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texte-image

Le dernier tableau, enfin, représentait le pic d'un glacier s'élançant vers un ciel d'hiver. Les rayons du nord envoyaient à l'horizon leurs légions de dards. Sur le premier plan, on apercevait une tête colossale appuyée sur le glacier. Deux mains délicates croisées au-dessous du front couvraient d'un voile noir le bas de la figure. On ne voyait qu'un front pâle, des yeux fixes, creux et désespérés. Au-dessus des tempes, au milieu d'un turban déchiré et de draperies noires vaguement indiquées, brillait un cercle de flammes blanches parsemées de pierres précieuses d'une teinte plus vive que le reste du tableau. Cette pâle auréole était l'emblème d'un diadème royal, et elle couronnait un être qui n'avait pas de corps.
- Étiez-vous heureuse, quand vous avez fait ces dessins ? me demanda M. Rochester.

Auteur: Brontë Charlotte

Info: Jane Eyre

[ art pictural ]

 

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littérature

Le ciel seul offrait un peu de variété. Même lorsqu'il formait une parfaite unité bleue, pure toile de fond, scène vide, on sentait bien que les nuages patientaient en coulisse au-delà de l'horizon, préparant mille façons de ne pas rater leur entrée: par moutonnement eczémateux, par fils croisés, plaques tenaces, coulées, par zébrures ou par diffusion, se défaisant en fibrilles comme au contact de l'air, se tassant comme des semences en forme d'organes d'où jaillissait la pluie. On les voyait légers, profilés, étincelants, indécis, flous - entrouverts ou déchirés. S'ils survenaient principalement en bandes, certains anachorètes ou francs-tireurs passaient à d'autres altitudes sans se mêler, s'ignorant, tout enflés d'un dédain montgolfier. Parfois, sans prévenir, l'un d'eux se suicidait en soluté crémeux, laissant en souvenir de lui quelque nébulosité pellucide, flottant survêtement d'ange gardien."

Auteur: Echenoz Jean

Info: l'équipée malaise

[ nature ] [ eau ] [ vapeur ]

 

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charité déculpabilisante

A l’origine, le bourgeois médiéval est déchiré entre sa foi chrétienne et les impératifs de sa fonction économique, plus tard entre son idéal de liberté et de justice et la nécessité d’organiser et d’exploiter la nature et la main d’œuvre. [...] Le bourgeois doit se justifier de ses privilèges de classe devant le tribunal de l’opinion, et celui de sa conscience. Le seigneur passait, hautain, sur son destrier, sans même jeter un coup d’œil sur ses serfs, le patron doit se persuader qu’il travaille pour ses ouvriers. Le grand vice de la pensée bourgeoise est moins d’avoir refusé la mise en cause de sa situation économique – elle a inventé le socialisme – que d’esquiver sa situation spirituelle. [...] Autant que pour émanciper économiquement le prolétariat, le socialisme fut peut-être inventé pour sauver spirituellement l’intelligentsia bourgeoise.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 245

[ contradiction ] [ christianisme ] [ bonne conscience ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cadavre

Le légiste releva le drap très lentement, laissant apparaître la dépouille gonflée de Stott dont les chairs se détachaient des os. Hazen avait détourné machinalement les yeux; honteux, il se força à regarder le corps. Il avait vu pas mal de choses répugnantes dans sa vie, mais jamais rien d'aussi éprouvant. la peau s'était déchirée au niveau du torse, comme si elle avait rétréci, laissant échapper des lambeaux de chair. Le même phénomène s'était produit à hauteur du visage et des hanches. Des rigoles de graisse, échappées des étranges blessures, s'étaient figées au contact du métal froid, formant des flaques blanchâtres. Le corps n'avait pourtant pas attaqué par les vers. Plus curieux encore, un morceau de chair avait été arraché au niveau de la cuisse gauche et l'on apercevait nettement des trâces de morsure. Sans doute un chien. Le meilleur ami de l'homme; dit-on. Hazen en avait la nausée.

Auteur: Child Lincoln

Info: Les croassements de la nuit. Ecrit avec Preston Douglas

[ dégoût ]

 

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contraintes d'écriture

Je me rends compte que mon oeuvre, si elle a éclairé mon époque, a aussi intimidé les hommes de lettres. Je choisis de devenir le Père du Roman. Je m'y prends ainsi : je distribue des schémas à chaque écrivain ; je les appelle schémas, en réalité ce sont des sentences. Je leur dis : "Roman de cent quatre-vingt-dix pages ; personnages : six féminins, quatre masculins ; un homicide, un adultère, cadre luxueux, bassesse morale, inflation, coup d'État final." Ou bien : "Riche famille déchirée par des passions inavouables, de la luxure à la philatélie ; homicides : trois ou quatre ; fornications réalistes, appartement de cinq pièces avec vue sur la mer." Ou bien, avec l'audace qui me caractérise désormais : "Inceste entre nouveau-né et bisaïeule qui tire les tarots, ambiance d'inspiration orientale." Puis je relis, je corrige, je donne le bon à tirer : c'est l'époque des Chefs-d'oeuvre grégaires.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 59

[ littérature ] [ despotisme ] [ fantasme ] [ directives ] [ rédaction ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

décor

Pourpres ou azurés, passés au lavis ou nimbés d'un halo lumineux, brumes et nuages ont leur palette en accord avec celle des rochers et de la végétation. On les voit monter de la vallée vers le sommet et évoluer d'un mont à l'autre, les entraînant dans un processus de métamorphoses perpétuelles. Comme pour accomplir un rituel sacré, avant l'aube on se rend sur la haute terrasse ou sur le mont Lion-accroupi pour voir les flots de nuages déchirés par le soleil levant, et le soir, irrésistiblement, on se dirige vers l'ouest, jusqu'au belvédère Nuages-déferlants pour voir les marées de nuages emporter le soleil couchant. A ces heures la nature même, avec ses monts, ses pins, ses rochers, le Singe-contemplant-l'océan, la Déesse-offrant-des-fleurs, l'Immortel-séchant-ses-bottes, silhouettes soudain figées là, au premier plan, semble frappée de stupeur. Spectacle grandiose auquel on ne se lasse pas de participer, tant il change de lumière et d'aspect à chaque instant.

Auteur: Riboud Marc

Info: Huang Shan

[ crépuscule ] [ nébulosité ]

 

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féminisme

L’identification au corps de souffrance vous empêche donc de composer avec lui. Certaines femmes ayant déjà suffisamment de conscience pour avoir mis de côté leur identité de victime sur le plan personnel s’accrochent tout de même encore à l’identité de victime sur le plan collectif en prononçant des phrases du genre "ce que les hommes ont fait aux femmes". Elles ont raison, mais elles ont également tort. Elles ont raison en ce sens que le corps de souffrance féminin collectif est dû en grande partie à la violence que les hommes ont infligée aux femmes et à la répression du principe féminin sur toute la planète depuis des millénaires. Elles ont tort si elles s’identifient à ce fait et se maintiennent ainsi emprisonnées dans une identité collective de victime. Si une femme est encore déchirée par la colère, le ressentiment ou la condamnation, c’est qu’elle s’accroche encore à son corps de souffrance. […] Si les femmes se coupent des hommes, cela génère une sensation de division et donc un renforcement de l’ego.

Auteur: Tolle Eckhart

Info: Dans "Le pouvoir du moment présent" pages 186-187

[ haine ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

homme-animal

L’oiseau se satisfait de quelques graines, de vers de terre, d’un arbre où nicher et de grands espaces pour voler ; sa vie se déroule de sa naissance à sa mort au rythme d’une aventure qui ne sera jamais déchirée par le désespoir métaphysique ni par la folie. L’homme, en se levant sur ses deux pattes de derrière et en transformant de ses mains la première pierre effilée en hache, a jeté les bases de sa grandeur et l’origine de son angoisse. Avec ses mains et les instruments fabriqués par ses mains, il a érigé un édifice puissant et étrange qui a pour nom culture et qui a marqué le début de son grand déchirement. Il a cessé à jamais d’être un simple animal mais ne sera jamais le dieu que son esprit lui suggère. L’homme est un être duel et malheureux, qui se déplace et vit entre la terre des animaux et le ciel de ses dieux, qui a perdu le paradis terrestre de l’innocence, sans avoir pour autant gagné le paradis céleste de la rédemption.

Auteur: Sabato Ernesto

Info: Héros et tombes (ou) Alejandra

[ séparation ] [ différenciation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

solitude

Je ris aussi je crois, je suis heureuse, là, tout de suite, dans l'engourdissement du sommeil, et si c'était ça le bonheur, pas même un rêve, pas même une promesse, juste l'instant.
Moi, je m'en fous pas mal qu'il y ait plusieurs mondes dans le même monde et qu'il faille rester dans le sien. Je ne veux pas que mon monde soit un sous ensemble A qui ne possède aucune intersection avec d'autres (B,C ou D), que mon monde soir une patate étanche tracée sur une ardoise, un ensemble vide.
Dans les livres il y a des chapitres pour bien séparer les moments, pour montrer que le temps passe ou que la situation évolue, et même parfois des parties avec des titres chargés de promesses, La rencontre, L'espoir, La chute, comme des tableaux. Mais dans la vie il n'y a rien, pas de titre, pas de pancarte, pas de panneau, rien qui indique attention danger, éboulements fréquents ou désillusion imminente. Dans la vie on est tout seul avec son costume, et tant pis s'il est tout déchiré.

Auteur: Vigan Delphine de

Info: No et moi

[ condition humaine ] [ assumer ] [ littérature ]

 

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lecture

Lorsque tu commences à lire, au début, ce n'est pas le texte qui dirige tes pensées, mais les pensées elles-mêmes qui gouvernent le texte. D'ailleurs, celui-ci est toujours déchiré à l'endroit le plus intéressant. [...] Lorsqu'un vrai livre te tombe entre les mains, quelle sensation incomparable ! Peu importe lequel. Il y en a très peu, ici, juste cinq ou six, et on les lit plusieurs fois. Cela n'a pas d'importance parce qu'à chaque fois on les lit différemment. D'abord, ce sont les mots qui sont importants. Soit chacun d'eux s'illumine aussitôt de ce qu'il signifie ("botte", "seau à déjections", "veste ouatinée"), soit il bée d'une obscurité insensée ("ontologie", "intellectuel") et il faut alors aller voir l'un des adultes, ce que l'on préfère toujours éviter. Par conséquent, l'ontologie devient une lampe de poche et l'intellectuel une longue clé à douille interchangeable. La fois suivante, ce sont les situations qui comptent le plus : comment un homme aux pas lourds pénètre dans une cuisine étriquée et puante et, de ses poings fermes d'ouvrier, réduit en bouillie la gueule grimaçante et odieuse du serveur Prochka.

Auteur: Pelevine Viktor

Info: Ontologie de l'Enfance

[ enfance ] [ approfondir ]

 

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