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gouvernance éclairée

Le mot latin auctoritas, racine du mot autorité, caractérise dans son sens premier le protecteur - le gardien qui s'occupe de ceux qui ne peuvent se suffire à eux-mêmes, ou le conseiller de ceux qui doutent. L'autorité, si l'on considère cette origine, signifie bien davantage qu'une simple domination. Elle englobe la protection que les parents apportent à leurs enfants aussi bien que les garanties que les lois concèdent aux adultes. Au temps des Romains, un protecteur comme l'empereur Auguste, loin d'être un représentant de l'oppression humiliante, permit, grâce à son pouvoir, l'épanouissement de ceux qui lui obéissaient. Inversement, un régime comme celui de Caligula, qui n'assura pas sa protection à ceux qui se conformaient à ses règles, fut considéré comme ayant perdu son autorité même aux beaux jours du pouvoir de l'empereur. Mais surtout l'autorité, prise au sens d'une règle ou d'un jugement qui ferait autorité, implique l'établissement de valeurs et de critères définissant ce qui est important. L'autorité établit le poids de ce qui compte pour ceux qui vivent dans son orbite. C'est une formulation de conscience : une personne ou une institution sert de conscience aux autres. L'histoire que nous avons retracée culmine dans la façon dont l'autorité s'établit aujourd'hui sur le plan visuel.

Auteur: Sennett Richard

Info: La conscience de l'oeil : urbanisme et société

[ priorités communautaires ] [ bon sens ] [ étymologie ]

 

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intellectualisme non pragmatique

Barthes n'a évidemment pas tort d'opposer Voltaire, Pascal et Rousseau : il est lui-même auprès de ces derniers. Du côté du signe, de l'expérience intime, de la nostalgie de l'être ; et le travail du langage est chargé de réaliser les desseins de l'histoire. Le marxisme vient culminer et s'abolir dans le dévoilement heideggerien. On ne peut s'étonner si les tenants de cette philosophie supportent mal ce que l'on désignerait, par opposition à l'ontologie, comme philosophie de la vérité. Voltaire est essentiellement du côté de l'énoncé, de la proposition, du vrai, non du côté des mots et de la sémantique. La philosophie du sens ou la philosophie se moque du langage se moque de la science et se soucie de l'être. La philosophie de la vérité se moque de l'être et se préoccupe de la science. L'une est sans doute capable de penser la littérature, de ne pas préférer à tout le texte. Une semblable dichotomie est, à coup sûr, grossière. Mais Barthes commentant Voltaire en vérifie les alternatives principales. Si la vérité est, comme le veut Poe, dans la consistance, (celui qui ne supporte pas la consistance se ferme à une éthique de la vérité, il lâche le mot, la proposition, l'idée, dès qu'ils "prennent" et passent à l'état de solide, de "stéréotypé"). Ce n'est pas Voltaire que gênerait le stéréotype de la vérité. Il la répéterait plutôt à la manière d'un slogan. On ne saurait abuser du langage en ce sens. Aussi l'anathème dont il frappe Voltaire engage-t'il Barthes gravement, et avec Barthes notre époque ostensiblement anti-voltairienne, parfois jusqu'à la caricature. Il vaut mieux ne pas lire Candide, de peur de se reconnaître en Pangloss.

Auteur: Dagen Jean

Info: En réaction, 20 ans plus tard, aux commentaires de Barthes dans sa préface au "Romans et contes" de Voltaire. https://www.persee.fr/doc/litts_0563-9751_1984_num_9_1_1273

[ vacherie ] [ prestige du parisianisme ] [ France ]

 

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spiritualité

On trouve, dans l'ésotérisme de l'Islam, trois étapes de la voie mystique, trois étapes qui sont, d'une certaine manière, des degrés de l'amour. La première –shari'ah– est l'étape de la prudence humaine, qui fait que nous séparons nettement ce qui nous appartient, de ce qui est à un autre: "ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est à toi." Suit une nouvelle étape –tariqah–, étape d'une première sortie de soi, d'un glissement significatif vers l'autre: "ce qui est à toi est à toi et ce qui est à moi est aussi à toi." Cette phase est consommée dans la chimie intime de l'amoureux, indépendamment de la participation de sa partenaire. Enfin, dans la troisième étape –ma'rifah– la distinction entre le "mien" et le "tien" disparaît. Entre les partenaires s'épanouit une parfaite homogénéité, une fusion intense, presque un effacement de la personne.

Je me souviens que, sans connaître le soufisme, Constantin Noica avait sa manière à lui de dire une chose semblable. Il déplorait, parfois, la médiocrité de la formule: "Ne fais pas à l'autre ce que tu n'aimes pas que l'on te fasse." Cela lui semblait d'un minimalisme inacceptable. Il aurait fallu dire, au moins: "Fais à l'autre ce qui te plaît à toi." Cela aurait un air plus généreux, plus noble. La formule idéale serait: "Fais à l'autre ce qui lui plaît."

Les versions islamique et nicassienne culminent par la perte de soi, par le déversement dans l'autre. C'est une des définitions traditionnelles de l'amour. Mais la perte de soi est seulement une moitié, la première moitié de son mouvement respiratoire. Si les choses s'arrêtent là, si après "solve" ne suit pas "coagula", l'amour reste une pure dissolution du moi, une sorte de possession médiumnique. Le cycle complet de l'acte d'amour inclut un deuxième temps, une réintégration de la personne, les retrouvailles de soi dans une variante améliorée. C'est cela, le modèle de l'amour existant entre l'homme et l'ange. Il faut nous perdre dans notre ange pour découvrir le contour personnel de notre humanité, tout comme l'ange doit se perdre, un instant, dans notre humanité, pour retourner, comblé, à la splendeur de son angélicité. 

Auteur: Plesu Andrei

Info: Actualité des anges, "L'amour de l'ange", p.180-181

[ triade ] [ incarnation-maturation ]

 

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jungle primaire

Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de la Białowieża Puszcza. Mais pour peu que vous ayez grandi dans la zone tempérée qui couvre une bonne partie de l’Amérique du Nord, du Japon, de la Corée, de la Russie et de plusieurs anciennes républiques soviétiques, ainsi que certaines parties de la Chine, de la Turquie et d’Europe de l’Est et de l’Ouest – îles Britanniques comprises –, alors quelque chose en vous en garde le souvenir. Si vous êtes né dans la toundra ou le désert, les régions subtropicales ou tropicales, la pampa ou la savane, il existe quand même des endroits sur Terre associés à cette Puszcza qui sauront stimuler votre mémoire.

Puszcza est un vieux mot polonais signifiant " forêt vierge ". À cheval entre la Pologne et la Biélorussie, le demi-million d’acres de la forêt de Bialowiesa renferme les derniers fragments européens de forêt à l’état primitif. Souvenez-vous de la forêt mystérieuse et embrumée que vous imaginiez quand on vous lisait un conte de Grimm. Ici, les frênes et les tilleuls culminent à quarante-cinq mètres de hauteur, et couvrent de leur ombre un enchevêtrement humide de charmes, de fougères, d’aulnes rugueux et de gros champignons. Les chênes, tapissés d’un demi-millénaire de mousse, sont tellement immenses qu’ils servent de garde-manger aux pics épeiches : ceux-ci creusent le tronc à sept centimètres de profondeur pour y entreposer des pommes d’épicéa. L’air, épais et frais, se pare d’un silence que seuls viennent briser les cris brefs du casse-noix, le sifflement grave d’une chevêchette d’Europe, ou la plainte d’un loup.

(...) Quel choc que de se dire que l’Europe entière ressemblait jadis à cette Puszcza. On se rend compte, en y pénétrant, que la plupart d’entre nous n’ont jamais connu qu’une pâle copie du programme originel de la nature. Ces sureaux aux troncs de deux mètres de large, ou ces gigantesques épicéas sans âge, devraient nous sembler aussi exotiques que l’Amazone ou l’Antarctique, à nous qui avons grandi près des bois de deuxième génération, chiches en comparaison, qui parsèment l’hémisphère Nord. Eh bien non, ce n’est pas le cas. Au contraire, on s’y sent en terrain connu. Une impression de plénitude en émane, au niveau cellulaire.

Étudiant en sylviculture à l’université de Cracovie, Andrzej Bobiec avait appris la gestion des forêts dans une optique productiviste maximale, notamment en se débarrassant de la couche organique " excessive ", de crainte qu’elle n’abrite scolytes et autres nuisibles. Quand il découvrit la forêt de Bialowiesa, il fut stupéfait d’y trouver dix fois plus de biodiversité que dans toutes les forêts qu’il connaissait.

Auteur: Weismann Joseph

Info: Homo disparitus, 2007

[ nature ] [ native ] [ végétale matrice ] [ Bialovèse ] [ Belovej ]

 

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