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esthétique

L’ornementation, ou le jeu des formes, est un besoin inné de l’homme et toute la question est de savoir où et quand on peut ou doit l’appliquer ; quant au point de vue purement utilitaire, condamnant par principe tout revêtement ornemental des objets ou des mots, il est profane par sa tendance et erroné par ses conclusions ; il revient en fait à une méconnaissance, non seulement du spirituel ou du sacré, mais même simplement de l’humain. La décoration, loin d’être un amusement vain comme le voudrait le dit point de vue, relève du pôle "musical" - non "mathématique" - de la Substance universelle : elle dérive du "jeu divin" (lila), et son rôle est de communiquer un rayonnement qui semble faire vibrer la matière et la rendre transparente. L’ornementation est un trait caractéristique du style sacral, qu’il s’agisse d’objets ou de paroles ; non que ce style ne comporte pas également, et même essentiellement, des modes de simplicité, mais il manifeste certainement, dans une partie importante de ses expressions, le souci de rendre sensibles les vibrations musicales que la vérité communique par surcroît et d’une manière implicite ; toute liturgie est censée rendre compte et de la majesté et de l’infinitude interne des choses sacrées.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, page 137

[ embellissement ] [ religion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

multitude aérienne

Très tôt, avant même que pointe le jour, une foule enjouée et variée d’aérophiles venus pique-niquer n’avait cessé d’affluer, et ce ballet incessant avait duré jusque bien après le coucher du soleil, s’éternisant au cours de cette soirée d’été du Midwest dont ils ne percevaient guère la mélancolie, trop occupés qu’ils étaient pour la plupart, leurs ailes à la fois immobiles et palpitantes, des ailes pareilles à celles des chauve-souris, des mouettes et des albatros, des ailes faites avec la peau de veau tannée des bambous, des ailes décorées laborieusement de plumes en celluloïd, dans un vaste scintillement céleste ils arrivaient, avec à leur bord des aviateurs de tous acabits, depuis le sceptique de laboratoire jusqu’à l’ascentionniste en quête christique, souvent accompagnés d’aéro-chiens, qui avaient appris à se tenir tranquilles, à l’abri dans les tableaux de bord et aboyant s’ils remarquaient un détail qui avait échappé à l’attention du pilote – on pouvait néanmoins en distinguer d’autres sur les plats-bords et les passerelles hautes, leurs têtes tendues dans le courant atmosphérique, leurs traits empreints d’une expression de félicité absolue. Les aéronautes se saluaient de temps en temps en usant de porte-voix, et le soir retentit bientôt, telles les rues bordées d’arbres de la ville proche, de leurs plaisanteries aéronavales.

Auteur: Pynchon Thomas

Info: Contre-jour

[ encombrement ] [ avions ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pensée-de-femme

Un service de cancérologie est un champ de bataille, régi par une hiérarchie bien définie. Les patients, ce sont eux qui montent la garde. Les médecins entrent et sortent en coup de vent, comme des héros conquérants, mais ils doivent lire le dossier de votre enfant pour se rappeler où ils en étaient restés lors de leur précédente visite. Ce sont les infirmières qui occupent le rang de sergents aguerris - elles sont là quand votre petite grelotte sous l'effet d'une fièvre si forte qu'il faut la baigner dans de la glace ; ce sont elles qui vous apprennent comment drainer un cathéter veineux central, ou vous indiquent l'étage où il reste des bâtonnets glacés à voler, ou vous disent quels sont les teinturiers capables de nettoyer les taches de sang et de chimiothérapie sur les vêtements. Les infirmières montrent à votre fille comment faire des fleurs avec les mouchoirs en papier pour décorer le pied à perfusion et connaissent le nom de son morse en peluche. Les médecins établissent peut-être les plans d'attaque, mais ce sont les infirmières qui rendent le conflit supportable. Vous les connaissez comme elles vous connaissent, parce qu'elles viennent prendre les places des amies que vous aviez dans une vie antérieure, celle qui a précédé le diagnostic...

Auteur: Picoult Jodi

Info: Ma vie pour la tienne

[ enfant ] [ maladie ] [ hôpital ] [ complicité ]

 

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contrastes

Kazan, 6 mai, midi. – Longue marche sur les bords de la Kazanka – qui se jette plus loin dans la Volga. L’esplanade est flambant neuve, qui s’étire sur plusieurs kilomètres, avec jardins d’enfants, terrasses de snacks et de restaurants. Alentour, des propriétés mitoyennes pour parvenus et apparatchiks, bâties dans un style approximatif : mélange de parpaings rouges, de verre et de béton. De l’autre côté de la berge se dressent des buildings, évidemment à perte de vue.
En ville, place de la Liberté, trône une gigantesque statue du guide du coup d’Etat d’Octobre, tête haute, majestueux dans son long manteau de prophète du malheur. Face à lui, de l’autre côté de la place, s’élève l’Opéra, surmonté d’une sculpture de Terpsichore, la main droite appuyée sur une harpe, la gauche brandissant une couronne de lauriers ; on dirait qu’elle nargue Lénine. Assurément, sa statue survivra à la sienne.
Sur l’allée évasée bordant la large rivière, des haut-parleurs hissés sur des mâts crachent la chanson interchangeable d’un crooner américain probablement méconnu chez lui. Tout comme la musique, l’architecture ne ressemble à rien : des pâtés de béton et de verre que défient des pâtes staliniens, raillés à leur tour par de vieilles viennoiseries. Ce qui se bâtit aujourd’hui est une mixtion de clinquant monumental et de Legoland.

Auteur: Pajak Frédéric

Info: Dans "Manifeste incertain", volume 7, pages 66-67

[ urbanisme ] [ strates ] [ décor ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

songe

J'ai fait un rêve, pendant lequel des reptiliens envahissaient une ville, il y avait des combats dans les rues. Je possédait moi-même une arme automatique. La ville semblait trop propre, comme un décor virtuel. 2 aliens ce sont dirigés vers moi, j'ai tenté de les abattre, mais mon arme paraissait enrayée. Je l'ai jeté vers eux, sans résultats. J'ai foncé sur un des 2 aliens (d'apparence humaine). Cet alien ressemblait à une femme blonde, son contour vibrait légèrement, j'ai deviné qu'il s'agissait d'un reptilien et je lui ai serré fortement le cou avec mon bras, je l'ai insulté afin de voir sa réaction. J'ai lâché et elle est partie. Le deuxième alien s'est présenté comme étant un lyran, qu'ils étaient à l'origine de la race humaine, il venait nous aider en nous évacuant. Il était habillé avec une tenue noire, munie de bandes plus claires sur les épaules et il y avait un sigle sur la poitrine. Il m'a demandé de positionner nos vaisseaux terrestres en vue de l'évacuation (et oui, nous avions des vaisseaux !), que ce n'était pas de sa responsabilité. Il était plutôt sympathique, mais je l'ai envoyé promener énergiquement, n'ayant pas la moindre confiance en lui. Pendant ces échanges je brouillais mon mental, plaçant mes pensée sur un autre niveau, afin de rester imprévisible. Fin du rêve.

Auteur: Internet

Info: Forum de news of tomorrow

[ science-fiction ] [ extraterrestres ]

 
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aveuglement

Bien sûr, de Grenoble (nous parlons de Grenoble, c’est-à-dire N’importe où, Technopoland), on ne peut considérer qu’avec condescendance ces révoltes paysannes et l’activité de ces deux enquêteurs chinois. A Grenoble, Technopoland, on fait tellement mieux en matière de contestation et de résistance.
On cultive son jardin et ses analyses, si délicates, si décoratives, et on se les échange sous pli fermé, miracle de la philatélie subversive, de crainte qu’elles n’échouent entre les mains du vulgaire. On cultive le patrimoine : encore et toujours le Vercors, Mai 68, la mémoire. On "résiste" toujours, soixante ans après, au nazisme ou à Franco : plus jamais ça. On cultive la solidarité internationale : Bolivie, Palestine, Afghanistan, le regard rivé au sommaire du Monde diplomatique, sans jamais s’en prendre aux entreprises et laboratoires locaux, Schneider, Sofradir-Ulis, le Commissariat à l’énergie atomique, Minatec, Memscap, etc., d’où sortent les drones, les capteurs, les caméras vidéo, les équipements infrarouges, des guerres exotiques. On salonne entre deux buffets "équitables" autour de la "Queer Theory". On ne change pas une tactique qui perd : recroquevillés dans leur bocal "affinitaire", les radicaux Duracell lancent leur énième appel à soutien, après leur énième éviction policière. Pas question d’explorer l’endroit où ils vivent ; les quartiers populeux et périphériques, si magnifiés dans leur mythologie, les zones chimiques et les champs d’OGM du Nord-Isère.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: Dans "Aujourd'hui le nanomonde", pages 21-22

[ bobo ] [ politiquement correct ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

décors

Les studios de Beaulieu avaient grandi dans les ruines d'un casino désaffecté. Au bord de la mer et derrière la voie ferrée et ses agaves, les hangars grignotaient peu à peu les terrains horticoles, et une cité champignon, en contreplaqué et tôle ondulée, surgissait entre les lignes bleues et pures d'un paysage grec, parmi les troncs, au tourment centenaire, d'oliviers delphiques. C'est là que Kron, la chanson de Roland en main, tournait les dernières scènes de France-la-doulce, les nécessités techniques l'ayant obligé à commencer le film par la fin. Dans le hangar n°4 étaient disposés les appartements de la belle Aude; dans le hangar n°8, le palais de Charlemagne ; à grands coups de marteau, des ouvriers s'apprêtaient à monter en plein air la piscine de l'émir de Babylone ; ce rêve fragile de Schéhérazade était fait de claires de bambous, sur lesquelles des Italiens vaporisaient au pistolet du plâtre liquide. Tout à côté, on pouvait apercevoir un porche d'hôtel Louis XV, du Marais, trois colonnes du Parthénon, une mosquée Sénégalaise, un palais palladien et un petit café de la place du Tertre, privé de toits, comme une ville bombardée. Ces édifices, restes d'anciennes productions, grillaient au soleil et se détérioraient sous les claques du mistral. Par-dessus les perspectives en trompe-l'œil, les réflecteurs, comme six gros yeux vitreux, s'essayaient à faire concurrence au soleil.

Auteur: Morand Paul

Info: France la doulce (1934, 224 p., Gallimard/pléiade)

[ cinéma ] [ architecture ]

 
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décor

Quand un voyageur dans le centre nord du Massachusetts prend la mauvaise direction au carrefour du péage d'Aylesbury juste après Dean's Corner, il découvre une campagne étrange et désolée. Le terrain s'élève peu à peu, les murs de pierre bordés de broussailles se pressent de plus en plus vers les ornières de la route sinueuse couverte de poussière. Les arbres des nombreuses zones forestières semblent trop grands, et les herbes sauvages, ronces et graminées manifestent une luxuriance qu'on leur voit rarement dans les régions défrichées. En même temps, les champs cultivés sont singulièrement rares et improductifs ; tandis que les maisons très dispersées présentent un aspect étonnamment uniforme de vieillesse, de misère et de délabrement. Sans savoir pourquoi, on hésite à demander son chemin aux silhouettes noueuses et solitaires aperçues de temps à autre sur un seuil croulant ou dans les prairies en pente semées de rochers. Elles sont tellement silencieuses et furtives qu'on se sent comme en face de choses défendues dont il vaut mieux ne pas se mêler. Quand une côte sur la route révèle les collines au-dessus des bois profonds, le sentiment de vague malaise grandit. Les sommets trop arrondis, trop symétriques pour évoquer un naturel rassurant, et parfois le ciel fait ressortir avec une particulière netteté les cercles bizarres de grandes colonnes de pierre dont la plupart sont couronnés.

Auteur: Lovecraft Howard Phillips

Info: Oeuvres de H.P. Lovecraft, tome 1, L'abomination de Dunwich

[ étrange ] [ inquiétant ] [ unheimlich ]

 
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remémoration

Dehors le soleil de mars était clair, des branches verdissaient et Filangeri sentit sa propre vie aussi fragile que ces minuscules bourgeons. Toute son existence il l'avait consacrée au culte de la beauté et il avait oublié qu'un rien suffisait à réveiller dans l'épaisseur de la conscience humaine la cruauté du temps des hordes. Sa mère avait été servante et son père carrier. Il pensa à eux, morts depuis tant d'années et les vit dans le décor de sa jeunesse, sur les contreforts onduleux des Apennins. Alors, tout sollicitait son amour : un renard tapi dans les herbes, un arbre gonflé de vent, un oiseau dans les nappes de soleil, la roue de la noria et son eau cascadeuse, et la lampe de porcelaine, le soir, protectrice et apaisante. Il ne s'attendrissait pas à évoquer l'enfant ébloui qu'il avait été mais trouvait dans ces souvenirs un remède contre la haine et la désespérance, car l'essentiel, devant ce corps torturé et ce regard millénaire de la douleur, était de ne pas se désunir, de ne pas glisser hors de soi, de demeurer fidèle à l'être qu'il avait construit en lui-même dans la passion de vivre et d'admirer. "Soif", gémit l'inconnu. De nouveau Filangeri se leva, se rendit au robinet et revint, les mains dans l'attitude de l'offrande, semant des gouttes qui étincelaient comme des diamants.

Auteur: Roblès Emmanuel

Info: Un printemps d'Italie

[ nature ] [ priméité ] [ équilibre ]

 

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gastronomie

Ce deuxième fils d'un marchand de tissus en gros de Kyoto, qui avait étudié la cuisine Kaiseki auprès d'un grand maître, avait conçu pour ce soir-là le menu suivant. L'ensemble des hors-d'œuvre, appelés Hassun dans la cuisine Kaiseki, était composé de champignons dits "Rosée de pins", accompagnés d'aiguilles de pin, de bulbes de lys grillés à la sauce de jeunes pousses, de kakis dits "de Hachiya", qu'il avait fait venir de chez un ami de Gifu, de soja fermenté du temple de Daitoku, de crabes grillés à la Saraça. Il y avait ensuite une soupe de miso rouge teintée de moutarde avec des boulettes de viande de petits oiseaux hachée. De fines tranches transparentes de platycéphale étaient servies sur une grande assiette rouge élégante de l'époque des Song, décorée de dessins de pivoines. Le poisson grillé était un ayu d automne en sauce. Une salade de champignons hatsutaké était assaisonnée avec une sauce bleue et une salade de coques avec une sauce blanche. Du tôfu à la dorade était accompagné de fougères marinées. Enfin des garances bouillies étaient proposées dans un pot. Comme dessert, il proposait un "Petit Poucet" de chez Morihachi, gâteau en forme de petite poupée blanc et rose, enveloppée dans du papier de soie. Mais aucun de ces mets précieux ne flattait le jeune palais de Yûichi. Il voulait manger une omelette.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Dans "Les amours interdites"

[ repas ] [ description ] [ raffiné ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson