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concurrence

[...] j'ai horreur de tous ceux qui ne voient pas le monde comme il est. C'est-à-dire monstrueux, lady Slane ! Et monstrueux parce qu'il est construit sur la compétition, sans que personne ne sache si la raison fondamentale de cette compétition est une pure convention ou une nécessité, une extraordinaire illusion, une loi naturelle ou animale destinée à disparaître à mesure que nous progressons dans la civilisation. Je crois que l'homme a construit sa vie sur un système mathématique erroné. Certes, il s'est arrangé pour que ses calculs tombent juste, parce qu'il a forcé le monde à accepter ses hypothèses. Mais si l'on choisissait de raisonner autrement, la réponse serait peut-être identique et ces hypothèses de départ apparaîtraient délirantes, astucieuses sans doute mais délirantes. Peut-être qu'un jour une authentique civilisation viendra corriger nos erreurs présentes? Mais nous avons encore du chemin à faire, oui, la route sera longue...

Auteur: Sackville-West Vita

Info: Toute passion abolie, trad. Micha Venaille, p.62, Ed. Autrement, 2005

 

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contraintes d'écriture

Je me rends compte que mon oeuvre, si elle a éclairé mon époque, a aussi intimidé les hommes de lettres. Je choisis de devenir le Père du Roman. Je m'y prends ainsi : je distribue des schémas à chaque écrivain ; je les appelle schémas, en réalité ce sont des sentences. Je leur dis : "Roman de cent quatre-vingt-dix pages ; personnages : six féminins, quatre masculins ; un homicide, un adultère, cadre luxueux, bassesse morale, inflation, coup d'État final." Ou bien : "Riche famille déchirée par des passions inavouables, de la luxure à la philatélie ; homicides : trois ou quatre ; fornications réalistes, appartement de cinq pièces avec vue sur la mer." Ou bien, avec l'audace qui me caractérise désormais : "Inceste entre nouveau-né et bisaïeule qui tire les tarots, ambiance d'inspiration orientale." Puis je relis, je corrige, je donne le bon à tirer : c'est l'époque des Chefs-d'oeuvre grégaires.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 59

[ littérature ] [ despotisme ] [ fantasme ] [ directives ] [ rédaction ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

recette

Si nous adorons la paella dite orthodoxe, la paella valenciana, nous acceptons qu’au lapin et au poulet traditionnels on ajoute ou on substitue du poisson et des fruits de mer. Mais il est bon de corriger le goût légèrement écœurant de la poiscaille par la saveur douce des morceaux de basse-cour.
Sans oublier l’huile d’olive, la tomate, les haricots plats, les haricots blancs, le piment, le safran et, pourquoi pas ? des artichauts, des poivrons, des petits pois, des pois chiches, du canard, du porc, des escargots. Sans être dévasté par la graisse, ce subterfuge de l’onctuosité, le riz doit croustiller et pouvoir adhérer à une poêle tenue à la verticale. La paella est un art. C’est aussi un motif de guerre entre provinces d’Espagne, semblable à la guerre du cassoulet ou du couscous. A chacun sa vérité, pourvu qu’elle ne cède pas à la mode de la "revisitation", cette vile auxiliaire de la dictature de l’oubli.

Auteur: Pajak Frédéric

Info: Le manifeste incertain, tome 6, page 71

[ variantes ] [ astuces ] [ nourriture ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déclic

Ignacio Abel s'obstine à pratiquer une lucidité rétrospective plus inutile encore pour le soulager de ses remords que pour corriger le passé. Il aurait voulu savoir à quel moment le désastre était devenu inévitable, quand ce qui est monstrueux avait commencé à paraître normal, était graduellement devenu aussi insignifiant que les actes les plus banals de la vie ; quand les mots qui encourageaient le crime, à qui personne n'accordait de crédit parce qu'ils se répétaient avec monotonie et n'étaient rien de plus que des mots, s'étaient transformés en crimes ; quand les crimes étaient devenus habituels au point de faire désormais partie de la vie publique normale. Aujourd'hui l'armée est le point d'appui et la colonne vertébrale de la patrie. Quand la guerre civile éclatera, nous n'accepterons pas d'être éliminés comme des lâches en tendant le cou à l'ennemi. Il existe un instant précis, unique, un point au-delà duquel le retour est impossible.


Auteur: Muñoz Molina Antonio

Info: Dans la grande nuit des temps, p 263

[ point de bascule ] [ amorce ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

santé mentale

[...] toute la conception même de la souffrance psychique [...] se trouve affectée [par les modifications postmodernes de notre conception de la subjectivité]. La disparition, dans ce manuel [le DSM], en premier lieu des perversions, puis des névroses dans la dernière édition, n’est pas simplement un refus de "tout parti pris théorique", comme le soulignent les auteurs. Toute la psychopathologie se trouve repensée en termes de comportement, soit en termes d’acte posé par l’individu. Le comportement "normal" de l’individu est pensé en termes d’efficience, de capacité à réaliser les tâches qui lui incombent pour parvenir à la satisfaction, au  "bien-être". Devient pathologique tout ce qui entrave la réalisation de ce bonheur. Ainsi les phobies, classiquement comprises comme déplacement d’une peur interne sur un objet externe plus facilement maîtrisable, sont-elles considérées comme des incapacités corrigeables à affronter la réalité. La technique est alors celle de la reprogrammation de l’individu pour une meilleure maîtrise de son environnement. Le programmateur trouve ici son efficace.

Auteur: Lesourd Serge

Info: Dans "Comment taire le sujet ?", éditions Érès, 2010, pages 210-211

[ performance ] [ psychiatrie ] [ thérapie comportementale cognitive ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

genèse

Au commencement, la Terre était faite toute de travers, et il fallut bien des efforts pour la rendre plus habitable. Pour traverser les fleuves il n'y avait pas de ponts. Pas de sentiers pour gravir les montagnes. Voulait-on s'asseoir ? Même pas l'ombre d'un banc. Tombait-on de sommeil ? Le lit n'existait pas. Ni souliers ni bottes pour éviter de se faire mal aux pieds. Si vous aviez une mauvaise vue, pas moyen de trouver des lunettes. Aucun ballon pour faire une partie de football. On n'avait pas de feu ni de marmites pour faire cuire les spaghetti, et d'ailleurs cela n'avait pas d'importance car les spaghetti n'existaient pas. Il n'y avait rien de rien. Zéro multiplié par zéro égale zéro. Il n'y avait que les hommes, avec leurs deux bras pour travailler, et c'est ainsi qu'on put remédier aux plus grosses erreurs. Des erreurs, pourtant, il en reste encore beaucoup à corriger : retroussez vos manches, il y a du travail pour tout le monde.

Auteur: Rodari Gianni

Info: Histoires au téléphone

[ humour ] [ matérialisme ]

 

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convives

Comme ces gens étaient mornes et vulgaires ! Lily les passa en revue avec une impatience méprisante : Carry Fisher, ses épaules, ses yeux, ses divorces, et tout son air d’incarner un piquant "écho mondain" ; le jeune Silverton, qui avait eu l’intention de gagner sa vie à corriger des épreuves et d’écrire un poème épique, et qui maintenant vivait de ses amis et ne faisait plus que la critique des truffes ; Alice Wetherall, une liste de visites personnifiée, dont les convictions les plus ardentes avaient trait au style des invitations et à la gravure des menus ; Wetherall avec son perpétuel tic nerveux d’assentiment, son air d’être de l’avis des gens avant même de savoir ce qu’ils disent ; Jack Stepney, avec son sourire présomptueux et ses yeux inquiets, à mi-chemin entre l’huissier et une héritière ; Gwen Van Osburgh, avec tout le candide aplomb d’une jeune fille à qui l’on a toujours dit qu’il n’y a personne de plus riche que son père.

Auteur: Wharton Edith

Info: Dans "Chez les heureux du monde"

[ vacherie ] [ imposteurs ] [ galerie de portraits ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

plaidoyer

Tout notre espoir est là : dans la citation erronée. C'est pourquoi je vous le demande en grâce, ne corrigez jamais sous aucun prétexte une citation faite de mémoire. Accepteriez-vous de remplacer votre citation par une citation "vraie", comme disent les professeurs ? "Toutes vos citations sont fausses", disent-ils. Ah, vraiment ? Vous voulez dire que je suis parvenu à un degré d'indépendance, de clarté intérieure et d'inventivité tel que je suis désormais capable de déformer toutes les citations ? Ne me faites pas croire cela : il faudrait, pour que cela soit vrai, que j'aie réussi à détruire tous les livres que j'ai lus, à en faire une bouillie de pages, une liste interminable de mots et de coquilles. Ne corrigez pas les coquilles, je vous en prie, je vous en prie instamment. Laissez en paix ces insectes mélancoliques venus d'on ne sait où, laissez-les jouer de leurs élytres désaccordées dont les sons évoquent une musique inconnue. Citations fausses et coquilles, voilà ce qui peut encore vous sauver.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "Discours de l'ombre et du blason", éd. du Seuil, p. 162

[ citation ne s'appliquant pas à ce logiciel ] [ déformation mémorielle ] [ authenticité ] [ singularité ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

remaniement stylistique

Il y a une petite tragédie qui se joue en ce moment à propos de Women, et je préférerais que tu gardes le silence le plus total là-dessus. Comme tu le sais, j’ai l’habitude de dire à John de ne pas se gêner et de corriger mes fautes de grammaire, mais cette fois il est allé trop loin. J’aurais dû lire les épreuves du bouquin plus attentivement mais je suis paresseux. Mais lorsque le bouquin est sorti je l’ai lu. Merde mon pote ! Je crois qu’il pense que je ne sais pas écrire. Il a balancé des merdes dedans. Par exemple j’aime bien dire "dit-il" ou "dit-elle" et ça me suffit amplement. Mais il en a remplacé un paquet par des "rétorqua-t-il", "dit-il joyeusement", "Je haussai les épaules", "elle avait l’air vexée". Et ça ne s’arrête plus, merde. Il y a même un endroit dans le livre où une femme avait une robe verte et il lui a mis une robe bleue. Au moins il ne lui a pas changé les organes sexuels !

Auteur: Bukowski Charles

Info: Lettre à Gerard Locklin, 15 mars 1979

[ éditeur-écrivain ] [ lissage éditorial ]

 

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création

Ce que j'aime dans l'écriture, c'est plutôt la rêverie qui la précède. L'écriture en soi, non, ce n'est pas très agréable. Il faut matérialiser la rêverie sur la page, donc sortir de la rêverie. Parfois, je me demande comment font les autres ? Comment font ces auteurs qui, comme Flaubert le faisait au XIXe siècle, écrivent et réécrivent, refondent, reconstruisent, condensent à partir du premier jet dont il ne reste finalement rien ou presque rien dans la version finale du livre ? Ça me semble assez effrayant. Personnellement, je me contente d'apporter des corrections sur un premier jet, qui ressemble à un dessin qui aurait été fait d'un seul trait. Ces corrections sont à la fois nombreuses et légères, comme une accumulation d'actes de microchirurgie. Oui, il faut trancher dans le vif comme le chirurgien, être assez froid vis-à-vis de son propre texte pour le corriger, supprimer, alléger. Il suffit parfois de rayer deux ou trois mots sur une page pour que tout change. Mais tout ça, c'est la cuisine de l'écrivain, c'est assez ennuyeux pour les autres.

Auteur: Modiano Patrick

Info: Entretien Télérama N° 3377, octobre 2014

[ écrire ]

 

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