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consumérisme

Malgré le froid, la veille de Noël obligeait les gens à sortir de chez eux et vers une heure, pendant qu'il [le commissaire Morvan] marchait lentement en direction du restaurant (...) - il s'aperçut que le Burger King de la place était bondé. Des familles entières, encombrées d'enfants et de paquets, faisaient la queue aux caisses ou bien, installées à des tables aux bancs inamovibles, vissés au sol, mangeaient des menus identiques dans des assiettes et des gobelets de carton, profitant d'un court répit dans leur pénible course entre la reproduction et la consommation. Rigoureusement programmés de longue date par quatre ou cinq institutions fossilisées qui se complètent l'une l'autre - Banque, Ecole, Religion, Justice, Télévision - comme l'est un robot par le perfectionnisme obsessionnel de son constructeur, le plus insignifiant de leurs actes et la plus secrète de leurs pensées, à travers lesquels tous sont convaincus d'exprimer un individualisme farouche, se retrouvent, identiques et prévisibles, en chacun des inconnus qu'ils croisent dans la rue et qui, comme eux, se sont endettés en une semaine pour toute l'année qui va commencer en achetant, dans les mêmes grands magasins ou les mêmes chaînes de boutiques, les mêmes cadeaux qu'ils installeront au pied des mêmes arbres décorés de petites lumières, de neige artificielle et de guirlandes dorées, pour aller s'asseoir à des tables identiques et manger les mêmes aliments supposés exceptionnels qu'on pourra retrouver au même moment sur toutes les tables de l'Occident, desquelles ils se lèveront, passé minuit, se croyant réconciliés avec le monde opaque qui les a modelés, et emportant avec eux jusqu'à la mort - la même pour tous -, octroyées par le monde extérieur, les mêmes expériences qu'ils croient uniques et incommunicables, après avoir vécu les mêmes émotions et emmagasiné dans leur mémoire les mêmes souvenirs.

Auteur: Saer Juan José

Info: L'enquête

 

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judaïsme

1. Comme une épidémie s’était déclarée en Égypte en des temps anciens, la plupart attribuèrent ce mal à une cause divine. En effet, une foule d’étrangers de toutes sortes vivait dans le pays, pratiquant des rites religieux et sacrificiels différents, et il s’en était suivi que les honneurs que les Égyptiens rendaient traditionnellement à leurs dieux étaient tombés en désuétude.
2. Les indigènes du pays en conclurent que leurs maux ne trouveraient de remède que s’ils renvoyaient les étrangers. Les étrangers furent donc chassés et les plus distingués et les plus actifs d’entre eux se rassemblèrent et, comme le disent certains, furent jetés en Grèce et en d’autres régions, ayant pour chefs des hommes dignes d’estime, parmi lesquels l’emportaient Danaos et Cadmos. Mais le plus grand nombre s’abattit sur le pays aujourd’hui appelé Judée, situé non loin de l’Égypte, et qui était totalement inhabité en ce temps-là.
3. Cette émigration avait pour chef le nommé Moïse, que distinguaient sa sagesse et sa vaillance. Ayant pris possession du pays, il y fonda diverses cités, dont celle qui est aujourd’hui la plus renommée, appelée Hiérosolyma. Il fonda aussi le sanctuaire qui est particulièrement vénéré d’eux et institua les cérémonies et les rites de leur culte et il légiféra pour tout ce qui constituait les règles de leurs institutions. Il divisa aussi le peuple en tribus, au nombre de douze, chiffre tenu pour parfait et conforme au nombre des mois qui forment une année.
4. Il n’institua cependant aucune image de dieux, convaincu que la divinité n’avait pas forme humaine, mais que seul le ciel qui enveloppe la terre est divin et maître de toutes choses. Il établit des sacrifices différents de ceux des autres peuples, comme est différent tout leur genre de vie : en effet, à cause de leur expulsion, il introduisit une sorte de mode de vie misanthrope et inhospitalier.

Auteur: Hécatée d'Abdère

Info: Les Aigyptiaka, traité ethnographique sur l’Égypte. Repris pas Diodore de Sicile, Bibliothèque historique XL.3

[ historique ]

 

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géopolitique

Le vrai problème politico-militaire de ce mois de juillet fut en réalité tout autre. Il consista dans le fait que tous les acteurs du conflit recoururent au prétendu " risque calculé ". L’Allemagne comptait sur une guerre-éclair de l’Autriche contre la Serbie, qui aurait permis d’éviter l’intervention russe. Mais il n’en fut rien. La France et la Russie, de leur côté, pensèrent qu’en faisant des démonstrations de fermeté, elles contraindraient les Empires centraux à faire marche arrière. Mais il n’en fut rien. Bethmann-Hollweg était convaincu que l’Angleterre, qui n’avait pas d’intérêt direct dans les Balkans, resterait neutre. Mais il n’en fut rien. En conséquence, toutes les puissances en lutte portent la lourde responsabilité d’avoir conduit les peuples au massacre.

Dans cette guerre, les oppositions idéalisantes (" démocraties " contre " autocraties "5) étaient une " feuille de vigne " bien misérable, incapable de couvrir les pudenda : le principal allié des " démocraties ", c’était le tsar !

Du reste, les deux camps en lutte se ressemblaient à tel point que la diplomatie italienne, pendant des mois, ne sut lequel choisir. Elle n’avait d’ailleurs pour seul critère que la recherche du plus grand profit pour l’Italie.

Cameron, Hollande, Merkel et Poutine feraient bien de réfléchir sur cette histoire d’il y a un siècle. De fait, l’échiquier mondial actuel ressemble par bien des aspects à celui de 1914 : nous sommes aujourd’hui également face à un monde polycentrique et face à des zones névralgiques (les Balkans en 1914, aujourd’hui le Moyen-Orient) où une étincelle pourrait déterminer un effet de réaction en chaîne, entraînant les grandes puissances dans un nouveau conflit : les différents camps, comme en 1914, ne seraient pas déterminés par des idéaux (contrairement à ce qu’il advint en 1939-1941) mais par des calculs d’intérêt. Espérons que la politique insensée du " risque calculé " et de la " dissuasion par la terreur " ne séduise pas de nouveau les chancelleries et les diplomaties des grandes puissances.

Auteur: Canfora Luciano

Info: 1914 - Texte écrit en 2014. On peut évidemment remplacer tout ou partie de "Cameron, Hollande, Merkel et Poutine" et "Moyen-Orient" par tels noms qui vous sembleront plus convenables aujourd'hui

[ ww1 ] [ entame ] [ historique ] [ conflit ]

 

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déclic

Bonsoir,
A le suite de vos témoignages je me dois de vous dire ce que m'est arrivé à la naissance de mon fils. J'ai été reconnue cliniquement morte - j'ai fait une NDE - et quand je suis revenue dans mon corps j'avais des acouphènes légers mais supportables avec une perte bi-latérale d'audition de 10%. Depuis cette époque, lorsque je me sens très fatiguée physiquement mes acouphènes s'amplifient et surtout lors de malaise de spasmophilie qui ne sont rien d'autre en vérité que la sensation de mourir. Tout cela pour vous dire que je reste convaincue qu'il y a donc un lien entre les acouphènes et la sortie de son corps. Pour ma part, tous les exercices cherchant à nous évader de cette matière grossière dans laquelle nous vivons ne peuvent que nous être néfastes tôt ou tard. (sous le prétexte de nous relaxer et d'oublier ce monde de plus en plus difficile à gérer). L'être humain doit faire l'expérience vivante de ce monde pour devenir conscient de lui-même et pour y arriver il doit utiliser les moyens terrestres qui lui sont donnés pour y arriver même au prix de mille efforts. Restons donc bien ancré dans le terrestre en conservant bien entendu la tête dans le ciel. Pour cela je préconise pour ces êtres de grande sensibilité des minéraux afin que leur corps soit en correspondance parfaite avec le milieu ambiant dans lequel il doivent séjourner pour mûrir durant le temps de leurs incarnations. Attention aux acouphéniques de ne pas par exemple devenir végétarien, ils risques de n'être pas du tout ancré pour l'action concrète dans le terrestrement visible en fait d'avoir la sensation de planer. Là n'est pas le but de la vie terrestre de l'être humain. Il doit y agir en pleines capacités de ses moyens. Je sais que parmi vous beaucoup ne seront pas d'accord. Mais à la suite du témoignage de Benjamin j'ai cru bon de, à mon tour, porter témoignage que jusque là j'avais tenu caché. Bonne soirée. Monique.

Auteur: Anonyme

Info: sur Internet

[ ésotérisme ] [ amorce ] [ cornement ] [ sens-de-la-vie ] [ métaphysique ]

 

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religieux-civil

Pendant que les uns, demeurés fidèles aux croyances de leur jeunesse, persistaient, en dépit de la banqueroute de leurs espérances, à maintenir la compatibilité de la foi et des libertés publiques, les autres érigeaient hardiment leur incompatibilité en dogme, faisant du libéralisme une révolte contre l’Eglise et l’enseignement du Christ. L’orthodoxie des Montalembert, des Lacordaire, des Dupanloup même, était habilement et sournoisement mise en suspicion, si bien que, dans le clergé, beaucoup se demandent encore si c’étaient là de vrais catholiques. Les contempteurs de la société moderne, qui se plaisaient à confondre l’ordre spirituel et l’ordre temporel, prêtaient à leurs adversaires la même confusion, s’imaginant ou feignant de croire que le libéralisme des catholiques libéraux débordait sur le domaine religieux. C’était là une erreur ou un artifice de polémique. Ce que ses adversaires s’obstinaient à dénommer "le catholicisme libéral", comme si c’eût été un catholicisme de nouvelle sorte, est toujours, nous l’avons déjà remarqué, resté purement politique, étranger à la sphère religieuse ou théologique, à la discipline aussi bien qu’au dogme. Les plus hardis de ses adeptes ont pris eux-mêmes soin de le constater : s’ils invoquaient la liberté, ce n’était pas à la façon de Luther, contre le pouvoir spirituel ; c’était la liberté dans le sens politique, vis-à-vis du pouvoir civil et de la force brutale. C’était, comme disait Lacordaire, "la liberté, qui n’est que le respect des convictions d’autrui, qui ne touche en rien au dogme, à la morale, au culte, à l’autorité du christianisme, qui lui retire seulement le secours du bras séculier, se confiant à la force intime et divine de la foi, qui ne saurait faillir faute d’un glaive matériel levé contre l’erreur" [Discours sur la loi de l'histoire, 1854]. Il est vrai que cela même en était trop pour les panégyristes convaincus des plus sombres pages de l’histoire du moyen âge. Il n’en reste pas moins certain que, dans cette école "catholique libérale", il n’y eut jamais, sous ce rapport, rien de comparable à ce qu’on a plus récemment appelé le protestantisme libéral.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, pages 180-181

[ opposition interne ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

décollage astral

Il existe un grand obstacle à l’investigation du Corps Second et de l'environnement dans lequel il opère. Peut-être est-ce la seule barrière majeure. Elle est présente chez tous les individus sans exceptions. Elle est parfois dissimulée par des couches d'inhibition et de conditionnement, mais dès que vous en êtes dépouillé, l'obstacle demeure. Cette barrière se nomme peur, une peur aveugle, irraisonnée. Il lui suffit de peu pour la transformer en panique voire en terreur. Si vous réussissez à dépasser consciemment la barrière de la peur vous aurez réalisé un énorme progrès.

Je suis convaincu que nombre d'entre nous dépassent cette barrière de manière inconsciente chaque nuit. Lorsque cette partie de notre être se situant au-delà de la conscience prend l'initiative, il n'y a pas d'inhibition due à la peur, quoiqu'elle soit, semble-t-il, influencée par la pensée et l'action de l'esprit conscient. Le Supra Esprit prend la relève dès que l'esprit conscient se met en veilleuse pour la nuit.

Le processus d'investigation relatif au Corps Second et à son environnement semble être une fusion ou un mélange du conscient et de ce Supra Esprit. Par cette opération la barrière de la peur est vaincue.

La barrière de la peur présente maintes facettes. Les plus intrépides d'entre nous s'imaginent qu'elle n'existe pas, jusqu'à ce qu'à leur grande surprise il la découvrent tapie en eux-mêmes. Il y a tout d'abord la peur de la mort. La séparation d'avec le corps physique ressemble beaucoup à l'idée que nous nous faisons de la mort, aussi les premières réactions sont-elle automatiques. Vous vous dites : "Retourne vite vers ton corps physique ! Tu meurs ! La vie se déroule là-bas dans le physique, pas ici !"

Réactions qui se produisent quelle que soit votre formation intellectuelle ou affective. Il me fallut renouveler le processus une vingtaine de fois pour réussir enfin à rassembler assez de courage (et de curiosité) pour rester hors de mon corps plus de quelques secondes et réaliser des observations objectives. La peur de la mort fut en définitive sublimée ou apaisée par la familiarité. (...)

Auteur: Monroe Robert Allan

Info: Le voyage hors du corps : Techniques de projection du corps astral - La barrière de la peur. (Exercices préliminaires)

[ dépassement ]

 

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juvéniles divinités

La terre est aujourd'hui comme un radeau qui sombre.

Les dieux, ces parvenus, règnent, et, seuls debout,

Composent leur grandeur de la chute de tout.

Leur banquet resplendit sur la terre et l'affame.

Ils dévorent l'amour, l'âme, la chair, la femme,



Le bien, le mal, le faux, le vrai, l'immensité.

Ils sont hideux au fond de la sérénité.

Quels festins ! Comme ils sont contents ! Comme ils s'entourent

De vertiges, de feux, d'ombre ! Comme ils savourent

La gloire d'être grands, d'être dieux, d'être seuls !

Comme ils raillent les vieux géants dans leurs linceuls !

Toutes les vérités premières sont tuées.



Les heures, qui ne sont que des prostituées,

Viennent chanter chez eux, montrant de vils appas,

Leur offrant l'avenir sacré, qu'elles n'ont pas.



[...]



Toute la terre tremble à leurs métamorphoses ;

La forêt, où le jour pâle pénètre peu,

Quand elle voit un monstre a peur de voir un dieu.

Quelle joie ils se font avec l'univers triste !

Comme ils sont convaincus que rien hors d'eux n'existe !

Comme ils se sentent forts, immortels, éternels !

Quelle tranquillité d'être les criminels,

Les tyrans, les bourreaux, les dogmes, les idoles !



[...]



Et les hommes ? Que font les hommes ? Ils frissonnent.

Les clairons dans les camps et dans les temples sonnent,

L'encens et les bûchers fument, et le destin

Du fond de l'ombre immense écrase tout, lointain ;



Et les blêmes vivants passent, larves, pygmées ;

Ils regardent l'Olympe à travers les fumées,

Et se taisent, sachant que le sort est sur eux,

D'autant plus éblouis qu'ils sont plus ténébreux ;

Leur seule volonté c'est de ne pas comprendre ;

Ils acceptent tout, vie et tombeau, flamme et cendre,

Tout ce que font les rois, tout ce que les dieux font,

Tant le frémissement des âmes est profond !

Auteur: Hugo Victor

Info: La Légende des Siècles. Le cycle des Titans.

[ poème ]

 
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exploitation

Qui a dit que le capitalisme de plateforme ne créait pas de travail ? Il en crée… à la pelle même. Ou plutôt, il externalise des travailleurs : il les recrute, fixe les prix, les déconnecte quand il n’en veut plus. Car, bien sûr, les petites mains de l’ubérisation et des plateformes n’ont pas de statut salarié, elles sont autoentrepreneuses… Et leur patron, c’est une application sur leur smartphone. On avait déjà des chauffeurs Uber et des livreurs à vélo. À ce jeu-là, un nouveau job est apparu : il a l’étrange nom de "juicer" (juice en argot anglais signifie électricité). Entre eux, ils s’appellent aussi "chargeurs" ou "hunters" (pour chasseurs) de trottinettes électriques. Depuis un an, ces véhicules en libre-service ont débarqué dans les villes françaises. Souvent, négligemment abandonnés sur un bout de trottoir.

Les chargeurs sortent à la tombée de la nuit récupérer les engins dont l’emplacement est indiqué sur leur smartphone, les ramènent chez eux pour recharger les batteries et les replacent à l’aube, entre 5 et 7 heures du matin, bien alignés. À Paris, ils sont neuf opérateurs : Lime, Bird, VOI, Bolt, Wind… L’entreprise californienne Lime revendique 30 000 locations par jour. On ne sait pas exactement combien sont les juicers, les plateformes sont moins bavardes sur cet aspect du business.

Quand on en parle avec Pierre, on sent que c’est un convaincu. "On n’a rien sans rien, il faut travailler dur", répète-t-il. Il a 21 ans et a créé sa microentreprise en janvier. Il est boulanger à Lyon à plein temps pour 1 600 euros brut. "En étant juicer, je me fais 600 euros supplémentaires par mois. Ça me paie des loisirs, un week-end, un resto." Il a beau dire, "ça ne me prend pas beaucoup de temps", quand on fait le décompte, ça commence à chiffrer… "Je me fixe l’objectif de 5 trottinettes par sortie." Chacune est payée 5 à 6 euros selon l’opérateur. "J’y passe une à deux heures, le soir, après le boulot, et un peu plus le week-end", plus une heure le matin pour redéposer son butin à 5 h 30. Au total donc, un deuxième travail à près de 20 heures par semaine, payés 7 euros de l’heure quand le Smic est à 10,03… Et tout ça, sans mutuelle, chômage ni congés payés, indemnités en cas de maladie ou d’accident du travail . "Mais je suis libre, je m’organise comme je veux."

Auteur: Internet

Info: L'Humanité, https://www.humanite.fr/les-jobs-pourris-du-nouveau-monde-670705?

[ surmenage ] [ autoentrepreneur-salarié ] [ esclavage moderne ] [ loi de la jungle ] [ Jobs à la con ] [ illusion ]

 
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musique

Suis reparti ce matin dans une réflexion ancienne. Celle qui assume le fait que le septénaire régule le monde.
Depuis longtemps mon petit moi immatériel, en difficulté dès qu'il faut se situer ailleurs qu'au centre des choses, essaye d'avoir prise, (ou illusion de prise), sur ce concept. Une quête initiée, ou rallumée, par la lecture des "Dialogues avec l'ange" de Gittaz Malasz dans les années nonantes.
J'ai pu me mesurer avec ce septénaire de manière plus frontale lors de mes activités de musicien compositeur. Ainsi cet angle d'attaque devint plus concret et passionnant en début des années deux mille lorsque j'entrepris de développer et orchestrer une courte phrase musicale, un motif mélodique percussif en 7/8, sorti d'une rêverie à la maison...
Il m'obséda de mille manières les sept années suivantes, durant desquelles je me suis amusé à superposer, dans une composition qui s'appelle "Dro drôle d'histoire", plusieurs métriques en sept : 7/2, 7/4, 7/8, 7/16, etc. A dire vrai j'aurai aimé pouvoir y empiler sept couches mais ç'aurait été probablement lourd et très mauvais au final. En réalité les deux motifs de la basse en 7/4 superposée à la courte mélodie en 7/8 se complètent naturellement dans une sorte de carrousel rythmique à deux niveaux et vitesses, à l'image de notre réalité humaine bipolaire.
Mais sept ne se divise pas en deux...
Ces travaux m'ont fait comprendre de près combien une mesure à sept implique binaire et ternaire mélangés. Ce qui au niveau de la sensation rythmique peut générer plusieurs sentiments (sept ?) qui, ensemble, donnent l'impression d'une génialitude mélangée au désordre. D'ailleurs quelques-uns des batteurs qui ont collaborés avec moi pour cette pièce ne parurent convaincus ni par le pattern rythmique, ni par la démarche...
Bref, je ne suis pas très fier de cette compo, sauf à prendre en compte le temps consacré, et la dernière partie - instrumentale - qui est peut-être le machin le plus abouti de cette singularité en quête musicalo mystique : mézig . Ça demeure un machin musical insaisissable, avec un "time"* qui file tout droit, imperturbable, laissant rythmes, notes et accords s'agiter autour de lui. Si vous voulez vous amuser, essayez d'en battre la mesure de manière instinctive... ou de danser dessus. (Au passage j'ai pondu d'autres machins en sept, plus simples, que je revendique mieux, dont cette compo.)

Auteur: MG

Info: 2005-2015 *déroulement du temps métronomique ou vitesse

[ création ] [ symbole ] [ septénaire ]

 
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exotisme

Plus tard, j’ai dû admettre que notre passion des opprimés et des sans-grade nous avait fait adopter une vision déformée du monde, nous amenant à prendre systématiquement parti pour tout ce que la société génère d’exclus ou de marginaux, on parlerait aujourd’hui de personnes stigmatisées. Nous aimions les clandestins, les prisonniers, les toxicomanes, les putes et les boat people. Dans nos appartements pleins de livres et de disques, dans nos chambres d’étudiants aux armoires bien garnies, nous nous rêvions en exilés, les sans-papiers que nous glorifions portaient le béret du Che et affichaient la peau d’ébène de Sankara, si l’immigration constituait une chance, nous attendions d’elle qu’elle métisse enfin ces populations franchouillardes, qu’elle revitalise de son sang frais ce pays encroûté, et tant pis si l’immigration de tous ces hommes jeunes, de cette force vitale, affaiblissait leur pays d’origine et compromettait son développement. Nous étions aux côtés des Arabes victimes de ce racisme enchâssé dans l’identité française, nous étions ces femmes de ménage portugaises exploitées, ces ouvriers marocains des serres d’Andalousie ; à vrai dire, la misère française était la seule que nous n’étions pas prêts à dénoncer. Nous n’avions guère de compassion pour les clochards d’ici qui erraient dans nos villes, peu d’intérêt pour la situation des paysans qui tiraient le diable par la queue : le Congolais portait ce parfum vivifiant de l’Ailleurs dont étaient dépourvu le paysan de la Creuse ou l’épicier de l’Aude, ces gens qui sentaient toujours un peu l’ail et le vin de noix, qui persistaient à refuser l’avortement et votaient à droite, par égoïsme. Et puis la souffrance du réfugié nous touchait d’autant plus que nous nous en estimions responsables : en tant qu’Occidentaux, notre soif de profit et notre cynisme avaient poussé nos parents, et avant eux nos grands-parents, à piller méthodiquement les richesses du monde, de sorte que la dette que nous avions contractée envers eux était immense et ne prendrait à vrai dire jamais fin. Nous étions par principe du côté de l’autre, de celui pourtant que nous ne fréquentions pas. Je me souviens avoir ouvert un jour mon sac avec ostentation, avoir littéralement vidé les pièces de mon porte-monnaie dans le chapeau d’un joueur de flûte de pan, convaincu d’être dans la vérité, comme s’il me fallait sans cesse donner des gages ; au mendiant d’ici je ne lâchais rien, non par calcul, mais seulement parce que je ne le voyais pas.

Auteur: Sansonnens Julien

Info: "Septembre éternel", Éditions de l’Aire, 2021, p.113-114

[ lointain-prochain ] [ hypocrisie ] [ racisme ] [ exotisme vivifiant ]

 

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