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décor

Je croyais connaître le désert mais j’en découvre la complexité. Il est ocre, rouge, orangé, pâlot ou profond, il est illuminé par le soleil et terni par la nuit, il est bas, haut, plat, il est sablonneux ou couvert de caillasses, ses plis se resserrent pour former d’énormes collines, il se déchire, s’ouvre en deux, et de longues crevasses le nervurent avant de se refermer comme des plaies.

Auteur: Pavlenko Marie

Info: Et le désert disparaîtra

[ paysage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

autoportrait

Il n’y a rien que je déteste plus que de croiser mon reflet dans un miroir, et pourtant je m’y résolus. L’image même d’un homme défait et vaincu. D’énormes valises noires autour d’yeux minuscules et craintifs. Tout à fait l’air d’un rat pris au piège par un chat impitoyable. Ma peau se débandait de toutes parts, comme si elle avait haï le corps qu’elle enveloppait. Mais le pire, c’étaient mes sourcils, pareils à des rideaux en bout de course et qui ne laissaient filtrer que le regard d’un dément. Horrible. A gerber. Et de plus, j’avais les intestins bloqués. Incapable d’en mouler un.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Pulp", trad. Gérard Guégan, éd. Grasset & Fasquelle, 1995, page 80

[ dégoût ] [ dévalorisant ] [ moche ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

couchants

Les crépuscules dans cet enfer africain se révélaient fameux. On n’y coupait pas. Tragiques chaque fois comme d’énormes assassinats du soleil. Un immense chiqué. Seulement, c’était beaucoup d’admiration pour un seul homme. Le ciel pendant une heure paradait tout giclé d’un bout à l’autre d’écarlate en délire, et puis le vert éclatait au milieu des arbres, et montait du sol en traînées tremblantes jusqu’aux premières étoiles. Après ça le gris reprenait tout l’horizon et puis le rouge encore, mais alors fatigué le rouge et pas pour longtemps. Ça se terminait ainsi. Toutes les couleurs retombaient en lambeaux, avachies sur la forêt comme des oripeaux après la centième.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Voyage au bout de la nuit

 

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Ajouté à la BD par miguel

réception

[…] il y a des plateaux de minuscules crackers tartinés d’autruche, de l’opossum sur des brochettes en bambou, des têtes de crevettes enroulées dans de la vigne, d’énormes assiettes de tentacules disposées sur des bouquets de persil, mais je ne peux rien avaler et je suis à la recherche d’un sofa en cuir sur lequel m’effondrer parce que je suis incapable de dire si les gens ne s’intéressent vraiment à rien comme ils en ont l’air ou s’ils s’ennuient à mort tout simplement. Quoiqu’il en soit –c’est contagieux. Les gens passent leur temps à chasser les mouches quand ils ne sont pas trop occupés à murmurer ou à se cacher. Je me contente de dire "Hi". Je suis les instructions. C’est vraiment une fête alarmante et chaque invité est un monstre. C’est aussi un miroir.

Auteur: Ellis Bret Easton

Info: Glamorama

[ pince-fesses ] [ cocktail ]

 

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nourriture

Un jour il a eu le malheur, dans un moment de laisser-aller, un moment où il se tenait détendu, content, de lui lancer cela négligemment, cette confidence, cette révélation, et telle une graine tombée sur une terre fertile cela a germé et cela pousse maintenant : quelque chose d’énorme, une énorme plante grasse au feuillage luisant : Vous aimez les carottes râpées, Alain.
Alain m’a dit qu’il aimait les carottes râpées. Elle est à l’affût. Toujours prête à bondir. Elle a sauté là-dessus, elle tient cela entre ses dents serrées. Elle l’a accroché. Elle le tire… Le ravier en main, elle le fixe d’un œil luisant. Mais d’un geste il s’est dégagé — un bref geste souple de sa main levée, un mouvement de la tête… "Non, merci…" Il est parti, il n’y a plus personne, c’est une enveloppe vide, le vieux vêtement qu’il a abandonné dont elle serre un morceau entre ses dents.

Auteur: Sarraute Nathalie

Info: Le Planétarium

[ appât ] [ femmes-hommes ]

 

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menace

Il est des journées d’avant-drame qui sont pires que le plein drame. Quelque chose vous guette dans le dos ; vous vous retournez, il n’y a rien. Mais à peine avez-vous repris votre position que cela du même mouvement reprend aussitôt sa place. Puis, sournoisement, cela glisse, va vers la droite mais toujours un peu en retrait, caché – vous regardez à droite, tout aussitôt c’est votre côté gauche qui est assiégé. Vous êtes accompagné, suivi, très nettement assiégé ; on suppute votre résistance, vos ressources de santé, de chance ; et soudain, il y a cette sensation que quelqu’un d’énorme a ri. La sensation, car ce rire vous ne l’avez pas entendu : c’est seulement comme un long biseau de cristal qu’on vous promène sur la nuque. Et voilà que vous devenez deux en vous, comme à un signe – l’homme premier, celui qui jusque-là était le vrai, lentement dissous par l’autre qui, lui, est déjà dans l’avenir, dans l’orage qui monte.

Auteur: Masson Loys

Info: "Les tortues", éditions de l'Arbre vengeur, 2021, page 75

[ œil omniscient ] [ duplicité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

utopie

La durée de la semaine de travail était maintenant de vingt heures en moyenne mais ces vingt heures étaient une sinécure. Les tâches qui demeuraient encore étaient des besognes mécaniques de routine. L’intelligence humaine était trop précieuse pour être gaspillée alors que quelques centaines de transistors, une poignée de cellules photo-électriques et un mètre cube de circuits imprimés étaient parfaitement capables d’accomplir le même labeur. Certaines usines fonctionnaient des semaines entières sans recevoir la visite d’un seul être humain. On ne faisait appel à l’homme que pour dénouer les situations délicates, prendre les décisions, concevoir de nouvelles entreprises – les robots se chargeaient du reste.
Une pareille somme de loisirs aurait, un siècle plus tôt, créé d’énormes problèmes. L’éducation avait résolu la plupart d’entre eux, car un esprit bien meublé ignore l’ennui. Le niveau de culture existant aurait été inimaginable autrefois. Rien ne permettait de penser que l’intelligence de l’espèce eût progressé, mais pour la première fois, l’individu avait toutes les possibilités voulues pour utiliser au mieux ses capacités intellectuelles.

Auteur: Clarke Arthur C.

Info: Dans "Les enfants d'Icare", pages 127-128

[ automatisation ] [ temps libre ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

anecdote

Parmi les merveilles d'Alexandrie, se trouve l’étonnante colonne de marbre que l'on voit a l’extérieur de la ville, et qui porte le nom de colonne des Piliers*. Elle est située au milieu d'une forêt de palmiers, et on la distingue de tous ces arbres a son élévation prodigieuse. Elle est d'une seule pièce, artistement taillée, et on l'a dressée sur des assises en pierres carrées qui ressemblent a d’énormes estrades. On ne sait pas comment elle a été érigée en cet endroit, et on ne connaît pas d'une manière positive par qui elle a été élevée.

Ce qui suit appartient a Ibn Djozay: "Un de mes professeurs, qui avait beaucoup voyagé, m'a raconté qu'un archer d'Alexandrie monta un jour en haut de cette colonne, avec son arc et son carquois, et qu'il s'y tint tranquillement. Le bruit de cette ascension s’étant répandu, un grand concours de peuple se réunit pour le voir, et l’étonnement qu'il causa dura longtemps. Le public ignorait de quelle manière il s’était hisse au haut de la colonne. Quant à moi je pense qu'il était poussé par la crainte ou mu par la nécessité."

Auteur: Ibn Battûta

Info: Voyages. *Aussi bizarrement nommée "colonne de Pompée"

[ escalade ] [ mystère ]

 

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monstre légendaire

[A propos de la gravure "Que viene el Coco" de Goya] Ce qui retient aussitôt l’attention dans la gravure de Goya est que, contrairement à ce qu’annonce le titre et ce que dit la chanson, le Coco* redouté n’est pas sur le chemin qui le conduit à sa victime, mais est déjà arrivé, et même si présent qu’il occupe la moitié de l’image. Le titre de la gravure pourrait être "Voilà le Coco" ou "Le Coco est là". Irruption massive d’un corps vêtu d’on ne sait quelle toile, d’une sorte d’énorme Père Ubu qui encombre déjà plus de la moitié de la chambre qu’il investit, tel un gros éléphant blanc entré par mégarde dans un magasin de porcelaine. Le plus curieux de l’affaire n’est d’ailleurs pas la figure (et le volume) de l’apparition mais dans l’apparition elle-même, dans le fait que l’apparition apparaisse. Car le Coco était certainement annoncé, mais pas du tout attendu. Le Coco va venir, menace l’adulte ; mais tout le monde sait qu’il ne viendra pas. Or le voici qui paraît : el mismisimo Coco en propia persona, comme pourrait dire Fernan Caballero.

Auteur: Rosset Clément

Info: Dans "L'invisible", pages 68-69, *le Coco dans la culture espagnole est une variété de croque-mitaine dont on effraie les enfants pour essayer de les faire obéir, et particulièrement de les faire dormir.

[ surnaturel ] [ interprétation ]

 
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malbouffe

Et les saucisses… On ne prêtait jamais attention aux produits qui entraient dans leur composition. Pourtant, pour les fabriquer, on utilisait toutes celles que l’Europe avait refusées et réexpédiées en Amérique : la chair blanchâtre et moisie était traitée avec du borax et de la glycérine, puis jetée dans les trémies et proposées sur le marché national. On y ajoutait également les rognures qui avaient traîné par terre dans la sciure et la saleté, qui avaient été piétinées par les ouvriers, souillées par leurs crachats infectés de milliards de bacilles de Koch. Sans parler des monceaux de viande, stockés en d’énormes tas dans des entrepôts dont les toits fuyaient et qui grouillaient de rats. […] Les patrons luttaient contre ce fléau avec du pain empoisonné. Tout partait dans les trémies : rats morts, pain et viande. […] Quand les ouvriers chargeaient à pleine pelle la viande dans les wagonnets, ils ne prenaient pas la peine d’éliminer les cadavres des rongeurs, même s’ils les voyaient. Pourquoi l’auraient-ils fait quand, dans la fabrication des saucisses, entraient certains ingrédients en comparaison desquels un rat empoisonné était un morceau de choix ? Ainsi, comme les hommes n’avaient aucun endroit où se laver les mains avant le déjeuner, ils avaient pris l’habitude de le faire dans l’eau destinée à la saucisse.

Auteur: Sinclair Upton Beall Jr.

Info: La jungle

[ charcuterie ] [ répugnante ] [ repoussante ]

 

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