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pragmatisme

Un programme ? Jamais ! La politique, c’est la réalité ! La réalité, c’est tous les jours qu’elle change ! C’est tous les jours qu’on la découvre ! Il faut avoir des principes et des objectifs, non un programme.

Auteur: Gaulle Charles de

Info: In, C’était de Gaulle, d’Alain Peyrefitte

[ gouvernement ]

 

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théorie du complot

On trouve toutes sortes de conspirationnistes : les plus malsains sont les décérébrés dont les quelques neurones résiduels croient à des complots de type judéo-maçonnique, comme en France les sympathisants antisémites de l’extrême-droite qui se nourrissent des écrits d’Alain Soral, Thierry Meyssan ou Emmanuel Ratier. Les plus comiques sont les tenants d’un complot à tendance judéo-britannique, comme l’antisémite américain Lyndon Larouche, ou son affilié européen, Jacques Cheminade, candidat à l’élection présidentielle en 1995, 2012 et 2017, qui défendait à une époque le sympathique projet d’aller coloniser la planète Mars. Ceux qui croient à un complot nazéiforme sont probablement les plus bêtes ; ils se multiplient en Grande-Bretagne, tel Boris Johnson ou Nigel Farage qui croient que l’Union européenne est un projet d’essence hitlérienne, et font d’autres regrettables émules en Grèce ou en Italie. Les plus nombreux, comme Caroll Quigley, sont persuadés qu’une oligarchie mondiale dirige les événements géopolitiques dans le seul intérêt de s’enrichir toujours plus au détriment des populations qu’ils manipulent.
En un sens, les crétins antisémites qui véhiculent cette ignoble peste brune d’un autre temps, les paranoïaques pathologiques et les conspirationnistes délirants n’ont pas entièrement tort : un modèle à peu près unique de gouvernement économique domine plus ou moins la planète.
Toutefois, ce pouvoir n’est pas de nature complotiste.

Auteur: Bouchard Jean-François

Info: Dans "L'éternelle truanderie capitaliste", page 58

[ interprétation paranoïaque ] [ peur ] [ envie ] [ ignorance ] [ élites ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

analyse politique française

De gaulliste, la droite devint orléaniste. De la “fracture sociale” de Philippe Séguin, elle passa à la “facture fiscale” d’Alain Juppé. Soumise culturellement à la nouvelle gauche issue des années 1980, elle se “recentra” : la création de l’UMP, le 23 avril 2002, concrétisa l’emprise de l’idéologie européiste sur la droite.

Historiquement force de transformation de la société, le Parti socialiste se réduisit progressivement à une “gauche morale”. Il troqua le mot d’ordre rimbaldien qui avait symbolisé son projet et contribué à sa victoire – “Changer la vie” – pour un “Touche pas à mon pote” conforme à son nouvel objet social, menant une politique de droite avec des mots de gauche.

Le socialisme visait à représenter le peuple, à agir en son nom et pour son bien – Léon Blum fut porté à Matignon par le Front populaire. Le gaullisme prétendait, lui, en être l’incarnation naturelle – “le gaullisme, c’est le métro aux heures de pointe”, avait résumé André Malraux. Ces deux traditions politiques populaires ont fini par s’embourgeoiser et par converger en un même centrisme européiste. Mitterrand et Delors ont liquidé le socialisme en mars 1983 ; Chirac et Juppé en firent de même avec le gaullisme en octobre 1995. Dans les deux cas, le sabordage se fit pour et par l’Europe, au nom de celle‐ci et par son truchement.

Auteur: Morelle Aquilino

Info: Le Figaro Magazine du 8 octobre 2021

[ historique ] [ vingtième siècle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

émoi

Les émotions et leurs expressions ont-elles varié à travers le temps? Exprimait-on de la même manière la joie au Moyen-Age qu’aujourd’hui? La colère et la douleur? Après leurs très remarquées Histoire du corps et Histoire de la virilité, parues au Seuil, les historiens Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et GV dirigent cette fois une ambitieuse et passionnante Histoire des émotions en trois volumes.

Cette somme d’articles réunit les meilleurs spécialistes mais s’adresse à un large public et se lit comme un formidable récit. Les premiers volumes paraissent aujourd’hui. Ils nous emmènent de l’Antiquité au Moyen Age, et jusqu’à la veille de la Révolution. Le troisième, qui couvrira la période moderne, est annoncé pour 2017. GV revient sur cette passionnante évolution.

- Le Temps: En vous lisant, on découvre que les émotions sont culturellement construites et varient selon les époques…

- GV :
 L’émotion est un phénomène central par lequel nous pouvons préciser les univers culturels et sociaux. Dans cette étude collective, nous avons traversé le temps, de la Grèce antique à l’époque contemporaine. Mais nous avons aussi cherché à dessiner une géographie de l’émotionnel au sein d’une même société. Au XVIIe siècle, par exemple, le monde populaire n’a pas le même régime émotionnel que celui de la cour… Dans l’Antiquité non plus. Prenez Sénèque. Lorsqu’il décrit l’univers émotionnel de la romanité, il dit que l’homme libre, le citoyen, maîtrise ses émotions. Ce qui est moins le cas, selon lui, de la femme, encore moins de l’esclave ou du barbare. Il établit donc une gradation entre la fermeté et la trop grande sensibilité. Il dessine une hiérarchie.

– Comment évolue la notion d’émotion à travers l’histoire?

– Le mot n’apparaît en français qu’au XVIe siècle. D’abord, on décrit essentiellement l’émotion par des caractéristiques physiques. Pour parler d’un tremblement de terre, on dira que "la Terre a reçu de l’émotion". Au XVIIe, il y a une centration sur les "humeurs corporelles" ou les "esprits". La tristesse est ainsi décrite comme le reflux des humeurs vers l’intérieur du corps. Mais bientôt on ne se satisfait plus de ces images "physiques". L’univers psychique se construit, avec ses logiques et ses spécificités…

On assiste au développement d’une délicatesse progressive, dans la seconde moitié du XVIIe siècle. L’histoire des émotions se lit aussi à travers les mots employés. "Emotion" et "passion" sont d’abord synonymes. Puis "émotion" prend la notion de "choc". Enfin, la notion de "sentiment" se crée, beaucoup plus douce, obscure et fermée.

– Est-ce que notre époque ose exprimer ses émotions?

– L’homme se montre beaucoup plus qu’auparavant susceptible d’être sensible, à l’écoute, et atteint par l’autre. C’est le propre des sociétés compassionnelles, qui sont aussi victimaires. Nous sommes en empathie. D’un autre côté, l’attention à l’autre fait que l’on reste sur sa réserve, pour ne pas le troubler. Par exemple, ceux qui ont connu l’atrocité des camps de concentration ont eu du mal à témoigner de leurs souffrances à leurs proches. On pourrait parler d’un système schizophrénique: il faut montrer sa compassion, mais si on le fait trop, on court le risque de troubler l’autre.

Le XXe siècle, de manière caricaturale, c’est une montée de l’individualisme. Le fait d’être plus centré sur soi et plus attentif sur ce qui se passe à l’intérieur de soi, avec des phénomènes qui vont jusqu’à l’hypocondrie. Notre frontière devient plus fragile, on a l’impression d’être davantage bousculé… Plus le régime émotionnel monte, plus émerge en parallèle une insécurité diffuse. Nos sociétés sécrètent davantage d’anxiété qu’auparavant.

– A quoi s’ajoute la question du terrorisme et des attentats…

– C’est très frappant: nous sommes dans des sociétés qui tolèrent de moins en moins la violence, des sociétés "douces". Si la torture devait se pratiquer, elle devrait le faire sans laisser de traces physiques. Sinon, ce serait insupportable pour l’opinion. Mais les adversaires de cette société, que font-ils pour créer de la panique, de l’inquiétude? Ils montrent la violence, ils la multiplient sur les écrans. C’est un paradoxe. Nous voulons effacer la violence, mais nos ennemis la mettent en scène. Autre paradoxe, le terroriste, s’il entend incarner la terreur, ne doit pas afficher de sentiments. Il ne doit pas montrer qu’il peut être atteint, qu’il peut avoir peur. Cela soulève aussi la question du trauma, très importante aujourd’hui. Comment l’émotion peut voyager à l’intérieur de nous-même pour créer de la subversion. Notre époque s’en méfie.

– Si on ressent de plus en plus à l’époque moderne, il faut aussi apprendre à cacher ses émotions pour réussir…

– A l’époque de la royauté, la cour en est un magnifique exemple. Pour vous imposer dans ce système, il faut à tout prix cacher ce que vous éprouvez. Il faut conduire des tactiques du secret. La modernité crée cela. On ne montre pas, on calcule. Les vieux barons du Moyen Age n’y auraient rien compris. A leur époque, on devait manifester la douleur, les émotions, de manière violente.

– Justement, l’expression de la colère a-t-elle varié à travers les âges?

– Dans l’Antiquité et au Moyen Age, le pouvoir pouvait parfaitement exprimer sa colère de manière abrupte, tranchée, en l’imposant à autrui. Mais le pouvoir d’une société démocratique ne peut pas être colérique. Il doit négocier, car la colère apparaît comme la manifestation d’une non-maîtrise. De manière plus générale, on assiste à une stigmatisation plus aiguë de tout ce qui peut apparaître comme un débordement. La psychanalyse est passée par là. Tout ce qui fait émerger un inconscient perturbateur est considéré comme peu acceptable. Il faut être "cool". Une forme de maîtrise faite de sérénité, pas de rigidité.

– Qu’en est-il de l’expression du plaisir et de la jouissance?

– La première position chrétienne consiste à adopter une attitude très réservée vis-à-vis du plaisir. Se laisser aller à l’amour terrestre, c’est oublier l’amour divin. Mais, après Saint-Augustin, l’amour pour Dieu devient plus sensible. A la Renaissance, les poètes invitent à vivre les joies de l’instant, souvenez-vous de Ronsard. La modernité est en germe. Elle se traduira par le triomphe du présent et de la jouissance qu’il peut comporter. Aujourd’hui, la publicité en témoigne. Pour vendre un déodorant, on nous montre une femme qui exulte et danse sur une table, dans des gestes toujours harmonieux, mais exprimant un bonheur intense.

– Sur quels documents se base-t-on pour dresser une histoire des émotions?

– Sur toutes les représentations des émotions à travers l’art, la statuaire ou la peinture. Mais les textes littéraires sont également très importants. Les mémoires et les correspondances aussi, je pense aux lettres de Madame de Sévigné, qui mettent en scène de manière inusitée l’amour filial. La littérature médicale, quant à elle, nous apprend beaucoup sur la façon dont on prend en compte les tempéraments, pensez à la mélancolie. Enfin, la littérature juridique, sur le viol notamment, permet de définir le statut de la victime, la reconnaissance ou non de son émotion.

Pour l’Antiquité et le Haut Moyen Age, les traces laissées dans les tombes sont éclairantes. Nous publions un article de Bruno Dumézil, qui rappelle que l’on a retrouvé un instrument de musique dans la tombe d’un guerrier barbare. C’est le signe d’une sensibilité, qui va à l’encontre des idées reçues. Mais il est très difficile de coller au plus près de l’émotion ressentie. Nous travaillons sur les traces, les vestiges, les indices… Nous devons rester prudents. 

Auteur: Vigarello Georges

Info: Sur Letemps.ch. oct 2016. Interview de Julien Burri. A propos d'Histoire des émotions, vol 1. "De l’Antiquité aux Lumières", 552 p.; vol 2. "Des Lumières à la fin du XIXe siècle", 480 p. sous la direction d’Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, GV, Seuil.

[ larmes ] [ rapports humains ] [ pathos diachronique ] [ apparences ]

 

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Ajouté à la BD par miguel