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divinité

[...] Ludwig Feuerbach propose une explication de ce qu'est Dieu. Il ne nie pas son existence, il dissèque la chimère. Pas question de dire "Dieu n'existe pas", mais "Qu'est-ce-que ce Dieu auquel la plupart croient ?" Et de répondre : une fiction, une création des hommes, une fabrication obéissant à des lois particulières, en l'occurrence la projection et l'hypostase : les hommes créent Dieu à leur image inversée.
Mortels, finis, limités, douloureux de ces contraintes, les humains travaillés par la complétude inventent une puissance dotée très exactement des qualités opposées : avec leurs défauts retournés comme les doigts d'une paire de gants, ils fabriquent les qualités devant lesquelles ils s'agenouillent puis se prosternent. Je suis mortel ? Dieu est immortel : je suis fini ? Dieu est infini ; je suis limité ? Dieu est illimité ; je ne sais pas tout ? Dieu est omniscient ; je ne peux pas tout ? Dieu est omnipotent ; je ne suis pas doué du talent d'ubiquité ? Dieu est omniprésent ; je suis créé ? Dieu est incréé ; je suis faible ? Dieu incarne la Toute-Puissance ; je suis sur Terre ? Dieu est au ciel ; je suis imparfait ? Dieu est parfait ; je ne suis rien ? Dieu est tout, etc.
La religion devient donc la pratique d'aliénation par excellence : elle suppose la coupure de l'homme avec lui-même et la création d'un monde imaginaire dans lequel la vérité se trouve fictivement investie.

Auteur: Onfray Michel

Info: Traité d'athéologie : Physique de la métaphysique

[ fuite ] [ définition ] [ inversion ]

 

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théorie des discours

Dans les discours, la place de la vérité qui anime le discours, en étant son origine, est exclue du circuit d’échange intersubjectif, elle ne peut être que mi-dite. La production ne fait jamais retour sur la vérité subjective ou, pour le dire en d’autres termes, la jouissance ne peut jamais être complète. L’insatisfaction subjective est de structure. Dans ce dispositif, deux solutions s’ouvrent au sujet pour tenter de résoudre cette impasse de satisfaction. Il peut se plaindre à l’Autre de ce "monde si mal fait" qui empêche la jouissance, c’est ce que l’on retrouve dans toutes les sociétés régies par une incarnation totale de l’Autre, les sociétés déistes ou royales qui ont constitué l’âge ancien et l’âge classique. Il peut aussi tenter de remédier à l’impasse par la construction d’un savoir qui serait censé apporter la solution, c’est ce que propose la croyance en la science et en son progrès, c’est le moteur de l’âge moderne.

Les discours construisent l’inadéquation du sujet à son objet de jouissance, l’objet (a), l’unique trouvaille de Lacan ainsi qu’il l’affirmait. Ce qui meut alors le sujet, c’est la dimension du fantasme [...]. La castration ne veut pas dire autre chose. Il n’y a pas de souverain-bien qui comblerait le sujet. [...]

Il en va tout autrement dans les parlottes. Dans ce cadre l’objet conjoint au sujet et il y a croyance en une complétude possible par l’objet. La coupure inscrite au cœur du fantasme disparaît.

Auteur: Lesourd Serge

Info: Dans "Comment taire le sujet ?", éditions Érès, 2010, pages 166-167

[ différences ] [ psychanalyse ] [ post-modernité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

psychanalyse

L’analyse n’est pas une simple reconstitution du passé, l’analyse n’est pas non plus une réduction à des normes préformées, l’analyse n’est pas un épos, l’analyse n’est pas un éthos. Si je devais la comparer à quelque chose, ce serait à un récit qui serait lui-même le lieu de la rencontre dont il s’agit dans le récit.

Le problème de l’analyse réside dans la situation paradoxale où se trouve le désir de l’Autre que le sujet a à rencontrer, notre désir, qui n’est que trop présent dans ce que le sujet suppose que nous lui demandons. En effet, le désir de l’Autre qu’est pour nous le désir du sujet, nous ne devons pas le guider vers notre désir, mais vers un autre. Nous mûrissons le désir du sujet pour un autre que nous. Nous nous trouvons dans la position paradoxale d’être les entremetteurs du désir, ou ses accoucheurs, ceux qui président à son avènement. [...]

Sans doute l’analyse est-elle une situation où l’analyste s’offre comme support à toutes les demandes et ne répond à aucune, mais est-ce seulement dans cette non-réponse – qui est bien loin d’être une non-réponse absolue – que se trouve le ressort de notre présence ? Ne faut-il pas faire une part essentielle à un élément qui est immanent à la situation, et qui se reproduit à la fin de chaque séance ? J’entends, ce vide auquel notre désir doit se limiter, cette place que nous laissons au désir pour qu’il s’y situe – bref, la coupure.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre VI : Le désir et son interprétation", éditions de La Martinière et Le Champ Freudien éditeur, 2013, page 572

[ difficulté ] [ distanciation ] [ sans mémoire sans désir ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

automutilation

Les scarifications [...] sont des traces effaçables, par cicatrisation, et ne sont pas faites pour inscrire dans le corps une marque, une trace signifiante. Les scarifications ne sont pas écriture sur le corps, elles sont [...] coupure. [...] Les scarifications sont la trace minimale de l’écriture signifiante, elles ont fonction de comptage comme les traits de Robinson sur l’arbre de son île déserte. Les scarifications témoignent de cette accroche minimale du sujet à la fonction signifiante. Sous chaque trait, le sujet cherche à représenter la différence, la coupure d’avec l’Autre qui le ferait exister, mais au risque que cette trace disparaisse avec la cicatrisation et que le travail soit à recommencer.

Ces pratiques de marquage du corps, qui sont de plus en plus fréquentes, spécialement dans la part la plus jeune de nos sociétés, sont toutes plus ou moins prises dans la difficulté que rencontre le sujet à trouver les signifiants nécessaires à la nomination, et donc, à entrer dans le champ de l’énonciation qui n’est plus adéquat à l’organisation du monde par les parlottes postmodernes. Le sujet alors, au lieu d’agir la séparation dans la parole (entre le signifiant qui le représente pour les autres signifiants), au lieu de faire séparation, donc, dans la relation à l’autre, l’agit directement sur lui-même, sur son corps. [...] D’ailleurs, [...] quand une figure de l’Autre se met en place de regarder ce qu’écrit sur le sujet sur son corps, alors se remet en marche le mouvement langagier. Cette dynamique de la "monstration" est induite par la structure même du discours du capitaliste qui régit l’échange interhumain sur le mode de la preuve, de la démonstration de l’existence en acte.

Auteur: Lesourd Serge

Info: Dans "Comment taire le sujet ?", éditions Érès, 2010, pages 228-229

[ psychanalyse ] [ signification ]

 

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réforme universitaire

Nous essaierons de mettre un terme à la coupure absurde qui s’est instaurée entre les humanités et la science. Ici encore, le choix de la technologie est particulièrement judicieux. Tous ceux qui conçoivent, qui construisent, qui exploitent, qui réparent les appareils, savent combien leur activité dépend des hommes et des relations humaines. Qu’il s’agissent de conditions de travail, de l’état d’esprit des équipes, des communications orales ou écrites, l’objet technique est un lieu privilégié des rencontres des hommes ; il crée un langage, une culture inintelligible aux non-techniciens et le moment vient où il ne sera plus possible de prétendre connaître l’homme sans connaître les objets qu’il construit.

L’enseignement des langues occupera une place de choix. On essaiera de rendre la connaissance pratique de l’Anglais nécessaire à l’étudiant pour la poursuite de ses études (suivant en cela les préceptes de Comenius, le célèbre pédagogue morave). On essaiera d’organiser autour de la technologie les enseignements de philosophie, d’histoire ou d’économie : il est sûr que l’admirable histoire de la technologie chinoise publiée par M. NEEDHAM, par exemple, est tout aussi formatrice qu’un précis de politique extérieure britannique au 17e siècle. De la même manière, en Philosophie, l’étude du "Mode d’existence des objets techniques" de M. SIMONDON paraît s’inscrire plus naturellement que celle de la Monadologie de LEIBNIZ. En matière d’expression française, l’étudiant a surtout fréquenté en tant que genre littéraire la dissertation française : il faut l’initier à ces autres genres littéraires que sont le rapport, la note, le compte-rendu, la lettre, etc… Que l’on nous comprenne bien ! Nous ne voulons nullement "polariser" à l’excès les études. A telle enseigne qu’au moins 10 % du temps de travail devra être consacré à des activités délibérément dépaysantes. Mais il nous apparaît cependant qu’un abord nouveau des humanités est possible à partir de la technologie, et nous souhaitons en tenter l’expérience.

Auteur: Deniélou Guy

Info: Revue de l’administration de l’Oise, n°5, novembre 1972, à lire sur https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/guy_denie_lou_inventeur_du_re_gne_machinal.pdf

[ règne machinal ] [ technocratie ]

 
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érotisme

Que le pied, le doigt, le nez ou quelque autre partie du corps puissent jouer comme métaphore du pénis, ce n’est pas en vertu de leur forme saillante (selon un schème d’analogie entre ces divers signifiants et le pénis réel) : ils n’ont de valence phallique que sur la base de cette coupure phantasmatique qui les érige – pénis châtrés, pénis parce que châtrés. [...] Le corps ne se distribue pas en "symboles" masculins ou féminins : il est bien plus profondément le lieu de ce jeu et de ce déni de la castration, illustré par l’usage chinois (cité par Freud dans Le fétichisme) de commencer par mutiler le pied de la femme, puis de vénérer comme un fétiche ce pied mutilé. Le corps tout entier est disponible, sous des formes innombrables, pour ce marquage/mutilation suivi de vénération phallique (exaltation érotique). C’est là son secret, et non pas du tout dans l’anamorphose des organes génitaux. 

Ainsi la bouche fardée est phallique (fard et maquillage font éminemment partie de l’arsenal de mise en valeur structurale du corps). Une bouche maquillée ne parle plus : lèvres béates, mi-ouvertes, mi-fermées, elles n’ont plus pour fonction de parler, ni de manger, ni de vomir, ni de baiser. [...] la bouche maquillée, objectivée comme bijou, dont l’intense valeur érotique ne vient pas du tout, comme on l’imagine, de son soulignement comme orifice érogène, mais, à l’inverse, de sa fermeture – le fard étant en quelque sorte le trait phallique, la marque qui l’institue en valeur d’échange phallique – bouche érectile, tumescence sexuelle par où la femme s’érige, et où le désir de l’homme viendra se prendre à sa propre image.

Médiatisé par ce travail structural, le désir, d’irréductible qu’il est lorsqu’il se fonde sur la perte, sur la béance de l’un à l’autre, devient négociable, en termes de signes et de valeurs phalliques échangées, indexées sur une équivalence phallique générale – chacun jouant contractuellement et monnayant sa jouissance propre en termes d’accumulation phallique – situation parfaite d’une économie politique du désir.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 167-168

[ interdit ] [ manque ] [ artifices ]

 

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évolution moderne

Il n’est que trop évident qu’il y a actuellement deux religions dans l’Église : d’une part la religion catholique, dont les enjeux sont célestes – le salut éternel –, et d’autre part une religion séculière très proche d’elle sur le plan moral – la religion des droits de l’homme ou religion humanitaire –, dont les préoccupations sont exclusivement terrestres.

Pendant plus de mille ans religion identitaire des Européens, puis étendu par eux à travers le monde, le christianisme s’est aujourd’hui jeté tête baissée dans un délire universaliste qui se marque notamment par l’injonction adressée par le pape aux pays d’Europe d’accueillir sans limite sur leur territoire toute l’immigration illégale en provenance de l’Afrique et de l’Asie, ainsi que par une bienveillance chrétienne envers l’islam qui tranche avec une traditionnelle volonté de résistance aux entreprises conquérantes musulmanes, voire de reconquête sur l’islam des régions où était né le christianisme et dont s’étaient emparés les conquérants arabes. En faisant de l’universalisme sa seule raison d’être, le christianisme tend à apparaître comme un doublon de la religion des droits de l’homme.

Cette actuelle obsession universaliste du christianisme n’est effectivement pas sans évoquer Marcion, prédicateur gnostique du IIe siècle qui avait complètement trahi le christianisme en prétendant l’arracher à ses racines juives. Pour Marcion, le Dieu de la Bible – qu’il appelle le Dieu juste – est une divinité subalterne et grossière qui a créé un monde raté et instauré une justice impitoyable. Au dessus de lui est un Dieu suprême caché – le Dieu bon – qui s’est rendu visible en la personne de Jésus pour libérer les hommes du Dieu de la Bible. Rejetant radicalement le Dieu juste et ne voulant connaître que le Dieu bon, Marcion invitait ses disciples à faire table rase de la Bible et du passé juif pour ne garder que le message d’amour de l’Évangile dans une version au demeurant largement falsifiée. En rejetant le Dieu juste et l’Ancien Testament, Marcion rejetait non seulement la justice, l’ordre social, le mariage, la famille, mais encore l’idée de nation.

Aujourd’hui, en prétendant présenter exclusivement le christianisme comme un universalisme abstrait, l’Église adopte une démarche marcionite qui arrache au christianisme son substrat biblique, lequel légitime les identités particulières. Car le christianisme, du fait qu’il est né d’une religion nationale – le judaïsme – et que ses perspectives sont célestes et non terrestres, a pu aisément, en dépit de son ambition de s’adresser à la généralité humaine, jouer le rôle d’une religion particulière pour les peuples qui se réclamaient de lui. Au lieu de quoi, en ne voulant connaître du christianisme que son appel à la fraternité universelle, on nie la réalité du christianisme comme symbiose entre l’Évangile et la Bible. Prendre dans le Nouveau Testament une idée ou une valeur en la coupant de l’Ancien Testament revient à faire du Marcion. Cette idée ou cette valeur n’est alors plus chrétienne : elle est marcionite, elle est gnostique. Il y a manifestement quelque chose de marcionite dans les prises de position immigrationnistes de l’Église catholique.

Auteur: Harouel Jean-Louis

Info: Interview 2017

[ coupure historique ] [ gnosticisme ] [ théologie ]

 

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rationnel-irrationnel

Les présupposés de la sociologie de la connaissance n’eussent jamais intimidé longtemps les ethnologues, si les épistémologues n’avaient élevé au rang d’un principe fondateur cette même asymétrie entre les vraies sciences et les fausses. Seules ces dernières - les sciences "périmées" - peuvent se lier au contexte social. Quant aux sciences "sanctionnées", elles ne deviennent scientifiques que parce qu’elles s’arrachent justement à tout contexte, à toute trace de contamination, à toute évidence première et qu’elles échappent même à leur propre passé. Telle est la différence, pour Bachelard et ses disciples, entre l’histoire et l’histoire des sciences. La première peut être symétrique, mais peu importe puisqu’elle ne traite jamais de science ; la seconde ne doit jamais l’être afin que la coupure épistémologique demeure totale.

Un seul exemple suffira pour montrer jusqu’où peut mener le rejet de toute anthropologie symétrique. Lorsque Canguilhem distingue les idéologies scientifiques des vraies sciences, il affirme non seulement qu’il est impossible d’étudier Darwin - le savant - et Diderot - l’idéologue - dans les mêmes termes, mais qu’il doit être impossible de les mettre dans le même sac. "La séparation de l’idéologie et de la science doit empêcher de mettre en continuité dans une histoire des sciences quelques éléments d’une idéologie apparemment conservés et la construction scientifique qui a destitué l’idéologie : par exemple à chercher dans le Rêve de d'Alembert des anticipations de L'Origine des espèces" (*p. 45). N’est scientifique que ce qui rompt pour toujours avec l’idéologie. En suivant un tel principe, il est difficile en effet de suivre les quasi-objets dans leurs tenants et aboutissants. Une fois passés entre les mains de l’épistémologue, toutes leurs racines seront arrachées. Il ne restera plus que l’objet excisé de tout le réseau qui lui donnait sens. Mais pourquoi parler même de Diderot et de Spencer, pourquoi s’intéresser à l’erreur ? Parce que sans elle le vrai brillerait d’un éclat trop éblouissant ! "L’entrelacement de l’idéologie et de la science doit empêcher de réduire l’histoire d’une science à la platitude d’un historique, c’est-à-dire d’un tableau sans ombres de relief" (p. 45). Le faux est le faire-valoir du vrai. Ce que Racine faisait pour le Roi Soleil sous le beau nom d’historien, Canguilhem le fait pour Darwin, sous l’étiquette, également usurpée, d’historien des sciences.

Le principe de symétrie rétablit, au contraire, la continuité, l’historicité et, disons-le, la justice. Bloor est l’anti-Canguilhem, de même que Serres est l’anti-Bachelard, ce qui explique d’ailleurs l’incompréhension totale en France de la sociologie des sciences comme de l’anthropologie de Serres (Bowker et Latour, 1987). "Il n’est de pur mythe que l’idée d’une science pure de tout mythe", écrit celui-ci lorsqu’il rompt avec l'épistémologie (Serres, 1974, p. 259). Pour lui comme pour les historiens des sciences proprement dits, Diderot, Darwin, Malthus et Spencer doivent s’expliquer selon les mêmes principes et les mêmes causes ; si vous souhaitez rendre compte de la croyance dans les soucoupes volantes, vérifiez si vos explications peuvent être employées, symétriquement, pour les trous noirs (Lagrange, 1990) ; si vous attaquez la parapsychologie, êtes-vous capables d’utiliser les mêmes facteurs pour la psychologie (Collins et Pinch, 1991) ? Si vous analysez les succès de Pasteur, les mêmes termes vous permettront-ils de rendre compte de ses échecs ?

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous ne sommes pas modernes, pp 60-61. *Canguilhem, Études d'histoire et de philosophie des sciences concernant les vivants et la vie (1968) 7e rééd. Vrin, Paris, 1990

[ historique ] [ religions ]

 

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contre-mesure

Les phages contre-attaquent
Certains phages ont développé des armes qui inhibent le système de défense des bactéries. Grâce à cette réplique , ils parviennent à infecter les bactéries et à se multiplier.
Un nouvel épisode de la course à l'armement que se livrent les bactéries et les virus qui les infectent - les phages - vient d'être révélé dans Nature Microbiology. En effet, une équipe internationale, dont font partie Sylvain Moineau et ses collaborateurs du Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique, a révélé l'existence de phages capables de rendre inopérant le système de défense CRISPR-Cas utilisé contre eux par les bactéries.
Aujourd'hui connu comme un puissant outil d'édition du génome, CRISPR-Cas est d'abord un mécanisme de défense déployé par les bactéries pour se protéger des phages. C'est d'ailleurs l'équipe de Sylvain Moineau et les mêmes collaborateurs qui ont décrit, dans la revue Science, en 2007, l'existence de ce système de défense chez les bactéries. Cette contremesure, qui existe chez environ 40% des espèces bactériennes, repose sur des séquences d'ADN que les bactéries accumulent à partir du matériel génétique de leurs assaillants. En 2010, dans un article publié dans la revue Nature, l'équipe du professeur Moineau démontrait que, lors de rencontres subséquentes avec ces virus, les bactéries utilisent les composantes du système CRISPR-Cas, dont la protéine Cas9, pour scinder l'ADN de leurs envahisseurs à des endroits précis de leur génome.
Les phages n'avaient cependant pas dit leur dernier mot. Depuis cinq ans, quelques études ont mis en lumière l'existence d'anti-CRISPR chez certains types de phages. L'équipe du professeur Moineau vient d'ajouter un élément au dossier en démontrant l'existence d'un nouvel anti-CRISPR chez un autre type de phage qui attaque S. pyogenes, une bactérie pathogène utilisée comme modèle pour l'édition du génome. Les chercheurs ont isolé un phage qui échappe 40 000 fois plus souvent que les autres au système de défense CRISPR-Cas9 de S. pyogenes. "Nous avons séquencé le génome d'un de ces phages, nous avons analysé et cloné plusieurs de ses gènes et nous avons découvert un gène codant pour une protéine dite "anti-CRISPR" qui inhibe efficacement le système de défense de la bactérie", explique Sylvain Moineau. Les chercheurs ont aussi démontré que cette protéine anti-CRISPR inhibe complètement le système de défense de S. thermophilus. "Il s'agit de la bactérie, utilisée pour la fabrication de yogourt et de certains fromages, qui avait permis la découverte du système CRISPR en 2007", rappelle-t-il.
Le mode d'action de cet anti-CRISPR n'a pas encore été élucidé, mais déjà les chercheurs entrevoient les répercussions concrètes de leurs travaux. "Puisque le système de défense CRISPR-Cas peut être contourné par certains phages, il faudra trouver de nouvelles façons de protéger les cultures bactériennes utilisées par l'industrie alimentaire contre les attaques des phages, constate le professeur Moineau. Il n'y a pas de fin à la lutte que se livrent ces microorganismes. C'est ce qui rend notre domaine de recherche si fascinant." Par ailleurs, la découverte de cet anti-CRISPR ouvre la porte à un meilleur contrôle de l'activité de la protéine Cas9. "On pourrait notamment utiliser l'anti-CRISPR comme interrupteur pour ralentir ou pour bloquer les coupures provoquées par Cas9 lors d'expériences d'édition des génomes", suggère le chercheur.
L'article paru dans Nature Microbiology est signé par Alexander Hynes, Geneviève Rousseau, Marie-Laurence Lemay et Sylvain Moineau, de l'Université Laval, et par leurs collaborateurs Philippe Horvath, Christophe Fremaux et Dennis Romero, de la compagnie DuPont.

Auteur: Internet

Info: http://www.techno-science.net/?onglet=news&news=16615 sept 2017

[ complexité ] [ biologie ]

 

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art traditionnel

On peut dire, d’une façon générale, que le théâtre est un symbole de la manifestation, dont il exprime aussi parfaitement que possible le caractère illusoire ; et ce symbolisme peut être envisagé, soit au point de vue de l’acteur, soit à celui du théâtre lui-même. L’acteur est un symbole du "Soi" ou de la personnalité se manifestant par une série indéfinie d’états et de modalités, qui peuvent être considérés comme autant de rôles différents ; et il faut noter l’importance qu’avait l’usage antique du masque pour la parfaite exactitude de ce symbolisme. Sous le masque, en effet, l’acteur demeure lui-même dans tous ses rôles, comme la personnalité est "non-affectée" par toutes ses manifestations ; la suppression du masque, au contraire, oblige l’acteur à modifier sa propre physionomie et semble ainsi altérer en quelque façon son identité essentielle. Cependant, dans tous les cas, l’acteur demeure au fond autre chose que ce qu’il paraît être, de même que la personnalité est autre chose que les multiples états manifestés, qui ne sont que les apparences extérieures et changeantes dont elle se revêt pour réaliser, selon les modes divers qui conviennent à leur nature, les possibilités indéfinies qu’elle contient en elle-même dans la permanente actualité de la non-manifestation. 

Si nous passons à l’autre point de vue, nous pouvons dire que le théâtre est une image du monde : l’un et l’autre sont proprement une "représentation", car le monde lui-même, n’existant que comme conséquence et expression du Principe, dont il dépend essentiellement en tout ce qu’il est, peut être regardé comme symbolisant à sa façon l’ordre principiel, et ce caractère symbolique lui confère d’ailleurs une valeur supérieure à ce qu’il est en lui-même, puisque c’est par là qu’il participe d’un plus haut degré de réalité. En arabe, le théâtre est désigné par le mot tamthîl, qui, comme tous ceux qui dérivent de la même racine mathl, a proprement les sens de ressemblance, comparaison, image ou figure ; et certains théologiens musulmans emploient l’expression âlam tamthîl, qu’on pourrait traduire par "monde figuré" ou par "monde de représentation", pour désigner tout ce qui, dans les Écritures sacrées, est décrit en termes symboliques et ne devant pas être pris au sens littéral. Il est remarquable que certains appliquent notamment cette expression à ce qui concerne les anges et les démons, qui effectivement "représentent" les états supérieurs et inférieurs de l’être, et qui d’ailleurs ne peuvent évidemment être décrits que symboliquement par des termes empruntés au monde sensible ; et, par une coïncidence au moins singulière, on sait, d’autre part, le rôle considérable que jouaient précisément ces anges et ces démons dans le théâtre religieux du moyen âge occidental.

 Le théâtre, en effet, n’est pas forcément borné à représenter le monde humain, c’est-à-dire un seul état de manifestation ; il peut aussi représenter en même temps les mondes supérieurs et inférieurs. Dans les "mystères" du moyen âge, la scène était, pour cette raison, divisée en plusieurs étages correspondant aux différents mondes, généralement répartis suivant la division ternaire : ciel, terre, enfer ; et l’action se jouant simultanément dans ces différentes divisions représentait bien la simultanéité essentielle des états de l’être. Les modernes, ne comprenant plus rien à ce symbolisme, en sont arrivés à regarder comme une "naïveté", pour ne pas dire comme une maladresse, ce qui avait précisément ici le sens le plus profond ; et ce qui est étonnant, c’est la rapidité avec laquelle est venue cette incompréhension, si frappante chez les écrivains du XVIIe siècle ; cette coupure radicale entre la mentalité du moyen âge et celle des temps modernes n’est certes pas une des moindres énigmes de l’histoire.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, pages 188 à 190

[ transposition analogique ] [ historique ] [ signification ]

 

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