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vertu hypocrite

Aucune période n’a jamais été celle du "vide" que la nôtre. L’existence quotidienne, au contraire, se remplit d’énigmes de plus en plus effarantes, cocasses, et pour la plupart terrorisantes. La civilisation telle qu’elle évolue est un mystère qui s’épaissit. Les nations occidentales sont en ébullition de bouffonneries. Tourmentants, effrénés, chaque jour montent au créneau de nouveaux échantillons d’humanité qu’une seule passion anime : surveiller, traquer, rééduquer, boycotter, réglementer toujours, et sauver leurs semblables même contre leur gré.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 84

[ bonté dérégulée ] [ envie du pénal ] [ désoeuvrement ] [ pré-réseaux sociaux ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

sérénité animale

Un zoologiste qui, en Afrique, a observé de près les gorilles, s'étonne de l'uniformité de leur vie et de leur grand désoeuvrement. Des heures et des heures sans rien faire... Ils ne connaissent donc pas l'ennui ? Cette question est bien d'un homme, d'un singe occupé. Loin de fuir la monotonie, les animaux la recherchent, et ce qu'ils redoutent le plus c'est de la voir cesser. Car elle ne cesse que pour être remplacée par la peur, cause de tout affairement. L'inaction est divine. C'est pourtant contre elle que l'homme s'est insurgé. Lui seul, dans la nature, est incapable de supporter la monotonie, lui seul veut à tout prix que quelque chose arrive, n'importe quoi. Par-là, il se montre indigne de son ancêtre : le besoin de nouveauté est le fait d'un gorille fourvoyé.

Auteur: Cioran Emil Michel

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[ éloge ] [ homme-animal ] [ paresse ] [ naturelle ]

 

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graphomane

Dans son cent vingt mètres carrés en face de chez moi, Rémy écrivait, écrivait. A la suite de cette conversation, je me mis à imaginer sa vie. Il n'était pas contre l'époque, non, il luttait juste contre l'ennui. Il tentait de "rendre la vie supportable". Il avait voulu se suicider après son accident aux genoux, sous prétexte qu'il était un bon à rien, et puis il avait croupi dans le désoeuvrement. Alors, au bout de quelques mois de gamberge, il avait eu une idée fixe : écrire, écrire, écrire, comme s'il n'y avait plus que ça. "Ecrrrire !" s'égosillait-il sur son lit d'hôpital et sur sa chaise roulante, quand sa maman l'avait ramené à la maison. En touchant pour la première fois ses béquilles, aussi. Ecrire pour survivre atrophié. Ne plus faire la vaisselle, ne plus faire la lessive, écrire." Maman, repasse-moi mes chemises, toi qui sait si bien faire. Moi j'écrrris et j'invite des filles chez moi, pour rendre la vie supportable."

Auteur: Bied-Charreton Solange

Info: Dans "Enjoy", éditions Stock, 2012, pages 88-89

[ posture artistique ] [ compensation ] [ dandysme ] [ passe-temps ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

désoeuvrement

Tantôt, il y restait à l’état végétatif, songeant : "A cette heure, les gens sont à leurs affaires, doivent faire des choses à heure fixe", et il gardait la bouche entr’ouverte, comme pour manifester mieux encore son relâchement. Mais à présent, ainsi étendu, il s’endormait, et c’était devenu son rêve : dormir le plus longtemps possible durant l’après-midi. Même il en vint à commander à Mélanie, de préférence, des plats lourds, des haricots, des purées, pour que la digestion sûrement l’endormît. Il s’éveillait vers les quatre heures, bâillant comme si le sommeil lui avait donné sommeil, les yeux pleins d’eau, les plis de l’oreiller imprimés sur ses joues, et se disant : "Eh ! bien, encore une de tirée !" Car, depuis la décision prise de quitter Arago, "tirer" les journées était devenu son grand bonheur. Chaque jour, il effaçait la journée sur son calendrier de portefeuille, dans sa hâte d’arriver à la date du départ. Parfois même si impatient que, vers midi, il effaçait la journée en cours comme si déjà elle était close. Et puis, vers six heures, il avait un renouveau de contentement, parce que la fin de la journée approchait. A neuf heures, il était au lit.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 162

[ ennui ] [ interminables ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

voyage

J'établirai dans quelques lignes comment Simon, bien malgré lui, à son corps défendant, fut obligé de quitter Vancouver en coup de vent, sans prendre congé de personne, pas même de Monika, sa sublime troubadour hollandaise au corps de sirène et à la bouche vorace, pour rentrer en toute hâte à Paris afin de venir au secours de Judith sa soeur tant aimée qui une nouvelle fois, par pure distraction ou par simple désoeuvrement, avait tenté de mettre fin à ses jours ; comment se présentant au guichet de l'aéroport international de Vancouver, la mine défaite et les yeux humides, il s'aperçut que son passeport était périmé, terminé, achevé ; comment, volontaire et déterminé, il s'engouffra alors dans le premier taxi venu qui poireautait dans la file d'attente à l'ombre des touristes en fleurs direction le consulat de France où après avoir plaidé sa cause auprès du conseiller culturel, ce brave M. Boitillon, compagnon de beuverie et partenaire de chagrin, il repartit avec le précieux sésame en poche, toujours dans le même taxi qui poireautait cette fois à l'ombre du pacifique océan, direction l'aéroport ; comment une fois passé la douane, la milice, la police, les experts du contre-espionnage et des Jack Daniel's qu'il vida d'un seul trait à l'ombre du calme douillet d'une cabine de toilettes venant tout juste d'être récurée par une employée philippine ; comment il se réveilla le lendemain matin, hagard et sombre, désorienté et perdu, en entendant la voix lasse du commandant de bord lui souhaiter un bon séjour à Paris.

Auteur: Sagalovitsch Laurent

Info: La métaphysique du hors-jeu

[ précipitation ] [ absurde ]

 

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front national

De lui-même, [Jean-Marie] Le Pen n’est rien. Rien d’autre que la structure gonflable qu’est venu emplir, le 21 avril dernier [2001], tout ce qui subsiste de réel. Le Pen est la figure que prend la réalité lorsque toute une société en mutation technoïde la chasse par la porte et qu’elle revient s’inviter au festin, sous le nom par exemple d’insécurité, en sautant par la fenêtre. Le Pen est la tête que revêt le réel lorsqu’on l’a laissé trop longtemps dehors, dans les ténèbres extérieures, et qu’il y a chopé la peste. C’est la baudruche enflée de tous les résidus du monde concret non encore transformés par les processus de cybermodernisation illimitée dont notre temps est la proie. […]

Le lepénisme souffre lui aussi d’irréalité, quoique le réel résiduel l’ait choisi comme trou noir. Il est inhabitable et il ne demande qu’à être battu. Dans cette perspective, il collabore avec ses ennemis, les anti-lepénistes. Mais c’est ceux-ci, alors, qui renâclent à ce travail de liquidation. Car Le Pen leur permet, en criant sans arrêt à la "lepénisation des esprits", de lepéniser tout ce qui leur déplaît, tout jugement non conforme, tout soupçon de lucidité un peu dissidente, tout ce qui pourrait entraver la marche en avant de leurs innombrables destructions encensées. Le Pen est une occupation. Le Pen occupe tous les RTTifiés au chômage de tout depuis l’RTTernité. Le Pen les justifie. Le Pen donne à ces demi-soldes de l’Histoire l’impression de vivre puisqu’ils sont vigilants et en état d’alerte. Le Pen est le metteur en scène de leur désoeuvrement.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 250-251

[ politique ] [ extrême droite ] [ symptôme ] [ retour du refoulé ]

 

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