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historique

A peine les sénateurs le virent-ils entrer, qu'ils se levèrent tous en signe d'honneur. Déjà ceux qui allaient le frapper se pressaient autour de lui. Avant tous Tillius Cimber, dont César avait exilé le frère, s'avance vers lui. Arrivé près de César, qui tenait ses mains sous sa toge, il le saisit par ses vêtements, et, avec une audace toujours croissante, il l'empêchait de se servir de ses bras et d'être maître de ses mouvements. César s'irritant de plus en plus, les conjurés se hâtent de tirer leurs poignards et se précipitent tous sur lui. Servilius Casca le premier le frappe, en levant son fer, à l'épaule gauche, un peu au-dessus de la clavicule, il avait voulu le frapper au cou, mais dans son trouble sa main s'égara. César se lève pour se défendre contre lui. Casca, dans son agitation, appelle son frère en langue grecque. Docile à sa voix, celui-ci enfonce son fer dans le côté de César. Mais, plus rapide que lui, déjà Cassius l'avait frappé à travers la figure. Decimus Brutus lui porte un coup qui lui traverse le flanc, tandis que Cassius Longinus, dans a précipitation joindre ses coups à ceux des autres, manque César, et va frapper la main de Marcus Brutus. Ainsi que lui, Minutius Basilus, en voulant atteindre César, blesse Rubrius Rufus à la cuisse. On eût dit qu'ils se disputaient leur victime. Enfin César, accablé de coups, va tomber devant la statue de Pompée ; et il n'y eut pas un seul conjuré qui, pour paraître avoir participé au meurtre, n'enfonçât son fer dans ce corps inanimé, jusqu'à ce que César eût rendu l'âme par ses trente-cinq blessures.

Auteur: Nicolas de Damas

Info: La mort de César

[ meurtre ] [ conjuration ]

 

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tourments internes

Elle a couru derriere moi, la folie... tant et plus pendant vingt-deux ans. C’est coquet. Elle a essayé quinze cents bruits, un vacarme immense, mais j’ai déliré plus vite qu’elle, je 1’ai baisée, je 1’ai possédée au "finish". Voila ! Je déconne, je la charme, je la force a m’oublier. Ma grande rivale c’est la musique, elle est coincée, elle se détériore dans le fond de mon esgourde... Elle en finit pas d’agonir... Elle m’ahurit a coups de trombone, elle se défend jour et nuit. J’ai tous les bruits de la nature, de la flüte au Niagara... Je promène le tambour et une avalanche de trombones... Je joue du triangle des semaines entières... Je ne crains personne au clairon. Je possède encore moi tout seul une volière compléte de trois mille cinq cent vingt-sept petits oiseaux qui ne se calmeront jamais... C’est moi les orgues de 1’Univers... J’ai tout fourni, la bidoche, 1’esprit et le soufflé... Souvent j’ai 1’air épuisé. Les idéés trébuchent et se vautrent. Je suis pas commode avec elles. Je

fabrique 1’Opéra du déluge. Au moment oü le rideau tombe c’est le train de minuit qui entre en gare... La verrière d’en haut fracasse et s’écroule... La vapeur s’échappe par vingt-quatre soupapes... les chaïnes bondissent jusqu’au troisième... Dans les wagons grands ouverts trois cents musiciens bien vinasseux déchirent 1’atmosphère à quarante-cinq portées dun coup...

Depuis vingt-deux ans, chaque soir elle veut m’emporter... a minuit exactement... Mais moi aussi je sais me défendre... avec douze pures symphonies de cymbales, deux cataractes de rossignols... un troupeau complet de phoques qu’on brüle a feux doux... Voila du travail pour célibataire... Rien a redire. C’est ma vie seconde. Elle me regarde.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Mort à credit.

[ autofiction ] [ délire ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

corps-esprit

Les Ennemis de l'Esprit sont d'opinion que la partie saine, bonne, innocente, inoffensive de l'homme, c'est la chair. La chair n'a d'elle-même aucun mauvais instinct, aucune tendance perverse. Se nourrir, se reproduire, se reposer, ce sont ses fonctions : Dieu les lui a données et les lui rappelle sans cesse par les appétits. Tant qu'elle n'est pas corrompue, elle recherche purement et simplement les occasions de se satisfaire ; ce qui est marcher dans les voies de la justice céleste ; et plus elle se satisfait, plus elle abonde dans le sens de la sainteté. Ce qui la corrompt, c'est l'Esprit. L'Esprit est d'origine diabolique. Il est parfaitement inutile au développement et au maintien de l'Humanité. Lui seul invente des passions, de prétendus devoirs qui, contrariant à tort et à travers la vocation de la chair, engendrent des maux sans fin. L'Esprit a introduit dans le monde le génie de la contradiction, de la controverse, de l'ambition et de la haine. C'est de l'Esprit que vient le meurtre : car la chair ne vit que pour se conserver et nullement pour détruire. L'Esprit est le père de la sottise, de l'hypocrisie, des exagérations dans tous les sens, et partant, des abus et des excès que l'on a coutume de reprocher à la chair, excellente personne, facile à entraîner à cause de son innocence même ; et c'est pourquoi les hommes vraiment religieux et vraiment éclairés doivent défendre cette pauvre enfant en bannissant vivement les séductions de l'Esprit. Dès lors, plus de religion positive pour éviter de devenir intolérant et persécuteur ; plus de mariage pour n'avoir plus d'adultère ; plus de contraintes dans aucun goût pour supprimer radicalement les révoltes de la chair, et, enfin, l'abandon de toute culture intellectuelle, occupation odieuse qui, n'aboutissant qu'au triomphe de la méchanceté, n'a opéré jusqu'ici qu'en faveur de la puissance du diable.

Auteur: Gobineau Joseph Arthur

Info: Nouvelles Asiatiques, La danseuse de Shamakha

[ déséquilibre ] [ anti intellectualisme ]

 

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sagesse

J'ai appris des autochtones américains que nous prouvons seulement notre appartenance à l'endroit où nous vivons sur terre en utilisant notre maison avec soin, sans la détruire. J'ai appris qu'on ne peut pas se sentir chez soi dans son corps, qui est la maison la plus authentique de chacun, quand on souhaite être ailleurs, et qu'il faut trouver par soi-même le lieu où l'on est déjà dans le monde naturel environnant. J'ai appris que dans mon travail de poète et de romancier il n'existe pas pour moi de chemin tracé à l'avance, et que j'écris le mieux en puisant dans mon expérience d'adolescent imitant les autochtones et partant vers une contrée où il n'y a pas de chemin. J'ai appris que je ne peux pas croire vraiment à une religion en niant la science pure ou les conclusions de mes propres observations du monde naturel. J'ai appris que regarder un pluvier des hautes terres ou une grue des ables est plus intéressant que de lire la meilleure critique à laquelle j'ai jamais eu droit. J'ai appris que je peux seulement conserver mon sens du caractère sacré de l'existence en reconnaissant mes propres limites et en renonçant à toute vanité. J'ai appris qu'on ne peut pas comprendre une autre culture tant qu'on tient à défendre la sienne coûte que coûte. Comme disaient les Sioux, "courage, seule la Terre est éternelle". Peu parmi les cent millions d'autres espèces sont douées de parole, si bien que nous devons parler et agir pour les défendre. Que nous ayons trahi nos autochtones devrait nous pousser de l'avant, tant pour eux que pour la terre que nous partageons. Si nous ne parvenons pas à comprendre que la réalité de la vie est un agrégat des perceptions et de la nature de toutes les espèces, nous sommes condamnés, ainsi que la terre que déjà nous assassinons.

Auteur: Harrison Jim

Info: En marge : Mémoires

[ humanisme ] [ tâtonnement ]

 

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concept psychanalytique

Dans Malaise dans la civilisation, la dualité s’achève en un cycle de la seule pulsion de mort. Éros n’est plus qu’un immense détour de la culture vers la mort, qui subordonne tout à ses propres fins. Mais cette dernière version ne revient pourtant pas en deçà de la dualité, vers une dialectique inverse. Car il n’y a dialectique que du devenir constructif, de l’Éros, dont le but est "d’instituer des unités toujours plus grandes, de lier et d’ordonner les énergies". A ceci la pulsion de mort s’oppose sous deux caractéristiques principales :


  1. Elle est ce qui dissout les assemblages, délie les énergies, défait le discours organique d’Éros pour ramener les choses à l’inorganique [...].

  2. Cette puissance de désagrégation, de désarticulation, de défection implique une contre-finalité radicale sous forme d’involution vers l’état antérieur et inorganique. [...] C’est donc toujours comme cycle répétitif que la mort vient démanteler les finalités constructives, linéaires ou dialectiques, de l’Éros. [...]


Il y a donc bien dans la proposition de la pulsion de mort – que ce soit dans sa forme duelle ou dans la contre-finalité incessante et destructrice de la répétition – quelque chose d’irréductible à tous les dispositifs intellectuels de la pensée occidentale. La pensée de Freud joue au fond elle-même comme pulsion de mort dans l’univers théorique occidental. Mais alors, bien sûr, il est absurde de lui rendre un statut constructif de "vérité" : la "réalité" de l’instinct de mort est indéfendable – pour rester fidèle à l’intuition de la pulsion de mort, il faut la maintenir dans l’hypothèse déconstructive, c’est-à-dire l’assumer dans les seules limites de la déconstruction qu’elle opère sur toute pensée antérieure, mais aussi, aussitôt, la déconstruire elle-même comme concept. [...]

Ce contre quoi il faut défendre la pulsion de mort, c’est contre toutes les tentatives pour la redialectiser dans un nouvel édifice constructif.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 245-246

[ critique ] [ paradoxal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-par-femmes

Depuis vendredi où j'ai souffert de la voir avec ce Maigret insupportable, je ne pense qu' à elle, m'obstinant au charme têtu et délicat de son visage, à ses yeux couleur de crépuscule, à ses longs cils soyeux qui caressent une joue enfantine, à son petit nez aux narines palpitantes, et à la bouche enfin, ravissante, entrouverte sur un sourire couleur de perle qu'elle offre à tous, la tête renversée, avec un battement de cil voluptueux, une irrévérence de petite fille coquette qui fend le coeur, car elle est si menue, si petite, avec des chevilles si fragiles que l'on a tout le temps peur qu'elle n'ait de la peine ou du mal. On voudrait la protéger, l'aimer, la défendre. Cependant, dès qu'elle abandonne son exquise politesse et sa puérilité, dès qu'elle parle de choses qu'elle croit plus sérieuses, c'est elle qui domine au contraire et qui combat. Sa voix très agréable et douce se durcit d'autorité, d'indifférence. On sent qu'elle pense : "je peux commander, dire ce que je veux, je suis riche et n'ai besoin de personne, car mon notaire me défend."
La façon également dont elle donne sa main à baiser prouve toute son assurance, son égoïsme, sa vanité. Il y a de la dureté en elle, toute une armure sous de la soie, une armure camouflée d'enfantillage, car elle redevient si petite par instants, si petite qu'on a envie simplement de l'embrasser et de l'appeler ma petite fille chérie.
Ne pas oublier cependant qu'elle a un intérieur de démon, rouge, or et noir, de tout petits divans durs à sa taille où elle s'étend comme une petite reine, trop douce pour ne pas être infernale et s'abandonner à toutes les voluptés, et qu'il faut se méfier d'elle, de sa grâce trop mièvre, de son changeant sourire, de son autorité suppliante et de sa douceur tyrannique.[...]

Auteur: Havet Mireille

Info: Journal 1918-1919, Dimanche 26 janvier 1919

[ personnage ]

 

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éthique

S'il était possible qu'il se dégage des pages d'un livre une réelle puanteur, ce serait le cas pour celui-ci [l'autobiographie de Dali] [...]. Mais cela étant, il reste que Dali est un dessinateur exceptionnellement doué. C'est un exhibitionniste et un carriériste, mais ce n'est pas un imposteur. Il a cinquante fois plus de talent que la plupart des gens qui s'en prennent à sa moralité et ricanent devant ses tableaux. Et si l'on considère à la fois ces deux séries de faits, on se trouve face à un problème qui, en l'absence de toute base sérieuse d'accord, fait rarement l'objet d'une véritable discussion.
(...)
Ce que revendiquent en fait les défenseurs de Dali, c'est une sorte d'immunité artistique. L'artiste doit être exempté des lois morales qui pèsent sur les gens ordinaires. [...] On voit à quel point cette théorie est fausse si on l'applique à la criminalité ordinaire. [...] Si Shakespeare ressuscitait demain, et si l'on découvrait que sa distraction favorite consiste à violer des petites filles dans des voitures de chemin de fer, nous ne lui dirions sûrement pas de continuer à agir de la sorte sous prétexte qu'il écrira peut-être un nouveau Roi Lear.
(...)
Dali est un bon dessinateur et un être humain répugnant. L'un n'exclut pas l'autre et, en un sens, ne l'affecte même pas. Ce que nous demandons avant tout à un mur, c'est qu'il tienne debout. S'il tient debout, c'est un bon mur, et savoir à quoi il sert est une tout autre question. Et pourtant, le meilleur mur du monde mérite d'être abattu s'il entoure un camp de concentration.
(...)
Il représente un symptôme de la maladie du monde. L'important n'est pas de le dénoncer comme une crapule qui mériterait d'être cravachée en public, ni de le défendre comme un génie au-dessus de toute critique, mais de découvrir pourquoi il fait montre de ces aberrations particulières.

Auteur: Orwell George

Info: in L'immunité artistique. "Benefit of Clergy"

[ beaux-arts ] [ morale ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

infobésité

Pléthore médiatique : Une des premières difficultés, devant la situation d'abondance [de l'offre culturelle] où nous nous trouvons, c'est de ne pas se laisser submerger, de ne pas se laisser guider par des pressions extérieures subtiles et séduisantes, mais de se mettre à l'écoute de soi. Sans narcissisme, sans complaisance. Juste décider de ce qu'on va faire en fonction de notre curiosité, d'un élan qui nous est propre, de notre inquiétude, aussi. Il faut assumer notre goût, même s'il est fragile.

Notre époque se complaît à croire que tout ce qui est de l'ordre du plaisir vient tout seul, alors que le travail, l'effort, sont toujours pénibles. Comme s'il fallait encore attendre la fin du cours ennuyeux pour jouir de la récréation. Ce sont des idées d'enfants! Il y a ainsi une insistance publicitaire sur des lieux de vacances très éloignés, exotiques, comme si le quotidien était si pénible que, pour rompre avec lui, il faille absolument aller le plus loin possible. En réalité, passer du travail au loisir, trouver le plaisir dans l'effort, c'est une question de bonne distance et de souplesse affective et intellectuelle. Je ne pense pas du tout que ça ne touche qu'une élite. Chacun peut voir autour de lui des gens heureux qui vivent ainsi. Il s'agit juste d'être capable d'avoir un rapport vrai avec soi-même, qui s'acquiert en laissant advenir les choses sans précipitation, en se tenant à l'écoute de ses curiosités.

Il faut défendre ses espaces clandestins. Beaucoup de luttes, de guérillas commencent comme ça. On nous offre un certain nombre de loisirs, une certaine vision de la consommation culturelle, on n'est pas obligé de jouer le jeu, d'être là où on nous attend. On peut profiter des vacances pour se reconstituer un univers à soi, se demander: qu'est-ce qui me plaît? Certainement pas un circuit balisé. (...) Une vraie rencontre avec l'art se fait à l'intersection de deux solitudes.

Auteur: Thomas Chantal

Info: à Télérama, 2 septembre 1998

[ abrutissement ]

 

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hérésies

Tout le développement des luttes dogmatiques soutenues par l’Eglise au cours des siècles, si on l’envisage du point de vue purement spirituel, nous apparaît dominé par la préoccupation constante qu’a eue l’Eglise de sauvegarder à chaque moment de son histoire la possibilité pour les chrétiens d’atteindre la plénitude de l’union mystique. En effet, l’Eglise lutte contre les gnostiques pour défendre l’idée même de la déification comme fin universelle : "Dieu se fit homme pour que les hommes puissent devenir dieux". Elle affirme contre les ariens le dogme de la Trinité consubstantielle, parce que c’est le Verbe, le Logos, qui nous ouvre la voie vers l’union avec la divinité, et, si le Verbe incarné n’a pas la même substance avec le Père, s’Il n’est pas le vrai Dieu, notre déification est impossible. L’Eglise condamne le nestorianisme, pour abattre la cloison par laquelle, dans le Christ même, on a voulu séparer l’homme d’avec Dieu. Elle s’élève contre l’apollinarisme et le monophysitisme, pour montrer que la plénitude de la vraie nature humaine ayant été assumée par le Verbe, notre nature entière doit entrer en union avec Dieu. Elle combat les monothélites, parce qu’en dehors de l’union des deux volontés, divine et humaine, on ne saurait atteindre à la déification : "Dieu a créé l’homme par sa volonté seule, mais Il ne peut le sauver sans le concours de la volonté humaine." L’Eglise triomphe dans la lutte pour les images, en affirmant la possibilité d’exprimer les réalités divines dans la matière, - symbole et gage de notre sanctification. Dans les questions qui se posent successivement, sur le Saint-Esprit, sur la grâce, sur l’Eglise elle-même, - question dogmatique de l’époque où nous vivons, - la préoccupation centrale, l’enjeu de la lutte est toujours la possibilité, le mode ou les moyens de l’union avec Dieu. Toute l’histoire du dogme chrétien se développe autour du même noyau mystique, défendu par des armes différentes contre des adversaires multiples au cours des époques successives.

Auteur: Lossky Vladimir Nikolaïevitch

Info: "Essai sur la théologie mystique de l'Eglise d'Orient", éditions du Cerf, 2005, page 8

[ objectifs ] [ protection ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

procréation médicalement assistée

Malgré les postures faussement subversives des activistes LGBT contre "le modèle familial traditionnel", leur exigence d’accès à la PMA, comme celle des couples hétéros stériles, n’aspire qu’à reproduire ledit modèle : des parents et des enfants comme tout le monde. Les fanatiques du "tout social", en guerre contre "la révérence totale à l’égard de la nature" (Elisabeth Badinter), veulent des contrefaçons de la nature (biotechnologiques). Un enfant fabriqué en laboratoire plutôt qu’une famille sans enfant. Soit dit en passant, si le désir d’enfant est "on ne peut plus naturel", comme le déclare Marta Spranzi, alors il y a une nature humaine. On n’avait pas coutume d’entendre les déconstructionnistes soutenir pareille hérésie essentialiste. C’est comme ça les arrange.

La stérilité, naturelle ou provoquée par le mode de vie industriel (pollution, sédentarité, obésité, etc.), n’altère pas la santé. Elle relève plutôt du handicap, ou de la carence. La conception artificielle d’un enfant ne soigne pas l’infertilité, mais la compense. Elle est remboursée par la Sécu, à la différence des chiens d’aveugles — mais Libération ne milite pas contre cette inégalité-là.

Handicapés, nombre de sourds refusent une greffe d’implants cochléaires. Ils ne veulent pas être des hommes-machines dotés d’ouïe artificielle, mais enrichir la culture humaine de leur particularité et transmettre le langage des signes. Une solution humaine et autonome plutôt que l’automachination et la soumission à des dispositifs hétéronomes, qu’il leur est de plus en plus difficile à défendre puisque la technologie existe.

Comme eux, les couples infertiles et les célibataires qui acceptent leurs limites suscitent incompréhension et défiance. Pourquoi refuser un enfant puisque la technologie le permet ? C’est ainsi que la reproduction artificielle, même minoritaire, s’impose comme la référence, ses possibilités influençant désirs et comportements de toussétoutes. Attendez qu’on puisse choisir les caractéristiques de ses héritiers. Chacun sait que, passé un certain seuil, l’exception devient la norme. Le phénomène se répète à chaque saut technologique. La diligence n’a pas cohabité longtemps avec l’automobile et le train. Engendrer soi-même, gratuitement et au hasard, semblera bientôt aussi incongru que faire de l’auto-stop sans plateforme web.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: Dans "Alertez les bébés ! ", éditions Service compris, 2020, pages 99-100

[ contradictions ] [ désir-loi ] [ normalisation ]

 

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