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dictateur

Il n'y eut aucun recours en grâce pour les millions de prisonniers de l'Archipel du Goulag. Ils pouvaient, sans jugement, être frappés, torturés, tués ou libérés de leur captivité sans raison apparente. Tout dépendait de l'arbitraire d'un tyran qui croyait voir partout des attaques et des ennemis, parce qu'il avait vécu très tôt sous une menace permanente et qu'il n'y avait eu personne auprès de lui pour lui dire que le monde entier n'était pas comme son père : méchant, dangereux, imprévisible et terrorisant.
Lorsque cette impuissance infinie de l'enfant ne trouve pas de bras protecteurs où se réfugier, elle ne peut que se changer en une impitoyable dureté. Lorsqu'elle est, en outre, stimulée par l'ambition de la mère, elle peut aboutir à une grande carrière, qui fera entrer dans l'histoire du monde tous les éléments du malheur vécu mais refoulé. Et alors, des millions d'hommes sont embarqués pour Katorga ou pour les chambres à gaz, sans savoir pourquoi. Parce que jadis, le petit enfant ne savait pas non plus. Jusqu'à quand tolèrerons-nous ces itinéraires absurdes alors que nous pourrions enfin savoir où en sont les causes ?

Auteur: Miller Alice

Info: La souffrance muette de l'enfant

[ enfance ] [ éducation ] [ causes-effets ] [ Russie ]

 

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illusion

La réalisation majeure du nouveau complexe militaro-cognitif a consisté à rendre superflue toute oppression directe et manifeste : les individus sont bien mieux contrôlés et "poussés" dans la direction qui convient lorsqu’ils continuent de se vivre comme des acteurs libres et autonomes de leurs propres existences… Il y a une autre leçon essentielle de Wikileaks : notre absence de liberté est dangereuse au plus haut point lorsqu’elle est vécue comme le médium même de notre liberté. Qu’y a-t-il de plus libre en effet que ce flux communicationnel incessant qui permet à chacun de faire connaître à tous ses opinions et de former à volonté des communautés virtuelles ? Dans la mesure où la licence et le libre choix font figure de valeurs suprêmes, il semble que le contrôle social et la domination ne menacent plus le sujet et sa liberté : l’individu supposément libre en fait l’expérience en tant qu’expérience de soi-même et, ce faisant, les conforte. Qu’y a-t-il de plus libre en effet que nos manières de "surfer" sur la Toile sans la moindre contrainte ? Voilà comment opère aujourd’hui "le fascisme qui a l’odeur de la démocratie".

Auteur: Zizek Slavoj

Info:

[ indépendance ] [ GAFAM ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

désobéissance

C’est là toute la difficulté de l’éducation de l’enfant de deux à quatre ans, à qui on veut inculquer, parce que c’est plus commode, qu’il ou elle ne doit pas désobéir aux injonctions prudentielles de l’instance tutélaire : lorsqu’il les transgresse, et qu’il ne lui arrive aucun dol, on doit dire : "Bravo. Je te l’avais défendu parce que je ne te croyais pas assez grand pour pouvoir le faire sans danger, mais puisque tu l’es, eh bien, je te félicite, dorénavant ceci t’est permis ; mais ne fait pas telle autre chose, dont tu ne serais pas capable, jusqu’au jour où tu t’en sentiras capable, parce qu’il pourrait t’arriver tel ou tel ennui. [...]"

Si, au contraire, à l’occasion de cette tentative de transgression ou d’une transgression accomplie, l’enfant a expérimenté son impuissance par un dol encouru pour lui, ou par une nuisance non désirée comme telle dans son projet d’agir, la castration anale doit lui être redonnée par des paroles, en même temps qu’un secours doit être apporté à son narcissisme, d’avoir échoué dans ce désir de transgression qui était un désir promotionnant d’identification à l’adulte.

Auteur: Dolto Françoise

Info: "L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, pages 118-119

[ prise d'initiative ] [ parents-enfants ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

pouvoir

Le grand Satan non mentionable au centre de notre culture est le monothéisme. D'un texte barbare de l'âge de bronze, connu sous le nom d'ancien testament, trois religions anti-humaines ont évolué : le judaïsme, le christianisme et l'Islam. Ce sont les religions d'un Dieu du ciel, littéralement patriarcales - Dieu étant le père omnipotent. Elles ont par conséquent aidé à détester les femmes depuis 2.000 ans, ceci dans tous les pays affligés par leur croyance, en bref Dieu, assisté par ses délégués terrestres mâles. Le Dieu du ciel est un dieu jaloux, évidemment. Il a donc besoin de l'obéissance totale de chacun, car il est en place non pour une seule tribu mais pour toute la création. Ceux qui le rejettent doivent donc être convertis ou tués pour leur propre bien. Finalement le totalitarisme est la seule sorte de politique qui peut vraiment servir les objectifs de ce Dieu céleste. N'importe quel mouvement à caractère libéral met en danger son autorité et celle de ses délégués sur terre. Un Dieu, un roi, un pape, un seul maître dans l'usine, un seul père-chef de famille à la maison.

Auteur: Vidal Gore

Info: Conférence de Lowell, Monotheism et son Discontents, Harvard university 20 avril 1992

[ divinité ] [ dictature ] [ femmes-hommes ]

 

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population positiviste

Mais je me méfie un peu de ma popularité aux États-Unis : l’intérêt américain pour la psychanalyse reste superficiel. La popularité mène à une acceptation superficielle, qui se passe de recherches sérieuses. Les gens ne font que répéter les phrases qu’ils apprennent au théâtre ou dans les revues. Ils croient comprendre quelque chose à la psychanalyse parce qu’ils peuvent répéter comme des perroquets son jargon. Je préfère l’étude plus approfondie de la psychanalyse, effectuée dans les centres européens, bien que les États-Unis aient été le premier pays à me reconnaître officiellement. La Clark University m’a accordé un diplôme honoraire tandis que j’étais encore frappé d’ostracisme en Europe. Pourtant, les États-Unis apportent peu de contributions originales à la psychanalyse. Les Américains sont des généralisateurs intelligents, mais rarement des penseurs créatifs. Les médecins aux États-Unis et occasionnellement en Europe, essaient de monopoliser la psychanalyse. Mais ce serait un danger pour la psychanalyse que de la laisser exclusivement aux mains des médecins, car une formation strictement médicale constitue aussi souvent un empêchement qu’un avantage pour la psychanalyse. Quand certaines conceptions scientifiques traditionnelles sont enracinées dans le cerveau, elles sont toujours un empêchement.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Entretien par G.S. Viereck, 1926

[ récupération ] [ mécompréhension ] [ discours scientifique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

religieux-civil

La liberté que Rome leur laisse, la plupart des catholiques ne s’en servent guère aujourd’hui. Dans le clergé, dans le bas clergé surtout, les idées libérales sont odieuses ou suspectes. L’esprit de réaction, fomenté dans son sein par la presse religieuse, a, depuis la révolution du 4 septembre [1870 : proclamation de la République] et les désillusions des dernières années, pris sur lui un nouvel ascendant. […] La faute en est-elle uniquement aux préventions de son éducation, étrangère au monde et isolée du siècle, aux conseils des feuilles qui, loin de l’éclairer sur une société qu’il ignore, persistent à le bercer de dangereux souvenirs et de décevantes espérances ? Non, pour n’être pas injuste, nous devons reconnaître que la faute en est en partie à d’autres, à ceux qui, se targuant du nom de libéraux ou de démocrates, arrêtent leur libéralisme à leurs amis et à leurs doctrines; à ceux qui, faussant cyniquement la notion de liberté, prétendent faire de l’intolérance religieuse la marque du libéralisme; à tous ceux, en un mot, dont l’exclusivisme sectaire entretient la répulsion des catholiques pour les libertés modernes et travaille à les dégoûter de la société contemporaine.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, pages 271-272

[ antimoderniste ] [ antagonismes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

être humain

Les grizzlis communiquent au moyen de leur taille, de leurs postures, de leur gueule, de leurs oreilles et de leurs yeux. Lorsqu'ils se dressent sur leurs pattes de derrière en balançant la tête, ils essaient simplement de mieux voir et de mieux sentir. Un grizzli qui souffle des whoosh est inquiet mais ne représente pas une menace pour l'homme. Par contre, s'il lance des woof tout en restant sur place, il peut être dangereux. Quand il ouvre et ferme ses mâchoires tout en bavant, il est temps de prendre la fuite. S'il baisse la tête vers l'une de ses pattes de devant tout en regardant sur le côté, il vous indique qu'il aimerait s'éloigner paisiblement si vous en faites autant. Si sa tête est tournée vers le côté, vous pouvez encore vous en aller. Si elle est basse, mais bien droite, et que ses oreilles sont rabattues vers l'arrière, il est sur le point de charger. Si, au dernier moment, ses yeux deviennent fixes et froids, vous êtes vraisemblablement dans un beau merdier.(...) C'est certainement l'ultime signal que vous recevrez avant de voir une masse de fourrure fondre sur vous.

Auteur: Peacock Doug

Info: Mes années grizzly

[ animal ] [ communication ]

 

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avril

Il y a quelque chose dans le mot printemps qui suggère non seulement la fragilité des pousses nouvelles, mais aussi ce monde humide, glacé, terreux, odorant de mousse, que les brins d'herbe couleur d'émeraude, les fourreaux et les dagues transparentes ont percé pour émerger enfin à l'air libre.

Le mot printemps, empreint comme il l'est du vert même des tiges de jacinthes, du bleu des œufs de fauvette, du reflet des pétales de chélidoines, est chargé d'une signification à la fois nostalgique et humaine : il oblige l'esprit à se replier, par-delà la supplication de chaque son et de chaque paysage printaniers, jusque dans l'obscure terre primordiale saturée de pluie d'où toute chose sont issues, jusque dans des lieux humides et froids où les baguettes cinglantes du coudrier frappent la peau, où le sol dissimule traitreusement ses marécages, où de jeunes oiseaux et de jeunes lapins sont dévorés par les faucons, où les effluves provoquent de dangereuses accalmies et le retour de douloureux souvenirs, où de noirs liquides empoisonnés suintent du tronc des hêtres, où les bourgeons des prunelliers sont autant de présages du destin, du malheur et de la mort subite.

Auteur: Powys John Cowper

Info: Givre et sang

[ clair-obscur ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

être humain

Pour ce qui est de la condition humaine, nous avons accompli de réels progrès au cours des toutes dernières décennies, avec la régression de la famine, des épidémies et de la guerre. Mais la situation des autres animaux se dégrade plus rapidement que jamais, et l'amélioration du sort de l'humanité est trop récente et fragile pour qu'on en soit assurés.
En outre, malgré les choses étonnantes dont les hommes sont capables, nous sommes peu sûrs de nos objectifs et paraissons plus que jamais insatisfaits. Des canoës nous sommes passés aux galères puis aux vapeurs et aux navettes spatiales, mais personne ne sait où nous allons. Nous sommes plus puissants que jamais, mais nous ne savons trop que faire de ce pouvoir. Pis encore, les humains semblent plus irresponsables que jamais. Self-made-dieux, avec juste les lois de la physique pour compagnie, nous n'avons de comptes à rendre à personne. Ainsi faisons-nous des ravages parmi les autres animaux et dans l'écosystème environnant en ne cherchant guère plus que nos aises et notre amusement, sans jamais trouver satisfaction.
Y a-t-il rien de plus dangereux que des dieux insatisfaits et irresponsables qui ne savent pas ce qu'ils veulent ?

Auteur: Yuval Noah Harari

Info: Sapiens : Une brève histoire de l'humanité

[ évolution ] [ historique ] [ perdu ]

 

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tradition littéraire

Le conte de fées, autre source de sagesse populaire, est en train de se tarir, grâce encore aux idéologues progressistes qui veulent protéger l’enfant de ces histoires réputées terrifiantes. La censure exercée sur les contes de fées, tout comme l’assaut donné à la littérature "inappropriée" au monde moderne, fait partie d’une persécution générale de l’imagination et du fantasme. Au nom du réalisme et d’une "culture appropriée", notre âge psychologique interdit des sublimations pourtant sans danger. Dans Psychologie des contes de fées, Bettelheim a montré que cette formation "réaliste" a pour effet d’accentuer la discontinuité entre les générations (l’enfant ayant l’impression que ses parents habitent un monde tout à fait étranger au sien) et fait douter l’enfant de sa propre expérience. Jadis, la religion, le mythe et le conte de fées conservaient suffisamment d’éléments propres à l’univers enfantin pour offrir aux jeunes une vision convaincue du monde. Or, la science ne peut se substituer à eux. D’où la régression, si commune dans la jeune génération vers un mode de pensée magique des plus primaires, telles la fascination exercée par la sorcellerie et l’occultisme, la croyance dans les perceptions extra-sensorielles, la prolifération des cultes chrétiens primitifs. 

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, pages 242-243

[ oubli ] [ appauvrissement de l'imaginaire ] [ parents-enfants ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson