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fils-père

Nique ta mère. Patriarche de toutes les insultes. Henry avait toujours supposé que le venin de l’expression, le coup de couteau qu’elle infligeait, était évident  : elle jetait une lumière crue sur la pulsion œdipienne de l’autre. Mais, il le comprenait désormais, il avait tout faux. Il fallait avoir les idées courtes pour croire que la personne à qui elle était lancée était censée être blessée par une invitation reposant sur cette perverse supposition freudienne selon laquelle tout ce dont rêvait n’importe quelle bite était de retourner dans la fente par laquelle elle était sortie. Pourtant, le Viennois coké jusqu’aux yeux avait vu juste pour la deuxième partie, le parricide. La haine du père devait être plus répandue que le désir pour la mère. En vertu de cette logique, il était passé à côté de la véritable racine de la phrase. Elle avait clairement été créée en référence à la figure la plus universellement honnie, à la fois source et cible légitime de la fureur de tout fils. Le père, celui qui a niqué la mère.

Auteur: Guanzone Jakob

Info: Abondance

[ - ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

pulsion créatrice

Que l'esthétique des Classiques ait été une esthétique du plaisir ne doit pas porter à croire que ce dernier ne trouverait pas place hors d'elle. En vérité, aucune esthétique ne s'exempte d'un principe de plaisir (qu'il soit ou non apparenté à celui de Freud, dont au demeurant il va falloir parler). Pourvu qu'on prenne soin de distinguer la satisfaction, et plus encore le contentement, la réplétion et la détente, du plaisir de désir, de l'intensité qui se recherche et se relance, on ne pourra pas ne pas discerner ce dernier, quelque dissimulé qu'il puisse être sous des théories techniques, signifiantes, politiques ou philosophiques. On ne parlerait plus d'art si on ne parlait d'un certain attrait, celui de l'artiste pour son art, celui du spectateur pour ce même art dans l'oeuvre, et plus subtilement mais sans doute plus véritablement celui que l'oeuvre prend à elle-même, qui la tire et qui l'ouvre, qui la tend au-delà de son achèvement, et qui est le plus proprement ce plaisir infini, non conclusif, auquel tendent le désir de l'artiste et le nôtre grâce au sien.

Auteur: Nancy Jean-Luc

Info: In "Le plaisir au dessin", éd. Galilée, p. 48-49

[ mouvement perpétuel ] [ libido ] [ quête ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

introspection

Il se passe actuellement dans mon âme quelque chose que je n'arrive absolument pas à analyser moi-même. J'ai peu de désirs, peu de projets, je me pose peu de questions, et il y a tellement de pensées qui s'emmêlent et s'agitent dans ma tête que je ne parviens pas à les démêler. Si au moins je pouvais attraper l'extrémité d'une seule d'entre elles ! Par exemple, il m'arrive d'avoir l'impression que tout est clair, et je commence à croire vraiment que tout est limpide, littéralement tout, et soudain, tout paraît se recouvrir de brouillard et il m'est impossible de comprendre quoi que ce soit. Et surtout, je n'ai personne avec qui partager mes pensées. Maman ? Elle arrive à la maison, elle mange et elle se couche. Elle est si fatiguée maintenant. Tamara ? Mais comment partager quoi que ce soit avec elle et que saisira-t-elle dans ce que je lui dirai, et partager quoi ? En fait, la seule chose qu'il y ait en moi, c'est un vide, un vide véritable. Je ne comprends rien, ou plus exactement je comprends tout, seulement je ne sais pas ce qu'il y a à comprendre.

Auteur: Moukhina Lena

Info: Le Journal de Léna, 27 novembre 1941

[ perdu ]

 

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hommes-femmes

Dans l’amour, l’homme est véritablement aliéné à l’objet de son désir, au phallus. Mais, dans l’acte érotique, ce même phallus réduit pourtant la femme à être un objet imaginaire. C’est pourquoi, au sein même de la relation amoureuse la plus profonde, la plus intime, est maintenue chez l’homme la duplicité de l’objet. J’y ai bien souvent insisté quand je critiquais la fameuse relation génitale. 

De l’autre côté, le rapport de la femme à l’homme, que chacun se plaît à croire beaucoup plus monogamique, n’en présente pas moins la même ambiguïté – à ceci près que la femme trouve dans l’homme le phallus réel. Elle est donc en posture d’obtenir effectivement dans le couple une relation de jouissance qui satisfait son désir.

Mais justement, dans la mesure où la satisfaction du désir se produit sur le plan réel, l’amour de la femme, non pas son désir, se porte sur un être qui est, lui, au-delà de la rencontre du désir – à savoir l’homme en tant qu’il est privé du phallus, l’homme en tant que, précisément, de par sa nature d’être achevé, d’être parlant, il est châtré.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre VI : Le désir et son interprétation", éditions de La Martinière et Le Champ Freudien éditeur, 2013, pages 159-160

[ sexualité ] [ injoignabilité ] [ quête éperdue ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

fondateur de la psychanalyse

Vous croyez que Freud est plus autoritaire que Charcot ? – alors que Freud, autant qu’il le peut, renonce à la suggestion pour laisser le sujet intégrer ce dont il est séparé par des résistances. En d’autres termes, est-ce chez ceux qui méconnaissent la résistance qu’il y a moins d’autoritarisme ou chez celui qui la reconnaît comme telle ? J’aurais plutôt tendance à croire que quelqu’un qui, dans l’hypnotisme, cherche à faire du sujet son objet, sa chose, à le rendre souple comme un gant pour lui donner la forme qu’il veut, pour en tirer ce qu’il veut, est, plus que Freud, poussé par un besoin de dominer et d’exercer sa puissance. [...]

Penser que la carrière de Freud a été une compensation de son désir de puissance, voire de sa franche mégalomanie, dont il reste d’ailleurs des traces dans ses propos, je crois que c’est... Le drame de Freud, au moment où il découvre sa voie, ne peut pas se résumer ainsi. Nous avons tout de même assez appris dans l’analyse pour ne pas nous sentir obligés d’identifier Freud rêvant de dominer le monde à Freud initiateur d’une vérité nouvelle.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, pages 47-48

[ résumé nuancé ] [ anti-réductionnisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

consumérisme

C'est le besoin d'un tapis de bain antidérapant qui nous maintient en vie. Ou d'un couscoussier. D'un économe. Alors on étale ses achats. On programme les lieux où l'on va se rendre. On compare parfois. Un fer Calor contre un Rowenta. On remplit les armoires lentement, les tiroirs un à un. On passe une vie à remplir une maison; et quand elle est pleine, on casse les choses pour pouvoir les remplacer, pour avoir quelque chose à faire le lendemain. On va même jusqu'à casser son couple pour se projeter dans une autre histoire, un autre futur, une autre maison. Une autre vie à remplir. Je suis passée chez Brunet, rue Gambetta, j'y ai acheté Belle du Seigneur en Folio. Je profite des soirées sans Jo pour le relire. Mais cette fois, c'est terrifiant puisque désormais je sais. Ariane Deume prend son bain, soliloque, se prépare et je connais déjà la chute genevoise. Je connais l'horrible victoire de l'ennui sur le désir; du bruit de la chasse d'eau sur la passion mais je ne peux m'empêcher d'y croire encore. La fatigue m'emporte au coeur de la nuit. Je me réveille, épuisée, rêveuse, amoureuse. Jusqu'à ce matin. Où tout s'effondre.

Auteur: Delacourt Grégoire

Info: La liste de mes envies

[ moteur ]

 

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rendez-vous galant

Serge faillit en rester là. Il se souvint d’un article de la méthode qui, à en croire l’essayiste, était décisif : "Tout ce que vous me dites est très intéressant, l’interrompit-il, mais j’aimerais aussi connaître la vraie Nicole, celle qui se cache derrière la secrétaire sérieuse et compétente." C’était un peu osé, mais l’ennui donne le courage de tout tenter pour sortir de ses marécages. Malheureusement, la vraie Nicole était extrêmement chiante (point que le traité de séduction n’abordait pas : celui de l’intérêt intellectuel de l’objet désiré.) En réalité, la vraie Nicole croyait en la "bienveillance des gens", elle aurait aimé que l’univers soit un "monde de paix et d’amour". Sa grande passion, c’était la littérature pour la jeunesse, une "littérature du cœur, de l’intelligence, de la douceur et de la fantaisie". En se plongeant dans cette littérature, elle retrouvait "l’esprit de l’enfance", l’esprit du jeu, l’esprit des "chats qui s’amusent avec des pelotes de laine". Elle et son amie Delphine ne rataient jamais le festival de Montreuil. En revanche, elle n’avait pas de mots assez durs pour "les vieux schnoks et les tristes sires" qui snobaient l’univers des "pitchouns", tous ceux qui oubliaient "le rire des polissons" et "la joie mutine des garnements".
Serge regretta alors la première Nicole, la secrétaire sérieuse qui, au moins, participait à la prospérité de l’agence. Il mit fin à l’entretien en réclamant l’addition.

Auteur: Patrice Jean

Info: Dans "L'homme surnuméraire", pages 107-108

[ raté ] [ incompatibilité ] [ femme-par-homme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

pute

Véronique Cheminot, célèbre naguère au quartier latin sous le nom expressif de la Ventouse, était une splendide goujate que dix années, au moins, de prostitution sur vingt-cinq, n’avaient pu flétrir. Et Dieu sait pourtant l’effroyable périple de ce paquebot de turpitudes !



Née dans un port breton, d’une ribaude à matelots malencontreusement fruitée par un cosmopolite inconnu, nourrie, on ne savait comment, dans cet égout, polluée dès son enfance, putréfiée à dix ans, vendue par sa mère à quinze, on l’avait vue se débiter dans toutes les halles à poisson de la luxure, se détailler à la main sur tous les comptoirs du stupre, pendre à tous les crocs de la grande triperie du libertinage.



Le boulevard Saint-Michel l’avait assez connue, cette rousse audacieuse qui avait l’air de porter sur sa tête tous les incendies qu’elle allumait dans les reins juvéniles des écoles !



Elle ne passait pas généralement pour une bonne fille. Quoiqu’elle eût fait d’étranges coups de tête pour des hommes qu’elle prétendait avoir aimés, cette avide guerrière se livrait à de terrifiques déprédations qui la rendaient infiniment redoutable aux familles. À l’exception de quelques rares et singuliers caprices qui lui faisaient mettre parfois dans son lit des vagabonds sans asile, — et qu’on expliquait inexactement par la fangeuse nostalgie de sujétion particulière à ces réfractaires, — ses caresses les plus authentiques étaient d’une vénalité escaladante, qui montait jusqu’au lyrisme. Elle avait gardé cette ingénuité de croire fermement que les hommes qui la désiraient étaient tous des apoplectiques d’argent qu’aucune saignée ne pouvait jamais anémier.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 78-79

[ parcours ] [ proies préférées ] [ description ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déception

Lorsque [Walter] Benjamin écrit ses souvenirs, en 1942, il a déjà quarante ans et un sens aigu de la dangerosité de l'époque et de sa propre finitude. Il a assisté à la naissance de l'état fasciste et de la prise du pouvoir par Hitler et les nazis et il s'est exilé. En France, à Berlin, à Ibiza aussi. Il ne lui reste à vivre qu'une poignée d'années et s'il ne le sait pas, il en a peut-être la prémonition, en tant que juif, en tant qu'être ultrasensible et animé par une conscience politique qui le propre d'écrivains et de philosophes de sa génération. En tout cas, il est suffisamment âgé et lucide pour savoir que la vie a été une promesse non tenue, un avenir non réalisé. Pas seulement pour lui. Pour comprendre que, déjà enfant, il se révoltait contre ses parents, contre l’école telle qu'il la vivait, contre les meubles encombrants et les armoires trop bien rangées. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Benjamin pensait que la faiblesse de l'enfant, son impuissance -voire celles de l'adulte- à leur niveau le plus extrême, étaient une chance de salut. Un pressentiment salutaire. Sa conception de l'Histoire est une seule et unique catastrophe qui ne cesse d'amonceler les ruines, les éternels vaincus, les humiliés de la faim et de la misère. Les promesses oubliées, les espérances brisées. L'enfant lui-même est victime d'une semblable catastrophe. Dans ces souvenirs, il y a déjà des conceptions mystiques et historiques qu'il exprimera dans ses Thèses sur la philosophie de l'histoire.

Auteur: Lacoste Jean

Info:

[ insoumission ] [ confrontation ] [ désir de fuite ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

révolte

La misère et la pauvreté sont si fondamentalement dégradantes, et exercent sur la nature humaine un effet si paralysant, qu'aucune classe de la population n'est jamais vraiment consciente des souffrances qu'elle endure. Il faut que d'autres le lui disent, et souvent elle refuse catégoriquement de les croire. Ce que les gros employeurs de main-d'oeuvre disent des agitateurs est indéniablement vrai. Les agitateurs sont des gens indiscrets se mêlant de ce qui ne les regarde pas, qui fondent sur une partie de la population parfaitement satisfaite de son sort et sèment en son sein les graines du mécontentement. C'est bien pour cela que les agitateurs sont absolument indispensables. Sans eux, au stade inachevé qui est le nôtre, il n'y aurait nul progrès vers la civilisation. Si l'esclavage a été aboli aux Etats-Unis, ce n'est pas à la suite d'actions menées par les esclaves, ni même parce qu'ils auraient exprimé un désir explicite d'être libérés. Il a été aboli uniquement grâce aux pratiques totalement illégales de certains agitateurs de Boston et d'ailleurs, qui eux-mêmes n'étaient ni esclaves, ni propriétaires d'esclaves, et qui en vérité n'avaient rien à voir avec la question. Ce sont indéniablement les abolitionnistes qui ont mis le feu aux poudres, c'est par eux que tout a commencé. Et il est très curieux de noter que les esclaves eux-mêmes leur apportèrent bien peu d'aide, et même bien peu de sympathie ; et lorsqu'à la fin de la guerre les esclaves se retrouvèrent libres, et même si totalement libres qu'ils étaient libres de mourir de faim, nombre d'entre eux regrettèrent amèrement leur nouvelle situation.

Auteur: Wilde Oscar

Info: l'âme de l'homme sous le socialisme, Oeuvres, la Pléiade, nrf Gallimard 1996<p.933>

 

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