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vieillir

Est-ce grotesque ? Est-il impossible de faire comprendre à autrui une illusion aussi subjective de la beauté ? En fait, dès l'instant où ils cessèrent d'avoir vingt-trois et dix-huit ans, c'est à dire dès l'année suivante, c'était devenu l'objectif essentiel de leur vie ou plutôt face à la vie. Ils mirent de l'acharnement à s'y tenir. Ils revenaient à leur première vision, autant de fois qu'il le fallait, et l'extraordinaire jeunesse de leur apparence les y aidait.

Pourtant, cette jeunesse avait des limites. Peu à peu, ils commençaient à éviter la lumière crue du jour, tout autant que la lumière artificielle de la nuit, pour préférer l'éclairage subtil du crépuscule ou de l'aube. Dans ces lueurs floues mais naturelles, l'homme de cinquante ans et la femme de quarante-cinq ans bénéficiaient de la délicatesse innée qui ne gardait de leur visage qu'un contour. Ils avaient compris que ce n'était que dans ce halo que la nature adoucissait la cruauté de ses lois, en maintenant dans sa fraîcheur le reflet de leur lointaine jeunesse, comme une aurore sur un flanc de montagne.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Une matinée d'amour pur

[ enlaidir ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

végétarien

Ma mère était convaincue, et j'ai gardé à cet égard ses convictions, que tuer les animaux pour se nourrir de leur chair et de leur sang est l'une des plus déplorables et des plus honteuses infirmités de la condition humaine, que c'est une de ces malédictions jetées sur l'homme. Elle croyait, et je crois comme elle, que ces habitudes d'endurcissement du coeur à l'égard des animaux les plus doux, ces immolations, ces appétits de sang, cette vue des chairs palpitantes, poussent les instincts du coeur à la cruauté et à la férocité. (...) Ma mère croyait, et je le crois aussi, que cette nourriture [carnée], plus succulente et plus énergétique en apparence, contient en soi des principes irritants et putrides qui agitent le sang et abrègent les jours de l'homme ... Elle ne me laissa jamais manger de la viande avant l'âge où je fus jeté dans la vie pêle-mêle des Collèges. ... Je ne vécus donc, jusqu'à douze ans, que de pain, de laitages, de légumes et de fruits. Ma santé n'en fut pas moins forte, mon développement pas moins rapide [...]

Auteur: Lamartine Alphonse de

Info:

[ . ]

 

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normativité

L’homosexualité n’est pas un avantage, mais ce n’est pas non plus un sujet de honte, ce n’est ni un vice, ni un avilissement et on ne peut pas non plus la classer parmi les maladies, nous la considérons plutôt comme une variante de la fonction sexuelle, provoquée par un arrêt du développement sexuel [...]. C’est une grande injustice de persécuter l’homosexualité comme un crime et c’est également une grande cruauté [...]. Quand vous me demandez si je peux l’aider, je suppose que vous voulez savoir si je peux faire disparaître son homosexualité et le rendre hétérosexuel. La réponse est que, en règle générale, nous ne pouvons promettre d’y parvenir. Dans un certain nombre de cas, nous parvenons à développer les germes étiolés des tendances hétérosexuelles qui existent chez tout homosexuel, mais dans la majeure partie des cas, ce n’est plus possible [...]. Ce que l’analyse peut apporter à votre enfant est d’une autre nature. S’il est malheureux, névrosé, s’il est déchiré par ses conflits, ses inhibitions dans sa vie sociale, l’analyse peut l’aider à trouver l’harmonie, la tranquillité d’esprit, une pleine efficience, qu’il demeure homosexuel ou qu’il change.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre du 9 avril 1935

[ psychanalyse ] [ singularité ] [ guérison ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dictateur

Tous ceux qui connaissent Hitler pour l'avoir vu à l'époque héroïque du national-socialisme, savent qu'il avait un tempérament larmoyant et exagérément sentimental, avec une tendance à l'attendrissement et au romantisme. Ses crises de sanglots devant chaque difficulté intérieure n'étaient pas dues à une simple nervosité. Derrière la cruauté et l'inflexibilité d'Hitler, on trouverait le désespoir d'une inhumanité forcée et artificielle plutôt que l'amoralité du fauve obéissant à ses instincts naturels. Cependant, dans la dureté et dans le cynisme inouïs d'Hitler, il intervient encore autre chose que la passion refoulée d'un hypersensible. C'est un besoin irrésistible de venger et punir. C'est un sentiment spécifiquement révolutionnaire qui, à l'instar des nihilistes russes, le pousse à vouloir se faire à toute force, sans discernement ni méthode, le champion des humiliés et des offensés. Nous savons aujourd'hui qu'il n'y a eu pour ainsi dire aucun homme de quelque rang qui ait agi avec une telle méchanceté, avec si peu de pitié, avec une telle soif de vengeance et qui se soit montré aussi mesquin dans la répression d'injustices subies - ou soi-disant subies - qu'Hitler, dont on ne saurait, par ailleurs, citer un seul trait de générosité.

Auteur: Rauschning Hermann

Info: Hitler m'a dit

[ revanche ] [ Allemagne ]

 

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corps-esprit

On sait que l'ordinaire surestimation des fonctions intellectuelles est telle que les hommes, qui redoutent pour la plupart et dans leur folie d'être considérés comme impuissants en matière sexuelle, redoutent au moins autant d'être tenus pour des imbéciles : comme si c'était perdre tout honneur et se voir presque rayé de la carte de l'existence que d'avouer un défaut d'intelligence. Descartes illustre très bien, quoique apparemment sans y voir de malice, cette revendication universelle d'intelligence, aussi opiniâtre qu'absurde, dans la tout première phrase du Discours de la méthode : "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils n'ont." Je soupçonne fort, pour ma part, cette inflation des valeurs purement intellectuelles, manifeste dans toutes les entreprises de séparation radicale du corps et de l'esprit, d'être principalement attribuable à un fantasme mégalomane issu du souci - dont les psychiatres font aujourd'hui le centre nerveux de la névrose obsessionnelle - de couper les ponts entre la nature de l'homme et la nature de toute chose, qu'il s'agisse de l'animal ou de la matière inanimée.

Auteur: Rosset Clément

Info: Le principe de cruauté, P. 42

[ être humain ] [ peur ]

 

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doute

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.

[…]

L’espoir n’est que la méfiance de l’être à l’égard des prévisions précises de son esprit. Il suggère que toute conclusion défavorable à l’être doit être une erreur de son esprit. Les faits, pourtant, sont clairs et impitoyables. Il y a des milliers de jeunes écrivains et de jeunes artistes qui sont morts. Il y a l’illusion perdue d’une culture européenne et la démonstration de l’impuissance de la connaissance à sauver quoi que ce soit ; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et comme déshonorée par la cruauté de ses applications ; il y a l’idéalisme, difficilement vainqueur, profondément meurtri, responsable de ses rêves ; le réalisme déçu, battu, accablé de crimes et de fautes ; la convoitise et le renoncement également bafoués ; les croyances confondues dans les camps, croix contre croix, croissant contre croissant ; il y a les sceptiques eux-mêmes désarçonnés par des événements si soudains, si violents, si émouvants, et qui jouent avec nos pensées comme le chat avec la souris, — les sceptiques perdent leurs doutes, les retrouvent, les reperdent, et ne savent plus se servir des mouvements de leur esprit.

L’oscillation du navire a été si forte que les lampes les mieux suspendues se sont à la fin renversées.

Auteur: Valéry Paul

Info: La crise de l’esprit in: Variété (Pléiade Œuvres I) pp 988 et 991

[ progrès ] [ savoir ] [ éthique ] [ désespérantes dubitations ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

hypothèse

Les anorexiques sont souvent des jeunes filles […] ayant une perception aiguë des êtres et des choses, "prises" littéralement dans une faim qu’aucune nourriture ne pourra jamais assouvir. La faim, c’est la faim de l’Autre. D’un autre qui n’a pas été là pour vous apprendre à dire "je" et "tu", un autre dont l’indifférence, la cruauté ou l’état dépressif les a plongées bébé dans la prostration ou la sidération (l’évitement de la dépendance). Or la maîtrise que leur donne le fait de ne pas manger ou de se faire vomir […] est préférée au fait de supporter le poids de cette attente d’amour rendue vaine, parce que cela leur donne un pouvoir imaginaire. Le pouvoir fait comme si c’étaient elles qui ne voulaient pas de l’amour maternel, et non l’inverse. Alors qu’en réalité, elles vivent dans l’enfer quotidien de leurs crises l’impossible coupure du lien ombilical. Il faut un certain deuil en direction de la douleur et du manque pour inventer une figure autour de ce vide, de cette absence. C’est une réinvention du monde, semblable à celle que rencontre l’artiste dans son travail quotidien avec la matière, que demande le travail de guérison de ces jeunes femmes dont la faim ne pourra être assumée comme telle qu’à se reconnaître pour ce qu’elle est : sexuelle, mais aussi spirituelle.

Auteur: Dufourmantelle Anne

Info: Dans "La sauvagerie maternelle", pages 129-130

[ explication ] [ symptôme ] [ trouble du comportement alimentaire ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

remémoration

Dehors le soleil de mars était clair, des branches verdissaient et Filangeri sentit sa propre vie aussi fragile que ces minuscules bourgeons. Toute son existence il l'avait consacrée au culte de la beauté et il avait oublié qu'un rien suffisait à réveiller dans l'épaisseur de la conscience humaine la cruauté du temps des hordes. Sa mère avait été servante et son père carrier. Il pensa à eux, morts depuis tant d'années et les vit dans le décor de sa jeunesse, sur les contreforts onduleux des Apennins. Alors, tout sollicitait son amour : un renard tapi dans les herbes, un arbre gonflé de vent, un oiseau dans les nappes de soleil, la roue de la noria et son eau cascadeuse, et la lampe de porcelaine, le soir, protectrice et apaisante. Il ne s'attendrissait pas à évoquer l'enfant ébloui qu'il avait été mais trouvait dans ces souvenirs un remède contre la haine et la désespérance, car l'essentiel, devant ce corps torturé et ce regard millénaire de la douleur, était de ne pas se désunir, de ne pas glisser hors de soi, de demeurer fidèle à l'être qu'il avait construit en lui-même dans la passion de vivre et d'admirer. "Soif", gémit l'inconnu. De nouveau Filangeri se leva, se rendit au robinet et revint, les mains dans l'attitude de l'offrande, semant des gouttes qui étincelaient comme des diamants.

Auteur: Roblès Emmanuel

Info: Un printemps d'Italie

[ nature ] [ priméité ] [ équilibre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

humiliation

Les enfants dans les écoles sont une engeance impitoyable : pris séparément, ce sont des anges du ciel mais ensemble, surtout à l’école, ils sont très souvent impitoyables. Ils le taquinaient donc, un noble esprit s’est éveillé en Ilioucha. Un petit garçon ordinaire, un fils faible se serait résigné, aurait eu honte de son père, mais lui, il s’est dressé seul contre tous pour défendre son père. Son père et la vérité, la justice. Car ce qu’il a enduré alors qu’il baisait la main de votre frère et qu’il criait : "Pardonnez à mon petit papa, pardonnez à mon petit papa", cela Dieu seul le sait, et moi. Et c’est ainsi que nos petits, j’entends les nôtres, pas les vôtres, les petits des miséreux, méprisés mais nobles, c’est ainsi que, dès l’âge de neuf ans, ils apprennent à connaître la vérité sur cette terre. Les riches, comment pourraient-ils l’apprendre, eux ? De toute leur vie, ils n’exploreront jamais une telle profondeur, tandis que mon Iliouchka, au moment même où, sur la place, il lui baisait les mains, a accédé à toute la vérité. Elle est entrée en lui, cette vérité, et l’a marqué à jamais, prononça le capitaine avec passion, l’air de nouveau éperdu et, ce faisant, il frappa de son poing droit la paume de sa main gauche, comme pour montrer comment cette "vérité" avait marqué Ilioucha.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, page 262

[ réel ] [ cruauté ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sens

Il était silencieux, puis l’implora : "Écoute, Sally.

Donne-moi un autre médoc.

Il y a des rats bouillonnant dans mon ventre qui rampent et

mordent." Elle essuya son front détrempé

Avec un morceau de tissu, puis s’assit sur le lit

En tenant sa vieille main mouchetée ; la secoua, la pressant

Contre sa joue.

          De tout ceci, Seigneur –

Un vieil homme cancéreux, une épouse

Jalouse répétant toute la nuit

La litanie de ses erreurs passées,

Et une jeune adultère torride

Entre ses deux hommes – de tous ces éléments

Ordinaires de la vie commune, ces deux ou trois personnes

Qui non sans raison s’interrogent,

Une découverte peut-elle sourdre, ou un faucon s’envoler ?

Car tu n’es pas humain, tu ne tiens pas compte des personnes,

Ni sujet au dégoût ni adepte du péché,

Et tous tes chemins sont beaux.

Même tes choses qui dépérissent, la vase des mers et la charogne

Resplendissent dans l’obscurité ; même cette époque dépravée

Qui fait le mal dans ses rêves,

Ivre de tromperies et de cruautés,

Phosphorescente de guerres,

S’embrase comme une torche.

Elle a son propre honneur abandonné, et ses piliers de musique

Offerts aux pures étoiles.


Auteur: Jeffers Robinson

Info: Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, pages 27-28

[ mystère ] [ beauté ] [ horreur surpassée ] [ lila ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson