déclaration d'amour
Ensemble ils peuvent bien durer
Mais si l'on veut les séparer
Le coudrier meurt promptement,
Le chèvrefeuille mêmement.
Belle amie, ainsi est de nous:
Ni vous sans moi, ni moi sans vous.
Auteur:
Marie de France
Années: 1154 - 1189
Epoque – Courant religieux: Moyen âge
Sexe: F
Profession et précisions: trouvère
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Poésies, Lai du chèvrefeuille
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poème
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obscurité
Il descendit parmi les ombres; celles qui erraient n'étaient pas les moins aimables; les immobiles, il s'en détournait avec effroi; ombres entre les coudriers, phantasmes derrière les aulnes; une d'elles portait une aigrette de feu, ses paupières baissées paraissaient intérieurement illuminées; elle ne bougeait pas. A peine un tressaillement des lèvres, parfois, comme un qui va pleurer et fait encore un dernier effort qui se prolonge mais c'en est trop soudain. Il vit bientôt que les larmes libératrices ne pouvaient pas naître et qu'éternellement ces lèvres trembleraient d'un impossible sanglot.
Auteur:
Kowalski Roger
Années: 1934 - 1975
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: poète
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Poésies complètes, Les ombres
[
poésie
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inquiétude
]
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imagination
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avril
Il y a quelque chose dans le mot printemps qui suggère non seulement la fragilité des pousses nouvelles, mais aussi ce monde humide, glacé, terreux, odorant de mousse, que les brins d'herbe couleur d'émeraude, les fourreaux et les dagues transparentes ont percé pour émerger enfin à l'air libre.
Le mot printemps, empreint comme il l'est du vert même des tiges de jacinthes, du bleu des œufs de fauvette, du reflet des pétales de chélidoines, est chargé d'une signification à la fois nostalgique et humaine : il oblige l'esprit à se replier, par-delà la supplication de chaque son et de chaque paysage printaniers, jusque dans l'obscure terre primordiale saturée de pluie d'où toute chose sont issues, jusque dans des lieux humides et froids où les baguettes cinglantes du coudrier frappent la peau, où le sol dissimule traitreusement ses marécages, où de jeunes oiseaux et de jeunes lapins sont dévorés par les faucons, où les effluves provoquent de dangereuses accalmies et le retour de douloureux souvenirs, où de noirs liquides empoisonnés suintent du tronc des hêtres, où les bourgeons des prunelliers sont autant de présages du destin, du malheur et de la mort subite.
Auteur:
Powys John Cowper
Années: 1872 - 1963
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, conférencier et philosophe
Continent – Pays: Europe - Angleterre
Info:
Givre et sang
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clair-obscur
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