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patriarcat-matriarcat

L’échange symbolique étant fondé sur la prohibition de l’inceste, toute abolition (censure, refoulement, déstructuration) de ce niveau de l’échange symbolique signifie un procès de régression incestueuse. [...] le pervers fétichiste se définit par le fait qu’il n’est jamais sorti du désir de la mère, qui a fait de lui le substitut de ce qui lui manquait. Phallus vivant de la mère, tout le travail du sujet pervers consiste à s’installer dans ce mirage de lui-même et à y trouver l’accomplissement de son désir – en fait l’accomplissement du désir de la mère (alors que la répression génitale traditionnelle signifie l’accomplissement de la parole du Père). On voit qu’est proprement créée une situation incestueuse : le sujet ne se partage plus (il ne se départit plus de son identité phallique) et il ne partage plus (il ne se dessaisit plus de quoi que ce soit de lui-même dans une relation d’échange symbolique). L’identification au phallus de la mère le définit pleinement. Même processus que dans l’inceste : ça ne sort pas de la famille.

Il en va très généralement ainsi du corps aujourd’hui : si la loi du Père, la morale puritaine y est (relativement) déjouée, c’est selon une économie libidinale caractérisée par la déstructuration du symbolique et la levée de la barrière de l’inceste. Massmédiatiquement diffusé, ce modèle général d’accomplissement du désir ne va pas sans une qualité d’obsession et d’angoisse bien différente de la névrose puritaine à base hystérique. Il ne s’agit plus de l’angoisse liée à l’interdit œdipien, mais de celle liée au fait de n’être, au "sein" même de la satisfaction et de la jouissance phallique multipliée, au "sein" de cette société gratifiante, tolérante, lénifiante, permissive, de n’être que la marionnette vivante du désir de la mère. Angoisse plus profonde que celle de la frustration génitale, puisqu’elle est celle de l’abolition du symbolique et de l’échange, celle de la position incestueuse où le manque même du sujet vient à lui manquer – angoisse qui se traduit aujourd’hui partout dans la phobie et l’obsession de la manipulation. [...]

C’est que cette manipulation renvoie à celle, originelle, du sujet par la mère comme de son propre phallus. A cette plénitude fusionnelle et manipulatoire, à cette dépossession, il n’est plus possible de s’opposer comme à la loi transcendante du Père. Toute révolution future doit tenir compte de cette condition fondamentale, et retrouver – entre la loi du Père et le désir de la mère, entre le "cycle" répression/transgression et le cycle régression/manipulation – la forme d’articulation du symbolique.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 185 à 187

[ réification ] [ surmoi maternel ] [ dévoration ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

société marchande

Reste à établir que l'adjectif "immortel" s'applique bien à nos produits, même les plus fragiles. Il y a désormais une nouvelle forme d'immortalité : la réincarnation industrielle, c'est-à-dire l'existence de produits de série. En tant qu'objet singulier (cette vis, cette machine à laver, ce microsillon "longue durée", cette ampoule électrique), chaque produit a des performances, un domaine d'application et une durée de vie limités. Mais, si on la considère en tant que marchandise de série, la nouvelle ampoule électrique ne prolonge-t-elle pas la vie de l'ancienne qui avait grillé ? Ne devient-elle pas l'ancienne ampoule ? Chaque objet perdu ou cassé ne continue-t-il pas à exister à travers l'Idée qui lui sert de modèle ? L'espoir d'exister à nouveau dès que son jumeau aura pris sa place, n'est-ce pas une consolation pour chaque produit ? N'est-il pas devenu "éternel" en devenant interchangeable grâce à la reproduction technique ? Mort, où est ta faux ?

[...]

Quand des milliers de pages sont parties en fumée lors des autodafés de livres organisés par Hitler en 1933, aucune page absolument unique n'a brûlé, à la différence de ce qui s'était produit lors de l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie. Chacune d'elles avait en réalité des centaines ou des milliers de sœurs. Aussi ignominieuses qu'aient pu être les intentions de l’incendiaire, d'aussi mauvais augure qu'ait pu être son geste - laissant prévoir qu'il livrerait bientôt aux flammes tout autre chose que du papier -, la destruction qu'il opérait n'était encore, à ce stade, qu'une farce. Au milieu des cris de la foule qui dansait autour des bûchers, passait invisible, légère, hors de portée des flammes, une farandole moqueuse, celle des livres originaux criant : "Brûlez nos exemplaires ! Brûlez-les ! Vous ne nous brûlerez pas pour autant !" - avant de se disperser aux quatre vents. Les livres prétendument détruits vivent toujours aujourd'hui à des milliers d'exemplaires.

[...]

Certes, le monde dans lequel nous vivons n’est pas un "royaume des Idées". Mais il est incontestablement plus "platonicien" que ne l’a jamais été le monde des hommes. Et ce pour la simple raison qu’il se compose de choses qui sont en grande partie des produits de série standardisés, des produits qui ont vu le jour en tant qu’imitations ou reproductions de modèles, de plans ou de matrices. Ils doivent leur existence à des Idées. [...] Cette possibilité de réincarnation ne prend fin que lorsque l’altération touche l’ "Idée" même du produit, c’est-à-dire lorsque l’on préfère adopter un nouveau modèle. Les milliers d’objets reproduits d’après l’ancien modèle disparaissent alors progressivement ; rien de plus aisé à comprendre.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 69-70

[ cycle de vie et de mort ] [ prolifération ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écologie

La pompe biotique est un phénomène naturel qui a été mis en évidence par des chercheurs. L’étude la plus complète concernant la pompe biotique est celle conduite par une équipe scientifique russe, animée par Anastassia Makarieva et Victor Gorshkov.

Le principe de ce phénomène tient au mécanisme suivant :

1 Les espaces forestiers ont capables d’accroitre la capacité des sols à absorber l’eau de pluie en comparaison de surfaces faiblement végétalisées ou de simples surfaces agricoles. Les systèmes racinaires des arbres et la matière organique des sols forestiers favorisent la pénétration de l'eau dans les terrains qui peuvent alors stocker plus. Dans un champ sans culture (comme souvent en hiver en France) l’eau après une forte pluie s'infiltre moins facilement dans le sol, reste en surface et s’évapore ou ruisselle plus rapidement vers les cours d'eau.

2 Les arbres régulent ensuite le retour de l’eau vers l'atmosphère par évapotranspiration. C’est le résultat de processus physico-chimique de la photosynthèse, qui absorbe le gaz carbonique et l’eau pour produire de l’oxygène et les matières organiques de l’arbre, bois et feuillages.  Une partie de cette eau pompée du sol échappe à la photosynthèse et retourne à l’atmosphère par les stomates des feuilles ou des épines de résineux.

3 L’évaporation dans l’atmosphère au-dessus des massifs forestiers accentue les phénomènes de condensation et restitue de la chaleur. Cet effet par conséquent peut créer une zone dépressionnaire sur les massifs.

4 Si le massif forestier se trouve proche d’une façade maritime, la dépression peut être plus importante qu’au-dessus de la mer et engendre donc une circulation de la mer vers l’intérieur des terres, qui peut aller au-delà de la simple brise de mer, phénomène diurne.

5 Si le massif forestier est très étendu, ou si plusieurs massifs forestiers se jouxtent vers l’intérieur des continents, le flux d’air chargé en eau se propage vers l’intérieur des continents, favorisant ainsi le transport de l’eau depuis les mers et océans.

6 Même en cas de masses d’air circulant naturellement des mers vers les terres, les forêts ont cette capacité de recharger l’atmosphère en eau pour la transporter plus loin.

L’ensemble de ce processus est appelé pompe biotique.

Lorsque l’on procède à de vastes déforestations comme en Amazonie, on désamorce la pompe biotique, les précipitations diminuent et on peut créer des zones désertiques. C’est ce que l’on observe en Amazonie, ou une diminution du rythme des précipitations suit l’abattage à grande échelle de la forêt.

On voit ainsi que la forêt peut influer le climat en accompagnant le cycle de l’eau et en favorisant les précipitations.  

 

Auteur: Internet

Info: https://www.terre-du-futur.fr/pompe-biotique-definition/

[ interdépendance ] [ ​​​​​​​rivières volantes ] [ gaïa ] [ aqua simplex ] [ mécanisme météorologique vertical ] [ refroidissement terrestre ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

empathie

Le sentiment de solitude se "transmet", comme la grippe.
Une étude parue dans Journal of Personality and Social Psychology et menée par une équipe mixte de l'école de médecine de Harvard à Boston, de l'Université de Chicago et de l'Université de Californie à San Diego suggère que le sentiment de solitude est contagieux et peut de disséminer dans les réseaux sociaux tel un virus en période d'épidémie. Ainsi, le fait d'être entouré et de rester socialement connecté est aussi important pour la santé que de se laver les mains. Se sentir seul ne signifie pas forcément ne pas avoir de connections mais peut-être que celles-ci ne sont pas assez satisfaisantes.
Ce travail est le résultat de l'analyse et du suivi de plusieurs milliers de sujets pendant près de 60 ans dans la petite ville de Framingham, Massachusetts, dans laquelle la majorité des participants de l'étude se connaissent. Grâce à toutes ces informations, les chercheurs ont reconstruit le réseau social de chaque individu de cette population. Cette étude est la dernière d'une longue série qui a déjà conclue à la contagiosité d'autres caractères physiques et sociaux tels que l'obésité, fumer ou encore la joie. Dans ce nouveau travail, les scientifiques ont démontré qu'il était plus facile "d'attraper" ce sentiment de solitude de ses amis plutôt que de sa famille, que celui-ci se transmettait plus souvent parmi les femmes que parmi les hommes et qu'il était plus contagieux parmi les connections sociales proches vivant à moins de 2 km. De plus, les scientifiques observent que lorsqu'une personne connait un ami avec un sentiment de solitude, celle-ci a 40 à 65% de risques supplémentaires de se sentir seule elle aussi. De la même manière lorsque l'ami d'un ami se sent seul, les risques d'avoir aussi ce sentiment augmentent de 14 à 36% alors que le risque supplémentaire est de 6 à 26% lorsque cela concerne l'ami d'un ami d'un ami.
Pour mesurer ce sentiment de solitude, les auteurs de l'étude ont utilisé un test de diagnostic de la dépression. Il a été montré qu'une fois qu'un individu ressent cette solitude, il a tendance à se localiser sur les extérieurs du réseau social après avoir transmis ce sentiment à ses amis et à ses voisins les plus proches. Sur la périphérie, les individus se sont coupés de leurs amis ou ont perdu leurs connaissances, ce qui les fait se sentir seuls et ils ont alors tendance à transmettre ce sentiment à leurs amis restants impliquant le commencement d'un nouveau cycle. Ces travaux se rapprochent de ceux de Emile Durkheim qui, dès 1951, avait déjà proposé l'hypothèse que les suicides, bien que très personnels, étaient fortement influencés par les forces sociales.

Auteur: Internet

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[ sensibilité ] [ grégaire ]

 

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bipolarité

L’une des questions qui me paraissent les plus intéressantes sur ce sujet est celle de l’éventuelle dissolution du moi que peut entraîner l’empathie : quand on éprouve de l’empathie, qu’en est-il des frontières du moi ? Si l’on imagine une politique fondée sur l’empathie, qu’en est-il du désir individuel ? Peut-il continuer à avoir du sens ? La science-fiction explore régulièrement ce territoire, en recourant à différentes formes et degrés imaginaires d’empathie, de télépathie, voire de symbiose : le collectif Gaïa dans le "Cycle de Fondation" (1942-1993) d’Isaac Asimov ; divers télépathes et empathes dans L’Oreille interne (1972) de Robert Silverberg, Chroniques du pays des mères (1992) et le "Cycle de Tyranaël" (1994-1997) d’Élisabeth Vonarburg ou la série Babylon 5 (1994-1998) de J. Michael Straczynski ; le symbiote Solstice/Paramètre dans Le Canal Ophite (1977) de John Varley, quelques passages saisissants de Starship Troopers (1997) de Paul Verhoeven, Connectés et Mécanistes dans Étoiles Mourantes (1999) d’Ayerdhal et Jean-Claude Dunyach, la drogue empathique dans Code 46 (2003) de Michael Winterbottom ; enfin, Vulcains, Bétazoïdes ou Trills dans les différentes séries Star Trek depuis 1966 (Next Generation, Deep Space Nine, Voyager, etc.), avec notamment l’idée que la télépathie pourrait être l’unique forme possible de communication avec des espèces extraterrestres par trop différentes, autrement dit authentiquement alien (épisode "The Devil in the Dark2 (1967) dans la série Star Trek originale), idée qu’on retrouve également dans Maître des arts (1974) de William Rotsler. Mais si je me suis concentrée jusque-là sur ce qu’on pourrait appeler "l’empathie passive ou réceptrice", qui correspond à la signification la plus courante du terme, nous n’avons en fait cessé de rencontrer une possible forme symétrique, que l’on pourrait désigner comme "empathie active ou émettrice", et qui désignerait la faculté de transmettre à autrui ses émotions et ses désirs (casque sensoriel dans Strange Days (1995) de Kathryn Bigelow), et plus généralement de le manipuler ("Persuasion de Force" dans Star Wars - 1977 - de George Lucas). Or cette forme d’empathie joue certainement un rôle crucial dans les sociétés humaines et animales, car elle pose la question de la manipulation des individus et des foules, et, de façon générale, celle de l’art, de la politique, et de leurs liens (cf. l’art du kineïrat dans le cycle "La Bohême et l’Ivraie" (1990) d’Ayerdhal). La philosophie n’est d’ailleurs pas en reste sur cette question, puisque c’est déjà ce qui occupe Platon, centralement dans Ion, La République ou Les Lois (IVe siècle av. J.-C.), mais aussi dans l’ensemble de sa démarche, la philosophie se donnant précisément pour but de convaincre autrui par la raison, par opposition au sophiste qui persuade par l’émotion, c’est-à-dire la transmission empathique – avec tous les dangers que ce dernier procédé présente, et que l’histoire des hommes ne cesse de rappeler.

Auteur: Allouche Sylvie

Info: https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2014-1-page-149.htm, dernière partie de "Communication empathique, télépathique et symbiotique"

[ charisme ] [ pouvoir ] [ identification ] [ rationalisme vs emoi ]

 

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femme-par-femme

La singularité est paradoxale. Synonyme du terme "original", la singularité semble être à la fois "à l’origine de toute chose" et "différente de la norme". C’est cette dualité qu’explore Mai Tabakian, au travers d’une oeuvre complexe, qui entremêle les signifiants et les références. Une œuvre unique, avec des spécificités tant techniques qu’esthétiques, qui tranche dans le paysage de l’art contemporain et invite à visiter de nouvelles frontières. "Singularité" est une invitation au voyage. Mai Tabakian crée des œuvres singulières qui mettent en dialogue par le biais d’un langage fait de signifiants asiatiques et de signifiés européens; à l’image de l’œuvre (...) Comme chez les Grecs, le mythe se mêle aux mathématiques dans l’œuvre de Mai Tabakian. Les cibles de "Flying Targets" sont une mise en abîme de la spirale de l’œuvre. Elles semblent comme aspirées par un invisible trou noir, au centre duquel se trouve la "singularité", selon les termes scientifiques de l’astronomie. La singularité est le point infinitésimal où est concentrée toute la matière de l’étoile ; ou pourrait-on dire de "L’étoile noire", cette œuvre forte de l’exposition, qui domine l’ensemble des "Nucleus". Autour de la singularité se trouve "l’horizon des événements", une région de l’espace où rien ne peut échapper à sa gravité, pas même la lumière. Une région mouvante et aspirante qui nous captive, qui nous hypnotise et nous amène, tel un cycle cinétique perpétuel à la spirale de "Spectrum Invaders". (...) En littérature, la "singularité" c’est l’être au monde de l’auteur, c’est cette permanence qui le rend tout à la fois en rapport avec le monde et hors du monde. Cette singularité s’incarne dans le style*. Le style dit à la fois tout du monde, tout d’un monde, et tout de l’impossible compréhension globale du monde. D’aucun pense souvent que le style se donne à voir immédiatement. Mais ici, le "style" est un mystère. Le fil ne tisse pas l’œuvre, il ne joue pas un rôle de l’ombre entre les étoffes, mais il s’affirme comme le trait du dessin, comme acte créateur, visible, existant à part entière. L’œuvre de Mai Tabakian est aussi singulière en ce sens qu’elle affirme un acte d’existence, un féminisme assumé, sans en faire pour autant un sujet à traiter. Sa technique spécifique, son traitement du tissu et son usage du fil, son goût pour l’éclatement des couleurs est un langage de la singularité féminine dans la création, notamment contemporaine, qui n’est pas sans rappeler les œuvres de Louise Bourgeois ou de Nikki de Saint Phalle. Dès lors que l’on a posé cela, il ne peut être anodin que la fleur, la rosace, le cercle et le cycle soit des figures omniprésentes du travail de l’artiste. Les oeuvres de Mai Tabakian sont des litotes complexes du monde. Elles disent le "tout", elles disent l’universel, par la singularité; c’est à dire l’unicité, l’étrangeté aussi, l’affirmation d’être en tout cas.

Auteur: Poizat Céline

Info: http://www.maitabakian.com/2016/03/singularite-texte-de-celine-poizat.html

[ beaux-arts ] [ exister ]

 

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dix-neuvième siècle français

Il y a d’abord l’Ancien Régime, ceux qui l’ont connu ou lui ont survécu. On vit largement, on dépense plus largement encore et parfois sans compter, quelles que soient les ressources dont on dispose, persuadé qu’on finira bien par trouver l’argent quelque part, héritage ou pension, et qu’il n’est nullement déshonorant pour un homme bien né d’accumuler les dettes et de ne pas les payer. On s’entend bien avec ses paysans et ses domestiques dont on ne conçoit pas qu’ils puissent espérer, en fait et en droit, un sort différent du leur. On est souvent généreux à leur endroit, volontiers philanthrope, amateur d’idées nouvelles et de réformes ; on lit les philosophes, on se moque des prêtres. […]

La Révolution arrive, on émigre, ou l’on meurt (pas tellement), ou l’on se bat (moins encore), ou l’on fait le gros dos, on l’on se rallie à l’Empire. En 1815, on revient, sans avoir rien oublié mais en ayant tout de même un peu plus appris qu’on ne l’a dit en général. On sait en particulier que l’argent et le pouvoir sont des biens qu’il convient de ne pas gaspiller, de ne pas laisser passer en d’autres mains, et que cela implique quelques sacrifices par rapport à la frivolité d’antan. La noblesse de province dispose alors, et c’est la première fois, du pouvoir politique : c’est elle qui vote, c’est dans ses rangs que se recrutent les députés. Le pouvoir politique dépendant du pouvoir économique, on dépense moins, on surveille la rente, on commence à spéculer, on flirte avec les gens de finance […] et surtout on s’occupe de récupérer, de faire fructifier ce qui a été, demeure et demeurera longtemps encore […] la base de la puissance et du prestige social de l’aristocratie : la terre. On constitue des majorats, on augmente les domaines, on surveille de très près les paysans, on évite le morcellement par héritage […]. Des maîtresses encore, le jeu parfois, à Paris, et la vie à grandes guides mais dans l’ensemble, fini de rire : on pense bien, on va à la messe, on croit à la famille, à l’alliance du trône et de l’autel […].

Arrive 1845, les chemins de fer, les Rothschild, les saint-simoniens, les parvenus de l’Empire, les délices de la banque, l’époque des grands mouvements de capitaux, des "fabriques" qui deviennent usines, de la spéculation immobilière et des fortunes coloniales. Certains boudent ou ne quittent pas leurs terres qui, d’ailleurs, suffisent largement à leurs besoins. D’autres entrent dans le circuit, s’y débrouillent parfois fort bien, fondent des compagnies, prêtent leur nom ou, plus simplement, épousent les héritières des industriels orléanistes et des financiers juifs, en attendant les Américaines, les irrésistibles de l’acier ou du pétrole. En somme trois étapes correspondant à trois générations : la douceur de vivre ; le repliement sur la vertu, la religion, la rentabilité agricole ; le passage aux grandes affaires, l’argent.

Auteur: Fermigier André

Info: Préface d'"Une vie", éditions Gallimard, 1974, pages 22-24

[ triade ] [ cycle ] [ contexte ]

 

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quête

Nous ne sommes pas égaux devant le temps. Toute forme - ou structure - fait partie d'un cycle et est poussière qui retourne à la poussière ; que ce soit une planète, une goutte d'eau ou un moustique. Toutes sont mouvantes, avec des durées de vies infiniment diverses. Dans ce processus la vie fragile, très instable de par sa faculté d'adaptation, apparait, se développe et se propage, un peu comme le feu dans une forêt, investissant le temps et l'espace. Nous pouvons donc entrevoir, hors notre existence si courte d'individu, qu'une filière de vie, parlons de notre planète, peut perdurer sur des centaines de millions d'années, ce qui est déjà phénoménal à notre échelle de conscience.

Les modèles physiques du cosmos - c'est à dire nos représentations spatio-temporelles actuelles de l'univers - semblent s'être grandement élargies, en tout cas par rapport à celles des hommes d'il y a quelques millénaires, voire quelques centaines d'années. Ces représentations actuelles s'appuient sur une science post Leibniz, cybernétique, alors qu'elles furent pendant longtemps beaucoup plus, disons, oniriques, animistes ou mythiques. Elles sont donc actuellement "mesurées", "cataloguées", "calibrées", bref plus fouillées... Mais est-ce bien une hypothèse correcte ? Une amélioration ?

La question est donc de savoir si la vie, en tant qu'hyper structure de la matière, est supposée rejoindre quelque chose de spirituel - donc d'intemporel - ou si elle doit simplement auto-affiner le cataloguage de son propre environnement.

Car il y a complexification, quelle que soit la manière de voir l'évolution. Mais est-ce un simple cul-de-sac ou a vie a-t'elle un but téléologique ?  Doit-elle renforcer quelque "esprit", de manière à nourrir un autre continuum pour des buts qui nous échappent ?

Avec une temporalité qui n'est qu'un simple outil, support unidirectionnel, destiné à permettre le développement de structures qui s'organisent les unes les autres de par leurs interactions, tout ceci étant peut-être même supervisé et orienté par quelque divinité locale - comme dans une éprouvette manipulée par un étudiant d'une forme de vie en regard de laquelle nous ne serions que d'improbables microbes.

Ou alors est-ce juste le HASARD ? Tel un aveugle aux sens obturés, tâtonnant... qui, devant l'infinitude des possibilités, aurait trouvé et élargi une brèche sur une plage vibratoire donnée. Niveau d'énergie permettant l'émergence (qui nous apparait miraculeuse) du subtil équilibre-échange entre la brute énergie photonique solaire et les atomes-molécules plus lents de notre planète satellisée. Tout ceci par le truchement du carbone et de la photosynthèse. Une vie qui aurait comme l'impression de s'auto observer et donc prendrait conscience de sa propre existence. Et par là même créerait le temps.

Cet HASARD tâtonnant s'appellerait alors : Dieu.

Un Éternel dotés de deux  subalternes locaux - en ce qui nous concerne bien sûr.

Le Soleil...

Et  le CO2, atome tétravalent aux stupéfiantes possibilités combinatoires, assisté ses principaux lieutenants-cousins : hydrogène, azote et oxygène.

Auteur: Mg

Info: 2 août 2009

[ question ] [ corps-esprit ] [ religion ] [ extraterrestres ] [ indéterminisme ] [ théologie ]

 

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mâles-femelles

Cet oiseau doit avoir entendu chanter son père pour se choisir un bon partenaire
Chez le Diamant mandarin, la femelle ayant grandi en l'absence d'un père ne réagit pas comme les autres oiselles au chant de ses prétendants. Le milieu dans lequel grandissent les oiseaux peut avoir un effet déterminant sur leur comportement.
Publié dans la revue Proceedings of the Royal Society B par des chercheurs de McGill, ce constat montre que l'apprentissage et l'expérience, y compris les stimulus auditifs reçus pendant le développement, peuvent façonner la perception des signaux vocaux par le cerveau.
La présente étude vient enrichir l'idée voulant que certaines expériences sont nécessaires au développement du cerveau et, à l'inverse, que l'absence de certains stimulus peut avoir des effets à long terme sur la perception, le traitement de l'information et le comportement.
Le chant fait partie des signaux d'appel nuptial que guettent les oiseaux chanteurs pour trouver un partenaire.
Chez le Diamant mandarin, le mâle n'a qu'un chant, mais il en exécute une version particulièrement mélodieuse lorsqu'il fait la cour à une femelle. Or, de plus en plus de données indiquent que la femelle choisit son soupirant en fonction de la beauté de cette "version améliorée", qui la renseigne sur la qualité, la condition et la forme physique du prétendant.
Vu l'importance de la perception des variations subtiles du chant mâle chez cette espèce, les scientifiques croyaient cette aptitude innée chez la femelle.
Afin de vérifier cette hypothèse, Sarah Woolley, professeure au Département de biologie de l'Université McGill, et Nancy Chen, étudiante aux cycles supérieurs, se sont demandé si l'exposition au chant du mâle adulte pendant le développement influait sur la réaction de la femelle à ce chant.
"Comme la femelle se fonde sur la qualité du chant pour choisir le mâle, nous nous attendions à ce qu'elle ait un penchant pour les chants particulièrement mélodieux", explique la Pr Woolley. Or, les chercheuses ont constaté que la capacité d'un oiseau de distinguer un chant nuptial d'un autre type de chant variait en fonction de l'enfance de l'individu.
Les oiselles ayant grandi avec leurs deux parents réagissaient "normalement", ayant une préférence pour le chant nuptial de leurs prétendants. En revanche, celles qui n'avaient pas été bercées par le chant paternel n'affichaient pas forcément ce penchant.
En d'autres termes, la femelle doit avoir entendu son père gazouiller pour être réceptive au soupirant le plus doué pour lui chanter la pomme.
"Dans la nature, la probabilité qu'une femelle grandisse en l'absence d'un père ou d'un tuteur est très faible, fait observer la Pre Woolley. Cela dit, nos observations pourraient vouloir dire que le milieu dans lequel grandissent les oiseaux influe sur leurs préférences en matière de chant. Déjà, nous savons que les oiseaux mâles peuvent modifier leur chant pour le rendre plus audible dans le bruit des villes. Nos données pourraient néanmoins indiquer que chez la femelle, la capacité de percevoir ce chant est modifiée en fonction des airs ayant bercé son enfance."

Auteur: Internet

Info: http://www.techno-science.net/?onglet=news&news=16490, Yining Chen & co, Proceedings of the Royal Society B., Etude financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada

[ éducation ] [ musique ]

 

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âge de fer

Le houtouktou de Narabanchi me raconta ceci quand je lui fis une visite à son monastère au commencement de 1921 :

— Quand le Roi du Monde apparut devant les lamas, favorisés de Dieu, dans notre monastère, il y a trente ans, il fit une prophétie relative aux siècles qui devaient suivre. La voici :

"De plus en plus les hommes oublieront leurs âmes et s’occuperont de leurs corps. La plus grande corruption régnera sur la terre. Les hommes deviendront semblables à des animaux féroces, assoiffés du sang de leurs frères. Le Croissant s’effacera et ses adeptes tomberont dans la mendicité et dans la guerre perpétuelle. Ses conquérants seront frappés par le soleil mais ne monteront pas deux fois ; il leur arrivera le plus grand des malheurs, qui s’achèvera en insultes aux yeux des autres peuples. Les couronnes des rois, grands et petits, tomberont : un, deux, trois quatre, cinq, six, sept, huit… Il y aura une guerre terrible entre tous les peuples. Les océans rougiront… la terre et le fond des mers seront couverts d’ossements… des royaumes seront morcelés, des peuples entiers mourront… la faim, la maladie, des crimes inconnus des lois, que jamais encore le monde n’avait vus.

Alors viendront les ennemis de Dieu et de l’Esprit divin qui se trouvent dans l’homme. Ceux qui prennent la main d’un autre périront aussi. Les oubliés, les persécutés, se lèveront et retiendront l’attention du monde entier. Il y aura des brouillards et des tempêtes. Des montagnes dénudées se couvriront de forêts. La terre tremblera… Des millions d’hommes échangeront les chaînes de l’esclavage et les humiliations, pour la faim, la maladie et la mort. Les anciennes routes seront couvertes de foules allant d’un endroit à un autre. Les plus grandes, les plus belles cités périront par le feu… une, deux, trois… Le père se dressera contre le fils, le frère contre le frère, la mère contre la fille. Le vice, le crime, la destruction du corps et de l’âme suivront… Les familles seront dispersées… La fidélité et l’amour disparaîtront… De dix mille hommes, un seul survivra… il sera nu, fou, sans force et ne saura pas se bâtir une maison ni trouver sa nourriture…

Il hurlera comme le loup furieux, dévorera des cadavres, mordra sa propre chair et défiera Dieu au combat… Toute la terre se videra. Dieu s’en détournera. Sur elle se répandra seulement la nuit et la mort. Alors j’enverrai un peuple, maintenant inconnu, qui, d’une main forte, arrachera les mauvaises herbes de la folie et du vice, et conduira ceux qui restent fidèles à l’esprit de l’homme dans la bataille contre le mal. Ils fonderont une nouvelle vie sur la terre purifiée par la mort des nations. Dans la centième année, trois grands royaumes seulement apparaîtront qui vivront heureux pendant soixante et onze ans. Ensuite il y aura dix-huit ans de guerre et de destruction. Alors les peuples d’Agharti sortiront de leurs cavernes souterraines et apparaîtront sur la surface de la terre."

Auteur: Ossendowski Ferdynand

Info: Dans "Bêtes, hommes et dieux", traduit de l’anglais par Robert Renard, éditions Phébus, Paris, 1995, pages 306-307

[ manvantara ] [ cycles temporels ] [ kali yuga ] [ fin du monde ]

 

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