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vieillesse-jeunesse

En vérité en ces années 1890 et 1891 (je me raidis et m’enfonce de plus en plus à mesure que passent les semaines), je me fais un peu l’effet d’une vieille carapace de coquillage toute défoncée et repoussante, d’une conque battue par le temps (plus de pattes, locomotion totalement bloquée, rejetée par la mer au sec sur la plage, incapable d’aller quelque part – plus rien d’autre à faire que de rester calme et distraire le temps qui est compté à découvrir si la conque en question, toute cabossée par les cognements du temps, pourrait encore tirer quelque chose de sa bonne humeur légendaire et des pulsions primaires de flottabilité commandées par les centres tout au fond de sa vieille grisaille de coque déchiquetée......... (Lecteur, laisse-moi m’amuser un petit peu – pour la raison bien simple que beaucoup trop de poèmes suivants tournent autour du sujet de la mort, etc., l’autre bonne raison étant que les heures qui passent (5 juillet 1890) sont toutes ensoleillées. Tout vieux que je sois, je me sens aujourd’hui comme l’atome d’une petite vague joueuse, ou bien prêt à jouer comme un petit chevreau, un petit chat – sans doute une période d’ajustement physique, un accès de perfection temporaire. Je crois avoir cela en moi pour toujours de toute façon.)

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Pour conclure les feuilles d’herbe - 1891, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002

[ éternité intérieure ] [ puer aeternus ] [ métaphore ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

refuge

Il existait beaucoup de légendes sur l'origine de la taïga. Falaleï en avait fait le récit à Marco, alors que celui-ci allait le voir dans son isba. C'étaient des mythes fort anciens, que les hommes s'étaient peut-être racontés entre-eux peu après avoir inventé le langage, et quand ils expliquaient toutes choses au moyen d'histoires imaginaires.

L'une racontait que la terre avait inventé la taïga parce qu'elle voulait se soustraire aux furies du ciel et se créer un abri contre la violence des orages continuels. Une autre disait que la forêt avait été crée, au contraire, afin que les hommes qui poursuivaient l'élan femelle avec des arcs et des bâtons perdent ses traces. Cette femelle immense et maternelle, avec son museau de chameau et son corps mi-cheval mi-cerf, était la mère antique, la génitrice de tous les animaux de la forêt. La toundra résonnait du bruit rythmé de ses sabots, qui dans sa fuite éperdue s'entrechoquaient à une cadence régulière. Les animaux prièrent les dieux de la terre de sauver pour toujours leur grand-mère, et alors la toundra et la steppe se transformèrent d'un seul coup en une forêt sans fin, où tout poursuivant se perdrait et où les animaux, au contraire, se sentiraient parfaitement chez eux. Ainsi l'élan fut sauvé et la taïga devint un labyrinthe inextricable, où tout chasseur s'égarerait.

Auteur: Sgorlon Carlos

Info: Le coquillage d'Anataï

[ dédale ] [ jungle ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

réminiscence

Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.

Auteur: Proust Marcel

Info: À la recherche du temps perdu, tome 1 : Du côté de chez Swann

[ parfum ] [ association ] [ classiques et poncifs ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

bordel

Ce qui voulait dire que s'en était fini des dérives dans les nuits fébriles de Bangkok, de toutes ces fois où je rentrais saoul pendu à ton cou, vacillant titubant parmi les lumières de couleur qui font de tout homme un immortel provisoire, de ces nuits où je commençais à m'habituer aux poses provocantes des voyous protecteurs de bars; aux obscénités con-cul-pissantes des filles de bars à gogo, les filles les moins vêtues au monde, qui se contorsionnent lascives au rythme de la musique et qui, parfois, quand elles ôtent sournoisement leur dernière frusque, lèvent haut la jambe pour frapper du pied un mobile fait de coquillages accroché au plafond bas; à la solitude des filles au coeur brisé, qui vernissent de gaieté feinte leur esseulement d'oiseau loin du nid; aux débits de boissons aux serveuses aux seins nus et aux débits de boissons qui ont un miroir pour plancher et des serveuses en minijupe sans sous-vêtement et aux bordels en tout genre qui pullulent, autant d'endroits où la morale est raide morte, mais c'est dans ces putains d'établissements qu'on voyait une barquette d'offrande aux bonzes dont l'arbuste artificiel était fleuri de billets de banque de dénominations diverses que les papillons de la nuit iraient offrir à quelque monastère, celui de leur village natal probablement. Telle était la beauté triste de la vie. Peut-être avait-elle toutes sortes d'autres beautés cachées, mais toutes tristes.

Auteur: Saneh Sangsuk

Info: L'Ombre blanche : Portrait de l'artiste en jeune vaurien, p. 317

[ littérature ]

 

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non-voyant

Je ne sais pas trop ce qui est beau. A part la beauté. La beauté, je suis sûr que c'est beau. Ma maman aussi, elle est belle, parce que c'est ma maman et que je sens qu'elle est douce et blonde. Et les montagnes, tout le monde sait que c'est beau. Pour le reste, c'est assez difficile à dire. Par exemple, les couleurs, je crois que c'est important pour la beauté... Dans la musique, tout est beau, sauf le rap, parce que souvent il y a trop de gros mots. J'adore toutes les sortes de musique, et j'aime beaucoup les voix aussi. Par exemple, ma maîtresse a une belle voix, mais je ne sais pas si elle est jolie.
(...)
Mon chien Rouki aussi, il est roux et blanc, doux, très gentil. Je crois que ça veut dire qu'il est beau. Tous les ans, on va en vacances en Bretagne. La mer, c'est très beau, à cause de l'odeur, du bruit des vagues, et aussi des coquillages qu'on trouve quand on creuse dans le sable. Ce qui est important dans la beauté, c'est l'odeur et la douceur. Les chats, par exemple, j'aime bien, sauf quand ils griffent. Moi, je n'ai jamais vu les couleurs, mais je les connais quand même, parce que mon papa et ma maman m'expliquent plein de choses qu'ils voient. Comme ça, je les vois dans ma tête, et je peux imaginer leur beauté.

Auteur: Clément

Info: 7 ans et demi, in Aveugle de Sophie Calle, Actes Sud 2011, à la question : qu'est-ce que la beauté pour vous

[ témoignage ]

 

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frangine

Ma soeur,

une nuée toujours ombrait

tes paupières.

Accoudée au balcon

- une enfant encore -

tu regardais la mer

dérouler le rêve

de la solitude sans fin.

Tu alimentais ton coeur

des feuilles de l'automne

La mère reflétait

l'énigme de son ombre

dans le fond de tes yeux.

La pâle lueur de ton visage

errait sur le plancher

de notre demeure.

Nous ne te vîmes jamais pleurer.

Là seulement sur tes tempes

les veines ténues

pareilles à des filons de lumière bleue

battaient la fièvre

de tes lèvres recluses.

(Combien de fois,

aux heures où tu dormais,

je me penchais sur elles pour y lire

ton secret.)

Remplie d'amour et de pitié

tu pansais nos blessures

et te taisais.

Ton silence avisait de tout.

Par les soirs d'hiver

tu avançais seule dans la forêt

pour soigner

les moineaux nus,

pour réchauffer

les insectes transis.

Grain à grain tu amassais en toi

les larmes des pauvres, des humbles.

Et quand s'effondra notre maison

ce fut toi encore qui resta droite

- ombre de la Sainte Vierge -

afin de me montrer les étoiles

au travers des trouées du toit.

Désormais ton silence s'est brisé

et dans le petit coquillage que tu cachais

j'ai écouté les clameurs de l'océan.

Ma soeur, il ne m'est resté

pas même une pierre où m'étendre.


Auteur: Yannis Ritsos

Info: Le chant de ma soeur : Edition bilingue français-grec.

[ eulogie ] [ poème ]

 
Ajouté à la BD par miguel

civilisation disparue

Dans l’architecture européenne classique, un Atlante désignait un personnage taillé dans la pierre prenant la place d’une "colonne", sa signification symbolique renvoyant au Titan Atlas qui porte la voûte céleste. Les Atlantes représentés dans l’art grec désignent bien les mythiques fondateurs de l’Atlantide considérés comme les habitants de l’Atlas, plus connus aujourd’hui sous le nom de Chleuhs, ces tribus berbères montagnardes ayant la particularité de porter des vêtements de fourrure rudimentaire à l’image de leurs cousins Guanches. Les Guanches étaient vêtus de "peaux de chèvres", à la manière des "rois-pasteurs" détenteurs du dépôt "Kaldéen" croisés plus haut, et leurs nobles arboraient des bijoux confectionnés à partir de coquillages ou de vertèbres de poissons. A la stupéfaction des Espagnols qui abordèrent les Canaries, les Guanches ignoraient tout de la navigation. On signale sur les îles des sceaux en bois ou en céramique qui auraient pu servir à sceller des dépôts de grains et on sait aussi que le gofio, aliment local, était fait de céréales broyées dont on retrouve une forme similaire en Amérique, alors que cet aliment était inconnu des Espagnols. D’une culture en apparence néolithique, les Guanches dominaient néanmoins l’art complexe de la conservation des cadavres et de l’embaumement, de nombreuses momies ayant été exhumées sur l’île de Ténériffe. Là encore, ces descriptions ne sont pas sans rappeler certaines cultures américaines pré-colombiennes ou encore l’Égypte dont la tradition affirme qu’elle fut héritière en ligne directe d’un dépôt atlante. Le continent mythique englouti sous les flots que décrit Platon fut détruit, suppose-t-on le plus souvent, par un immense tremblement de terre suivit de terrifiantes explosions volcaniques et de gigantesques raz-de-marée, et les îles Canaries semblent bien désigner l’un des derniers vestiges de cette antique civilisation oubliée, ce qui expliquerait la méfiance que ces descendants de survivants de l’archipel atlante primitif ont pu avoir vis-à-vis de la mer Occidentale, "borne du monde" qui était "synonyme de deuil et de désolation". Nous avons aussi signalé qu’aussi bien les Berbères du Souss au Maroc que ceux des îles Canaries avaient conservés dans leur fonds culturel commun le souvenir embrumé de Méropide et de sa capitale qu’ils nommaient Smaïssa, aujourd’hui engloutie sous les eaux de l’océan Atlantique. Quand aux Aliziens, peuple préhistorique d’Espagne, ils enterraient leurs morts les visages tournés vers l’Ouest et avaient la réputation d’être d’excellents pêcheurs et marins.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle"

[ mythologie ] [ archéologie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

historique

Des parures en coquillages perforés et colorés datant de 80 000 ans
Les fouilles de quatre sites archéologiques marocains ont révélé de nouveaux coquillages marins perforés. Cette découverte confirme que des objets de parure étaient portés en Afrique du Nord entre 85 000 et 70 000 ans avant notre ère et permet de progresser dans la compréhension de l'origine des comportements humains modernes. Menée par une équipe multidisciplinaire réunissant des préhistoriens du CNRS et des chercheurs britanniques, marocains, israéliens et allemands.
Les objets de parure sont considérés avec l'art, les sépultures et l'utilisation de pigments comme l'un des indices archéologiques parmi les plus probants de l'acquisition d'une pensée symbolique. Pendant longtemps, on estimait que les plus anciens ornements dataient du début du Paléolithique supérieur en Europe soit autour de 40 000 ans avant notre ère. Or, au cours des dix dernières années, des fouilles effectuées dans cinq sites d'Afrique du Sud, du Nord et du Proche Orient ont permis d'exhumer des coquillages marins perforés datés de 100 000 à 70 000 ans. Ces découvertes ont révélé que ces coquillages, utilisés comme objets de parures, étaient plus anciens que ce qu'on supposait et que ces comportements avaient une origine africaine.
En comparant les coquillages découverts dans les sites archéologiques avec des coquillages actuels de la même espèce (Nassarius gibbosulus), les chercheurs ont montré que les spécimens archéologiques ont été perforés par les hommes. Tous les coquillages bien conservés révèlent à l'échelle microscopique des usures non présentes à l'état naturel qui sont interprétées comme des traces occasionnées par le port prolongé d'objets de parure. Certaines perles portent d'ailleurs les marques laissées par les outils en pierre utilisés pour les perforer. Par ailleurs, beaucoup de spécimens présentent des traces d'ocre sur les zones de frottement ou sur l'ensemble de la surface, indice que les coquillages et le fil étaient imbibés d'ocre. De plus, les scientifiques ont découvert des coquillages noircis par une action de chauffe qui précèderait les traces d'utilisation de ces spécimens. Certains coquillages ont donc pu être chauffés volontairement dans un milieu réducteur en présence de matière organique pour changer leur couleur et ainsi composer des parures avec des perles de différentes couleurs.
La datation des nouveaux sites archéologiques indique que les parures en coquillages, comme d'autres innovations culturelles de cette époque, pointes de projectiles bifaciales, outils élaborés en os, traitement thermique des pierres taillées semblent disparaître après 70 000 ans et ne réapparaître que 10 à 20 000 ans plus tard sous de nouvelles formes. Dans leur étude, les chercheurs s'interrogent sur la possibilité que la perte de ces innovations soit liée à la détérioration climatique dite du stade isotopique 4, il y a de 73 000 à 60 000 ans.

Auteur: Internet

Info: Proceedings of the National Academy of Sciences, août 2009

[ culture ] [ être humain ]

 

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impassible gaïa

Il y a de grandes flaques de sang sur le monde

où s'en va-t-il tout ce sang répandu

est-ce la terre qui le boit et qui se saoule

drôle de soûlographie alors

si sage... si monotone...

Non la terre ne se saoule pas

la terre ne tourne pas de travers

elle pousse régulièrement sa petite voiture ses quatre saisons

la pluie... la neige...

la grêle... le beau temps...

jamais elle n'est ivre

c'est à peine si elle se permet de temps en temps

un malheureux petit volcan

Elle tourne la terre

elle tourne avec ses arbres... ses jardins... ses maisons...

elle tourne avec ses grandes flaques de sang

et toutes les choses vivantes tournent avec elle et saignent...

Elle elle s'en fout

la terre

elle tourne et toutes les choses vivantes se mettent à hurler



elle s'en fout

elle tourne

elle n'arrête pas de tourner

et le sang n'arrête pas de couler...

Où s'en va-t-il tout ce sang répandu

le sang des meurtres... le sang des guerres...

le sang de la misère...

et le sang des hommes torturés dans les prisons...

le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman...

Et le sang des hommes qui saignent de la tête

dans les cabanons...

et le sang du couvreur

quand le couvreur glisse et tombe du toit

Et le sang qui arrive et qui coule à grands flots

avec le nouveau-né... avec l'enfant nouveau...

la mère qui crie... l'enfant pleure...

le sang coule... la terre tourne

la terre n'arrête pas de tourner

le sang n'arrête pas de couler

Où s'en va-t-il tout ce sang répandu

le sang des matraqués... des humiliés...

des suicidés... des fusillés... des condamnés...

et le sang de ceux qui meurent comme ça... par accident

Dans la rue passe un vivant

avec tout son sang dedans

soudain le voilà mort

et tout son sang est dehors

et les autres vivants font disparaître le sang

ils emportent le corps

mais ils est têtu le sang

et là où était le mort

beaucoup plus tard tout noir

un peu de sang s'étale encore...

sang coagulé



rouille de la vie rouille des corps

sang caillé comme le lait

comme le lait quand il tourne

quand il tourne comme la terre

comme la terre qui tourne

avec son lait... avec ses vaches...

avec ses vivants... avec ses morts...

la terre qui tourne avec ses arbres... ses vivants... ses

maisons... la terre qui tourne avec les mariages... les enterrements... les coquillages... les régiments...



la terre qui tourne et qui tourne avec ses grands ruisseaux de sang.

Auteur: Prévert Jacques

Info: Chanson dans le sang

[ impersonnelle ] [ neutre ] [ humaine barbarie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sciences

Le plus ancien village d'agriculteurs de toutes les îles méditerranéennes vient d'être découvert à Chypre par une équipe d'archéologues français impliquant notamment le CNRS, le Muséum national d'Histoire naturelle, l'INRAP, l'EHESS et l'Université de Toulouse II, le Mirail. On pensait jusqu'à présent qu'en raison de son insularité, Chypre avait été atteinte par les premières sociétés agricoles néolithiques, mille ans après la naissance de l'agriculture au Proche-Orient (aux alentours de 9 500/9 400 avant J-C). La découverte de Klimonas, village daté de presque 9000 ans avant J.-C, prouve au contraire que ces premières sociétés agricoles ont migré peu de temps après les débuts de l'agriculture depuis le continent proche-oriental. Elles ont apporté à Chypre le blé, mais aussi des chiens et des chats. Ces résultats illustrent aussi la maîtrise précoce de la navigation de ces populations. Ils sont publiés par la revue Proceedings of the National Academy of Science (PNAS).
Les villageois sédentaires du Néolithique ancien ont commencé à cultiver des céréales sauvages au Proche-Orient, aux alentours de 9 500 av. J.-C. De récentes découvertes ont montré que l'île de Chypre était alors fréquentée par des groupes humains, mais les premières traces attestant de la culture des céréales et de la construction de villages n'étaient jusqu'à présent pas antérieures à 8 400 av. J.-C. Les résultats récents des fouilles archéologiques de Klimonas démontrent que de véritables communautés villageoises étaient installées à Chypre entre 9 100 et 8 600 ans avant J-C. En effet, les archéologues ont trouvé sur le site les restes d'un bâtiment collectif en terre crue de 10 mètres de diamètre, semi-enterré, qui devait servir à rassembler les récoltes communes et autour duquel se regroupaient des constructions domestiques. A l'intérieur, les archéologues ont mis au jour quelques offrandes votives comme des flèches en silex ou des perles de pierre verte. Des restes très abondants d'objets (éclats de silex, outils en pierre, parures de coquillages...) ont été également découverts dans ce village. Ces outils de pierre et les constructions fabriquées par ces villageois ressemblent à ceux que l'on trouve sur les sites néolithiques contemporains du proche continent. Des restes de graines carbonisées de plantes locales et de céréales introduites depuis les côtes levantines (comme "l'amidonnier", l'un des premiers blés introduits du Proche-Orient) ont été également retrouvés à Klimonas.
L'analyse des ossements retrouvés sur le site permet de savoir que la viande consommée par ces populations provenait de la chasse d'un petit sanglier chypriote indigène (seul grand gibier présent sur l'île à cette époque) et que des chats et des petits chiens domestiques avaient été introduits depuis le continent. Ces découvertes montrent que ces premières sociétés agricoles ont migré depuis le continent peu après les débuts de l'agriculture et ces déplacements à grande distance au tout début du Néolithique témoignent de leur maîtrise de la navigation.
Le site de Klimonas est fouillé jusqu'à la fin du mois de mai 2012 et fera l'objet d'une nouvelle campagne de fouilles en 2013. Ces travaux impliquant plusieurs laboratoires de recherche (1) ont été financés par le CNRS, le projet européen Le CHE, le Muséum national d'Histoire naturelle, l'INRAP, le ministère des Affaires étrangères et européennes et l'Ecole française d'Athènes.

Auteur: Internet

Info:

[ historique ] [ être humain ]

 

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