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accalmie

Trois jours et trois nuits, les vents déferlèrent sur les crêtes de l’île avec un extraordinaire acharnement. On ignore pourquoi ils déchargent ici leur furie. Leurs assauts cessèrent au quatrième jour, et dans ce calme tant attendu apparut le casque d’or du soleil dont les rayons firent brasiller la plaque argentée des eaux.

Auteur: Coloane Francisco

Info: Le golfe des peines

[ apaisement ]

 

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croisière

- Hé les suisses! Déjà installés dans l'autocar, une triplette de français croisés précédemment à Delphes salue notre arrivée. Une fois au port les bus déchargent tamouls, russes, coréens, noirs américains... grecs... sud-américains... arabes sous voile ou enturbannés. Tous se retrouvant au restaurant du pont inférieur, enveloppés par le grondement des moteurs, le bain musical d'inusables best-sellers internationaux entrecoupés de manière intermittente par les annonces des organisateurs que ponctuent discussions, bruits de vaisselle et autres cris d'enfants. Avec, par dessus, les regards affutés du personnel à l'aguets du client-passager rieur, ou absent, ou inquiet... souriant, rêveur, baillant, désabusé... la bouche pleine... Qu'il faut faire consommer - avec méthode - alors que le décor mer-îles défile, imperturbable, sous le soleil d'avril.

Auteur: Mg

Info: avril 2018

[ cosmopolitisme ] [ brouhaha ] [ tourisme de masse ]

 

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défoulement

La subversion des comiques, dont ils ne manquent pas de se vanter haut et fort (ce qui devrait quand même faire naître la suspicion), n’est que le masque d’une tendance agressive qu’ils partagent en général avec le public, et dont ils se déchargent en commun en s’en prenant au "système". Bref, si de toute évidence ça peut faire du bien, au sens où cela nous économise une inutile dépense de colère ou de hargne, pour mieux nous réconcilier avec ce qui nous fâche, dans un conformisme d’autant plus rassurant qu’il ne s’apparaît pas comme tel, cela n’a rien à voir avec la subversion humoristique, discret retournement du sérieux contre lui-même, au nom même d’une gravité que le sérieux ordinaire tend à voiler.

Auteur: Cusset Yves

Info: Rire : Tractatus philo-comicus

[ rigoler ] [ exutoire convenu ]

 

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pornographie

Dans l'auberge du Simplon, dont le papier représente les Anglais en Chine, comme un roman de Méry, un parapilla ailé et monstrueux s'introduit dans la bouche de Lady Bentinck, qui s'écrie "Very delicious !" Les canons sont transformés en membres qui déchargent, les roues forment les couilles, les canons, la pine, et la fumée simule la mousse éjaculatoire : ces embellissements priapiques sont dûs au crayon libidineux de jeunes rapins français.
A Domodossola, les lieux, que quinze heures de route nous faisaient un devoir de visiter pieusement, pour y déposer nos libations, présentaient un aspect enchanteur et féerique ; ils étaient peints à fresque et représentaient des bouquets de roses qui s'épanouissaient comme des trous du cul de blondes, avec une touche de pourpre au milieu. Il est fort agréable de s'accroupir, ayant l'oeil sur ces anus fleuris, ou sur ces fleurs anales, dépliant leurs pétales : les fronçures d'un sphincter, prêt à boire une pine, ou à vomir un étron.

Auteur: Gautier Théophile

Info: extrait d'une Lettre à la Présidente 1850

[ littérature ]

 

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deuil

Le vieil écrivain était malade.
On feuilletait chez le libraire son dernier bouquin
et il me semblait assister à une vente aux enchères.
Sur la couverture, je m'attendais à voir
ses boutons, de chemise ou leur chiffre bizarre,
ses lunettes et son fume-cigarettes bon marché.

C'est hier qu'il est mort.
Les livres de sa bibliothèque,
des in-folios satinés, bien nourris,
des parchemins pelés et des albums pâlis
seront expédiés aux bouquinistes, en plein hiver.
Le vieux ne supportait pas qu'ils aient froid,
ni qu'ils soient seuls. Ils ont gardé peut-être
l'encre de son sang.

Maintenant tous ces bouquins vont être éparpillés,
leur peau se crispe de terreur,
les miroirs se déchargent de son image,
ses vêtements se liquéfient dans la commode
et dans son paquet de tabac chantent les cigales.

Désormais ces bouquins vont pâlir un peu
et je les empile, rayons compris, dans ma mémoire…
Sans broncher, il me conseillait de ne pas faire l'amour
"en présence des livres"
et c'est la première fois que je ne souris pas.

Les fenêtres s'éteignent,
le matou, plus décrépit que les fauteuils, s'esquive,
et je descends les marches usées de la maison du vieux
lorsque soudain,
à l'improviste, vers la chambre défunte
sortent de l'ascenseur, en me frôlant,
m’écrasant presque,
les jambes de sa fille, gainées de noir...

Auteur: Tomozei Gheorghe

Info: In 30 poètes roumains de Irina Radu, (p. 201-203, traduit du roumain par Irina Radu). Le vieillard et les livres

[ collection personnelle ] [ dispersion ] [ femmes-hommes ] [ théorie-pratique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cité imaginaire

On atteint Despina de deux manières : par bateau ou à dos de chameau. La ville se présente différemment selon qu’on y vient par terre ou par mer.

Le chamelier qui voit pointer à l’horizon du plateau les clochetons des gratte-ciel, les antennes radar, battre les manches à air blanches et rouges, fumer les cheminées, pense à un navire, il sait que c’est une ville mais il y pense comme à un bâtiment qui l’emporterait loin du désert, un voilier qui serait sur le point de lever l’ancre, avec le vent qui déjà gonfle les voiles pas encore larguées, ou un vapeur dont la chaudière vibre dans la carène de fer, il pense à tous les ports, aux marchandises d’outre-mer que les grues déchargent sur les quais, aux auberges où les équipages de diverses nationalités se cassent des bouteilles sur la tête, aux fenêtres illuminées du rez-de-chaussée, avec à chacune une femme qui refait sa coiffure.

Dans la brume de la côte, le marin distingue la forme d’une bosse de chameau, d’une selle brodée aux franges étincelantes entre deux bosses tachetées qui avancent en se balançant, il sait qu’il s’agit d’une ville mais il y pense comme à un chameau, au bât duquel pendent des outres et des besaces de fruits confits, du vin de datte, des feuilles de tabac, et déjà il se voit à la tête d’une longue caravane qui l’emporte loin du désert de la mer, vers des oasis d’eau douce à l’ombre dentelée des palmiers, vers des palais aux gros murs de chaux, aux cours sur les carreaux desquelles dansent nu-pieds les danseuses, remuant les bras un peu dans leurs voiles et un peu en dehors.

Toute ville reçoit sa forme du désert auquel elle s’oppose ; et c’est ainsi que le chamelier et le marin voient Despina, la ville des confins entre deux déserts.

Auteur: Calvino Italo

Info: Les villes invisibles

[ relativité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel