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adaptation

Ne disons rien des incarnations de Charlus au cinéma qui, quels que soient par ailleurs les mérites des comédiens (Alain Delon chez Volker Schlöndorff, John Malkovitch chez Paul Ruiz, Didier Sandre dans le téléfilm de Nina Companeez), étaient voués à décevoir, non seulement parce qu'une heureuse fatalité propre à la littérature condamne les mêmes mots à suggérer chez les lecteurs des images différentes, mais aussi parce que les notations proustiennes sur le corps du personnage sont si riches et si précises qu'il est sans doute impossible de les reproduire toutes à la lettre dans le corps d'un interprète, quel qu'il soit. Et c'est fort bien ainsi, puisqu'au lieu de proposer une tautologie servile, le cinéma, avec ses moyens propres, laisse le dernier mot, le plus libre et le plus irresponsable, au texte qui l'a sécrété. On en arrive presque à se réjouir que Visconti (qui avait songé à Marlon Brando pour Charlus) ou Losey n'aient jamais pu mettre à exécution leurs projets d'un film tiré d'À la recherche du temps perdu. 




Auteur: Berthier Philippe

Info: Charlus, Hiéroglyphes, pp. 32 - 33

[ transposition ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-hommes

Quand elle était petite, j'avais toujours peur qu'elle ne meure. C'est une idée que j'avais, tu vois. Parce qu'elle avait l'air si fragile et que moi, je ne l'avais pas aimée d'un coup. Ça m'avait pris le temps.
C'est quand elle a commencé à parler. Elle était toujours dans mes jambes. Elle venait à l'atelier; tiens, justement là où tu es, devant l'étal, c'était sa place. Elle me causait sans arrêt. Pourquoi ceci, pourquoi ça. Elle m'attrapait par les doigts. Tu l'aurais vue, Thérèse, en ce temps-là ! Ça ne devrait pas grandir.
(...)
Ça ne devrait pas grandir, mais forcément, ça grandit. Tout d'un coup, elle est devenue une femme. On ne s'y attend pas. Y a tout pour faire une femme, là, à côté de toi. Mais tu ne fais pas attention.
Jusqu'à ce que ça éclate. Tu es là avec quelqu'un d'autre. Un temps, tu te rassures : le corps a changé, mais dedans, c'est toujours ta petite fille, que tu t'imagines.
Jusqu'au jour où la femme a bouffé la gamine, de l'intérieur.

Auteur: Job Armel

Info: Baigneuse nue sur un rocher

[ grandir ]

 

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septénaire

La double causalité en 7 points clefs

1 Notre destin est déjà réalisé sous la forme d'une ligne temporelle.

2 Notre ligne temporelle n'est pas figée: elle peut être remplacée par une autre ligne qui lui est parallèle dans le présent (au sein du multivers),

3 TOUT CE QUI N'EST PAS DETERMINE PAR LE PASSÉ EST DETERMINE PAR LE FUTUR,

4 La fonction du temps présent n'est pas de créer la réalité (déjà créée) mais de choisir notre futur commun par l'effet cumulé de toutes nos consciences,

5 Ce choix est difficile car notre libre-arbitre est généralement illusoire: la liberté authentique nécessite un déconditionnement mental et un éveil spirituel,

6 Tout changement de ligne temporelle se fait par glissement ou déplacement le long des dimensions supplémentaires intérieures de l'univers,

7 L'amour (au sens du don de soi) est l'essence de ce déplacement dans l'espace intérieur (7D?), comme la gravitation dans l'espace extérieur (3D): nous attirons et sommes attirés par ce que nous aimons.

Auteur: Guillemant Philippe

Info:

[ corps-esprit ] [ spéculation ] [ extraterrestres ] [ unicité ] [ simultanéité ] [ psy ] [ quantique ] [ prédestination ]

 
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art roman

L'architecture, quoique ayant emprunté une forme à Rome, n'a aucun souci de la puissance ni de la force, mais uniquement de l'équilibre; au lieu qu'il y a quelque souillure de force et d'orgueil dans l'élan des flèches gothiques et la hauteur des voûtes ogivales. L'église romane est suspendue comme une balance autour de son point d'équilibre, un point d'équilibre qui ne repose que sur le vide et qui est sensible sans que rien en marque l'emplacement. C'est ce qu'il faut pour enclore cette croix qui fut une balance où le corps du Christ fut le contrepoids de l'univers. Les êtres sculptés ne sont jamais des personnages; ils ne semblent jamais représenter; ils ne savent pas qu'on les voit. Ils se tiennent d'une manière dictée seulement par le sentiment et par la proportion architecturale. Leur gaucherie est une nudité. Le chant grégorien monte lentement, et au moment qu'on croit qu'il va prendre de l'assurance, le mouvement montant est brisé et abaissé; le mouvement montant est continuellement soumis au mouvement descendant. La grâce est la source de tout cet art.

Auteur: Weil Simone

Info: Publié dans les Cahiers du Sud à Marseille durant la guerre.

[ religieux ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

amour

Ton corps muet au bord des nuits, c’est candeur –

tes cheveux quand ils infusent dans les bassines de

lait pleine lune, alors la nacre – tes clavicules trop

fines – tes jambes à peine cuites – J’y veille et

j’affleure... Car quand tu te montres le jour, alors

les fleurs : béates.



Les alvéoles de ta peau, c’est dentelle, personne ne

le sait – tes cils emmêlés, c’est l’empire de tes

larmes, je l’ai vu.



J’ai cherché la beauté des autres, rien du tout.



Puisse ton odeur être celle du foin frais, car tes

lèvres, elles, me criaient déjà d’autres vendanges.

Sur ta nuque j’avais trouvé les effluves d’un autre

possible.



Ta voix brune quand tu dis bonsoir, c’est cantique

des cantiques et tes yeux clair de lune tous me l’ont

dit c’est l’éclipse mi-mars... Car quand tu te montres

la nuit, alors les étoiles : béates.

Auteur: Rouyau Mathilde

Info:

[ poème ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

industrie

Le vestiaire me fascine. Il fonctionne comme un sas et, tous les soirs, une métamorphose collective spectaculaire s'y produit. En un quart d'heure, dans une agitation fébrile, chacun entreprend de faire disparaître de son corps et de son allure les marques de la journée de travail. Rituel de nettoyage et de remise en état. On veut sortir propre. Mieux, élégant.
L'eau des quelques lavabos gicle en tous sens. Décrassage, savon, poudres, frottements énergiques, produits cosmétiques. Etrange alchimie où s'incorporent encore des relents de sueur, des odeurs d'huile et de ferraille. Progressivement, l'odeur des ateliers et de la fatigue s'atténue, cède la place à celle du nettoyage. Enfin, avec précaution, on déplie et on enfile la tenue civile : chemise immaculée, souvent une cravate. Oui, c'est un sas, entre l'atmosphère croupissante du despotisme de fabrique et l'air théoriquement libre de la société civile. D'un côté, l'usine :saleté, veste usée, combinaisons trop vaste, bleus tachés, démarche traînante, humiliation d'ordres sans répliques ( " Eh, toi!"). De l'autre, la ville : complet-veston, chaussures cirées, tenue droite et l'espoir d'être appelé "Monsieur".

Auteur: Linhart Robert

Info: L'établi

[ transmutation ] [ prolétariat ] [ apparence ]

 

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colonialisme

Il avait cent ans d’avance quand il dénonçait la déculturation à l’œuvre aux Marquises : " Les missionnaires ont considéré que de sculpter, décorer, c’était le fétichisme, c’était offenser le Dieu des chrétiens. Tout est là, et les malheureux se sont soumis. La nouvelle génération, depuis le berceau, chante dans un français incompréhensible les cantiques, récite le catéchisme. Si une jeune fille ayant cueilli des fleurs fait artistiquement une jolie couronne et la met sur la tête, Monseigneur se fâche ! Bientôt le Marquisien sera incapable de monter à un cocotier, incapable d’aller dans la montagne chercher les bananes sauvages qui peuvent le nourrir. L’enfant, retenu à l’école, privé d’exercices corporels, le corps (histoire de décence) toujours vêtu, devient délicat, incapable de supporter la nuit dans la montagne. Ils commencent à porter tous des souliers, et leurs pieds, désormais fragiles, ne pourront courir dans les rudes sentiers, traverser les torrents sur les cailloux. Ainsi nous assistons à ce triste spectacle qui est l’extinction de la race en grande partie poitrinaire, les reins inféconds et les ovaires détruits par le mercure. "

Auteur: Gauguin Paul

Info: Relevé par Laure Dominique Agniel dans " PG : Une vie "

[ abrutissement ] [ religion importée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

réveil

Ta femme pénètre dans la chambre et tu te redresses dans le lit pour la saluer, et ce mouvement soudain révèle une gueule de bois spectaculaire et des douleurs considérables. Ton corps vibre et ton sang donne l’impression de couler à contre-courant et tu l’entends qui bouillonne et tu essaies de décrire intérieurement le son qu’il fait : un jouet à moteur submergé dans l’eau. Les hélices d’un avion qui vrombissent dans le ciel. L’avion est caché dans les nuages. Il est à une vingtaine de kilomètres de là.Ta femme plie et déplie les draps. Elle te demande comment tu te sens et tu prononces le mot super. Elle te dit que tu avais l’air saoul la veille, que tu chantais, et tu lui dis que tu n’étais pas saoul, mais joyeux. Elle t’a entendu tomber dans la salle de bains, ajoute-t-elle, et tu prétends avoir glissé sur une chaussette. Ce n’était pas une chaussette à toi mais à elle et tu aurais pu perdre connaissance. Te tuer. Ta femme ne trouve rien à répondre, elle soupire…

Auteur: deWitt Patrick

Info: Ablutions

[ couple ] [ ivresse ] [ cuite ]

 

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création

Je n'ai pas besoin de dire à mes confrères que je me trouvais maintenant au moment le plus intéressant de la vie d'un auteur: les heures et les jours qui suivirent furent comme une parenthèse de fièvre créatrice et de joie sans mélange. (...) Mais je dois renoncer hélas à faire sentir au lecteur ce que fut mon bonheur: ce sont des joies à ce point immatérielles, évanescentes, que les mots peuvent à peine les décrire. Tapies dans les recoins secrets de l'esprit, accompagnées ou suscitées par d'infinitésimales variations de trame, elles ont pourtant un si grand empire sur l'auteur et peuvent remplir le corps d'un tel bien-être que ni l'appétit ni la vertu, ni l'admiration ou la vanité, ou l'amour, ne peuvent leur être comparés dans l'échelle des bonheurs humains. Les scènes se déroulent avec une évidence si forte devant l'oeil intérieur, les personnages s'avancent sur la scène si humainement, avec une telle puissance et une telle compréhension que le créateur en ces instants a le sentiment d'habiter et de se mouvoir dans les êtres qu'il crée.

Auteur: Stevenson Robert Louis

Info: A propos du Maître de Ballantrae, Essais sur l'art de la fiction

 

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science-fiction

Après des études minutieuses et approfondies faites dans les laboratoires du Reich sous la direction du ministère de l'Amélioration de la Race, le gouvernement décide que la race germanique s'étendra sur toute la gamme des tailles rendues possibles par l'élasticité de l'atome. Les dimensions adoptées devront être strictement conformes aux tailles prévues dans le barème suivant :

》ART. I - Le Führer Chancelier aura six mètres de haut.

》ART . II - Les ministres en exercices, le général commandant en chef des armées du Reich, le chef des Sections d'Assaut, les ambassadeurs, auront quatre mètres.

》ART . III - Tout citoyen allemand, atteignant sa majorité, sera porté à deux mètres cinquante, la taille allemande.

》ART . IV - Par dérogation, et dans un but d'apaisement religieux, les catholiques pourront conserver leur taille.

》ART . V - Aucun juif ne pourra dépasser dix centimètres.

》ART . VI - Un corps spécial de police, dit police de la Mensuration, et un ministère de la Taille dirigée veilleront à l'observation des dispositions de la présente loi.

Auteur: Spitz Jacques

Info: L'homme élastique, la création d'une humanité nouvelle, 1938

[ humour ] [ hitlérisme ] [ nazisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel