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sport

Assis dans son coin et observant son adversaire de l'autre côté du ring, la pensée lui vint que l'alliance de sa sagesse avec la jeunesse de Sandel ferait un champion du monde des poids lourds. Mais c'était justement là le problème. Sandel ne deviendrait jamais champion du monde. Il lui manquait la sagesse et son seul moyen de l'obtenir était de la payer de sa jeunesse. Lorsqu'il posséderait la sagesse, il aurait dépensé sa jeunesse à l'acheter.

Auteur: London Jack

Info: Un steak, P49

[ boxe ] [ littérature ]

 

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recherche

Je cherchais une parole, j'entendis une voix...
J'étais en quête de la parole. Cette parole que j'avais employée à tour de bras, dépensée sans compter, soufflée dans des bulles de savon, dilapidée ; cette première phrase qui marquerait le début de l'histoire et la ferait s'acheminer jusqu'à son terme. La phrase impossible à mettre par écrit, qui se dissout dans la légèreté vaporeuse de la pensée au moment précis où je crois la saisir... La parole perdue...
Mais j'entendis cette voix, j'oubliais la parole et suivis le cri.

Auteur: Oya Baydar

Info: Parole perdue

[ son ] [ incarnation ]

 

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dégradation

L'énergie libérée lorsque les substrats subissent une oxydation* à l'air n'est pas libérée en une seule fois, comme on le pensait autrefois, mais elle est libérée par étapes. Au moins six étapes distinctes semblent être impliquées. Le processus n'est pas sans rappeler celui des écluses d'un canal. Chaque écluse est franchie lors de l'ascension d'un niveau inférieur à un niveau supérieur, et une certaine quantité d'énergie est dépensée. De même, l'énergie totale résultant de l'oxydation des denrées alimentaires est libérée par petites unités ou parcelles, étape par étape. La quantité d'énergie libre libérée à chaque étape est proportionnelle à la différence de potentiel des systèmes composant les différentes étapes.

Auteur: Glendinning Ball Eric

Info: Mécanismes oxydatifs dans les tissus animaux", Symposium sur les enzymes respiratoires (1942), 22. *Combinaison (d'un corps) avec l'oxygène, donnant un oxyde ; réaction dans laquelle un atome ou un ion perd des électrons. Oxydation et réduction.

[ oxygénation ] [ brunissement enzymatique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

fils-père

Autre chose, pour avoir observé de près mon père, ce monstre décervelé qui m’avait éjaculé sur cette terre de douleur, j’en avais déduit qu’un individu pouvait travailler sa vie entière et finir fauché comme les blés ; lui-même, il avait, mois après mois, dépensé l’argent de son salaire en acquérant les biens de consommation dont il pensait avoir besoin, des biens nullement précieux : voitures, lits, postes de radio, aliments, vêtements, bref, des biens aussi surestimés que les femmes, raison pour laquelle il tira la langue toute sa vie, mais même mort il remit ça en offrant, ultime folie des grandeurs, un magnifique cercueil de chêne massif à la vermine aveugle de l’enfer.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", page 59

[ capitalisme ] [ aliénation ] [ asservissement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

désocialisation

Trouver un nouveau travail est, surtout en hiver, très difficile, sinon impossible. Cela va encore les premières semaines. Il reçoit l'indemnité de chômage des caisses de son syndicat, et se débrouille tant bien que mal. Cependant, une fois le dernier denier, et le dernier pfennig dépensés, quand la caisse de chômage, à la longue, cesse de payer le secours, la grande misère arrive. Il traîne maintenant, ça et là, affamé il vend ou met en gage ce qui lui reste ; il arrive ainsi, dans son costume et dans ses fréquentations, à une déchéance complète du corps et de l'esprit. Qu'il n'ait plus maintenant de logement et que cela arrive en hiver, comme c'est souvent le cas, et sa détresse est complète.

Auteur: Hitler Adolf

Info: Mein Kampf

[ SDF ] [ déchéance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

gastronomie

De nos jours vivait Apicius, dans cette même ville d'où l'on a chassé les imbécile heureux comme corrupteurs de la jeunesse, il a professé l'art de la bonne chère et il a infecté le siècle de sa science. Sa mort vaut la peine qu'on la raconte. Après avoir dépensé pour sa cuisine 100 millions de sesterces (env. 4 millions d'euro), après avoir absorbé pour chacune de ses orgies tous les revenus du Capitole, se trouvant accablé de dettes, il eut l'idée de faire, pour la première fois, le compte de sa fortune. Il compta qu'il lui restait 10 millions de sesterces et, comme s'il eut dû vivre dans les tourments de la faim avec ses 10 millions, il s'empoisonna. Quels devaient être sa corruption et son faste, alors que 10 millions de sesterces lui représentaient l'indigence ?

Auteur: Sénèque

Info:

[ suicide ]

 

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écologie

Peu de gens militeront pour une vision alternative des trous noirs ou de l'inversion magnétique, mais nous savons par expérience que pour ce qui concerne les sols, les vaccins, les vers de terre, les ours, les loups, les neurotransmetteurs, les champignons, la circulation de l'eau ou la composition de l'air, la moindre étude sera immédiatement embarquée dans une véritable bataille d'interprétations. La Zone critique n'est pas une salle de classe ; la relation entre les chercheurs et le public est tout sauf purement pédagogique.

Si nous avions encore des doutes sur ce point, la pseudo-controverse sur le climat suffit à les dissiper. Rien ne prouve qu'une grande entreprise ait dépensé un centime pour générer quelque méconnaissance sur la détection du boson de Higgs. Mais nier la mutation climatique est une toute autre affaire : les financements affluent. L'ignorance du public est une denrée si précieuse qu'elle justifie d'immenses investissements.

Auteur: Latour Bruno

Info: Où atterrir ?

[ marchands de doute ] [ environnementalisme ] [ mensonge ] [ propagande consumériste ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

blague

"Tu connais la blague du lapin ?" Je fis signe que non. "La CIA, le FBI et la police de Los Angeles se disputent pour savoir qui est le plus fort pour attraper les criminels. Alors le président décide de les tester en lâchant un lapin dans une forêt... [...] - Les types du FBI y vont. Deux semaines de recherches, aucune piste : ils brulent la forêt, massacrent tout ce qui bouge et ne s'excusent même pas. Ils expliquent au président que le lapin n'a eu que ce qu'il méritait. Ensuite, la police de Los Angeles se lance. [...] - Trois heures plus tard, ils ramènent un ours. Il s'est bien fait tabasser, il sort de là les mains sur la tête en criant "D'accord, d'accord ! Je suis un lapin ! Je suis un lapin !" Après, le président envoie les mecs de la CIA. - Ils installent des animaux indics dans toute la forêt. Ils interrogent tous les témoins végétaux et minéraux. Trois semaines plus tard, après avoir déployé onze cent agents et dépensé 4.5 millions de dollars, ils pondent un rapport de 755 pages, avec la preuve concluante et définitive que non seulement le lapin n'existait pas mais que cette espèce n'a jamais existé". Je riais avant même qu'elle ait terminé, non parce c'était drôle mais parce que c'était vrai.

Auteur: Ellory RJ Roger Jon

Info: Les anonymes

[ triade ] [ triptyque ]

 

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pensée-de-femme

Les coups je les ai reçus et le secret je l’ai gardé jusqu’au bout. J’ai trente-huit ans et je n’ai pas d’enfant. Je n’ai pas de photo à montrer, ni prénom ni âge à annoncer, pas d’anecdote ou de bon mot à raconter.

J'abrite en moi-même, et à l’insu de tous, l’enfant que je n’aurai pas. Mon ventre abîmé est peuplé de visages à la peau diaphane, de dents minuscules et blanches, de cheveux de soie. Et lorsqu’on me pose la question – c’est-à-dire chaque fois que je rencontre une nouvelle personne (en particulier des femmes), chaque fois qu’après m’avoir demandé quel est mon métier (ou juste avant), on me demande si j’ai des enfants –, chaque fois donc que je dois me résigner à tracer sur le sol cette ligne à la craie blanche qui sépare le monde en deux (celles qui en ont, celles qui n’en ont pas), j’ai envie de dire : non je n’en ai pas, mais regarde dans mon ventre tous les enfants que je n’ai pas eus, regarde comme ils dansent au rythme de mes pas, ils ne demandent rien d’autre qu’à être bercés, regarde cet amour que j’ai retenu converti en lingots, regarde l’énergie que je n’ai pas dépensée et qu’il me reste à distribuer, regarde la curiosité naïve et sauvage qui est la mienne, et l’appétit de tout, regarde l’enfant que je suis restée moi-même faute d’être devenue mère, ou grâce à cela.

Auteur: Vigan Delphine de

Info: Les loyautés

[ nullipare ] [ regrets ]

 

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consumérisme

Si un Bulgare me demandait de lui donner une idée de la vie quotidienne aux USA, je lui recommanderais sans hésitation de se procurer une pile des suppléments publicitaires du New York Times. Ils vous donnent une idée de la richesse et de la variété de la vie américaine qui dépasse tout ce que les étrangers peuvent imaginer dans leurs rêves les plus fous. Comme pour prouver ce que j'avance, mon numéro contenait un catalogue d'idées cadeaux, publié par la firme Zwingle de New York. Il offrait une gamme incroyable d'objets, de ceux dont on ne soupçonnait pas jusque-là qu'ils fussent indispensables : des embauchoirs musicaux, des parapluies avec radio incorporée dans le manche, des polissoirs à ongles électriques. Quel pays fabuleux ! Mon préféré était une petite plaque chauffante-à-poser-sur-son-bureau-pour-empêcher-son-café-de-refroidir. Une véritable aubaine pour ceux qui souffrent d'un dérangement cérébral qui les pousseraient à partir à l'aventure en oubliant leur boisson. J'imaginais les lettres d'épileptiques reconnaissants, venues du monde entier (Chère Zwingle compagnie, Je ne peux vous dire combien de fois je me suis retrouvé sur le plancher, saisi du grand mal, en train de me dire : "mon Dieu, mon café va encore être froid." ) Sérieusement, qui donc peut bien avoir l'idée d'acheter ces gadgets, cure-dents argentés, caleçons avec monogramme, miroirs ornés de l'inscription "homme de l'année" ? Si je dirigeais une de ces firmes, je produirais une petite planche d'acajou, avec une plaque de laiton où serait gravé : "les mecs, j'ai dépensé 22 dollars 95 pour cette merde absolument inutile." Je suis sûr que ça partirait comme des petits pains.

Auteur: Bryson Bill

Info: Motel Blues

[ absurde ] [ humour ]

 

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