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accélération

C'est une concaténation d'interactions synergiques; Tout le système est sur la voie d'un doublage de la période vers le chaos! ''
''Qu'est-ce que cela signifie, qu'il faut prier ? ''
"Absolument" déclara Mallory, souriant derrière son foulard, "en termes profanes, ça signifie que ça va deux fois plus mal, deux fois plus vite, jusqu'à ce que tout soit totalement déglingué !"

Auteur: Gibson William

Info: The Difference Engine 1991. Ecrit avec Bruce Sterling

[ catastrophe ]

 

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songe

Dans le calme murmurant des nuits du paradis, on peut s'imaginer entendre crépiter les paradigmes, les fragments de théories se pulvériser en brillante poussière chaque fois que la vie de travail de l'un ou l'autre groupe de recherche industrielle se voit soudain réduite au rang de maigre note au bas des pages de l'histoire, tout cela dans le temps qu'il faut à votre voyageur déglingué pour marmonner quelques fragments dans le noir. Des mouches dans un aéroport, qui font du stop.

Auteur: Gibson William

Info: Gravé sur chrome

[ atemporalité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

colonialisme

Là, on avance. Tu trouves le vocable auquel je n'avais pas pensé, voilà qui est rassurant. Le pillage dont je te parle est à sens unique, c'est donc un viol en bonne et due forme. Et pas n'importe quel viol. Nous parlons d'une sodomie extractive, menée pour briser le cul de l'Afrique, pour y puiser jusqu'au dernier gramme d'uranium, jusqu'à la dernière graine de cacao. Une sodomie économique violente et sans répit qui vise à épuiser la victime, à l'anéantir, à la réduire en état de rafiot déglingué allant à la dérive sur une mer de misère.

Auteur: Ndala Blaise

Info: J'irai danser sur la tombe de Senghor

[ prédation ] [ nord-sud ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

enseignement

J’avais des élèves réputés nuls, déglingués... Ce n’était pas de leur faute, mais ils étaient dans un désarroi scolaire total et, surtout, ils affirmaient ne pas aimer lire. Si vous croyez un enfant qui vous dit qu’il n’aime pas lire, alors il est foutu. Et vous, en tant que professeur vous êtes foutu aussi. Il ne faut surtout pas le croire ! En réalité, ce qu’il vous dit c’est : " J’ai peur de la question que tu vas me poser inévitablement une fois que j’aurai lu. " Donc, pour réconcilier cet enfant avec la lecture, il faut lui en faire cadeau et lui lire quelque chose à voix haute. Le procédé rencontre d’abord une résistance, ils vous disent : " on a passé l’âge ". Evidemment, vous les piégez en cinq petites minutes avec les textes les plus merveilleux de la littérature. Ils disent : "Le Père Goriot, non c’est chiant, c’est au programme !" Là vous leur lisez la fin, l’agonie de ce pauvre père Goriot, et vous avez une classe de caïds qui chiale ! Et à la mort d’Emma Bovary, ils pleurent !

Auteur: Pennac Daniel

Info: Entretien à Télérama dans le cadre de Nuit de la lecture, 18/01/2018

[ pédagogie ] [ école ]

 

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jazz

Souvent, je songeais que mon père était né de la musique - une mélodie entêtée qui prit la forme d'un homme. Il entendait de la musique partout, dans le grincement de ressorts rouillés du lit et le bourdonnement des mouches. Pour lui, les robinets qui goutent étaient remplis de rythmes, comme les clignotements irréguliers du néon déglingué derrière notre fenêtre. Certains secouaient la tête et le prenaient pour un dingo, mais je n'ai jamais cru cela. Il mettait les enregistrements d'Art Tatum, d'Arthur Rubenstein et d'autres, et s'exclamait les yeux étincelants : " Qu'est-ce que c'est bath ! De toute beauté ! " On écoutait parfois des disques toute la nuit. Quand il n'y avait pas de concerts à la régulière, Papa avait de courts engagements dans des bars d'hôtel, où son jeu exquis n'était pas souvent, et c'est le moins que l'on puisse dire, pas apprécié à sa juste valeur. C'était toujours les mêmes types qui posaient problème - un ivrogne de passage, sans la moindre oreille musicale, d'ordinaire flanqué d'une quelconque pute flasque de bar d'hôtel. Ils chancelaient jusqu'au piano, appuyés sur les touches, et disaient un truc du style : " Et la pédale douce, vieux ? " ou bien " Tu connais celui-ci ? " avant de se mettre à siffler un air mièvre en crachotant dans l'oreille de papa des sifflements faux et puants. Il prenait chaque fois son mal en patience, ne prononçant jamais le moindre mot, mais moi qui le connaissais, je voyais son esprit se flétrir juste derrière ses yeux. Quand je sentais sa blessure, je m'imaginais être l'Abominable Docteur Phibes, échafaudant des morts diaboliques pour ces critiques de comptoir de bar, ou bien je me transformais en Rodan, attrapant mes victimes par leur cou gras et rougeaud avec mes talons-rasoirs. Je les emportais à tire-d'aile vers un caveau souterrain, où, bourreau masqué, j'attendais, prête à mettre fin partout à la vie des imbéciles et des chahuteurs qui ne reconnaissaient pas la beauté quand ils l'entendaient.

Auteur: Albany Amy-Jo

Info: Low Down : jazz, came, et autres contes de la princesse Be-Bop

[ univers sonore ] [ papa ]

 

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attentats du 11/9 2001

Jamais, à la différence des Etats-Unis d’aujourd’hui, l’Occident ne s’est cru innocent, et c’est ce qui faisait sa force. Plus loin que la tragédie du World Trade Center et du Pentagone, c’est cette innocence de l’Amérique, propagatrice infatigable à travers la planète de son mode de vie non contradictoire, qui a été prise pour cible et touchée au cœur. L’innocence, d’une certaine façon, porte le désastre en elle-même ; elle entraîne également l’impossibilité de comprendre pourquoi l’ennemi vous en veut à ce point, et surtout pourquoi il attaque avec une telle sauvagerie.

"Comment peut-on nous faire ça ?" se sont aussitôt demandé les Américains. La même incompréhension a été perceptible dans l’une des premières déclarations de Bush parlant du "combat monumental du Bien contre le Mal". Une si infantilisante rhétorique a de quoi inquiéter […]. […] S’il y a réellement eu un génie de la civilisation occidentale, il a consisté pendant des siècles à ne pas divorcer complètement du Mal, ce qui permettait de le connaître et de le maîtriser, et aussi de ne pas penser que l’on pouvait jamais en triompher de manière définitive. Mais la société qui, en Occident, succède au judéo-christianisme, s’est fixé comme avenir paradisiaque l’évanouissement du Mal. Cette perspective a d’ailleurs sa traduction économique dans l’idéal d’une planète sans frontières, parfaitement uniformisée, parfaitement touristisée et parfaitement marchande. […] Aux valeurs occidentales complètement déglinguées, répond presque systématiquement un islamisme fondamentaliste, totalitaire et "moderne" lui aussi, dont Oussama Ben Laden est en passe de devenir l’incarnation avec sa barbe de légende, sa Kalachnikov, ses sociétés off-shore, sa silhouette sortie d’une Bible illustrée par Gustave Doré, sa Djihad assistée par ordinateur et ces grottes mythiques des montagnes d’Afghanistan d’où il minotaurise le reste du monde et diffuse par mail ses instructions meurtrières […].

Oui, tout est littéralement sans nom dans la nouvelle configuration planétaire. Les terroristes kamikazes qui ont détourné quatre Boeing le 11 septembre dernier [2001] et les ont transformés en bombes volantes étaient inhumains, bien sûr, mais qu’est-ce qu’il y a encore d’humain dans les sociétés néo-occidentales qui s’apprêtent à pratiquer le clonage reproductif dans la joie et où d’hallucinantes réformes sociétales, remettant en cause les plus élémentaires données anthropologiques de l’espèce, sont accueillies comme de merveilleuses conquêtes du progrès, et des avancées dans cette lutte essentielle de la civilisation qu’est le combat total contre les discriminations, et où se résume tout ce qui reste de l’énergie d’un Occident qui n’était que décombres bien avant que les entrepreneurs de démolitions d’Al-Qaida ne s’en chargent ?

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 417-418

[ paille-poutre ] [ manichéisme naïf ] [ absence de remise en question ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson