cinéma
J'ai cherché d'autres monastères désaffectés. J'ai pensé à faire des décors en studio... Et puis finalement, un jour, j'ouvre un livre sur Manet et je me rends compte que l'on peut être à la fois absolument réaliste et complètement décalé par rapport à la réalité, et que ça fonctionne : un fond sombre, pas de porte, pas de murs, pas de paysage... et vous voyez que tout est impeccable, tout est vrai.
Auteur:
Cavalier Alain
Années: 1931 - ????
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: cinéaste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
"Entretien avec Alain Cavalier", in "Positif", n.308, octobre 1986, tiré de "Passage du cinéma", éd. Ansedonia
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beaux-arts
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représentation
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vraisemblance
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eurêka
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décor épure
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visuel
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homme-animal
Quelque part dans le sud-est de Londres, une jeune pie tombe par terre.
Vu d’en bas, il est difficile de savoir d’où elle est tombée exactement. Son nid pourrait être tout en haut des platanes qui bordent cette route érodée par les camions, couffin végétal dissimulé par un voile de feuilles vertes. À moins qu’il ne soit quelque part dans la jungle de hangars plus ou moins désaffectés qui pullulent dans le quartier, monticule complexe de brindilles et de boue sur de la tôle ondulée et de l’amiante. Les pies construisent leurs maisons tout près des nôtres, visibles mais juste hors de portée. Une cité de pies superposée à la nôtre.
Auteur:
Gilmour Charlie
Années: 1989 -
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Angleterre
Info:
Premières plumes - Incipit
homo festivus festivus
Certains soirs, histoire de changer, nous descendions pour dîner dans les villages des alentours. On s’en faisait vite rééjecter. A peine arrivés, à peine virés. Au cœur des bourgades les plus paisibles, les plus médiévalement abandonnées, et par les nuits les plus divines, la Fête nous attendait, tapie dans le noir. Il suffisait de commander le vin, la Fête se jetait alors sur nous. Trrrabouuummm ! Krrrataklôôông ! Brrradababang ! Terminé. Les manèges d’autos tamponneuses, qui nous avaient paru désaffectés, se rallumaient tous d’un seul coup. Et encore trrrabouuummm ! Krrrataklôôông ! Il ne restait plus qu’à se dépêcher, finir nos assiettes en vitesse, bouffer courbés sous les rafales, et foutre le camp dès qu’on pouvait. Brrradababang ! Krrrataklôôông ! Dans les pires patelins les plus perdus, on avait amené des orchestres. De grosses filles rugissaient dans des micros. Quelques touristes ou villageois commençaient à trémousser. Mères de famille, cadres urbains. C’était un spectacle effarant, tous ces pauvres gens qui ricochaient, qui rebondissaient dans la débâcle, essayaient d’entrer dans la danse. Candidats au néo-monde hagard. Peut-être que c’était ça le comique moderne, je me disais, moi, en les regardant, et tandis que nous battions en retraite, ce désir éperdu d’être en accord, à n’importe quel prix, absolument, avec une société indéfendable.
Auteur:
Muray Philippe
Années: 1945 - 2006
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: essayiste et romancier
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "On ferme !" pages 638-639
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tapage
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envahissement
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