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vieillesse

Clotilde a aujourd’hui quarante-huit ans, et ne paraît pas avoir moins d’un siècle. Mais elle est plus belle qu’autrefois, et ressemble à une colonne de prières, la dernière colonne d’un temple ruiné par les cataclysmes.

Ses cheveux sont devenus entièrement blancs. Ses yeux, brûlés par les larmes qui ont raviné son visage, sont presque éteints. Cependant elle n’a rien perdu de sa force.

On ne la voit presque jamais assise. Toujours en chemin d’une église à l’autre, ou d’un cimetière à un cimetière, elle ne s’arrête que pour se mettre à genoux et on dirait qu’elle ne connaît pas d’autre posture.

Coiffée seulement de la capuce d’un grand manteau noir qui va jusqu’à terre, et ses invisibles pieds nus dans des sandales, soutenue depuis dix ans par une énergie beaucoup plus qu’humaine, il n’y a ni froid ni tempête qui soit capable de lui faire peur. Son domicile est celui de la pluie qui tombe.

Elle ne demande pas l’aumône. Elle se borne à prendre avec un sourire très doux ce qu’on lui offre et le donne en secret à des malheureux.

Quand elle rencontre un enfant, elle s’agenouille devant lui, comme faisait le grand Cardinal de Bérulle, et trace avec la petite main pure un signe de croix sur son front.

Les chrétiens confortables et bien vêtus qu’incommode le Surnaturel et qui ont dit à la Sagesse : "Tu es ma sœur", la jugent dérangée d’esprit, mais on est respectueux pour elle dans le menu peuple et quelques pauvresses d’église la croient une sainte.

Silencieuse comme les espaces du ciel, elle a l’air, quand elle parle, de revenir d’un monde bienheureux situé dans un univers inconnu. Cela se sent à sa voix lointaine que l’âge a rendue plus grave sans en altérer la suavité, et cela se sent mieux encore à ses paroles mêmes.

— Tout ce qui arrive est adorable, dit-elle ordinairement, de l’air extatique d’une créature mille fois comblée qui ne trouverait que cette formule pour tous les mouvements de son cœur ou de sa pensée, fût-ce à l’occasion d’une peste universelle, fût-ce au moment d’être dévorée par des animaux féroces.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 390-391

[ dignité ] [ quintessence de l'âme ] [ personnage ]

 
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femmes-par-femme

Sans raison particulière, j'ai commencé à regarder de près les femmes sur le boulevard. Soudain, il m'a semblé que j'avais vécu avec une sorte de regard limité : comme si mon attention s'était portée uniquement sur nous, les filles, Ada, Gigliola, Carmela, Marisa, Pinuccia, Lila, moi, mes camarades de classe, et que je n'avais jamais vraiment prêté attention au corps de Melina, de Giuseppina Pelusi, de Nunzia Cerullo, de Maria Carracci. Le seul corps de femme que j'avais étudié, avec une appréhension toujours plus grande, était le corps boiteux de ma mère, et je m'étais sentie oppressée, menacée par cette image, craignant sans cesse qu'elle ne s'impose soudainement à la mienne. Ce jour-là, au contraire, j'ai vu clairement les mères de l'ancien quartier. Elles étaient nerveuses, elles étaient consentantes. Elles étaient silencieuses, lèvres serrées et épaules baissées, ou alors elles criaient de terribles insultes aux enfants qui les harcelaient. Extrêmement maigres, yeux et joues creuses, ou avec un large arrière-train, les chevilles gonflées, une poitrine lourde, elles traînaient sacs de courses et petits enfants qui s'accrochaient à leurs jupes et voulaient être portés. Et, bon Dieu, elles avaient dix ans, tout au plus vingt ans de plus que moi. Pourtant, elles semblaient avoir perdu ces qualités féminines si importantes pour nous, les filles, et que nous accentuions avec vêtements et maquillage. Elles avaient été dévorées par le corps des maris, des pères, des frères, auxquels elles finissaient par ressembler, à cause de leur travail ou de l'arrivée de la vieillesse, de la maladie. Quand cette transformation avait-elle commencé ? Avec les travaux ménagers ? Les grossesses ? Par les coups ? Lila serait-elle déformée comme Nunzia ? Fernando abandonnerait-elle son visage délicat, sa démarche élégante deviendrait-elle celle de Rino, jambes larges, les bras écartés par la poitrine ? Et mon corps serait-il aussi un jour ruiné par l'apparition du corps de ma mère et celui de mon père ? Et tout ce que j'apprenais à l'école se dissoudrait-il, le voisinage prévaudrait-il à nouveau, les horaires, les manières, tout serait-il confondu dans une fange noire, Anaximandre et mon père, Folgóre et Don Achille, les valeurs et les étangs, les aoristes, Hésiode, et l'insolente langue populaire des Solaras, comme, au cours des millénaires, c'était arrivé à la ville débraillée, avilie elle-même ?

Auteur: Ferrante Elena

Info: The Story of a New Name

[ vieillissement ] [ dégradation ] [ prolétaires ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

spiritualité

Imhotep a bouleversé la vie quotidienne égyptienne en introduisant des sciences nouvelles : médecine, architecture, mathématiques et le premier livre religieux, 2500 ans avant la rédaction de la première Bible sous Ptolémée II à Alexandrie. L'homme se découvre alors une âme, deuxième entité qui l'incite à vivre dans le droit chemin, à pratiquer la tolérance, à aimer sa femme et ses enfants et à vivre en conformité avec les lois de la nature en protégeant les espèces... Tous principes de vie en société qui s'appliquent directement à la conscience humaine, à laquelle on offre en contrepartie de cette vie exemplaire la possibilité de renaître après avoir satisfait au jugement de son âme à un nouveau état plus glorieux et moins fragile que celui de l'existence temporaire terrestre et d'entrer de plein pied (comme les dieux) dans la vie éternelle. Le contrôle probatoire de l'âme sera supervisé (symboliquement) par ; la déesse Mâat (de la vérité), le dieu Thot de la Sagesse et des Ecritures et le grand juge Osiris lequel prononcera soit l'admission au Paradis, soit l'anéantissement de l'âme qui sera alors dévorée par un étrange animal composite pour le punir de son inconduite et de ses mauvaises actions commises durant sa vie sur Terre. Il n'y a que peu d'images représentant Imhotep en tant que 1er Ministre égyptien de la 3e dynastie, car malgré tous les titres d'honneur et tous les pouvoirs que lui a conféré le Roi Djoser(Djeser) pour mener à bien ses réformes, le Grand Vizir a toujours refusé d' être honoré comme un dieu. Il reste fils de Ptah (un personnage momifié aux origines inconnues) et serviteur du roi et grand Dieu Invisible Atoum. Il gouvernera l'Egypte à partir de Memphis, capitale administrative entourée de hautes murailles blanches pour assurer sa sécurité) ville située à la jointure des deux royaumes : celui du sud et celui du Nord (Moyenne et Haute Egypte). Pour plusieurs millénaires la seule image que nous avons de lui est celle d'un modeste scribe assis dans le plus simple apparat, sans bijou, ni vêtement de luxe, avec un rouleau de papyrus ouvert sur ses genoux qu'il tient entre ses deux mains. Le peuple le considérera durant trois millénaires (jusqu'à l'avènement du christianisme en tant que religion d'Etat) comme l'exemple à suivre et comme une divinité faisant le lien entre le ciel et la terre, capable de réaliser des miracles...

Auteur: Gardiner Alan H.

Info: Internet. Imhotep, grand chancelier de basse Egypte, prince royal, grand prêtre d'Héliopolis, médecin royal, architecte et chef des principaux corps de construction des grands chantiers ...

[ ancienne Egypte ] [ historique ]

 

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lectrices

F.D. : Il n'y a qu'à moi que ça arrive : j'ai adoré, j'ai dévoré un livre... et pourtant quelques temps après je ne m'en souviens plus, même pas le nom des personnages !

Marylin Fournier : Euh moi aussi, c’est pareil. Qu’est-ce que ce groupe est génial, c’est rassurant de savoir que l’on est pas seule  

Caroline Bayet : Moi aussi, ça m’arrivait! Alors je fais un livre de lecture! Cb est hyper sympa et pratique!

Nadine Riquoir : C'est pareil pour moi!! Peut-être qu on en lit tellement qu'on mélange tout, car dès un livre terminé... un autre prend le relais tout de suite !!

Erminia Antoinetta Alati : Merci pour ce post j'ai cru être la seule et avoir un problème de mémoire.

Wendy Stou : Pareil, je me souviens d'aucun, je sais juste que j'ai adoré l'histoire xD

Clarisse Rizet Prioux : Ah bah je suis rassurée alors je ne suis pas la seule 

Annie Coté Lucas : Pareil, je pense qu'il faudrait investir dans un cerveau plus performant 

Véronique Ramond : Pareil. Je vais me souvenir que j'ai aimé (ou non), de l'émotion. Ça va me revenir si je remets le nez dedans, mais je serais bien incapable de raconter l'histoire ou de me souvenir du nom des personnages qq semaines plus tard. Je me sens moins seule.

Lau Evanaelle : Ah mais tout mais tout pareil donc aucune inquiétude

Mireille Everaert : Je suis tellement contente de n' être pas du tout la seule d'avoir ce problème

Murielle Vallery : Ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas la seule. Je peux me rappeler un peu de l'histoire mais pas du tout des prénoms des personnages 

Catherine Desroches : Je me sens moins seule dans ce cas donc j'ai décidé de noter mes futures lectures dans un joli carnet déniché pendant mes vacances en Bretagne

Lamia Sta : je prends note des passages qui me parlent.

Nelly Clément : Mitou. C'est pourquoi je garde les livres. Un jour je les relirai 

Florence Dupont à Nelly Clément : je faisais ça aussi avant. Maintenant par manque de place et pour raison financière je préfère la bibliothèque !

Virginie Flament : Si ça peut vous consoler il m'arrive de devoir reprendre la lecture de mon livre à la 1ere page  et parfois plusieurs fois 

Laetitia Jaquet : Vous n'êtes pas seule je vous rassure 

Jacqueline Besoin : Moi idem

Stéph Anie Bui : Je suis également pareille 

etc, etc

Auteur: Internet

Info: Initié par Florence Dupont In le Groupe FB La Fureur De Lire. 23 juillet 202

[ oublieuses ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

injustice

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’âne vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Auteur: La Fontaine Jean de

Info: Les Animaux malades de la peste

[ tête de turc ] [ poème ]

 
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hexapodes

Les termites sont des insectes appartenant au sous-ordre des isoptères. Ils ont une tête bulbeuse dépourvue d’yeux et un corps en forme de goutte d’eau qui est souvent translucide, laissant voir un entrelacs d’entrailles et de matière végétale en cours de digestion. Ce sont des organismes eusociaux – l’eusocialité est le mode d’organisation animale le plus évolué et se caractérise par une division du travail de reproduction entre castes fertiles et castes stériles, ainsi que par une coopération dans les soins apportés aux jeunes. Jusqu’en 2007, les isoptères étaient considérés comme un ordre à part entière. Mais des études phylogénétiques ont établi que, en dépit des apparences, les termites sont un genre de blatte, et les isoptères ont donc été classés dans l’ordre des blattoptères. Cette rétrogradation n’a pas servi la cause des termites, qui souffrent déjà de la comparaison avec d’autres insectes eusociaux : ils n’ont pas le charisme des abeilles et ont droit à moins d’égards que les fourmis, dont on admire le culte du travail et la capacité à porter de lourdes charges. Les termites ont aussi la réputation d’être des insectes destructeurs. On estime qu’aux États-Unis ils occasionnent chaque année 1,5 à 20 milliards de dollars de dégâts dans les bâtiments. Il leur arrive même de s’en prendre directement à l’argent : dans une banque indienne, en 2011, des termites ont dévoré 10 millions de roupies en billets, et deux ans plus tard, en Chine, ils ont rogné les économies d’une vieille dame qui conservait dans un tiroir 400 000 yuans enveloppés dans du plastique. On attribue à Mastotermes darwiniensis – l’espèce la plus primitive et de plus grande taille, et la plus proche de la blatte xylophage, à partir de laquelle on pense que les termites ont évolué – des exploits spectaculaires, comme la destruction complète d’une maison dont le propriétaire s’était absenté deux semaines. On devrait admirer les termites En réalité, seules 28 des quelque 2 600 espèces répertoriées de termites sont des nuisibles invasifs (si elles l’étaient toutes, nous serions dans de sales draps : les termites sont dix fois plus nombreux que les humains). Qui plus est, les termites non invasifs jouent un rôle écologique essentiel dans l’irrigation, la prévention de la sécheresse et l’enrichissement des sols. Ils pourraient également avoir été une source d’alimentation majeure pour nos ancêtres australopithèques. [...] À défaut d’aimer les termites, on devrait les admirer. Les termitières figurent parmi les plus grandes structures bâties par des animaux non humains. Elles peuvent atteindre 10 mètres de haut, ce qui, comparé à la taille minuscule de l’insecte, équivaudrait pour nous à un immeuble deux fois plus haut que la Burj Khalifa de Dubai, qui fait 828 mètres. Les termitières sont des constructions magnifiques, à la Gaudí, avec leurs tours crénelées dans les teintes brunes, orangées et rouges. L'intérieur d’une termitière est un entrelacs complexe de tunnels et de couloirs, de chambres, de galeries et d’arches disposées en étoile et d’escaliers en colimaçon. Pour construire une termitière, il faut de grandes quantités de terre et d’eau : en l’espace d’une année, 5 kilos de termites transportent quelque 165 kilos de terre (sous forme de boulettes) et 15 000 litres d’eau (qu’ils aspirent dans leur corps). Et tout cela non pas pour se fabriquer un habitat – la colonie vit dans un nid à 1 ou 2 mètres sous la termitière – mais pour respirer. Une colonie, qui peut rassembler 1 million d’individus, possède en effet le même métabolisme qu’une vache de 400 kilos, et, comme les bovins et les humains, les termites inspirent de l’oxygène et rejettent du gaz carbonique. (anhydride carbonique)

Auteur: Srinivasan Amia

Info: https://www.books.fr/termites-modele-robots-armes/

[ bienfaits-méfaits ] [ idées reçues ] [ coopération animale ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

insecte

Araignée : du sexe contre un cadeau
Chez la pisaure, le mâle offre un présent à la femelle pour pouvoir l'étreindre. Mais, parfois, le paquet est vide...
Ah ! si DSK avait étudié les moeurs des araignées avant de monter dans sa chambre d'hôtel à New York ! Peut-être aurait-il évité les déboires qu'il a connus par la suite. Le mâle de l'espèce pisaure admirable (Pisaura mirabilis) qui désire convaincre une femelle de rencontre d'abandonner le ménage de sa toile lui offre très souvent un cadeau enveloppé dans un beau tissu de soie. À l'intérieur, très souvent, un insecte bien gras ou quelque autre delicatessen.
Le présent fait souvent mouche. La belle inconnue s'en empare et, pendant qu'elle s'en rassasie, son partenaire s'active à sa petite affaire. Plusieurs espèces d'insectes pratiquent ainsi le cadeau nuptial avec plus ou moins de bonheur. J'en ai donné plusieurs exemples dans un livre que j'ai consacré à la sexualité animale, voilà quelques années chez Grasset.
Mais le mâle pisaure se révèle parfois un vrai manipulateur en offrant un emballage vide ! C'est la surprenante découverte effectuée, après plusieurs années d'observation, par Maria Albo qui vient de consacrer un article scientifique à ce beau goujat dans la revue BMC Evolutionary Biology. Certains mâles, donc, glissent dans le paquetage non pas une succulente proie à dévorer, mais un morceau de mousse ou encore l'enveloppe d'un insecte déjà dévoré, en général par eux. La femelle n'imaginant un tel vice laisse le généreux inconnu l'étreindre.
À cet endroit-là, une petite explication est nécessaire sur le Kamasutra de l'araignée. Faute d'un zizi en bonne et due forme, le mâle doit utiliser deux appendices pour effectuer le transfert de spermatozoïdes : les pédipalpes situés de part et d'autre de sa gueule. Il les remplit avec une goutte de sperme déposée au préalable sur le sol ou sur un carré de soie. Pendant que madame ouvre son cadeau dont elle pense qu'il contient un petit casse-croûte, le mâle se colle tête-bêche contre elle pour lui enfourner ses deux seringues dans l'orifice adéquat, l'une après l'autre. L'opération prend plusieurs minutes.
Toutes les stratégies sont bonnes
Quand la femelle découvre qu'elle a été flouée, elle prend généralement ses huit pattes à son cou, se débarrassant de son vilain amant. Quelques gouttes tombent sur la moquette, mais ce n'est pas ça qui le préoccupe. Ce qu'il veut, c'est récupérer son cadeau pour, éventuellement, s'en resservir auprès d'une autre femelle crédule. Dès que la femelle fait mine de s'enfuir, il agrippe le cadeau et fait le mort ! Après quelques centimètres, la femelle, en ayant assez de se traîner le cadeau et son amant immobile, lâche tout.
Maria Albo ne s'est pas contentée d'observer ces manoeuvres, elle a aussi compté les étreintes et les a même chronométrées. Ainsi a-t-elle pu vérifier que les mâles offrant un cadeau sont davantage acceptés par les femelles. Cependant, ceux qui font un faux présent sont aussi éjectés plus rapidement. Généralement, ils n'ont pas le temps de vider leurs deux pédipalpes, mais ils se seront aussi moins fatigués pour attraper une proie et la donner en cadeau. "Le résultat final montre que le nombre d'oeufs pondus est moindre si la femelle n'a pas reçu de cadeau, mais il y a peu de différences entre les femelles qui ont reçu un présent comestible et celles qui en ont reçu un non comestible. Le succès de la triche explique probablement pourquoi les deux stratégies ont coévolué et se sont maintenues dans la population", explique l'arachnologue.
Dans le monde animal, toutes les stratégies sont bonnes pour disperser ses gènes. Le mâle pisaure n'est pas le pire en la matière. Tromperie, prostitution, vol d'enfant, assassinat, viol, tout est bon pour procréer. Les hommes n'ont donc rien inventé.

Auteur: Albo Maria J

Info: Le Point.fr, 14/11/2011

[ couple ] [ reproduction ]

 

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désamour

J’ai cherché dans l’absence un remède à mes maux ;

J’ai fui les lieux charmants qu’embellit l’infidèle,

Caché dans ces forêts dont l’ombre est éternelle,

J’ai trouvé le silence, et jamais le repos.

Par les sombres détours d’une route inconnue

J’arrive sur ces monts qui divisent la nue :

De quel étonnement tous mes sens sont frappés !

Quel calme ! quels objets ! quelle immense étendue !

La mer paraît sans borne à mes regards trompés,

Et dans l’azur des cieux est au loin confondue.

Le zéphyr en ce lieu tempère les chaleurs,

De l’aquilon parfois on y sent les rigueurs,

Et tandis que l’hiver habite ces montagnes,

Plus bas l’été brûlant dessèche les campagnes.



Le volcan dans sa course a dévoré ces champs ;

La pierre calcinée atteste son passage :

L’arbre y croît avec peine, et l’oiseau par ses chants

N’a jamais égayé ce lieu triste et sauvage.

Tout se tait, tout est mort ; mourez, honteux soupirs,

Mourez importuns souvenirs

Qui me retracez l’infidèle ;

Mourez tumultueux désirs ;

Ou soyez volages comme elle.

Ces bois ne peuvent me cacher ;

Ici même, avec tous ses charmes,

L’ingrate encor me vient chercher ;

Et son nom fait couler des larmes

Que le temps aurait dû sécher.

O dieux ! ô rendez-moi ma raison égarée ;

Arrachez de mon cœur cette image adorée ;

Eteignez cet amour qu’elle vient rallumer,

Et qui remplit encor mon âme tout entière,

Ah ! l’on devrait cesser d’aimer

Au moment qu’on cesse de plaire.

Tandis qu’avec mes pleurs la plainte et les regrets

Coulent de mon âme attendrie,

J’avance, et de nouveaux objets

Interrompent ma rêverie.

Je vois naître à mes pieds ces ruisseaux différents

Qui, changés tout à coup en rapides torrents,

Traversent à grand bruit les ravines profondes,

Roulent avec leurs flots le ravage et l’horreur,

Fondent sur le rivage, et vont avec fureur

Dans l’océan troublé précipiter leurs ondes.

Je vois des rocs noircis, font le front orgueilleux

S’élève et va frapper les cieux.

Le temps a gravé sur leurs cimes

L’empreinte de la vétusté.

Mon œil rapidement porté

De torrents en torrents, d’abîmes en abîmes,

S’arrête épouvanté.

O nature ! qu’ici je ressens son empire !

J’aime de ce désert la sauvage âpreté ;

De tes travaux hardis j’aime la majesté ;

Oui, ton horreur me plaît, je frissonne et j’admire.



Dans ce séjour tranquille, aux regards des humains

Que ne puis-je cacher le reste de ma vie !

Que ne puis-je du moins y laisser mes chagrins !

Je venais oublier l’ingrate qui m’oublie,

Et ma bouche indiscrète a prononcé son nom ;

Je l’ai redit cent fois, et l’écho solitaire

De ma voix douloureuse a prolongé le son ;

Ma main l’a gravé sur la pierre ;

Au mien il est entrelacé.

Un jour, le voyageur sous la moussé légère,

De ces noms connus à Cythère

Verra quelque reste effacé.

Soudain il s’écriera : "Son amour fut extrême ;

Il chanta sa maîtresse au fond de ces déserts.

Pleurons sur ses malheurs et relisons les vers

Qu’il soupira dans ce lieu même."

Auteur: Parny Evariste Désiré de Forges vicomte de

Info: J'ai cherché, Élégies

[ imprégnation ] [ mélancolie ] [ poème ]

 

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dernières paroles

Homère, disparu au fond des âges, pour autant qu'il ait existé en tant qu’individu. Zoroastre, mort vénéré, mais sans avoir laissé de derniers mots. Les versions de la mort d'Emphédocle sont pléthoriques et légendaires, la plus épique racontant qu’il se serait alors jeté dans le cratère de l’Etna et que le volcan aurait rejeté sa sandale… qui était de bronze! Héraclite d’Ephèse aurait demandé qu’on enduise son corps de fumier. Ainsi, rendu méconnaissable, il aurait été dévoré vif par une meute de chiens! De Lao Tseu, on sait si peu de chose que son existence peut apparaître comme un mythe. Aristote disparut à 63 ans d'une maladie de l'estomac. Pythagore fut massacré par les Crotoniates, à moins qu’il n’ait vécu le reste de sa vie ailleurs, comme d’aucuns le prétendent. La légende raconte que Démocrite décida d’en finir et qu’il diminua progressivement sa ration de nourriture jusqu’à ne plus rien manger. Sans parler de Chrysippe mort de rire en voyant un âne manger des figues… Zeuxis idem, mort d'hilarité en peignant une vieille femme ridée. Nous n’avons rien trouvé sur la fin de Thucydide, d’Hérodote et de Xénophon. A notre connaissance, on ne sait pas non plus comment est mort Plutarque, Tacite encore moins. On dit que Li Taï Po, grand buveur, tomba à l’eau, ivre avant d’être mort. Dù Shàolíng serait décédé d’avoir trop mangé après être resté plusieurs jours à la diète. Maître Eckhart expira en 1328 sur la route d’Avignon où il allait défendre sa cause auprès du pape Jean XXII. Villon, à la suite de son bannissement, s’évanouit dans la nature dès janvier 1463. Spinoza et Leibniz trépassèrent dans l'indifférence de leur époque. Le cardinal de Retz, pris d'un malaise en 1679, meurt dix jours plus tard chez sa confidente, la duchesse de Lesdiguières. Alors qu’il soupait avec appétit, La Bruyère perdit tout d'un coup la parole et montra alors sa tête comme le siège de son mal. Saignée, émétique, lavement de tabac, rien n'y fit. La Fontaine aurait eu, juste avant d’expirer, des remords quand à ses pièces libertines (on réalisa à son décès, oh surprise!, qu'il portait un cilice.) Max Stirner fit le grand saut dans la solitude et le dénuement à Berlin. L'état civil nota laconiquement sur les registres officiels: "Ni mère, ni femme, ni enfants."  Carl Friedrich Gauss disparut pendant son sommeil, comme Théophile Gautier. Nietzsche sombra définitivement dans la démence le 3 janvier 1889. Dans une rue de Turin, mû par une impulsion subite, il s'effondra en larmes au cou d'un cheval qui avait dérapé sur le pavé. Il décédera onze ans plus tard. Zola fut retrouvé à l’état de cadavre, traîtreusement asphyxié par un feu de briquettes sans fumée. René Daumal, mourut à trente-six ans miné par la tuberculose. On vient de retrouver, au large de Marseille, l’avion d’Antoine de Saint-Exupéry, porté disparu depuis 1944 lors d'un vol au-dessus de la Méditerranée. Seize ans après cette disparition, Albert Camus était effacé par un accident d'automobile. Albert Einstein murmura quelques mots en allemand, mais on ne sait pas lesquels. Buster Keaton, mort d’un cancer du poumon, ne pouvait pas décemment laisser de dernière parole. Pierre Dac, homme timide et presque effacé, passera de vie à trépas dans la plus grande discrétion. René Goscinny aurait eu une crise cardiaque sur le vélo de son cardiologue. Glenn Gould disparut prématurément à cinquante ans des suites d'une congestion cérébrale. Tennessee Williams exhala son dernier soupir, délaissé, dans sa chambre d'hôtel new-yorkais. L’écrivain John Fante, aveugle en fin de vie en raison des complications entraînées par son diabète, mourut après avoir dicté son dernier livre à sa femme. Primo Levi se suicida sans dernier message, mais celui-ci nous était transmis depuis longtemps. Marguerite Yourcenar décéda d’une hémorragie cérébrale à l'hôpital de l’île du Mont-Désert où elle résidait depuis longtemps. Isaac Asimov disparaissait un 6 avril à 2 h du matin à cause d’une insuffisance rénale et de problèmes cardiaques. Cioran, le grand vindicatif, s’éteignit à petit feu, miné par la maladie d’Alzheimer, tout comme Alfred E. Van Vogt. En 1980, Alfred Hitchcock ne ressortit pas de son sommeil, Félix Leclerc non plus en 1988, de même que, quatorze ans plus tard, l’essayiste autrichien Ivan Illich…

Auteur: Mg

Info: Dictionnaire des dernières paroles, Favre Ed 2005. Préface

[ manquantes ]

 

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métaphysique

Beaucoup de mots utilisés par Parménide, ont subi une distorsion qui ne s'est qu'aggravée au cours des siècles. Une de celles-ci a affecté un mot crucial, central, dans le témoignage de Parménide et de tous les sages de la Grèce archaïque : ce mot est, λόγος.(logos)

Génération après génération, les érudits et les universitaires ont traduit ce mot par "raison" sans même remarquer, ou peut-être ont-ils fait semblant de ne pas le voir, que le mot λόγος ne prit ce sens qu'un bon siècle après Parménide [...] - donc il était traduit par "raison au lieu de "recueillement" et "discours révélé". Le verbe "lego" avait le sens de "cueillir"... Et encore, on voit que c'est d'abord timidement que ce sens s'est imposé. Une autre erreur patente, consiste à faire dire à ce même mot grec une platitude : "discours". La traduction par "discours" n'est pas fausse, mais restrictive, car pour Parménide, tout comme pour Héraclite, le λόγος est d'abord et avant tout la révélation. Discours il y a, oui, mais discours révélé. C'est donc la parole, mais pas n'importe quelle parole : la parole juste, la parole sacrée, la parole vraie, celle révélée par la Déesse. Une telle parole n'est pas matière à opinion, elle est à jamais paradoxale : en-dehors et au-delà de la δόξα (doxa).

Ce mot grec, dont le sens habituel est "opinion, avis", ou encore "ce que l'on attend, croyance", a aussi, sur le plan philosophique, le sens plus particulier de "croyance, doctrine", par opposition à la vérité pure (αλήθεια) ou à la gnose (γνωση), la connaissance directe de la vérité pure. Le mot δόξα dérive du verbe (dokeo), "avoir l'apparence de ", "paraître, sembler". Ce verbe est lui-même lié au verbe (dexomai), dont le sens principal est "recevoir en présent", "accepter une choses offerte".

A la lumière de tout cela, on peut dire que l'homme de la δόξα est celui qui, grâce à ses sens, perçoit l'apparence de la réalité et accepte comme étant la réalité la trame tissée par son cerveau à partir de ces apparences.

L'homme de la gnose, dévoré par une intense passion de connaître, va plus loin, Bien sûr, notre civilisation est complètement dominée par l'homme de la δόξα, qui constitue la très vaste majorité ; cette majorité dort profondément tout en prétendant à une soi-disant liberté personnelle et collective....

[...] Le mot "logique" avait, dans la Grèce archaïque, le sens de parole : il s'agit ici de la parole de la Déesse, le pouvoir de séduction du Réem. Le λόγος est la parole de ce qui est.

Héraclite dit : "La sagesse veut que ceux qui sont à l'écoute, non de moi, mais du λόγος, conviennent que toutes choses est l'Unique."

C'est quand le mot λόγος a pris le sens de raison, ou raisonnement, que l'homme occidental a commencé à s'éloigner de la puissance sans bornes de la Vie, n'écoutant plus que le ronronnement de sa propre pensée et le bêlement de ses opinions. Quel est le résultat de cette bifurcation ?
L'homme est malheureux et agité : il ne vit pas en paix ni avec lui-même ni avec les autres. On a inventé la fable de la transition qu'auraient accompli les Grecs entre le mythe (μῦθος), vu comme superstition, et la raison (finalement associée à λόγος ). Or Parménide, comme tous les Grecs de la période archaïque, ne concevaient pas une telle opposition entre les deux ; bien plus, il utilisait les deux mots dans le même sens ; révélation.

Le prétendu "miracle grec" attribué à la période classique est une imposture : celle d'une soi-disant transition entre d'une part l'époque du mythe perçu comme un ramassis de fables et de légendes, et, d'autre part, la raison vue comme le véritable moyen pour atteindre la vérité. Une transition a bel et bien eu lieu, c'est certain et nous en voyons les désastreuses conséquences aujourd'hui.

Mais elle ne fut ni un miracle ni l'affaire de Parménide. Pour celui-ci, μῦθος et λόγος se référaient tous les deux à la révélation, seule possibilité pour la Connaissance.
Miracle il y eut, mais avant, pendant et après la période classique de la Grèce. Il fut, est et sera toujours l'affaire de tous ceux, connus ou inconnus, en Grèce ou ailleurs, en qui se révéla, se révèle et se révélera directement cette Connaissance.

Nous disons miracle parce que la raison et l'accumulation de savoir de seconde main furent, sont et seront à jamais incapables d'expliquer l'inconcevable réalité au-delà du fait d'exister ou ne pas exister.

Auteur: Bouchart d'Orval Jean

Info: Dans "Parménide, au-delà de l'existence"

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Ajouté à la BD par Coli Masson