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modèles spirituels

- Vous ne croyez pas au ciel, vous, une religieuse ?
- Si vous n'y croyez pas, pourquoi devrais-je y croire ?
- Si vous y croyiez, peut-être y croirais-je.
- Si j'y croyais, vous n'auriez pas à y croire.
- Tout le vieux fatras d'autrefois, dis-je. La foi, la religion, la vie éternelle. La bonne vieille crédulité humaine. Êtes-vous en train de me dire que vous ne les prenez pas sérieusement ? Que votre vocation n'est que simulation ?
- Notre simulation est une vocation. Quelqu'un doit faire semblant de croire. Nos vies sont aussi chargées de sérieux que si nous professions une véritable foi, de solides croyances. Comme la foi diminue de par le monde, les gens trouvent de plus en plus nécessaire que quelqu'un croie. Des ermites aux yeux fous dans des grottes. Des religieuses habillées de noir. Des moines obéissant à la règle du silence. Tous ceux-là sont là pour croire.

Auteur: Delillo Don

Info: Bruit de fond

[ exemples ] [ émulateurs ] [ influenceurs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

souvenirs posthumes

Pour tous ceux dont l’ami est mort
Le plus poignant
C’est de penser comme ils allaient vivants –
A tel ou tel moment –
Leur costume, un dimanche,
Un style de Coiffure –
Une espièglerie connue d’eux seuls
Perdue, dans le Sépulcre –

Quelle chaleur ils montrèrent, tel jour,
On s’y croirait presque –
Tant cela semble proche –
Et maintenant – ils en sont à des Siècles –

Quel plaisir ils prenaient, à vos propos –
On voudrait toucher leur sourire
Et l’on plonge ses doigts dans le gel –
Quand était-ce – Au juste –

On avait invité des Gens à prendre le thé –
Des Connaissances – un petit nombre –
Et bavardé en intime avec cette Chose Grandiose
Qui ne se souvient pas de vous –

Au-delà des Saluts, et des Invitations –
Des Entretiens, et des Serments –
Au-delà de toutes Nos hypothèses –
Voilà – le Vif du Chagrin !

Auteur: Dickinson Emily

Info: Cahier 17, 509, traduction Claire Malroux

[ deuil ] [ présence mentale ] [ élégie collective ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

stupidité religieuse

Les tentatives du même genre dans l'analyse de l'histoire peuvent être illustrées par une pensée ingénieuse exprimée dans une revue catholique de New York, lors du dernier anniversaire de la découverte de l'Amérique. Elle disait que Dieu avait envoyé Christophe Colomb en Amérique afin qu'il y eût quelques siècles plus tard un pays capable de vaincre Hitler. Cela est encore bien au-dessous de Bernardin de Saint-Pierre; cela est atroce. Dieu, apparemment, méprise, lui aussi, les races de couleur; l'extermination des populations d'Amérique au XVIème siècle lui paraissait peu de chose au prix du salut des Européens du XXème siècle; et il ne pouvait pas leur amener le salut par des moyens moins sanglants. On croirait qu'au lieu d'envoyer Christophe Colomb en Amérique plus de quatre siècles à l'avance, il aurait été plus simple d'envoyer quelqu'un assassiner Hitler aux environs de 1923.
On aurait tort de penser que c'est là un degré exceptionnel de bêtise. Toute interprétation providentielle de l'histoire est par nécessité située exactement à ce niveau.

Auteur: Weil Simone

Info: L'enracinement

[ Etats-Unis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

obsession raciale

Que Macron soit un privilégié, fils de bonne famille, élève des meilleures écoles, banquier et politicien d’élite, est exact. Qu’il soit blanc n’ajoute rien à ces atouts dans un pays démographiquement “caucasien” à 90 %. Y a-t-il un privilège noir en Afrique, un privilège chinois à Pékin, un privilège asiatique en Thaïlande ou Corée ? Les "gilets jaunes" sont-ils des privilégiés parce que blancs par rapport aux millionnaires du football antillais ou afro-descendants, les agriculteurs, les employés, les ouvriers sont-ils favorisés parce que “leucodermes” ? Dans ce cas, de quoi se plaignent ces “salauds de pauvres” incapables de reconnaître leurs avantages ? Racialiser les rapports sociaux, c’est reconduire les discriminations que l’on prétend combattre ou dissimuler celles qui existent déjà : par exemple déduire une doctrine de la couleur de peau et parler de “pensée blanche” est le geste même du vieux racisme “scientifique” du XIXe siècle. L’épiderme, la biologie déterminent les opinions, les comportements malgré soi : on se croirait dans Tintin au Congo mais renversé. Ce néoracisme antiraciste est un terrible contresens.

Auteur: Bruckner Pascal

Info: entretien, Le Figaro, 23 décembre 2020

[ anti lutte des classes ] [ nanti-racisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

séparation

Et même s'ils n'étaient pas mariés, Mathilde était sa femme. Il repensa à ces mois maudits, à ce long tunnel qu'est la maladie. Quand on perd cette bataille-là, ça veut bien dire qu'on n'est pas si fort que ça. Du cancer de sa femme il ne dirait jamais rien, et à qui en parler d'ailleurs ? Il gardait juste en tête ces petites marches qu'ils faisaient tous les deux dans les couloirs de l'hôpital, de la chambre jusqu'à la machine à café, à la fin elle avait du mal à se lever, ça lui semblait surhumain de se forcer à marcher sur deux cents mètres, mais elle le faisait, jusqu'au jour où il était allé seul lui chercher le gobelet de café tout chaud qu'elle aimait court et sucré, jusqu'au jour où elle n'a même plus parlé de boire du café, jusqu'au jour où elle n'a même plus parlé. Plus jamais il ne se croirait fort, il ferait juste semblant, il laisserait parler les apparences, le mètre quatre-vingt-quinze et les cent deux kilos, ce corps dans lequel il se cache. Il savait aussi qu'il n'aimerait plus, qu'il n'en serait plus capable, que plus jamais il ne prendrait ce risque.

Auteur: Joncour Serge

Info: Repose-toi sur moi

[ souffrance ] [ maladie ] [ couple ]

 

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abêtissement

La source d'inspiration de la soumission par le rire, c'est aussi le /ça/ - les fonctions basses du corps. Ce segment de marché est occupé par Hanouna... Ce bonimenteur, on le croirait sorti tout armé des caricatures. Lui, ce qu'il aime, c'est la chierie : tout ce qui pisse et pète lui plaît ; ça le fait surjouer ses fous rires. Avec ses gloussements de fosse sceptique, on change de public : on s'adresse aux fans des Tuche et aux cagoles de télé-réalité.

On regarde ce sadique sans surmoi avec une stupeur mêlée d'horreur : il pousse un de ses salariés à se verser des nouilles brûlantes dans le caleçon, il confesse avoir chié dans les chaussures d'un autre, ou trempé sa bite dans le verre d'un troisième. Avec lui, on dépasse le gras, le laid, le bête - on rejoint le Mal. D'ailleurs, le pétomane est aussi un caïd, que l'on appelle "Tony Hanouna" ; beaucoup d'ailleurs dénoncent ses pratiques : le "chroniqueur" Julien Cazarre l'a même menacé d'un procès pour "menaces de violences physiques" et "appels malveillants".

L'humour contestait, il oppresse ; il libérait, il soumet. Il a ainsi accompli une complète révolution : parti d'un élan vital, il est retourné à l'état fécal.

Auteur: Lafourcade Bruno

Info: L'humoriste. Eléments, n°179, août-septembre, p. 23 (2° série d'extraits).

[ TV ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

science

Prenons un chercheur qui veut se faire attribuer des crédits budgétaires. Plus son équipement coûtera cher et plus son personnel sera nombreux, mieux ce sera pour lui. Même si ses recherches ne donnent rien de valable, il aura toutes les peines du monde à le reconnaître et à changer de route, surtout si cette autre route implique moins de personnel et du matériel moins coûteux. Le système des crédits budgétaires inculque donc une conception conservatrice du problème, et une méfiance envers les autres possibilités de recherche. Ainsi, toute personne qui suggèrera qu'on abandonne un projet dispendieux et qu'on s'attaque à quelques chose de simple comme les vitamines se rendra extrêmement impopulaire auprès de ses collègues. [...]

Mon expérience m'a appris qu'à l'exception de quelques cas notables, les médecins sont des gens conservateurs, sectaires et dogmatiques. Ils doivent mémoriser tant de faits qu'ils répugnent en plus à réfléchir à ces faits ou à les relier les uns aux autres de quelques manière que ce soit. Si c'est pas dans leurs manuels, c'est pas prouvé ![...]

Il y a un siècle, "l'opinion médicale informée",comme on dit dans les manuels de médecine, affirmait que la masturbation menait aux lésions cérébrales, à la paralysie et à la démence, et les médecins acceptaient ce dogme ridicule malgré les preuves écrasantes du contraire. Que peut-on bien attendre de chercheurs qui refusent de voir ce qu'il y a sous leurs yeux ? Si nous avions attendu après la profession médicale pour nous dire que la terre est ronde, on croirait encore qu'elle est plate...

Auteur: Burroughs William S.

Info: Essais (Titre 85. Pages 238,239)

[ critique ] [ reproduction structurelle ] [ subventions ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dernières paroles

C'est du fond de mon lit que je vous parle….
J’ai encore beaucoup de peine à en parler de sang froid. Je veux seulement l’évoquer. Parce que c’est cette souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence. Calcinée jusqu’à la dernière cellule. Et c’est peut-être grâce à cela que j’ai été jetée pour finir dans l’inconcevable. Il y a eu une nuit surtout où j’ai dérivé dans un espace inconnu. Ce qui est bouleversant c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout. Je vous le jure. Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour. Il n’y a plus que l’Amour. Tous les barrages craquent. C’est la noyade, c’est l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C'est la substance même de la création. Et c’est pour en témoigner finalement que j’en sors parce qu’il faut sortir pour en parler. Comme le nageur qui émerge de l’océan et ruisselle encore de cette eau ! C’est un peu dans cet état d’amphibie que je m’adresse à vous. On ne peut pas à la fois demeurer dans cet état, dans cette unité où toute séparation est abolie et retourner pour en témoigner parmi ses frères humains. Il faut choisir. Et je crois que, tout de même, ma vocation profonde, tant que je le peux encore - et l’invitation que m’a faite Alain l’a réveillée au plus profond de moi-même, ma vocation profonde est de retourner parmi mes frères humains.
Je croyais jusqu’alors que l’amour était reliance, qu’il nous reliait les uns aux autres. Mais cela va beaucoup plus loin ! Nous n’avons pas même à être reliés : nous sommes à l’intérieur les uns des autres. C’est cela le mystère. C’est cela le plus grand vertige. Au fond je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle : de l’autre côté du pire t’attend l’Amour. Il n’y a en vérité rien à craindre. Oui, c’est la bonne nouvelle que je vous apporte……

Auteur: Singer Christiane

Info: Derniers fragments d’un long voyage

[ espérance ]

 
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attitude

Je verrai la mort d'un visage aussi calme que si j'en entendais parler. Je me soumettrai à tous les travaux, si grands qu'ils soient, soutenant le corps par l'âme. Je mépriserai également les richesses, qu'elles soient présentes ou absentes, et je ne serai ni plus triste quand elles se trouvent ailleurs que chez moi, ni plus fier si elles m'environnent de leur éclat. Je ne serai pas sensible aux allées et venues de la fortune. Je considérerai toutes les terres comme miennes et les miennes comme appartenant à tous. Je vivrai comme si je savais que je suis né pour les autres et remercierai la nature d'un pareil titre, car comment aurait-elle pu mieux conduire mes affaires ? Elle m'a donné seul à tous, elle a donnée tous à moi seul. Tout ce que j'aurai, ni je le garderai d'une manière sordide, ni je le répandrai d'une manière prodigue. Je croirai ne rien posséder mieux que ce que je donne comme il faut. J'estimerai les bienfaits ni au nombre, ni au poids, mais au prix qu'y attache celui qui les reçoit. Jamais je ne penserai donner trop à qui est digne de recevoir. Je ne ferai rien en vue de l'opinion, je ferai tout par conscience. Je croirai avoir pour témoin tout un peuple alors que j'agirai devant ma seule conscience... La limite que je m'imposerai dans le boire et le manger sera de satisfaire les besoins naturels et non d'emplir et de vider l'estomac. Je serai agréable envers mes amis, indulgent et affable envers mes ennemis. Je serai ébranlé avant même d'être prié, et j'irai au-devant des demandes honnêtes. Je saurai que ma patrie c'est le monde, que mes chefs ce sont les dieux et qu'ils sont au-dessus de moi et autour de moi surveillant mes actes et paroles. Quand la nature me redemandera ma vie ou que ma raison la fera cesser, je m'en irai en attestant que j'ai chéri la bonne conscience et les bonnes études, et que la liberté de personne n'a été diminué de mon fait, la mienne moins que toute autre.

Auteur: Sénèque

Info: Prière du matin, De la vie heureuse : p 742 dans la Bibliothèque de la Pléiade : Les Stoïciens, édité par Gallimard

 

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écrivain-sur-écrivain

Il est assez connu des gens du boulevard, ce grand bossu à la tête rentrée dans les épaules [Albert Wolff], comme une tumeur entre deux excroissances ; au déhanchement de balourd allemand, qu’aucune fréquentation parisienne n’a pu dégrossir depuis vingt-cinq ans, — dégaine goujate qui semble appeler les coups de souliers plus impérieusement que l’abîme n’invoque l’abîme !

Quand il daigne parler à quelque voisin, l’oscillation dextrale de son horrible chef ouvre un angle pénible de quarante-cinq degrés sur la vertèbre et force l’épaule à remonter un peu plus, ce qui donne l’impression quasi fantastique d’une gueule de raie émergeant derrière un écueil.

Alors, on croirait que toute la carcasse va se désassembler comme un mauvais meuble vendu à crédit par la maison Crépin, et la douce crainte devient une espérance, quand le monstre est secoué de cette hystérique combinaison du hennissement et du gloussement qui remplace pour lui la virilité du franc rire.

Planté sur d’immenses jambes qu’on dirait avoir appartenu à un autre personnage et qui ont l’air de vouloir se débarrasser à chaque pas de la dégoûtante boîte à ordures qu’elles ne supportent qu’à regret, maintenu en équilibre par de simiesques appendices latéraux qui semblent implorer la terre du Seigneur, — on s’interroge sur son passage pour arriver à comprendre le sot amour-propre qui l’empêche encore, à son âge, de se mettre franchement à quatre pattes sur le macadam !

Quant au visage, ou, du moins, ce qui en tient lieu, je ne sais quelles épithètes pourraient en exprimer la paradoxale, la ravageante dégoûtation !

[…]

En réalité, ce vomitif gredin est surtout lépreux. Il porte sur sa figure, — où tant de claques retentirent ! — la purulence infinie d’une âme récoltée pour lui dans l’égout, et il tient beaucoup plus de la charogne que du monstre.

Wolff est le monstre pur, le monstre essentiel, et il n’a besoin d’aucune sanie pour inspirer l’horreur. Il lui pousserait des champignons bleus sur le visage que cela ne le rendrait pas plus épouvantable. Peut-être même qu’il y gagnerait !…

L’aspect général rappelle immédiatement, mais d’une manière invincible, le fameux homme à la tête de veau, qu’on exhiba l’an passé, et dont l’affreuse image a souillé si longtemps nos murs.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 403-404

[ vacheries ] [ portrait ] [ métaphores ]

 

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