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élitisme

La bête en nous veut être trompée ; la morale est un mensonge nécessaire, pour que nous n'en soyons pas déchirés. Sans les erreurs qui résident dans les postulats de la morale, l'homme serait resté animal. Mais de cette façon il s'est pris pour quelque chose de supérieur et s'est imposé des lois plus sévères. Il a par-là de la haine pour les degrés restés plus voisins de l'animalité ; c'est par cette raison qu'il faut expliquer l'antique mépris de l'esclave, considéré comme l'être qui n'est pas un homme, comme une chose.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Humain, trop humain, Oeuvres I, Robert Laffont, Bouquins 1990 , 40 p.470

[ éthique ] [ anthropocentrisme ]

 

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dépotoir

Par moments, elle suspend sa lecture et laisse ses yeux dériver au-dessus de la décharge. Les sacs lui apparaissent alors tels des livres échoués. Des histoires, des témoignages fragmentés, des instants contenant ce qui a été mangé, bu, porté, désiré, jeté après usage. Il y a en eux des portions pourrissantes de vies ordinaires qui achèvent de se désagréger et sur lesquelles on marche. Là aussi, on trouve des mots. Ceux des journaux, des lettres, des cartes postales, des affiches, des carnets, toute une existence de vocables utiles ou désuets, oubliés, méprisés, servant à emballer les épluchures, les rognures d'ongles, les poils et les cheveux, des des mots déchirés, froissés, à moitié brûlés.

Auteur: Zukerman David

Info: San Perdido

[ décharge en plein air ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

littérature

Le ciel seul offrait un peu de variété. Même lorsqu'il formait une parfaite unité bleue, pure toile de fond, scène vide, on sentait bien que les nuages patientaient en coulisse au-delà de l'horizon, préparant mille façons de ne pas rater leur entrée: par moutonnement eczémateux, par fils croisés, plaques tenaces, coulées, par zébrures ou par diffusion, se défaisant en fibrilles comme au contact de l'air, se tassant comme des semences en forme d'organes d'où jaillissait la pluie. On les voyait légers, profilés, étincelants, indécis, flous - entrouverts ou déchirés. S'ils survenaient principalement en bandes, certains anachorètes ou francs-tireurs passaient à d'autres altitudes sans se mêler, s'ignorant, tout enflés d'un dédain montgolfier. Parfois, sans prévenir, l'un d'eux se suicidait en soluté crémeux, laissant en souvenir de lui quelque nébulosité pellucide, flottant survêtement d'ange gardien."

Auteur: Echenoz Jean

Info: l'équipée malaise

[ nature ] [ eau ] [ vapeur ]

 

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décor

Pourpres ou azurés, passés au lavis ou nimbés d'un halo lumineux, brumes et nuages ont leur palette en accord avec celle des rochers et de la végétation. On les voit monter de la vallée vers le sommet et évoluer d'un mont à l'autre, les entraînant dans un processus de métamorphoses perpétuelles. Comme pour accomplir un rituel sacré, avant l'aube on se rend sur la haute terrasse ou sur le mont Lion-accroupi pour voir les flots de nuages déchirés par le soleil levant, et le soir, irrésistiblement, on se dirige vers l'ouest, jusqu'au belvédère Nuages-déferlants pour voir les marées de nuages emporter le soleil couchant. A ces heures la nature même, avec ses monts, ses pins, ses rochers, le Singe-contemplant-l'océan, la Déesse-offrant-des-fleurs, l'Immortel-séchant-ses-bottes, silhouettes soudain figées là, au premier plan, semble frappée de stupeur. Spectacle grandiose auquel on ne se lasse pas de participer, tant il change de lumière et d'aspect à chaque instant.

Auteur: Riboud Marc

Info: Huang Shan

[ crépuscule ] [ nébulosité ]

 

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extraterrestre

- Je vais vous le dire, prononça Valentin. Imaginez un pique-nique...
Nounane sursauta.
- Comment avez-vous dit ?
- Un pique-nique. Imaginez : une forêt, un chemin, une clairière. Une voiture passe du chemin dans la clairière, apparaissent des jeunes gens, des paniers à provisions, des jeunes filles, des transistors, des appareils photo et des caméras... On allume un feu, on dresse des tentes, on branche la musique. Et le lendemain matin, ils repartent. Les animaux, les oiseaux et les insectes qui la nuit, épouvantés, avaient observé le cours des événements, sortent de leurs abris. Que voient-ils ? Sur l'herbe tachée d'huile traînent de vieilles bougies, un filtre à huile, des chiffons, des ampoules grillées, quelqu'un a laissé tomber une clé à molette... Les garde-boue ont laissé des saletés ramenées d'un marécage... et, évidemment, les traces du feu de bois, des morceaux de pommes, les papiers de bonbons, les boîtes de conserve, les bouteilles vides, un mouchoir, un couteau de poche, des journaux déchirés, de la petite monnaie, des fleurs fanées venues des autres clairières...
- J'ai compris. Un pique-nique au bord du chemin.
- Exactement. Un pique-nique au bord de je ne sais quel chemin cosmique. Et vous me demandez : reviendront-ils ou non ?

Auteur: Strougatski Arcadi et Strougatski Boris

Info: Stalker : Pique-nique au bord du chemin

[ science-fiction ] [ visite ]

 

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mémoire

De tout il est resté un peu.

De ma peur. De ton aversion.

Des cris bègues. De la rose

est resté un peu.



Il est resté un peu de lumière

capturée dans le chapeau.

Dans les yeux du malfrat

un peu de tendresse est restée

(très peu).



Peu est resté de cette poussière

dont ton soulier blanc

s’était couvert. Il est resté peu

d’habits, peu de voiles déchirés

peu, peu, très peu.



Mais de tout il reste un peu.

Du pont bombardé,

de deux brins d’herbe,

du paquet

-vide- de cigarettes, est resté un peu.



Car de tout il reste un peu.

Il reste un peu de ton menton

dans le menton de ta fille.

De ton silence âpre,

il est resté un peu, un peu

sur les murs courroucés,

dans les feuilles, muettes, qui grimpent.



Il est resté un peu de tout

sur la soucoupe en porcelaine,

dragon pourfendu, fleur blanche,

un peu de ride est resté

sur votre front,

portrait.

Auteur: Andrade Carlos Drummond de

Info: Residuo (extrait) trad du portugais, Creisifiction sur Babelio

[ diffuse ] [ poème ] [ souvenirs délayés ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

saudade

Tant de choses sont retenues dans un cœur au cours d'une vie.  Tant de choses sont contenues dans le cœur en un jour, une heure, un instant. Nous ne sommes totalement ouverts à personne, en fin de compte - ni à la mère et au père, ni à la femme ou au mari, ni à l'amant, ni à l'enfant, ni à l'ami. Nous ouvrons les portes à chacun, mais nous vivons seuls dans la maison du cœur. Peut-être le faut-il. Peut-être ne pourrions-nous pas supporter d'être aussi nus, de peur d'avoir le cœur constamment meurtri. Etant jeunes nous pensons qu'il y aura quelqu'un qui nous savourera et nous soutiendra toujours ; une fois plus âgés, nous savons que c'était le rêve d'un enfant, que tous les cœurs sont finalement meurtris et marqués, écorchés et déchirés, réparés par le temps et la volonté, rapiécés par la force de caractère, mais fragiles et branlants pour toujours, quelle que soit la férocité des mesures de défense et le nombre de briques utilisées en remparts. Un chat à la colonne vertébrale brisée qui se traîne dans la forêt pour mourir, le frôlement de vos cheveux par la vieille et tremblotante main de votre mère, le souvenir de la voix de votre père tôt le matin qui résonne dans la cuisine où il prépare des crêpes pour ses enfants.

Auteur: Doyle Brian

Info: One Long River of Song: Notes on Wonder for the Spiritual and Nonspiritual Alike.

[ émotion ]

 
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motiver

La sensibilité aux incitations
Le pouvoir colonial français établi à Hanoi a voté une loi : chaque rat tué et rapporté donnait droit à une rétribution. Un bon moyen de limiter la prolifération des nuisibles, croyait-il. Résultat : tout le monde s'est lancé dans l'élevage de rats.
...
Lorsque les manuscrits de la Mer Morte ont été découverts à partir de 1947, les archéologues ont promis une récompense pour la découverte de tout nouveau parchemin. Résultat : les parchemins ont été déchirés pour augmenter leur nombre.
...
La même chose s'est produite au XIXe siècle en Chine lorsqu'on promit une récompense pour la mise au jour d'ossements de dinosaures. Les paysans ont exhumé des restes entiers et les ont réduits en pièces pour multiplier les sommes perçues.
...
Le conseil d'administration d'une entreprise a promis une prime aux managers s'ils atteignaient leurs objectifs. Que s'est-il passé ? Les managers ont dépensé davantage d'énergie à se fixer les objectifs les plus faciles à atteindre qu'à s'efforcer de faire prospérer l'entreprise.
...
Ce sont quelques exemples de la sensibilité aux incitations. (...)
...
Voilà des systèmes incitatifs efficaces font coïncider intention et incitation.
Exemple : dans la Rome antique, le constructeur d'un pont devait se tenir debout sous la voûte au moment de l'inauguration de l'édifice. Une bonne incitation à construire un ouvrage suffisamment stable.
...
En revanche, les systèmes incitatifs les moins efficaces ratent leur intention ou la pervertissent.
Ainsi, le contenu d'un livre est d'autant plus connu que l'ouvrage fait l'objet d'une censure.
Ou les banquiers qui perçoivent une rétribution à chaque crédit octroyé contribuent à la détérioration de la qualité du portefeuille de crédits de leur établissement.

Auteur: Dobelli Rolf

Info: Arrêtez de vous tromper : 52 erreurs de jugement qu'il vaut mieux laisser aux autres...

[ exemples ] [ inattendu ] [ surprise ] [ avidité ]

 

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rêve

Une certaine nuit d'été, après matines, ma mère, ayant reposé ses membres sur un banc excessivement étroit, fut bientôt accablée par le sommeil, et il lui sembla qu'elle sentait son âme sortir de son corps. Son âme, après avoir été conduite comme à travers une galerie, se trouva transportée au bord d'un puits. Lorsqu'elle s'en fut bien rapprochée, il sortit, du fond de ce puits, des ombres d'hommes, dont la chevelure paraissait rongée de teigne, et qui voulaient la saisir de leurs mains et l'entraîner dans le gouffre. Mais voici qu'une voix, se faisant entendre derrière cette femme toute tremblante et misérablement agitée par leur attaque, s'adressa à eux et leur cria: "Gardez-vous de toucher à cette femme." Chassées par cette voix, les ombres se replongèrent dans le puits. Ainsi délivrée, elle s'arrêta sur le bord, et tout à coup elle vit apparaître mon père devant elle, avec la figure qu'il avait dans sa jeunesse. L'ayant regardé bien attentivement, elle lui demanda d'une voix suppliante s'il était, en effet, cet homme qu'on appelait Everard (car c'est ainsi qu'il se nommait jadis); et celui-ci lui répondit négativement. Il n'est pas étonnant que l'esprit ait nié d'être distingué par le nom qu'il portait autrefois, quand il était homme; car un esprit ne doit faire à un esprit d'autre réponse que celle qui convient aux choses spirituelles. Or, il serait complètement absurde de croire que les esprits puissent réciproquement avoir connaissance de leurs noms, puisque dans ce cas nous ne devrions, dans la vie à venir, connaître que ceux qui ont été des nôtres. D'ailleurs, il n'est nullement nécessaire que les esprits aient des noms, eux pour qui toute vision, toute science même de vision est intérieure. Celui qui apparaissait à ma mère, ayant donc nié qu'il s'appelât ainsi qu'elle disait, et ma mère cependant n'en ayant pas moins la conviction que c'était lui-même, lui demanda en quel lieu il séjournait: il lui indiqua une place non loin de celle où ils étaient. Elle lui demanda encore comment il se trouvait. Lui alors, découvrant son bras et son flanc, lui montra l'un et l'autre tellement meurtris, tellement déchirés de nombreuses blessures, que celle qui le vit en éprouva une grande horreur et un violent ébranlement dans tout son corps.

Auteur: Guibert de Nogent

Info:

[ songe ]

 

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