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Gaule

Ceux qui approchent en ordre dispersé sont une nation à qui la nature a voulu donner des corps et des courages plus grands que fermes. Aussi ils mettent dans chacun leurs combats plus de terreur que de force [ils cherchent plus à effrayer qu'à être forts]. La défaite des Romains en est l'exemple. Ils ont pris une ville ouverte, mais on leur résiste avec une toute petite troupe depuis la citadelle du Capitole. Vaincus par l'ennui du siège, ils s'éloignent déjà et errent au hasard dans les champs. Lorsqu'ils se sont gorgés de nourriture et de vin précipitamment englouti, à l'approche de la nuit, ils s'arrêtent au bord de l'eau, sans se retrancher, sans tours de garde ni sentinelles, et se laissent tomber à terre comme des bêtes, encore plus insouciants de leur sécurité en ce moment que d'habitude. Si vous avez l'intention de protéger vos murs et de ne pas laisser tout ce qui est autour de vous faire partie de la Gaule, prenez les armes en masse à la première heure de la nuit, et suivez-moi pour le massacre plutôt que pour la bataille. Si je ne vous les livre pas à égorger comme du bétail, je ne refuse pas de subir à Ardée le sort que j'ai subi à Rome.

Auteur: Tite-Live

Info: Les Gaulois vus par Camille, V, 44

[ historique ]

 

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croyances

La religion est le moyen déployé par l'homme pour accepter la vie comme une défaite inévitable. Le fait qu'elle ne soit pas une défaite inévitable est une affirmation qui ne peut être défendue en toute bonne foi. On peut bien sûr étaler sa vie sur les contingences de chaque jour, mais même là ce n'est que désir incessant et désespéré de vivre, et enfin le regret de ne pas avoir bien vécu. On ne peut accepter la vie, et l'accepter en même temps comme une défaite, que si l'on accepte qu'il existe un sens au-delà de celui qui est inhérent à l'histoire humaine - en d'autres termes, en acceptant l'ordre du sacré. Un monde hypothétique dont le sacré aurait été balayé n'admettrait que deux possibilités : une vaine fantaisie qui se reconnaîtrait comme telle, ou une satisfaction immédiate sans issue vouée à l'épuisement. Il ne resterait plus que le choix proposé par Baudelaire, entre amants des prostituées et amants des nuages : ceux qui ne connaissent que les satisfactions du moment et sont donc méprisables, et ceux qui se perdent en d'imaginaires otioses, et sont donc pareillement vils. Tout est ignoble et il n'y a rien à ajouter. La conscience libérée du sacré le sait, même si elle se le cache à elle-même.

Auteur: Kolakowski Leszek

Info:

[ nécessaires ] [ inévitables ] [ théologie ]

 
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vaincus

Nos admirables équipages qui se sont multipliés d’une manière surhumaine pour compenser une infériorité d’effectifs et de matériel écrasante, nos admirables équipages dont les pertes ont dépassé 33 % du personnel navigant et qui ont infligé à l’aviation ennemie (de son propre aveu) des pertes numériquement trois fois supérieures à celles de l’aviation française, nos admirables équipages qui ont été de jour et de nuit au combat sans une heure de repos, qui, ayant à peine atterri, reprenaient leur vol sur des avions criblés de balles et souvent avec, dans la carlingue, le sang non encore essuyé de leurs camarades tués ou blessés à leur poste, nos admirables équipages qui devaient se battre à un contre cinq et parfois à un contre huit se sont vus méconnus, critiqués, pis encore, parfois insultés par la foule désordonnée de la retraite.

Des larmes de rage aux yeux, ils repartaient cependant inlassablement, stoïquement, pour tenir tête, souvent contre tout espoir, à l’adversaire. Voilà pourquoi nous disons que le calvaire de l’aviation a été pire que le calvaire des autres ! Après l’avoir accusée en temps de paix d'avoir voulu être trop nombreuse, trop forte et trop luxueusement équipée, on l’a accusée, la guerre venue, d’être trop peu nombreuse et insuffisamment armée. C’est d’une atroce et douloureuse dérision.

Auteur: Chambe René

Info: Equipages dans la fournaise - 1940

[ ww2 ] [ déshonneur ] [ défaite ]

 

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maîtrise

Toute habitude, toute faculté sont conservées et accrues par les actes correspondants, l'habitude de se promener par la promenade, l'habitude de courir par la course. Si l'on veut être capable de lire ou d'écrire, qu'on lise ou qu'on écrive. Si vous cessez de lire trente jours de suite, si vous faites autre chose, vous verrez ce qui arrivera. Restez couché dix jours, levez-vous et essayez de faire une promenade un peu longue, vous verrez combien vos jambes sont lâches. En général, si vous voulez créer quelque habitude, pratiquez ; si vous voulez ne plus l'avoir, cessez de pratiquer et habituez-vous plutôt à une autre pratique qui remplace la première. Il en est ainsi dans les choses de l'âme : lorsque vous vous mettez en colère, sachez bien que non seulement c'est un mal qui vous arrive actuellement, mais que vous avez accru votre disposition à la colère et que vous avez jeté des broussailles sur le feu. Lorsque vous succombez à quelqu'un dans le commerce charnel, ne pensez pas qu'il y ait là une unique défaite, pensez que vous avez entretenu et accru votre incontinence. Il est impossible que les actes correspondants ne fassent pas naître des habitudes et des dispositions, si elles n'existaient pas auparavant ou, sinon, ne les augmentent et ne les renforcent.

Auteur: Épictète

Info: Entretiens, Les Stoïciens, la Pléiade, nrf Gallimard 1962 <II xviii p.929>

 

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france

A leur franchise, à leur fougue naturelle les Gaulois joignent une grande légèreté et beaucoup de fanfaronnade, ainsi que la passion de la parure, car ils se couvrent de bijoux d'or, portent des colliers d'or autour du cou, des anneaux d'or autour des bras et des poignets, et leurs chefs s'habillent d'étoffes teintes de couleurs éclatantes et brochées d'or. Cette frivolité de caractère fait que la victoire rend les Gaulois insupportables d'orgueil, tandis que la défaite les consterne. Avec leurs habitudes de légèreté, ils ont cependant certaines coutumes qui dénotent quelque chose de féroce et de sauvage dans leur caractère, mais qui se retrouvent, il faut le dire, chez la plupart des nations du Nord. Celle-ci est du nombre : au sortir du combat, ils suspendent au cou de leurs chevaux les têtes des ennemis qu'ils ont tués et les rapportent avec eux pour les clouer, comme autant de trophées, aux portes de leurs maisons. Posidonies dit avoir été souvent témoin de ce spectacle, il avait été long à s'y faire, toutefois l'habitude avait fini par l'y rendre insensible. Les têtes des chefs ou personnages illustres étaient conservées dans de l'huile de cèdre et ils les montraient avec orgueil aux étrangers, refusant de les rendre même quand on voulait les leur racheter au poids de l'or.

Auteur: Thollard Patrick

Info: La Gaule selon Strabon : du texte à l'archéologie : Géographie, livre IV, traduction et études

[ historique ]

 

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marchandisation

Ce sont de bien tristes conditions littéraires où se débattent les écrivains d'aujourd'hui... Une presse odieusement mercantile qui a transformé notre production intellectuelle en objet de réclame et qui force le génie pauvre à passer, les mains pleines d'or, à ses comptoirs... une critique indifférente ou enchaînée... un public ignorant qui ne sait vers qui aller et qui, naturellement, instinctivement, va vers tout ce qui est stupide ou abject... C'est plus qu'il n'en faut pour la protection des médiocres, et la défaite des talents... Et puis, il faut bien le dire, les écrivains sont trop nombreux. La mêlée est compacte, dure, égoïste. On n'y entend pas les cris de douleurs, les appels désespérés couverts par les hurlements de tous. Chacun pour soi. On ne se connaît pas ; on n'a pas le temps. On n'a le temps que de songer à ses intérêts, à sa réclame, à sa vie si disputée. Il paraît trop de livres, et les mauvaises herbes que personne n'arrache, et qui jettent à tous les vents leurs pullulantes graines, étouffent les belles fleurs poussées à leur ombre mortelle !... Heureux encore, quand, parmi les cimetières d'oeuvres mortes, une, de temps en temps, survit et finit par graver, sur la pierre dure de l'immortalité, un nom cher et glorieux comme celui de Jean Lombard !

Auteur: Mirbeau Octave

Info: In : préface de L'Agonie de Jean Lombard

[ décadence ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

humour

Avant de le renvoyer chez lui, le directeur de l'asile voulut cependant soumettre le fou, désormais guéri, à une épreuve. L'ayant fait appeler, il lui demanda :
- Voyons un peu. Vous voici redevenu un homme normal ; imaginez que vous héritez d'un patrimoine de nombreux millions, qu'en feriez-vous ?
Le fou répondit d'un ton assuré :
- Je m'achèterais une fronde.
Déconcerté, mais non encore résigné à la défaite, le directeur insista :
- Allons, réfléchissez avant de répondre. J'ai parlé de nombreux millions. Une fronde ne coûte que quelques francs. Voyons, réfléchissez un peu, que feriez-vous de ces millions ?
Cette fois, le fou répondit :
- Je me marierai
- Ah ! bravo, voilà qui est bien parlé. Vous vous marierez, et alors que feriez vous ?
- Je me marierais à l'église et puis je partirais avec ma femme en voyage de noces.
- Où cela ?
- A Paris.
- Excellent choix. Et que feriez-vous en arrivant à Paris ?
- J'irais dans un hôtel avec ma femme.
- Fort bien. Et puis ?
- Je m'enfermerais avec elle dans une chambre.
- Et que feriez-vous dans cette chambre ?
- Je déshabillerais ma femme. Je lui enlèverais d'abord sa robe, puis sa combinaison, ensuite son soutien-gorge, sa culotte, ses souliers, et puis ses bas et finalement ses jarretières.
- Et alors ?
- Alors, avec ses jarretières, je ferais une fronde.

Auteur: Moravia Alberto

Info: L'attention

[ histoire courte ] [ idée fixe ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

arts modernes

Si la machine est entrée en contact avec la sexualité, ce n’est pas pour collaborer avec elle mais pour puiser dans la violence que celle-ci accumule l’énergie dont elle a besoin ; pour faire de la danse un processus de transformation et, des danseurs eux-mêmes, des transformateurs dont la fonction et le devoir ne consistent qu’à transformer l’énergie animale en énergie mécanique.

[...] Dans la frénésie de la danse, la machine libère bien – puisque, dans son exigence autocratique, elle ne tolère aucune autre énergie – la puissance vitale excédentaire, mais elle ne la laisse se perdre qu’après s’être assurée que le processus de cette dépense emprunte la forme même de son mouvement mécanique. Les musiques qui accompagnent cette danse ont toujours une allure impersonnelle et automatique. La fureur de la répétition, qui neutralise en elles tout sentiment du temps et piétine toute temporalité, est la fureur du fonctionnement de la machine. Et la syncope qu’elles ont érigée en principe n’est peut-être pas seulement une caractéristique "musicale", quelque chose comme une "ritournelle". Elle est aussi le symbole de l’obstination sans faille avec laquelle le rythme de la machine pénètre littéralement celui du corps humain.

[...] ce que le danseur danse n’est plus seulement l’apothéose de la machine mais aussi, en même temps, une cérémonie d’abdication et de mise au pas, une pantomime enthousiaste de la défaite la plus absolue.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 103-104, chapitre consacré au jazz

[ interprétation mécaniciste ] [ mise en conformité technologique ] [ critique ] [ anti ] [ transe mécanique ] [ rythme inhumain ] [ perfection électronique ] [ homme-machine ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

Gaule

Vous rendez-vous compte, messieurs, de tout ce qu'il y a d'inouï, de prodigieux, d'incompréhensible, et par cela même d'inexplicable pour toute science purement humaine, non pas seulement dans les hauts faits de la guerrière improvisée ou dans la constance de l'indomptable prisonnière, mais en particulier et précisément dans la résolution initiale de l'humble bergère de Domrémy ?
Perdue au fond d'un obscur village du pays lorrain, isolée avec ses troupeaux au milieu des champs et des bois, n'étant ni assez riche pour avoir à craindre pour ses domaines, ni assez pauvre pour avoir à fuir la misère, n'ayant aucun intérêt personnel, aucun esprit de vengeance ou d'ambition, sans autre guide que son instinct, sans autre aide que sa foi, la noble créature a conçu à elle seule et par elle-même ce que devait être une nation, ce qu'était une Patrie. Elle a souffert des maux de la France, elle a saigné de ses blessures, elle s'est désespérée de ses défaites et de son invasion, comme d'un mal personnel, comme d'une plaie à son propre corps, comme d'une atteinte à son propre honneur.
Car ses voix du ciel, dont je ne doute pas, ses voix ne se sont pas adressées à une indifférente, elles ne sont pas venues réveiller un coeur endormi ; elles ont plutôt fini par répondre aux supplications, aux prières et aux angoisses incessantes d'une âme déchirée "par la grande pitié qui était au royaume de France".

Auteur: Déroulède Paul

Info: Qui vive ? France ! Quand même, Notes et discours 1883 1910, Sur Jeanne d'Arc, prononcé à Orléans le 6 mai 1909

[ nationalisme ] [ mystère ]

 

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corps-esprit

Je marche pour demeurer maigre. J’ai horreur du gras, pas celui des autres - et le ciel m’est témoin que j’ai de bons gros amis - mais du mien propre. Je considérerais la prise de kilos superflus comme une défaite morale. L’ascèse physique est le miroir de l’ascèse spirituelle et si l’on veut alléger sa pensée, il faut se dégraisser le corps. Yukio Mishima a dit des choses très belles là-dessus, quoiqu’un peu radicales, dans Le Soleil et l’Acier, petit ouvrage composé peu avant qu’il ne s’expédie ad patres par le fil de son propre sabre. La marche à pied affûte le corps et décape l’esprit. Tous les diététiciens diront que marcher constitue une manière économique de réguler sa charge pondérale. La marche est la diététique du mouvement. Le marcheur, ligneux, noueux se reconnaît de loin. Il se meut à la ville comme en chemin à la manière de Cocteau: léger, dansant, monté sur des coussins d’air. La marche à pied est un alambic qui distille les scories du corps. Quand je me lance dans des traversées au long cours, je ne suis jamais sujet aux maladies: les quarante kilomètres quotidiens lavent ma machine. La route purge. Pour résumer: rester maigre, boire du vin, lire des livres, abattre des kilomètres, nager dans la mer, grimper sur les rochers, aimer sa femme et mourir violemment: voilà quelle devrait être la doctrine de tout marcheur converti à l’ascétisme de la piste.

Auteur: Tesson Sylvain

Info: Sur les chemins noirs ?

[ randonnée ] [ équilibre ] [ bouger ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste