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progrès

Nulle façon de penser ou d’agir, si ancienne soit-elle, ne saurait être acceptée sans preuve. Ce que chacun répète en écho ou passe sous silence comme vrai aujourd’hui, peut demain se révéler mensonge, simple fumée de l’opinion, que d’aucuns avaient prise pour le nuage appelé à répandre sur les champs une pluie fertilisante. Ce que les vieilles gens disent que vous ne pouvez faire, vous vous apercevez, en l’essayant, que vous le pouvez fort bien. Aux vieilles gens les vieux gestes, aux nouveaux venus les gestes nouveaux. Les vieilles gens ne savaient peut-être pas suffisamment, jadis, aller chercher du combustible pour faire marcher le feu ; les nouveaux venus mettent un peu de bois sec sous un pot, et les voilà emportés autour du globe avec la vitesse des oiseaux, de façon à tuer les vieilles gens, comme on dit.

Auteur: Thoreau Henry David

Info: Walden ou La vie dans les bois

[ efficacité ] [ accélération ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

linguistique

Une des choses qui m’ont le plus frappé quand j’étais en Amérique, c’est ma rencontre, tout à fait intentionnelle de ma part, avec Chomsky. J’en ai été à proprement parler soufflé. Je le lui ai dit. Ce qui m’a soufflé est l’idée du langage dont je me suis rendu compte qu’elle était la sienne. Je ne peux pas dire qu’elle soit d’aucune façon réfutable, puisque c’est l’idée la plus commune. Qu’il l’ait à mon oreille affirmée m’a fait aussitôt sentir toute la distance où je suis de lui. Cette idée, idée commune donc, et qui me paraît précaire, part de la considération du corps conçu comme pourvu d’organes. Dans cette conception, l’organe est un outil, outil de prise, d’appréhension, et il n’y a aucune objection de principe à ce que l’outil s’appréhende lui-même comme tel. Ainsi, Chomsky peut bien considérer le langage comme déterminé par un fait génétique. En d’autres termes, a-t-il dit devant moi, le langage est lui-même un organe. 

Auteur: Lacan Jacques

Info:

[ transparence ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

psychose

J’entendais aussi des voix. C’était parfois un désordre grésillant ou hurlant dans ma tête, comme un baladeur à plein volume que je ne pouvais pas éloigner, quoi que je fasse. Il m’arrivait de me taper la tête contre le mur pour que les coups sourds atténuent un peu ce chaos. Ça aidait parfois, mais pas toujours. D’autres fois, j’essayais de m’arracher les cheveux ou de faire des trous dans ma tête avec mes ongles. ça ne m’était jamais d’aucun secours, mais c’était une espèce de réaction de panique visant à faire un trou dans ma tête pour en laisser échapper un peu de pression avant que tout n’explose. C’est ce que je ressentais. A d’autres occasions, c’était un murmure faible, immonde, ou une voix claire qui livrait des messages sans ambiguïtés. "Tu vas mourir ", disait-elle. Ou bien : "Ouvre-toi les poignets et dessine un cercle de sang autour de toi, ou toute ta famille mourra". Pas facile. Que feriez-vous si vous receviez un message pareil ?

Auteur: Lauveng Arnhild

Info: Demain j'étais folle : Un voyage en schizophrénie

[ témoignage ]

 

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conseils

Joue le jeu, menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n’aie pas d’intention. Évite les arrière-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N’observe pas, n’examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l’espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu’enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n’y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets toi dans tes couleurs, sois dans ton droit et que le bruit des feuilles devienne doux. Passe par les villages, je te suis.

Auteur: Handke Peter

Info: Par les villages

[ présence ] [ indépendance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

divertissement intelligent

Le spectacle est mort, il n’y a plus de télé-au-delà, tout est permis, voilà une grande nouvelle. Et la France, une fois de plus, est exemplaire. Tomber en zappant sur le grésillement sidéral de la Cinq, entre deux naufrages à paillettes sur les autres chaînes, c’est un peu comme d’apercevoir en négatif le frissonnement du Créateur absent au fond du trou de la couche d’ozone.

[…] Le spectacle est mort, tout est permis, et surtout d’empêcher la réalisation du projet gouvernemental de comblement de la crevasse de cette cinquième chaîne par les grelottants programmes du machin franco-allemand qu’on appelle Arte. Une chaîne culturelle, par-dessus le marché ! Culturelle ! Ce concept pour Virgin Mégastore ne doit plus bénéficier d’aucune indulgence. Rien n’a jamais été plus obscène que l’utopie d’une télévision culturelle (ou de qualité), si ce n’est celle d’une littérature télévisable. Dieu sait ce que je pense d’Eurodisneyland, mais cinquante mille inaugurations du Mausolée crétinisant de la Belle au bois dormant ne seront jamais aussi blâmables qu’une soirée-dictée de Pivot en direct des Nations Unies. 

Auteur: Muray Philippe

Info: 1992, Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, pages 433-434

[ pseudo-qualitatif ] [ réquisitoire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

maître-esclave

[...] le sens du symptôme c’est le réel, le réel en tant qu’il se met en croix pour empêcher que marchent les choses, au sens où elles se rendent compte d’elles-mêmes de façon satisfaisante, satisfaisante au moins pour le maître.

Ce qui ne veut pas dire que l’esclave en souffre d’aucune façon, bien loin de là.

L’esclave... je vous demande pardon de cette parenthèse ...l’esclave, lui dans l’affaire, il est peinard, bien plus qu’on ne croit, hein ?

C’est lui qui jouit... contrairement à ce que dit Hegel qui devrait quand même s’en apercevoir ...puisque c’est bien pour ça qu’il s’est laissé faire par le maître. [...]

C’est évident, mais enfin c’est quand même curieux, c’est vraiment là, c’est le bénef total ! Tout, tout pour être heureux ! Ça ne se retrouvera jamais. Maintenant qu’il y’a plus d’esclaves, nous en sommes réduits à relicher tant que nous pouvons les comédies de Plaute et de Térence, et tout ça pour nous faire une idée de ce qu’ils étaient bien, les esclaves.

Auteur: Lacan Jacques

Info: La Troisième, 1er novembre 1974

[ jouissance ] [ modernité-antiquité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

naïveté enfantine

Ainsi donc, pensa Ulrich lorsqu’il se retrouva seul, ils avaient été vraiment, dans un temps pas si lointain, deux jeunes hommes dont l’esprit bénéficiait des plus hautes révélations non seulement avant tous les autres, mais encore, chose étrange, simultanément ; il suffisait en effet, que l’un des deux ouvrit la bouche dans l’intention de proférer quelque grande nouveauté, pour que l’autre fît aussitôt la même extraordinaire découverte. Les amitiés d’enfance sont chose bizarre ; elles ressemblent à un œuf qui pressent déjà dans le jaune son splendide avenir d’oiseau, mais ne montre encore au monde qu’un ovale assez inexpressif, impossible à distinguer d’aucun autre. […]

Il cherchait à se rappeler ces conversations avec Walter. Mais c’était comme des rêves dont on attrape juste les ultimes pensées au moment du réveil. Et il pensa, non sans surprise : "Alors, quand nous soutenions telle ou telle affirmation, nous ne nous souciions pas tellement qu’elles fussent justes, mais bien qu’elles servissent à nous affirmer !" Tant le besoin de luire soi-même, chez les jeunes gens, est plus fort que celui de voir dans la lumière ; et le souvenir de ce sentiment qu’on avait de flotter sur des rayons, Ulrich l’éprouvait comme une perte douloureuse. 

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, pages 89-90

[ remémoration ] [ construction identitaire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

diabolique

C’est bien là, en effet, le caractère le plus visible de l’époque moderne : besoin d’agitation incessante de changement continuel, de vitesse sans cesse croissante comme celle avec laquelle se déroulent les événements eux-mêmes. C’est la dispersion dans la multiplicité, et dans une multiplicité qui n’est plus unifiée par la conscience d’aucun principe supérieur ; c’est, dans la vie courante comme dans les conceptions scientifiques, l’analyse poussée à l’extrême, le morcellement indéfini, une véritable désagrégation de l’activité humaine dans tous les ordres où elle peut encore s’exercer ; et de là l’inaptitude à la synthèse, l’impossibilité de toute concentration, si frappante aux yeux des Orientaux. Ce sont les conséquences naturelles et inévitables d’une matérialisation de plus en plus accentuée, car la matière est essentiellement multiplicité et division, et c’est pourquoi, disons-le en passant, tout ce qui en procède ne peut engendrer que des luttes et des conflits de toutes sortes, entre les peuples comme entre les individus. Plus on s’enfonce dans la matière, plus les éléments de division et d’opposition s’accentuent et s’amplifient ; inversement, plus on s’élève vers la spiritualité pure, plus on s’approche de l’unité, qui ne peut être pleinement réalisée que par la conscience des principes universels.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "La crise du monde moderne" pages 71-72

[ signes ] [ chute ]

 

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tradition primordiale

À ce point de vue, on peut dire que celui qui possède véritablement le "don des langues", c’est celui qui parle à chacun son propre langage, en ce sens qu’il s’exprime toujours sous une forme appropriée aux façons de penser des hommes auxquels il s’adresse. C’est aussi ce à quoi il est fait allusion, d’une manière plus extérieure, lorsqu’il est dit que les Rose-Croix devaient adopter le costume et les habitudes des pays où ils se trouvaient ; et certains ajoutent même qu’ils devaient prendre un nouveau nom chaque fois qu’ils changeaient de pays, comme s’ils revêtaient alors une individualité nouvelle. Ainsi, le Rose-Croix, en vertu du degré spirituel qu’il avait atteint, n’était plus lié exclusivement à aucune forme définie, non plus qu’aux conditions spéciales d’aucun lieu déterminé, et c’est pourquoi il était un "Cosmopolite" au vrai sens de ce mot. Le même enseignement se rencontre dans l’ésotérisme islamique : Mohyid-din ibn Arabi dit que "le vrai sage ne se lie à aucune croyance", parce qu’il est au-delà de toutes les croyances particulières, ayant obtenu la connaissance de ce qui est leur principe commun ; mais c’est précisément pour cela qu’il peut, suivant les circonstances, parler le langage propre à chaque croyance.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 237

[ synthèse ]

 

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cogito

Descartes déduit justement que le sujet est, du seul fait qu’il pense ; mais il omet que penser est une opération logique, dont il n’arrive nullement à purifier les termes seulement pour en avoir évacué toute idée de savoir. Il élide que ce qui est comme sujet, c’est ce qui pense : ouvrez les guillemets, "Donc, je suis". Mais il arrive que ça pense là où il est impossible que le sujet en articule ce "Donc je suis" parce que là est exclu structuralement qu’il accède à ce qui, depuis Descartes, est devenu son statut sous le terme de "conscience de soi". Quel est le statut du sujet, là où ça pense sans savoir ? Non seulement ce que ça pense, mais même que ça pense, entendez : sans pouvoir jamais le savoir ! Ce que cela suggère à tout le monde, c’est que là, ça est encore plus fortement, à condition que quelqu’un d’autre puisse en savoir quelque chose. Et comme c’est fait depuis Freud, puisque c’est ça l’inconscient, tout le monde en est bien content (hum…) ! Il n’y a qu’une seule chose qui cloche, c’est que ça ne peut dire d’aucune façon : "Donc je suis" c’est-à-dire se nommer comme étant ce qui parle

Auteur: Lacan Jacques

Info: Entretien à la RTB III, 14 décembre 1966

[ philosophie ] [ limite ] [ critique ]

 

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