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vision du monde

[…] à l’origine, Socrate était un philosophe de la nature – nous avons déjà eu un spécimen du présocratique en Empédocle – jusqu’à ce qu’il ait lu un livre d’Anaxagore, qui disait que le noûs est la cause de toutes choses. Par suite, il s’attendait à ce qu’Anaxagore montre que tout était ordonné de manière raisonnable et belle. Mais Anaxagore n’a pas utilisé son principe intellectuel et, par conséquent, Socrate l’a rejeté. Dans le Parménide, Socrate nous est présenté comme un homme qui dit qu’il n’y a pas d’idée du laid. Cela est encore conforme au premier moment : l’esprit gouverne toutes choses, par conséquent, tout est bien ordonné, ordonné de manière belle. Et l’opinion qu’il soutenait sur eros convient de manière belle : eros est seulement amour du beau. De ce point de vue, la découverte qui a transformé le jeune Socrate en un autre Socrate est la découverte du laid, de ce qui résiste.

Auteur: Strauss Léo

Info: Dans "Sur le Banquet de Platon", trad. Olivier Sedeyn, éditions de l'éclat, Paris-Tel Aviv, 2006, pages 214-215

[ évolution de la pensée ] [ influence ] [ chronologie ] [ parfaite réalité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

perdu

Tous disaient qu'il avait changé, mais il ne s'en rendait pas compte. Ce n'est pas lui qui avait changé, il lui était arrivé quelque chose. Il comprit soudain que son existence était fondée sur le malentendu et l'autotromperie. Cela au moins était clair. Ce qui rendait la situation insupportable était moins cette découverte que le fait qu'il n'y avait rien qui prît la place des idées fausses et des valeurs précédentes dont il s'était défait. Il y avait un vide là où auparavant il paraissait y avoir de la substance. Que cette substance n'ait jamais été qu'une illusion, il le savait, mais le savoir ne faisait qu'exaspérer davantage son angoisse quotidienne, et sa douleur n'en était que plus intense. Son intellect puissant, qui lui avait jusque-là continument servi dans son existence de guide et de fanal, avait montré ses limites : il était en la circonstance présente, inapproprié, insuffisant, incomplet. Et pourtant il n'y avait rien d'autre.

Auteur: Keve Tom

Info: Trois explications du monde

[ égaré ]

 

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intensité

Le meilleur moyen de vivre allègrement est peut-être de ne pas prendre la vie trop au sérieux. Il est vrai qu’alors, si on diminue le poids de ses peines, on diminue aussi la densité de ses plaisirs et que la vie, au total, perd en valeur. Cela a été, semble-t-il, la méthode du dix-huitième, jusqu’au moment de l’influence de Jean-Jacques, qui apprit aux hommes de son temps à laisser les sentiments peser de toute leur plénitude sur l’esprit, où ils laissent l’empreinte de leur nature. Rousseau ne sait pas jouer avec la vie. La découverte d’une pervenche dans la haie lui donne des palpitations, parce qu’il mêle aussitôt le souvenir de Mme de Warens et d’une de ses paroles. Mais quand Mme de Warens avait dit, en montant avec lui la côte : "Ah ! voici une pervenche !", elle n’y mettait pas un monde d’intentions. Pour elle c’était une petite fleur attardée. Pour Rousseau, c’est une étoile, un souvenir, le sentiment, la poésie même qu’elle enfonce dans son cœur.

Auteur: Gourmont Rémy de

Info: Les Pas sur le sable . Société Littéraire de France, 1919

[ passion ] [ démesure ] [ romantisme ] [ gravité ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

télécommunication

La simplification des mouvements utiles avait apporté du reste, dans le monde scientifique, beaucoup de calme et d’ordre. Aucun bruit au dehors, des villes silencieuses avec de très rares passants et sans canalisations apparentes, tout se faisant par impression à distance, sans nulle difficulté.

Il n’était pas jusqu’au plaisir ancien du théâtre que l’on ne pratiquât à domicile, sans se déranger, par simple suggestion collective. On avait même remplacé, dans la plupart des cas, les représentations par de simples impressions de représentation donnant l’illusion du plaisir et du succès.

Les informations, les nouvelles, les découvertes importantes, les recommandations collectives, en vue de tel ou tel besoin, tout cela se faisait également par suggestion, sans perte de temps, sans déplacement intermédiaire désormais inutile et sans objet.

Le seul défaut de ce groupement social excessif fut de détruire, petit à petit, toute initiative individuelle, toute volonté, toute activité indépendante, et, en supprimant les individualités, de développer progressivement, sans que personne y prît garde, la toute-puissance absolue du Grand Laboratoire Central.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, page 247

[ dématérialisation ] [ réseau virtuel ] [ conséquences ] [ science-fiction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

deuil

D'Honoré, je garde l'image d'un conteur. Quand il vous saluait, il s'inclinait légèrement, en vous demandant droit dans les yeux : " Tu vas bien ? " Honoré adorait raconter des histoires, et c'était toujours passionnant. D'ailleurs, il lui arrivait toujours des choses incroyables, comme sa découverte d'un dessin de Raymond Queneau dans une benne à papiers. Il aimait les histoires, mais aussi l'Histoire. Il adorait détourner les images célèbres, de tableaux, de films ou de pubs. Dans l'univers d'Honoré, les gargouilles de Notre-Dame portent des masques à gaz, les panneaux autoroutiers posent des questions philosophiques, Chaplin et son Kid deviennent des racailles de cité, les gorilles jouent de la guitare électrique, et les grands noms de la littérature sont des rébus. À l'heure de la palette graphique et de Google Images, Honoré faisait de la résistance esthétique. Il dessinait toujours à l'ancienne, sur une table d'architecte des années cinquante, au milieu d'une multitude de boîtes à chaussures remplies de photos découpées dans les journaux, où il allait puiser son inspiration. Honoré m'aidait à prendre du recul pour mieux comprendre le monde.

Auteur: Fischetti Antonio

Info: Même pas morts. Suite au massacre de Charlie Hebdo

[ hommage ] [ épitaphe ]

 

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hétérosexualité féminine

On ne saurait trop insister sur l’immense effort psychique, intellectuel et affectif qu’une femme doit faire pour trouver l’autre sexe comme objet érotique. [...] Si déjà la découverte de son vagin invisible demande à la femme un immense effort sensoriel, spéculatif et intellectuel, le passage à l’ordre symbolique en même temps qu’à un objet sexuel d’un autre sexe que celui de l’objet maternel primordial représente une élaboration gigantesque dans laquelle une femme investit un potentiel psychique supérieur à celui exigé du sexe mâle. Lorsque ce processus s’accomplit favorablement, l’éveil précoce des petites filles, leurs performances intellectuelles souvent plus brillantes à l’âge scolaire, la maturité féminine permanente en sont le témoignage. Elles se paient cependant par cette propension à célébrer sans cesse le deuil problématique de l’objet perdu... pas si perdu que ça, et qui reste lancinant dans la "crypte" de l’aisance et de la maturité féminines. A moins qu’une introjection massive de l’idéal ne parvienne à satisfaire, en même temps, le narcissisme avec son versant négatif et l’aspiration à être présente sur l’arène où se joue le pouvoir du monde.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, pages 40-41

[ femmes-par-femmes ] [ femmes-hommes ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

geek

Comme la plupart des jeux vidéos, Adventure avait été conçu et programmé par une seule personne, mais à l'époque Atari refusait de reconnaître le travail de ses programmeurs, c'est pourquoi le nom du concepteur ne figurait nulle part sur l'emballage. [...] Le type qui a conçu Adventure, un dénommé Warren Robinett, a donc décidé de dissimuler son nom au cœur même du jeu. Il a caché une clef dans un des labyrinthes. Celui qui trouvait cette clef, petit point gris de la taille d'un pixel, pouvait s'en servir pour ouvrir une chambre secrète où Robinett avait dissimulé son nom. [...] Voilà [...] le premier œuf de Pâques dissimulé dans un jeu vidéo. Robinett l'avait intégré au code du jeu sans rien dire à personne. Atari a donc fabriqué et distribué Adventure dans le monde entier, sans connaître l'existence de cette chambre secrète. Ils ne l'ont découverte que plusieurs mois plus tard, au même moment que des tas d'enfants dans le monde, dont votre serviteur. J'ai vécu l'une des expériences du jeu les plus cool de ma vie avec la découverte de l’œuf de Pâques de Robinett.

Auteur: Cline Ernest

Info: Player one

[ plaisir ] [ videogame ] [ anecdote ]

 

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migration

Un pied devant l'autre, il s'agira de descendre du train sans trébucher, puis d'avancer à travers toutes les nuances de l'un des bouts du monde.

Le sifflement du train ne encore fait entendre mais son arrivée à Machin Ville ne saurait plus tarder.

Le jeune homme dont nous avons fait la connaissance dans le train, délicat et bien soigné, dans un costume impeccable, le regard naïf cerclé de fines lunettes rondes va découvrir les confins de l’Ouest américain du temps de la conquête.

Bill Blake, car c’est comme cela qu’il s’appelle, a trouvé un emploi de comptable dans la ville de Machine City étape finale du train venant de Cleveland. Nous sommes ici dans la dernière cité industrielle de ce no man’s land qu’est alors la frontière séparant l’Est civilisé américain au très wild wild Ouest, zone mouvante d’un pays à la découverte de son continent.

Nous ne sommes pas encore rentré dans le tunnel qui nous fera passer dans le monde de Machine City et nous écoutons la mort parler à ce jeune homme.

Sous les riffs incandescents de Neil Young.

Auteur: anonyme

Info: Critique de "Dead man" de Jim Jarmush. Road to now here.

[ Etats-Unis ] [ film ]

 
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Ajouté à la BD par Les Cendres

joie du nouveau

Merlin n'était intéressé que par la réalité, par le roman de la réalité comme il disait, il dévorait goulûment les livres de sciences naturelles, il lisait toute la presse spécialisée qui lui tombait sous la main, mais non au nom de quelque idéal moral ou esthétique élevé ; la vérité, but final de toute connaissance ou soif de connaissance, en tant que notion philosophique, ne signifiait rien pour lui ; un jour que la conversation portait sur ces questions, il développa qu'à ses yeux le mensonge n'était nullement immoral, seulement sot : la réalité non encore découverte est un terrain tellement plus riche que ce que notre petite imagination est capable de combiner à partir du matériau déjà connu, que tout simplement cela ne vaut pas la peine de mentir ou de fantasmer, ni même de spéculer. Nous ne sommes pas nés pour comprendre le monde mais pour le découvrir et pour en révéler les tenants et les aboutissants. Et cela demande de se lancer, d'aller près des choses, de les prendre en main, de les tester, de les expérimenter, autant que nous le permet notre vie corporelle limitée dans le temps et dans l'espace.

Auteur: Karinthy Frigyes

Info: Reportage céleste de notre envoyé spécial au paradis

[ dépaysement plaisir ] [ curiosité ] [ méta-moteur ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

vingtième siècle

[Mon grand-père] avait consigné ses souvenirs ; il me les a donnés quelques mois avant sa mort en 1981. Il avait alors quatre-vingt-dix ans. Il était né en 1891, sa vie semblait se résumer à l'inversion de ces deux chiffres dans une date. Entre ces deux dates étaient survenues deux guerres, de lamentables massacres à grande échelle, le siècle le plus impitoyable de toute l'histoire de l'humanité, la naissance et le déclin de l'art moderne, l'expansion mondiale de l'industrie automobile, la guerre froide, l'apparition et la chute des grandes idéologies, la découverte de la bakélite, du téléphone et du saxophone, l'industrialisation, l'industrie cinématographique, le plastique, le jazz, l'industrie aéronautique, l'atterrissage sur la Lune, l'extinction d'innombrables espèces animales, les premières grandes catastrophes écologiques, le développement de la pénicilline et des antibiotiques, Mai 68, le premier rapport du Club de Rome, la musique pop, la découverte de la pilule, l'émancipation des femmes, l'avènement de la télévision, des premiers ordinateurs - et s'était écoulée sa longue vie de héros oublié de la guerre. C'est sa vie qu'il me demandait de décrire en me confiant ces cahiers. Une vie se déroulant sur près d'un siècle et commençant dans un autre monde.

Auteur: Hertmans Stefan

Info: Guerre et Térébenthine

[ France ]

 

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Ajouté à la BD par miguel