprises "qui se sont écroulées sous le poids de leur gloutonnerie", comme General Motors, le système de santé et les compagnies d'assurances qui "tuent des dizaines de milliers de gens", ou encore les lois : "On demande une signature sur la déclaration d'impôts, mais qui peut dire qu'il comprend vraiment ce qu'il signe ? (...) Si ceci n'est pas une mesure digne d'un régime totalitaire..." (...) ... En moins de trente ans j'ai perdu plusieurs fois toutes mes économies avant de rebondir, pour retomber de nouveau. Mal conseillé par un avocat fiscaliste, j'ai fini par me retrouver "planté au milieu du désastre", poursuivi par le fisc. Après avoir monté deux sociétés de logiciels informatiques, toute deux suspendues par l'administration fiscale, en 2000 et 2004. (...) J'en ai eu plus que je ne peux supporter. Dire que les gens ne meurent plus pour leur liberté dans ce pays est un mythe (...). Je sais qu'il y a eu des victimes avant moi, qu'il y en aura d'autres après. Mais je sais aussi que si je n'ajoute pas mon corps au bilan des morts, rien ne changera" (...) "Je choisis de ne pas continuer à regarder Big Brother me désosser, je choisis de ne pas ignorer ce qu'il se passe autour de moi, je choisis de ne pas prétendre que le "business as usual" ne continuera pas, j'ai eu mon compte. Je peux juste espérer que le nombre de cadavres sera bientôt trop important pour (...) être ignoré et que les zombies américains vont se réveiller et se révolter".
Le credo communiste : de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ; le credo capitaliste : de chacun selon sa crédulité, à chacun selon son avidité.

Auteur: Stack Joe

Info:

[ suicide ]

 

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inconnaissance

J’ai lu l’écriture de l’homme. J’ai vagabondé à travers ses pages, j’ai feuilleté ses idées. Je sais jusqu’où allèrent les peuples et combien les mena loin la tentation de l’esprit. Certains souffrirent pour inventer des formules, d’autres pour engendrer des héros ou pour figer l’ennui dans la foi. Tous dépensèrent leurs richesses parce qu’ils redoutaient le spectre du vide. Et quand ils ne crurent plus à rien, quand la vitalité ne soutint plus la flammèche des tromperies fécondes, ils se livrèrent aux délices du déclin, aux langueurs d’un esprit épuisé.

Ce qu’ils m’ont enseigné – une curiosité dévorante m’entraînait dans les méandres du devenir – n’est qu’eau morte où se reflètent les charognes de la pensée. Tout ce que je sais, je le dois aux fureurs de l’ignorance. Lorsque tout ce que j’ai appris disparaît, alors, nu, le monde nu devant moi, je commence à tout comprendre.

Je fus le compagnon des sceptiques d’Athènes, des écervelés de Rome, des saints de l’Espagne, des penseurs nordiques et des poètes britanniques aux ferveurs brumeuses – le débauché des passions inutiles, le zélateur vicieux et délaissé de toutes les inspirations.

… Et puis, revenu de tout cela, ce fut moi que je retrouvai. Je me remis en route sans eux, explorateur de mon ignorance. Quiconque fait le tour de l’histoire retombe durement en lui-même. Lorsque s’achève le labeur de ses pensées, l’homme, plus seul qu’auparavant, sourit innocemment à la virtualité.

Ce ne sont pas les exploits temporels qui te mettront sur le chemin de ton accomplissement. Affronte l’instant, ne redoute pas la fatigue, ce ne sont pas les hommes qui t’initieront aux mystères gisant dans ton ignorance. Le monde se tapit en elle. Écoute-la sans parler, tu y entendras tout. Il n’existe ni vérité ni erreur, ni objet ni fantasme. Prête l’oreille au monde qui couve quelque part en toi et qui est, sans avoir besoin de se montrer. Tout réside en toi, la place y est vaste pour les continents de la pensée.

Rien ne nous précède, rien ne nous côtoie, rien ne nous succède. L’isolement d’une créature est l’isolement de toutes. L’être est un jamais absolu.

Qui pourrait être dénué de fierté au point de tolérer quoi que ce soit en dehors de lui ? Avant toi retentirent des chants, après toi continuera la poésie des nuits – cela, as-tu la force de le supporter ?

Si, dans la débâcle du temps, dans le miracle d’une présence, je ne vois pas se faire et se défaire le monde vivant, alors ce que je fus et que je suis n’approche même pas le frisson d’une ombre d’étonnement.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Bréviaire des vaincus (17)

[ monadisme ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini