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résistance populaire

La classe managériale (dont ce serait une grave erreur de penser qu’elle est l’héritière, même dégénérée, des anciens seigneurs : ceux-ci faisaient piétiner cyniquement par leurs chevaux les récoltes des manants, ils imposaient le droit de cuissage et défendaient les frontières contre les envahisseurs ; les élitocrates ouvrent les frontières aux envahisseurs, ils imposent le devoir de cuissage, et c’est toute la vie des manants qu’ils piétinent) ne restaura la honte que pour fustiger le manque d’hygiène des basses couches de la nouvelle société avancée qui tergiversaient encore bêtement et ralentissaient l’instauration d’un monde.com sans tabac et sans alcool. On vit la France d’ "en haut" […] pilonner sans répit la France des ploucs, dite aussi parfois "moisie" dans le vocabulaire répulsif des élitocrates ; et, sur ce ton bienveillant qui cache toujours la haine la plus venimeuse, lui répéter qu’à l’aube du troisième millénaire, il fallait qu’elle apprenne enfin, elle aussi, à évoluer, à s’assouplir, à se différencier, à se pluraliser, à se flexibiliser par tous les bouts au lieu de se cramponner à son vieux pantalon jacobin, passé de mode.

On vit les nouvelles élites, si joliment nomades, si gracieusement mobiles, terroriser les "gens ordinaires", c’est-à-dire le peuple, et entreprendre de guérir celui-ci de son "populisme". Comme l’écrit encore Michéa : "On sait à quel point, depuis quelques années, les médias officiels travaillent méthodiquement à effacer le sens originel du mot [populisme] à seule fin de dénoncer comme "fascistes" ou "moralisateurs" (à notre époque, le crime de pensée suprême) tous les efforts des simples gens pour maintenir une civilité démocratique minimale et s’opposer à l’emprise croissante des "experts" sur l’organisation de leur vie."

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 189-190

[ à deux vitesses ] [ formatage de la pensée ] [ adaptation forcée ] [ mondialosation ] [ nomades vs sédentaires ] [ argent ] [ fric sans frontières ]

 

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question

Car à moi aussi, au fond, ce qui me semble le plus intéressant c'est ce qui se passe dans la tête du bourreau. Les victimes, c'est facile, on peut tous se mettre à leur place. Même si on n'a pas vécu ça, une amnésie traumatique, la sidération, le silence des victimes, on peut tous imaginer ce que c'est, ou on croit qu'on peut imaginer.

Le bourreau, en revanche, c'est autre chose. Être dans une pièce, seul avec un enfant de sept ans, avoir une érection à l'idée de ce qu'on va lui faire. Prononcer les mots qui vont faire que cet enfant s'approche de vous, mettre son sexe en érection dans la bouche de cet enfant, faire en sorte qu'il ouvre grand la bouche. Ça, c'est vrai que c'est fascinant. C'est au-delà de la compréhension. Et le reste, quand c'est fini, se rhabiller, retourner vivre dans la famille comme si de rien n'était. Et, une fois que cette folie est arrivée, recommencer, et cela pendant des années. N'en jamais parler à personne. Croire qu'on ne va pas vous dénoncer, malgré la gradation dans les abus sexuels. Savoir qu'on ne va pas vous dénoncer. Et quand un jour on vous dénonce, avoir le cran de mentir, ou le cran de dire la vérité, d'avouer carrément. Se croire injustement puni quand on prend des années de prison. Clamer son droit au pardon. Dire que l'on est un homme, pas un monstre. Puis, après la prison, sortir et refaire sa vie.

Même moi, qui ai vu cela de très près, du plus près qu'on puisse le voir et qui me suis interrogée pendant des années sur le sujet, je ne comprends toujours pas.

Auteur: Sinno Neige

Info: Triste tigre

[ incompréhension ] [ pédophilie ] [ homme-par-femme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

civilisation

Il est extraordinaire qu'aujourd'hui, maintenant que la colonisation des États-Unis par les Juifs est pratiquement achevée, les Américains n'aient pas encore compris qu'ils ont été conquis et vassalisés par un peuple étranger. Il est extraordinaire qu'ils ignorent à un degré inimaginable les premiers éléments de la question juive. Leur candeur dépasse, s'il est possible, celle des Français d'avant guerre. C'est qu'ils n'ont pas, comme nous — bien qu'ils aient subi autant que nous, l'avilissement des immortels principes — une tradition de l'antisémitisme qui va de Saint Louis à Drumont et à Céline. C'est aussi parce que, lorsque des Américains ont commencé à ouvrir les yeux, il était trop tard. Les Juifs qui s'étaient introduits dans la place avaient déjà conquis la maîtrise des ondes, du papier imprimé et de la publicité. Impossible de prononcer le mot "juif", de dénoncer le péril juif sans être aussitôt muselé, brisé, anéanti. Certes, il existe une opposition. Des clubs, des salons, des universités sont fermés aux Juifs. Des Américains peu nombreux mais résolus ont deviné le péril. Nous parlerons plus loin de ces révoltés. Disons tout de suite que leur action n'éveille aucun écho, qu'elle se limite à des manifestations isolées sans vigueur ni envergure. Le peuple d'Amérique ne soupçonne pas sa propre servitude. Lui qui est tellement susceptible, tellement intransigeant lorsqu'on aborde la question nègre, lui qui redoute tellement d'être submergé par une vague noire venue des États du Sud, il contemple avec apathie le noyautage des trusts et du gouvernement par les impérialistes juifs. Il subit, il accepte sans réagir. Et surtout il ne comprend absolument pas que le problème juif est un problème de race. Il s'imagine encore qu'il s'agit d'une affaire religieuse et il s'indigne à juste titre qu'on puisse ranimer des préjugés médiévaux pour reprocher à de libres citoyens leurs conceptions métaphysiques.

Auteur: Cousteau Pierre-Antoine

Info: l'Amérique Juive (1942, 100 p.)

[ antisémitisme ] [ capitalisme ] [ prédation ] [ noyautage ] [ nouveau monde ]

 

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éthique

S'il était possible qu'il se dégage des pages d'un livre une réelle puanteur, ce serait le cas pour celui-ci [l'autobiographie de Dali] [...]. Mais cela étant, il reste que Dali est un dessinateur exceptionnellement doué. C'est un exhibitionniste et un carriériste, mais ce n'est pas un imposteur. Il a cinquante fois plus de talent que la plupart des gens qui s'en prennent à sa moralité et ricanent devant ses tableaux. Et si l'on considère à la fois ces deux séries de faits, on se trouve face à un problème qui, en l'absence de toute base sérieuse d'accord, fait rarement l'objet d'une véritable discussion.
(...)
Ce que revendiquent en fait les défenseurs de Dali, c'est une sorte d'immunité artistique. L'artiste doit être exempté des lois morales qui pèsent sur les gens ordinaires. [...] On voit à quel point cette théorie est fausse si on l'applique à la criminalité ordinaire. [...] Si Shakespeare ressuscitait demain, et si l'on découvrait que sa distraction favorite consiste à violer des petites filles dans des voitures de chemin de fer, nous ne lui dirions sûrement pas de continuer à agir de la sorte sous prétexte qu'il écrira peut-être un nouveau Roi Lear.
(...)
Dali est un bon dessinateur et un être humain répugnant. L'un n'exclut pas l'autre et, en un sens, ne l'affecte même pas. Ce que nous demandons avant tout à un mur, c'est qu'il tienne debout. S'il tient debout, c'est un bon mur, et savoir à quoi il sert est une tout autre question. Et pourtant, le meilleur mur du monde mérite d'être abattu s'il entoure un camp de concentration.
(...)
Il représente un symptôme de la maladie du monde. L'important n'est pas de le dénoncer comme une crapule qui mériterait d'être cravachée en public, ni de le défendre comme un génie au-dessus de toute critique, mais de découvrir pourquoi il fait montre de ces aberrations particulières.

Auteur: Orwell George

Info: in L'immunité artistique. "Benefit of Clergy"

[ beaux-arts ] [ morale ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

spectacle

(...) le match télévisé est d'abord un événement télévisé tout comme holocauste ou la guerre du Vietnam dont il ne se distingue guère. Ainsi le succès de la télévision en couleurs aux U.S.A, tardif et difficile, date du jour où une grande chaine eut l'idée d'importer la couleur dans le journal télévisé  : c'était alors la guerre du Vietnam et les études ont montré que le "jeu" des couleurs et la sophistication technique qu'apportait cette innovation rendaient plus supportable aux téléspectateurs la vision des images de la guerre. Le "plus" de vérité créait un effet de distanciation ludique à l'événement.

(...) 

Holocauste

On fait repasser les Juifs non plus au four crématoire ou à la chambre à gaz, mais à la bande-son et à la bande-image, à l'écran cathodique et au micro-processeur. L'oubli, l'anéantissement atteint enfin par là à sa dimension esthétique, il s'achève dans le rétro, ici enfin élevé à la dimension de masse. La télé : véritable "solution finale" à l'événement. L'espace de dimension historique qui restait à l'oubli sous forme de culpabilité , de non-dit, n'existe même plus, puisque désormais "tout le monde sait", tout le monde a vibré devant l'extermination - signe sûr que "ça" ne se reproduira plus jamais. Ce qu'on exorcise ainsi à peu de frais et au prix de quelques larmes, ne se reproduira en effet plus jamais, parce que c'est en train, actuellement, de se reproduire et précisément dans la forme même où prétend le dénoncer, dans le médium même de ce prétendu exorcisme : la télévision. Même processus d'oubli, de liquidation, d'extermination, même anéantissement des mémoires et de l'histoire, même rayonnement inverse, même absorption sans écho, même trou noir qu'Auschwitz. Et on voudrait nous faire croire que la TV va lever l'hypothèque d'Auschwitz en faisant rayonner une prise de conscience collective , alors qu'elle en est la perpétuation sous d'autres espèces, sous les auspices cette fois non plus d'un lien d'anéantissement, mais d'un médium de dissuasion.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: de la séduction (1988, 246 p., folio essais) p.219, 220

[ formes ] [ manipulation ] [ leurre ] [ lobotomie ] [ divertissement ]

 
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hommes-femmes

À Éléments, depuis des décennies, nous avons toujours soutenu l’essentiel des revendications féministes. La plupart ont fort heureusement abouti. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de féminisme, il n’y a plus qu’un discours sur le sexe ou les sexes ne comptent pour rien. […]

Faire croire aux femmes, tantôt que les hommes sont leurs ennemis, tantôt qu’elles sont elles aussi des “hommes comme les autres” est évidemment contradictoire. On ne peut à la fois dire que les sexes n’existent pas, mais que le sexe masculin existe quand même assez pour être voué aux gémonies, dénoncer la distinction biologique entre hommes et femmes et dénoncer les hommes comme habités par la “culture du viol” et le désir de “féminicide” – ou bien encore cultiver la misandrie féministe tout en excusant la misogynie islamiste. Les deux théories sont inconciliables, leur seul point commun étant l’incapacité des unes comme des autres à envisager les relations entre les sexes sous un angle autre que le rapport dominants/dominés, l’accusé en dernière instance étant toujours l’homme hétérosexuel blanc. […]

Neuf femmes sur dix préfèrent encore aujourd’hui que l’homme fasse “le premier pas”. Or, en supprimant ce premier pas pour cause de harcèlement, on met un terme à la relation avant même qu’elle n’ait commencé. L’idée générale est que la séduction, c’est déjà du viol – alors que le viol, c’est au contraire justement le refus de la séduction, alors que le violeur ne veut pas séduire, mais faire subir. On ne peut imaginer plus grand contresens. […]

Soumettre la vie sexuelle à une réglementation de tous les instants, c’est considérer plus que jamais le sexe comme peccamineux. Les relations sexuelles sont codifiées par les nouveaux puritains comme elles l’étaient autrefois par les bons pères : il y a le licite et l’interdit. Le string a remplacé la soutane, mais la confession et la repentance sont toujours à l’ordre du jour : le libertin doit plus que jamais faire son mea culpa. Le néoféminisme a tout simplement ressuscité l’ordre moral.

Auteur: Benoist Alain de

Info: Revue Éléments n°192 septembre 2021

[ guerre ] [ haine ]

 

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carcan sociétal

Défense des minorités, contrôle de ses pulsions sexuelles, condamnation de toutes formes de violence, respect de l’environnement, tri de ses déchets… Aujourd’hui, l’individu est sommé de devenir toujours plus civilisé dans tous les compartiments de sa vie sociale, mais également privée. L’injonction à devenir un “bon citoyen” a supplanté celle d’être un “bon chrétien”. Les modalités ont changé mais le principe est le même. Si bien que l’individu doit se surveiller en permanence, en même temps qu’il doit dénoncer toute attitude ou propos “déviants”. Cela au nom du bien général et particulier car il en va de la Civilisation, de la Démocratie, de la République, etc. Sauf que c’est trop pour la plupart des gens. Ils n’en peuvent plus. On leur implante à chaque instant le sentiment d’être fautif et d’être coupable de l’être. C’est comme si on leur demandait d’adopter en permanence une hyène. Pour beaucoup, l’idéal démocratique apparaît psychiquement trop exigeant, surtout s’il doit être assimilé de force et rapidement. Ce n’est pas pour rien si des gens se défoulent sur Internet ou font des burn out. Comme le disait Philippe Muray, Freud nous a libérés du refoulement, mais qui nous libérera du défoulement ? Et je ne vous parle pas de la vogue du développement personnel, afin d’arriver à se sentir bien dans sa peau et dans son époque, preuve que c’est loin d’être évident. Ces comportements témoignent d’un malaise général. Tout le monde semble assis sur des oursins et ne plus rien supporter. D’ailleurs, tout le monde veut que ça change. Même les conservateurs appellent au “changement”. C’est comme une fuite en avant. Il s’agit là d’un symptôme qui, loin de remédier au problème, l’exprime et le renforce. De là que la moindre étincelle provoque aujourd’hui d’incroyables incendies qui, en temps normal, ne prendraient pas. Nous prenons feu de partout. En devenant toujours plus morale, la conscience contemporaine est devenue un immense champ de bataille qui cache un véritable champ de mines. Nos démocraties marchandes, où la maîtrise de soi se doit d’être toujours plus intériorisée, portent en germe des violences envers soi-même ou envers les autres d’autant plus terrifiantes qu’elles sont volcaniques. C’est le syndrome de la cocotte-minute.

Auteur: Bouillier Grégoire

Info: Le coeur ne cède pas, 2022

[ étouffantes moralines ] [ sans échappatoire ] [ soupape manquante ]

 

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exotisme

Plus tard, j’ai dû admettre que notre passion des opprimés et des sans-grade nous avait fait adopter une vision déformée du monde, nous amenant à prendre systématiquement parti pour tout ce que la société génère d’exclus ou de marginaux, on parlerait aujourd’hui de personnes stigmatisées. Nous aimions les clandestins, les prisonniers, les toxicomanes, les putes et les boat people. Dans nos appartements pleins de livres et de disques, dans nos chambres d’étudiants aux armoires bien garnies, nous nous rêvions en exilés, les sans-papiers que nous glorifions portaient le béret du Che et affichaient la peau d’ébène de Sankara, si l’immigration constituait une chance, nous attendions d’elle qu’elle métisse enfin ces populations franchouillardes, qu’elle revitalise de son sang frais ce pays encroûté, et tant pis si l’immigration de tous ces hommes jeunes, de cette force vitale, affaiblissait leur pays d’origine et compromettait son développement. Nous étions aux côtés des Arabes victimes de ce racisme enchâssé dans l’identité française, nous étions ces femmes de ménage portugaises exploitées, ces ouvriers marocains des serres d’Andalousie ; à vrai dire, la misère française était la seule que nous n’étions pas prêts à dénoncer. Nous n’avions guère de compassion pour les clochards d’ici qui erraient dans nos villes, peu d’intérêt pour la situation des paysans qui tiraient le diable par la queue : le Congolais portait ce parfum vivifiant de l’Ailleurs dont étaient dépourvu le paysan de la Creuse ou l’épicier de l’Aude, ces gens qui sentaient toujours un peu l’ail et le vin de noix, qui persistaient à refuser l’avortement et votaient à droite, par égoïsme. Et puis la souffrance du réfugié nous touchait d’autant plus que nous nous en estimions responsables : en tant qu’Occidentaux, notre soif de profit et notre cynisme avaient poussé nos parents, et avant eux nos grands-parents, à piller méthodiquement les richesses du monde, de sorte que la dette que nous avions contractée envers eux était immense et ne prendrait à vrai dire jamais fin. Nous étions par principe du côté de l’autre, de celui pourtant que nous ne fréquentions pas. Je me souviens avoir ouvert un jour mon sac avec ostentation, avoir littéralement vidé les pièces de mon porte-monnaie dans le chapeau d’un joueur de flûte de pan, convaincu d’être dans la vérité, comme s’il me fallait sans cesse donner des gages ; au mendiant d’ici je ne lâchais rien, non par calcul, mais seulement parce que je ne le voyais pas.

Auteur: Sansonnens Julien

Info: "Septembre éternel", Éditions de l’Aire, 2021, p.113-114

[ lointain-prochain ] [ hypocrisie ] [ racisme ] [ exotisme vivifiant ]

 

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covid-19

Les médias du monde entier – et donc Le Monde - ont diffusé la conclusion de la mission d’enquête de l’OMS en Chine sur l’origine du Sars-Cov2 : la fuite accidentelle d’un laboratoire est "hautement improbable" et l’OMS n’approfondira pas cette piste. Elle préfère s’intéresser à l’importation de surgelés frelatés. Fin de partie.

De retour à Genève, le chef de cette mission, Peter Ben Embarek, donne un entretien à la revue scientifique américaine Science (lire ci-après). Où l’on découvre que "hautement improbable" est une façon diplomatique de dire "pas impossible", donc "possible", et que les enquêteurs, submergés par une nuée de contrôleurs politiques, n’ont eu ni les moyens ni la curiosité d’aller plus loin.

Qui étaient ces enquêteurs ? Une dizaine de scientifiques de tous les continents, dont deux retiennent notre attention.

Peter Daszak, connu de nos lecteurs (voir en commentaire 1), est un zoologue britannique familier de Wuhan : il a travaillé avec Shi Zhengli, la spécialiste de l’"augmentation" des coronavirus par les gains de fonction, au sein du labo P4 de Wuhan. Daszak et elle ont co-signé des articles scientifiques. Daszak préside un organisme américain, EcoHealth Alliance, par lequel ont transité des fonds provenant des National Institutes of Health (instituts de recherche publics américains), à destination du labo de Shi Zhengli. On comprend la promptitude du chercheur à dénoncer les "théories conspirationnistes" sur une éventuelle fuite de laboratoire, au point d’assurer en avril 2020 qu’aucun coronavirus n’était cultivé à Wuhan… avant d’être démenti par le directeur du laboratoire lui-même. Daszak est la dernière personne à pouvoir enquêter sur l’origine du Sars-Cov2, compte tenu de ce conflit d’intérêt. Ça ne gêne nullement la "communauté scientifique", puisque la "prestigieuse revue The Lancet" l’a également chargé de piloter sa "task force" d’enquête sur l’origine de l’épidémie.

Une autre enquêtrice de l’OMS, virologue, travaille dans un laboratoire de l’université Erasmus de Rotterdam, lui aussi connu de nos lecteurs (voir en commentaire 2). Marion Koopmans est la collègue de Ron Fouchier, le virologue qui avait fait muter le virus de la grippe aviaire H5N1 en 2011 pour le rendre contagieux entre humains. Une des premières créations de "Frankenvirus", ces virus augmentés par la méthode des gains de fonction, qui avait déclenché une controverse scientifique. Le même Fouchier avait remis ça en 2013 avec une autre souche de grippe aviaire mortelle, H7N9, provoquant cette fois une alerte de scientifiques auprès de la Commission européenne. Marion Koopmans avait co-signé un article avec Fouchier et des chercheurs chinois sur l’émergence de H7N9. Si elle évite aujourd’hui d’examiner les gains de fonctions de Shi Zenghli sur les coronavirus, qui peut lui en vouloir ? Nul ne souhaite une nouvelle controverse sur les laboratoires qui rendent les virus plus contagieux.

Le directeur de la mission, Peter Ben Embarek, est quant à lui un spécialiste danois de la sécurité alimentaire (d’où les surgelés) et expert des zoonoses à l’OMS depuis 2001. Rions jaune en découvrant son entretien avec Science.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: 19 février 2021, http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/l_oms_n_a_rien_vu_a_wuhan.pdf?fbclid=IwAR0d9vOAXNVukSpU1jet7H6Lizw18xLttZrjNNLbP5Fhy73LgqfT50zL0-Y

[ apprentis sorciers ] [ manipulations génétiques ] [ étouffer l'affaire ] [ scientifreak ]

 

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christianisme-protestantisme

En 1504, il [Erasme] avait publié pour la première fois un traité destiné à éclairer ceux qui, "faisant consister la religion en cérémonies et en observances judaïques de choses matérielles, négligeaient la véritable piété". C’était l’Enchiridion Militis Christiani, livre hardi qui contenait en substance tout le programme des réformes souhaitées par Érasme. […] Dans l’été de 1518, Érasme chargeait Froben de le publier à nouveau et composait pour cette réédition une longue préface dédiée à un abbé alsacien, Paul Volz. C’était un manifeste. Avec prudence, à son ordinaire, mais avec décision, Érasme y conduisait une opération fort adroite. Il couvrait Luther, tout à la fois, de son autorité et de sa modération. Il se gardait de nommer le fougueux Augustin ; mais dans un passage semé d’allusions, il s’instituait l’avocat d’une liberté de critique qu’il revendiquait et pour lui et, visiblement, pour Luther. "De même, voilà quelqu’un qui nous avertit : mieux vaut se fier à de bonnes actions qu’aux grâces octroyées par le pape. Veut-il dire qu’il condamne absolument ces grâces ? Non, mais qu’il leur préfère les voies que l’enseignement du Christ indique comme plus certaines." Traduction assez libre des opinions de Luther ; mais la manœuvre était pleine d’adresse. "Cet homme est de mes hommes, semblait dire l’humaniste en désignant le moine. C’est une tête chaude, sans doute ; mais écoutez : je vais vous présenter, à ma mode, ses griefs et ses objections ; quand il parlera par ma bouche, vous direz tout d’une voix : il a raison. Au reste, ses critiques, préface d’un programme complet de réforme et de rénovation. Ce programme, dès 1504, je l’ai présenté à la chrétienté. Je le lui présente à nouveau, en 1518, dans cette édition revue et corrigée de l’Enchiridion." Tactique habile, intelligente et souple. Elle montre jusqu’à l’évidence qu’en 1518, Érasme connaissait encore bien mal Luther.

Qui l’aurait pu d’ailleurs avertir de son erreur ? Un seul homme, Luther, en rendant publics des griefs qu’il n’avait confiés qu’à des amis choisis, dans des lettres privées. Mais cette révélation brutale, encore qu’elle fût fort dans son tempérament, Luther pour cent raisons ne pouvait la faire. C’eût été la rupture. Or Luther ne pouvait pas rompre avec Érasme. Seul, il n’aurait peut-être pas hésité à le faire. Il n’était pas, il n’était plus seul. Des hommes l’entouraient, des amis, des partisans, dévots à lui mais dévots à Érasme, incapables de jeter l’anathème sur l’un pour demeurer fidèles à l’autre. Des hommes l’entouraient, qui pesaient sur lui, l’amenaient doucement à faire le geste nécessaire, celui qu’il accomplit le 28 mars 1519 lorsqu’il rédigea, à l’adresse d’Érasme, une lettre, la première, pleine d’humilité et de soumission extérieure, très orgueilleuse au fond et très brutale : une mise en demeure ; avec ou contre moi ?

Mais Érasme non plus n’était pas libre. Pas libre de dire, sinon de voir, que Luther n’était pas un de ses tenants ; pas libre de dénoncer les fautes qu’il lui voyait commettre : énormes cependant, de son point de vue à lui. C’est que tout de suite, avec leur flair grossier, ses ennemis, entre lui et Luther, avaient noué un lien direct. Luther, un suivant ; qui sait, un prête-nom d’Érasme ? L’humaniste avait dû comprendre que dès lors, toute condamnation de Luther serait sa condamnation à lui ; un coup mortel porté à la cause même de la réforme humaniste, à sa cause... A tout prix, il fallait empêcher les moines haineux de rejeter Luther comme hérétique. A tout prix, il fallait protéger Luther, intercéder pour lui auprès des princes, des prélats, des grands esprits ; faire l’opinion et la rendre intangible. A tout prix enfin, il fallait peser sur Luther, obtenir de lui qu’il usât de prudence sans se laisser pousser à l’irréparable. Besogne énorme. Érasme s’y attela virilement, habilement. Ainsi s’établit entre deux hommes munis de viatiques empruntés, l’un à cette antiquité païenne dont Érasme se nourrissait avec délices et qui l’aidait sans doute à comprendre Jésus ; l’autre, à la doctrine paulinienne et à la tradition augustinienne — ainsi s’établit entre Luther, uniquement et passionnément chrétien, et Érasme, adepte infiniment intelligent d’une philosophie du Christ toute saturée de sagesse humaine, une sorte de compromis qui permettait l’action. Ainsi, dans l’opinion des lettrés, naquit ce préjugé si fort qu’il vit toujours : Luther ? le fils spirituel et l’émule d’Érasme — le réalisateur de ses velléités réformatrices.

Une équivoque. Une première équivoque.

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, pages 85-86

[ affiliation ] [ malentendu ]

 

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