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serviteur

Si le Discours Capitaliste ne fait pas lien social c’est qu’il se caractérise du déni de l’impossible ("Yes we can!", "Aujourd’hui tout est possible!"...) car se fondant sur cette particularité unique que le langage y apparaît comme instrument à disposition du sujet (alors que dans les autres discours le sujet est toujours un effet du signifiant)...

Le discours capitaliste nous fait croire que le sujet se sert lui-même à travers ce qu’il lui promet tandis qu’il ne fait que concourir à la perpétuation du discours... Nous nous sentons libres au sein du strict paradigme qu'il nous offre, c'est-à-dire dans la mesure où nous servons le Marché. Nous nous sentons libres précisément à l'endroit où nous sommes le plus serfs. Rien de plus ingénieux n'avait jamais été inventé...

La plus grande des servitudes est celle qui consiste à nous imaginer totalement désaliénés.

À l'inverse, c'est lorsque que nous abandonnons ce que nous imaginons comme étant notre liberté pour nous mettre au service d'une cause, c'est-à-dire d'un discours structuré autour d'un impossible réel, que nous sommes paradoxalement libres.

En nous mettant au service de ce type de discours, nous sommes forcés d'être libres, et en énonçant: "je sers ce discours" je préfigure du même coup un certain type de lien social déterminé. C'est donc en assumant ma servitude, mon aliénation que paradoxalement je peux exercer ma liberté.

Le Maître devient superflu au moment où l'Esclave consent à le servir. Comme lorsque nous sommes amoureux. L'amour est cette force qui nous contraint et qui nous tient. Servir l'Autre ne se fait alors jamais aux dépens de notre liberté, c’en est la manifestation même...

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: publication facebook du 27.04.2021

[ libération ] [ illusion ] [ lieu d'énonciation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

question

Car à moi aussi, au fond, ce qui me semble le plus intéressant c'est ce qui se passe dans la tête du bourreau. Les victimes, c'est facile, on peut tous se mettre à leur place. Même si on n'a pas vécu ça, une amnésie traumatique, la sidération, le silence des victimes, on peut tous imaginer ce que c'est, ou on croit qu'on peut imaginer.

Le bourreau, en revanche, c'est autre chose. Être dans une pièce, seul avec un enfant de sept ans, avoir une érection à l'idée de ce qu'on va lui faire. Prononcer les mots qui vont faire que cet enfant s'approche de vous, mettre son sexe en érection dans la bouche de cet enfant, faire en sorte qu'il ouvre grand la bouche. Ça, c'est vrai que c'est fascinant. C'est au-delà de la compréhension. Et le reste, quand c'est fini, se rhabiller, retourner vivre dans la famille comme si de rien n'était. Et, une fois que cette folie est arrivée, recommencer, et cela pendant des années. N'en jamais parler à personne. Croire qu'on ne va pas vous dénoncer, malgré la gradation dans les abus sexuels. Savoir qu'on ne va pas vous dénoncer. Et quand un jour on vous dénonce, avoir le cran de mentir, ou le cran de dire la vérité, d'avouer carrément. Se croire injustement puni quand on prend des années de prison. Clamer son droit au pardon. Dire que l'on est un homme, pas un monstre. Puis, après la prison, sortir et refaire sa vie.

Même moi, qui ai vu cela de très près, du plus près qu'on puisse le voir et qui me suis interrogée pendant des années sur le sujet, je ne comprends toujours pas.

Auteur: Sinno Neige

Info: Triste tigre

[ incompréhension ] [ pédophilie ] [ homme-par-femme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

indiscrétion séditieuse

Avoir une âme tendancieusement rebelle ; haïr convulsivement les injustices à l’œuvre sous le soleil ; trembler devant le souffle bestial de ses semblables ; être étranglé par le ricanement assassin de la créature et maudire la Création, solidification trop visible de l'idée d'injustice...

Et être empêché par un reste de philosophie et par les enseignements de l'expérience de faire quoi que ce soit, renoncer à l'acte de révolte, capituler dans l'inconsolation ou dans le dans le réconfort de la vacuité.

C'est là toute la contradiction entre la réaction spontanée de ton être et la pétrification qui résulte d'une réflexion désabusée. — Lucifer a été le moins philosophe d'entre tous les anges. Ses ailes n'ont pas connu l'éreintement d'un vol lucide ; ses connaissances n'ont pas épuisé sa fraîcheur, dont émane la naïveté sublime de n'importe quelle contestation. Un ange sans expérience, noble proie de quelque amertume qui n'est pas incurable. Car croire que l'on peut améliorer quelque chose, que la créature et la Création peuvent figurer dans un meilleur ordre, c'est ne connaître la temporalité que dans ce qu'elle a d'amer, et imaginer à son terme une issue qui ne serait pas illusoire. Ses camarades qui sont restés au sein du Tout-Puissant ce sont eux qui ont tout su, parce qu'ils ont connu la vanité de toute tentation : ce sont eux qui se reposent dans le doux sommeil de l'irréparable éternité, gouvernés par la chaleur à jamais insipide, mais sûre, de leurs ailes réactionnaires. Ils logent encore dans le vieux bien divin, qui est notre mal.

Renverser le monde, impossible ; l'accepter, encore moins. Ce conflit est la formule qui résume la vie terrestre, dont le caractère irréparable fait figure de seule solution.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Divagations

[ dualité ] [ monothéisme ] [ connaissance interdite ] [ fruit défendu ] [ rebelle curiosité ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

fable

Il était une fois deux hommes qui étaient partis cueillir des lichens dans la montagne. Une nuit, ils étaient couchés tous les deux dans leur tentes. L'un dormait, l'autre veillait. Celui qui veillait vit alors que celui qui dormait sortait en rampant. Il sortit également et le suivit, mais il parvint à peine à courir assez vite pour ne pas être distancé. L'homme se dirigeait vers le glacier, en haut. L'autre vit une grande géante assise sur un pic du glacier. Elle se comportait de telle sorte qu'elle tendait alternativement les bras pour les ramener sur sa poitrine, et c'est ainsi qu'elle envoûtait l'homme pour l'attirer vers elle. L'homme lui courut droit dans les bras et elle s'enfuit en courant avec lui.
L'année suivante, les gens étaient en train de cueillir des lichens au même endroit. L'homme qui avait été enlevé vint alors à eux, il était silencieux et tourmenté, si bien qu'on tira à peine un mot de lui. Les gens lui demandèrent en qui il croyait et il dit qu'il croyait en Dieu. L'année d'après, il revint voir les mêmes gens. Il avait alors tellement l'air d'un troll qu'ils en furent épouvantés. On lui demanda tout de même en qui il croyait, mais il ne répondit pas. Cette fois-là, il resta moins longtemps qu'avant. La troisième année, il vint encore trouver ces gens. Il était devenu tout à fait troll, et horrible. Quelqu'un eut quand même le courage de lui demander en qui il croyait, et il dit croire à "Trunt, Trunt et les trolls de la montagne". Puis il disparut. Après cela, on ne le revit jamais et d'ailleurs, on n'osa plus aller cueillir des lichens en cet endroit pendant plusieurs années ensuite.

Auteur: Boyer Régis

Info: Contes Populaires d'Islande

[ gobelin ]

 

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citation s'appliquant à ce logiciel

Entre autres possibilités offertes par ses fonctionnalités informatiques, FLP aimerait explorer ce qui semble être un paradoxe : si le langage est le corpus central grâce auquel l'humain put développer des communautés toujours plus grandes et organisées, sa prise sur la compréhension de notre réalité consensuelle apparait faible, voire nulle. De plus sans réels signes d'une amélioration en ce sens puisque la complexification et la spécialisation des idiomes semble plutôt de nature à égarer et a multiplier les ambivalences. Bref cette capacité sémantique est immensément inférieure à ce qu'on pourrait croire. 

Ainsi cette limitation - qu'on pourra aussi présenter par "définir c'est restreindre" - a motivé FLP à essayer d'"ouvrir" les potentialités de l'écrit, en parallèle à un travail de désambiguïsation. C'est en ce sens que ses possibilités d'exploration "full search", combinables de moult manières avec les recherches avancées, permettent la découverte, la mise en exergue ou la clarification, d'idées/concepts que l'on pourra ensuite réorienter grâce aux citations liées ou aux chaines thématiques. Le tout, saupoudré à l'occasion de commentaires/discussions sur tel ou tel point de détail, offre un outil de recherche linguistique "Homme-machine" dont nous ne connaissons pas d'équivalent. Outil communautaire qui s'essaye simultanément à développer une base de données intelligente, intelligente au sens où ce sont des cerveaux humains qui, tout en respectant 1 règle et 2 conseils basiques, y "classent" les extraits. Avec cette idée en tête : dans quelle mesure un autre utilisateur pourra-t'il remonter jusqu'à ce fragment ? Car FLP permet de faire cela. Une telle réflexion, personnelle au sein d'un système de signes/mot/phrases collectif, ne peut se refuser à la quête rétroactive, que ce soit la sienne, ou en usant de la machine en ce sens.

Auteur: Mg

Info: 21 octobre 2020

[ étiquetage ] [ syntropie positive ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

essai

Mais enfin je vais partir, puisqu’il faut bien faire une transition, je vais partir d’une question idiote qui m’a été posée.

Ce que j’appelle une question idiote n’est pas ce qu’on pourrait croire, je veux dire : quelque chose qui d’aucune façon me déplairait – j’adore les questions idiotes – j’adore aussi les idiotes, j’adore aussi les idiots d’ailleurs, ce n’est pas un privilège du sexe. Pour tout dire, ce que j’appelle idiot, est quelque chose, à l’occasion, de tout simplement naturel et propre. Un idiotisme c’est quelque chose qu’on confond trop vite avec la singularité, c’est quelque chose de naturel, de simple, et pour tout dire, de très souvent lié à la situation. La personne en question, par exemple, n’avait pas ouvert mon livre, elle m’a posé la question suivante :

"Quel est le lien entre vos Écrits ?"

Je dois dire que c’est une question qui ne me serait pas venue à l’idée, à moi tout seul. Bien sûr, je dois dire aussi que c’est une question dont il ne pouvait pas me venir à l’idée qu’elle viendrait à l’idée de personne. Mais c’est une question très intéressante à la vérité, à laquelle j’ai fait tous mes efforts pour répondre. Et répondre, eh bien mon Dieu, comme elle m’était posée.

[…] pour dire les choses de façon qu’elles résonnent, le départ, et qui reste un lien jusqu’au terme de ce recueil, est bien ce quelque chose de profondément discuté, c’est le moins qu’on puisse dire, tout au long de ces Écrits et qui s’exprime sous cette formule, qui vient à tous et qui s’y maintient, je dois dire, avec une regrettable certitude, et qui s’exprime ainsi : "moi, je suis moi" !

Auteur: Lacan Jacques

Info: 14 décembre 1966, La logique du fantasme

[ résumé ] [ thème ] [ idiotie ]

 

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pensée édulcorée

J'appelle "chichi" le refus de voir les choses telles qu'elles sont et telles qu'elles ne sont pas. J'appelle "blabla" les discours philosophiques chichiteux qui nous invitent à ne pas voir les choses comme elles sont et à les voir autrement qu'elles sont. J'appelle "gnangnan" le blabla moral qui découle du chichi. Il y a une forme de gnangnan que je nomme le "riquiqui". Ainsi, parmi les tenants du riquiqui, il y a les "nietzschéens de gauche", c’est-à-dire ceux qui n’assument pas l’aspect qui leur semble déplaisant dans les élucubrations du penseur moustachu et, même, qui vont jusqu’à biffer purement et simplement ses apologies de l’esclavage, de la guerre, de l’inégalité des races, de la supériorité des hommes sur les femmes ou de l’Islam sur le Judaïsme. Les nietzschéens de gauche sont des nietzschéens honteux. À présent, quand je laisse traîner mes oreilles, j’entends un autre type de riquiqui s’exprimer à travers les propos de certains schopenhaueriens tout aussi honteux qui nient quant à eux, ou minimisent, le pessimisme de celui que Cioran appelait le Patron. Ah! Le pessimisme! Comme cela est inconvenant quand on professe la philosophie! Alors on vend du Schopenhauer universitairement correct, allégé, fadasse, dilué dans la moraline. Je m'attendais à ce que Machiavel subît le même sort. C'est fait. À en croire des têtes plates plus connues sous le nom de professeurs d'université, Machiavel n'a pas eu pour dessein de prodiguer aux princes des conseils pour exercer le pouvoir tantôt par la ruse, tantôt par la force, voire la cruauté, mais des maximes de "sagesse politique" afin qu'ils jettent les bases d'un État de droit. Machiavel démocrate, Schopenhauer optimiste, Nietzsche progressiste. La plus grande violence faite à un philosophe n'est pas d'interdire son œuvre, mais de riquiquïser sa pensée.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info: Publication facebook du 31 mai 2022

[ politiquement correct ] [ trahison ] [ adaptation idéologique ]

 
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catalogage

De nombreuses études cherchent à définir le profil des gens. A l'aide de QCM (questionnaires à choix médiocres), des experts nous "qualifient" et se permettent de nous ranger dans des cases, par groupes de caractères, de couleurs ou d'animaux totems. Nos faits et gestes sont expliqués par des majorités de carrés ou de triangles ou par des préférences de mots. Beaucoup de gens, à qui ont fait croire à ces "sciences humaines", agissent d'après la définition qu'on leur a donnée d'eux-mêmes. "Je suis un bleu à tendance rouge au niveau professionnel, ça explique que je sois ambitieux." J'ai envie de leur demander quelle est la couleur de la bêtise.

Grâce à des bilans de compétences fumeux, des employés lâchement licenciés pensent découvrir leur nouvelles aspirations. Il se voient tous "consultants en communication" puisque le test confirme qu'ils aiment le contact humain.

Ces études, de la plus archaïque à la plus sophistiquée, n'ont pour moi qu'un seul but : raccourcir l'humain comme on taille un buisson.

C'est le rêve caché du marketing qui veut parfaitement connaître nos comportements d'achats. Raccourcir l'humain, c'est ce qui est pratiqué lorsqu'on considère que tel ou tel programme de télévision s'adresse à la ménagère de plus de cinquante ans ou aux ados de 12 de QI. Raccourcir l'humain, c'est ce que les personnalités politiques désirent le plus au monde. Pour se faire élire en racontant ce que la "cible" veut entendre, mais aussi pour gouverner, car il est beaucoup plus simple de cocher des cases dans lesquelles on enferme des sujets plutôt que de s'adapter à une société complexe et plurielle.

L'humanité est trop élaborée pour beaucoup de décideurs. Ils tentent désespérément de la ramener à la portée de leur piètre intelligence.

Auteur: Haroun

Info: "Les pensées d'Héractète"

[ développement personnel ] [ réductif ] [ critique ] [ ressources humaines ]

 

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savoirs

Ceux qui admirent que la nature se prête si bien aux vêtements du géomètre, méconnaissent deux choses. D'abord ils méconnaissent la souplesse et toutes les ressources de l'instrument mathématique, qui, par complication progressive, dessinera toujours mieux les rapports, orientera et mesurera mieux les forces, sans gauchir la ligne droite pour cela. C'est ce que n'ont pas bien saisi ceux qui remettent toujours les principes en questions, comme l'inertie ou mouvement uniforme, et autres hypothèses solides. Ce qui est aussi sot que si l'on voulait infléchir les trois axes pour inscrire un mouvement courbé, ou bien tordre l'équateur pour un bolide. Mais, comme disait bien Platon, c'est le droit qui est le juge du courbe, et le fini et achevé qui est juge de l'indéfini. Et ce sont les vieux nombres entiers qui portent le calcul différentiel. Par ces remarques, on voudra bien comprendre en quel sens toute loi est a priori quoique toute connaissance soit d'expérience. Mais, ici encore, n'oubliez pas de joindre fortement l'idée et la chose. La seconde méprise consiste à croire que la nature, hors des formes mathématiques, soit réellement quelque chose, et puisse dire oui ou non. Cette erreur vient de ce que nous appelons nature ce qui est une science à demi-faite déjà, déjà repoussée de nous à distance convenable. Car la perception du mouvement des étoiles, d'Orient en Occident, est une supposition déjà, et très raisonnable, mais qui ne s'accorde pas avec les retards du soleil et de la lune et les caprices des planètes. Et même les illusions sur le mouvement, comme on l'a vu, procèdent d'un jugement ferme, et d'une supposition que la nature n'a pas dictée ; nos erreurs sont toutes des pensées. La nature ne nous trompe pas ; elle ne dit rien ; elle n'est rien.

Auteur: Alain

Info: 81 chapitres sur l'esprit et les passions/Les Passions et la Sagesse, la Pléiade/Gallimard 1960, p.1136

[ théorique ]

 

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argent roi

Une variante très "actuelle" du sentimentalisme idéologique que nous avons en vue, et très répandue chez les croyants eux-mêmes, est la hantise démagogique du "social". Autrefois, quand tout le monde était religieux, la pauvreté préservait les pauvres de l'hypocrisie, ou d'une certaine hypocrisie ; de nos jours, la pauvreté entraîne trop souvent l'incroyance et l'envie — dans les pays industrialisés ou touchés par la mentalité industrialiste — en sorte que riches et pauvres sont quittes ; à l'hypocrisie des uns répond l'impiété des autres. Il est profondément injuste de préférer cette nouvelle tare des pauvres à la tare habituelle — et traditionnellement stigmatisée — des riches, d'excuser l'impiété des uns par leur pauvreté sans excuser l'hypocrisie des autres par leur richesse ; si les pauvres sont victimes de leur état, les riches le sont tout autant du leur, et si la pauvreté donne droit à l'impiété, la richesse donne droit au simulacre de la piété. S'il faut plaindre spirituellement les uns, il faut plaindre et excuser sous le même rapport les autres, d'autant que la différence ne repose que sur des situations tout extérieures et facilement réversibles, et non sur la nature foncière des hommes ; on ne peut préférer les pauvres que quand ils sont meilleurs que les riches par leur sincérité spirituelle, leur patience, leur héroïsme secret — de tels pauvres existent toujours, de même que des riches détachés de leur richesse — et non quand ils sont pires par leur incroyance, leur envie et leur haine. Les Chrétiens persécutés sous Néron souffraient davantage que ne souffrent aujourd'hui les ouvriers mal payés, sans qu'aucune théologie leur accordât le droit de ne plus croire en Dieu et de mépriser sa Loi ; la tradition n'a jamais admis cette sorte de chantage économique à l'égard de Dieu.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "La transfiguration de l'homme"

[ corruptibilité ] [ détachement vertueux ] [ valeur relative ] [ fric ]

 

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