Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 22
Temps de recherche: 0.0471s

nationalisme

[…] la photographie qui, de toute la collection de photos de guerre, impressionnait le plus Kiyoaki était celle intitulée "Abords du temple de Tokuri : cérémonies commémoratives des morts de la querre", datée du 26 juin 1904. l’an trente-septième de l’ère Meiji. Cette photo, tirée en couleur sépia, n’avait rien de commun avec le fatras ordinaire des souvenirs de guerre. Elle avait été composée d’un œil d’artiste habile à agencer les volumes : on aurait cru réellement que les milliers de soldats présents avaient été mis en place de propos délibéré, comme les personnages d’un tableau, pour concentrer toute l’attention sur le haut cénotaphe de bois naturel au milieu d’eux. […]

Il émanait de ces hommes une émotion tangible dont le flot se brisait contre le petit autel blanc, les fleurs, le cénotaphe au milieu. De cette masse énorme, étirée jusqu’au bord de la plaine, une pensée unique qu’aucun langage humain n’aurait pu exprimer, tel un grand et lourd anneau de fer, se rabattait sur le centre.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Confession d'un masque, pp 14-15

[ romantisme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

hommes d'influence

Le mot "intellectuel" est apparu dans le langage du débat public en France après la publication de la lettre ouverte (dans l’édition de l’Aurore littéraire datée du 13 janvier 1898) d’Emile Zola à Félix Faure, président de la République, en protestation au procès Dreyfus, au nom des valeurs supérieures de la vérité et de la justice. Dans les semaines qui suivirent, l’Aurore continua de publier, dans deux douzaines de numéros, les protestations signées de centaines de personnalités distinguées et de notoriété publique. Il s’agissait avant tout d’importants professeurs d’université de divers horizons dont les noms étaient suivis d’une kyrielle de titres académiques et de distinctions honorifiques ; mais il y eut aussi parmi eux quelques artistes, architectes, avocats, chirurgiens, écrivains et musiciens. Dès l’édition du 23 janvier, le rédacteur en chef, Georges Clemenceau, pouvait annoncer qu’une force politique nouvelle et puissante était née, et que le fait de se rallier autour d’une idée politique en constituait l’acte de naissance. Il baptisa cette nouvelle force du nom d’intellectuels […].

Auteur: Bauman Zygmunt

Info: Dans "La vie en miettes", page 219

[ origine ] [ autorité ] [ apparition dans le discours ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

miroir

Le reflet qu'on découvre aux pages des livres, quelque imparfait qu'il soit, peut passer pour la réalité. Lire n'est pas une opération neutre, l'enregistrement passif d'un fait préconstitué. Nous projetons notre expérience dans l'image qui naît des caractères imprimés. Nous contribuons dans une mesure décisive à l’événement très particulier qui mêle des personnages fictifs aux êtres de chair parmi lesquels nos jours se passent, des objets impalpables à ceux, solides, palpables qui mêlent l'espace. Nous corrigeons à notre insu, les approximations ou les lacunes de la narration. D'une indication succincte, d'un nom, d'une simple initiale, K, nous tirons quelque chose, quelqu'un dont la destinée peut nous intéresser au même degré que celle d'un objet matériel, d'une personne vivante. Le travail irréfléchi, correcteur, créateur de la lecture peut s'accommoder d'un matériau médiocre, rectifier l'imperfection des éléments qui nous sont livrés, sur le papier. Ainsi notre vie s'étendra-t-elle au-delà des limites, situées et datées, où elle est cantonnée. C'est miracle qu'une poignée de mots enfermés dans les pages d'un livre contiennent, comme des graines dans un sachet, la promesse d'univers foisonnants, colorés, si persuasifs et détaillés qu'ils rivalisent avec celui que nous habitons à l'enseigne de la réalité.

Auteur: Bergounioux Pierre

Info: Jusqu'à Faulkner

[ imagination ] [ déchiffrage ] [ réflexivité ]

 

Commentaires: 0

camp de concentration

(...) Dès le départ, Himmler se présenta comme une autorité en matière d'agriculture. Dans un lettre datée du 22 avril 1926 adressée à une personne qui s'intéressait aux fermes il dit : "Je suis un Bauer (paysan) même si je n'ai pas de ferme." En attendant, gérer un élevage de poulets accrut son obsession pour l'eugénisme et pour l'amélioration des êtres humains comme celles des souches animales. Ainsi que l'analyse de Fritz Redlich : "Son intérêt pour la reproduction et l'abattage des poulets se transforma en intérêt pour la procréation et le meurtre des êtres humains."
La lecture d'un certain nombre de pamphlets racistes renforça Himmler dans sa conviction que la procréation humaine devait prendre en compte le facteur race. Il considérait que la tâche d'un leader était "comme le spécialiste en horticulture qui, quand il veut créer une nouvelle souche pure à partir d'une espèce ancienne qui a été épuisée par trop de croisements, commence par aller dans le champ pour arracher les plantes non désirées". Après la guerre, un de ses officiers SS témoigna que le passé agricole de Himmler était bien à la base de son obsession pour la procréation raciale. L'exploitation animale - reproduction, sélection et abattage - a posé les jalons à chaque étape sur la voie menant au génocide.

Auteur: Patterson Charles

Info: Un éternel Treblinka

 

Commentaires: 0

littérature

El Toboso est avant tout une gamme de couleurs absolues : le blanc éblouissant des maisons, le bleu indigo du ciel et des bordures peintes sur les murs; le vent lui aussi semble avoir la clarté d'une couleur lumineuse. Il y a dans cette petite ville un Centre Cervantesque auquel entre autres les chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier ont l'habitude d'envoyer, avec dédicace, de précieuses traductions du Don Quichotte dans la langue de leur pays. Exposées dans les vitrines, des éditions raffinées et des versions venant de tous les continents exhibent les signatures célèbres apposées sur les frontispices. Il y a même une édition italienne avec la signature de Mussolini, datée du 31 juillet 1930 : une grande écriture énergique, peut-être un peu mégalomane, mais au trait généreux. Tous envoient des exemplaires de Don Quichotte, sauf deux. Hitler envoie une lourde édition de la Chanson des Nibelungen, avec une signature qui se voit à peine, un gribouillis informe, des lettres en position foetale. Il est cependant battu en muflerie par Kadhafi qui envoie son Livre vert de la révolution. Tous deux montrent la condescendance, peu sûre d'elle, du chef de bureau qui menace d'un "vous ne savez pas qui je suis", quand toute la grandeur de don Quichotte, comme l'a écrit Unamuno, tient dans l'humble fermeté avec laquelle il dit : "Je sais qui je suis".

Auteur: Magris Claudio

Info: Déplacements

[ Europe ] [ dédicace ] [ dictateurs ]

 

Commentaires: 0

bilan d'existence

J'ai constaté que toute ma longue vie se divise en quatre périodes : la première, merveilleuse, surtout si on la compare à celle qui devait lui succéder, innocente joyeuse et poétique période de mon enfance, allant jusqu'à quatorze ans (1828-1842). Puis l'horrible deuxième période, s'étendant sur vingt années, de la dépravation la plus grossière, de l'asservissement à l'ambition, à la vanité et, surtout à la concupiscence (1842-1862) ; ensuite, la troisième période, allant de mon mariage à ce que j'appelle ma naissance spirituelle, période qui, du point du vue du monde, peut-être appelée morale. Pendant ces dix-huit ans, j'ai, en effet, vécu une vie régulière, honnête, familiale, exempte de tous les vices qui encourent la réprobation publique. Mais, je durant tout ce temps, je ne me préoccupais égoïstement que de ma famille, de l'accroissement de ma fortune, de mes succès littéraires et divers autres plaisirs et distractions (1872-1880). Enfin la quatrième période dans laquelle je vis maintenant, dans laquelle j'espère mourir et du sein de laquelle je vois toute la signification de ma vie passée... Je voudrais pouvoir raconter l'histoire de ma vie durant ces quatre périodes successives, si Dieu m'en donne les forces et le temps. Je pense qu'une telle biographie, écrite par moi, serait plus utile aux hommes que tout ce bavardage artistique qui remplit les douze volumes de mes oeuvres et auxquels les hommes de notre temps attribuent une signification imméritée.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Le Roman de Tolstoï, dans les Notices autobiographiques de Tolstoï datées de 1903, à son biographe Paul Birioukov, rapporté par Vladimir Fédorovski

[ biographie ]

 

Commentaires: 0

dernière paroles

Mon cher frère,
Merci de ta bonne lettre et du billet de 50 francs qu'elle contenait.
Puisque cela va bien, ce qui est le principal, pourquoi insisterais-je sur des choses de moindre importance, ma foi, avant qu'il y ait chance de causer affaires à têtes plus reposées, il y a probablement loin.
Les autres peintres, quoi qu'ils en pensent, instinctivement se tiennent à distance des discussions sur le commerce actuel. Eh bien ! vraiment, nous ne pouvons faire parler que nos tableaux.
Mais pourtant mon cher frère, il y a ceci que toujours je t'ai dit et je te le redis encore une fois avec toute la gravité que puisse donner les efforts de pensée assidûment fixée pour chercher à faire aussi bien qu'on peut - je te le redis encore que je considérerai toujours que tu es autre chose qu'un simple marchand de Corot, que par mon intermédiaire tu as ta part à la production même de certaines toiles, qui même dans la débâcle gardent leur calme.
Car là nous en sommes et c'est là tout au moins le principal que je puisse avoir à te dire dans un moment de crise relative.
Dans un moment où les choses sont fort tendues entre marchands de tableaux - d'artistes morts - et d'artistes vivants.
Eh bien ! mon travail à moi, j'y risque ma vie et ma raison s'y est effondrée à moitié - bon - mais tu n'es pas dans les marchands d'hommes pour autant que je sache, et puisse prendre parti, je le trouve, agissant réellement avec humanité. Mais que veux-tu?.

Auteur: Van Gogh Vincent

Info: Dernière lettre, non datée qu'il portait sur lui le 29 juillet 1890

[ suicide ]

 

Commentaires: 0

désespoir

Au père de Won,
Tu disais toujours " Mon amour, vivons ensemble jusqu'à ce que nos cheveux deviennent gris et que nous mourrions le même jour". Comment as-tu pu mourir sans moi ? Qui allons-nous écouter moi et notre petit garçon et comment allons-nous vivre ? Comment as-tu pu partir sans moi ?
Comment m'as-tu donné ton coeur ? Comment t'ai-je donné le mien ? A chaque fois que nous étions couchés ensemble, tu me disais toujours : " Mon amour, crois-tu que les autres s'aiment et se chérissent comme nous ? Sont-ils vraiment comme nous ?" Comment as-tu pu laisser tout ça derrière toi et partir sans moi ?
Je ne peux pas vivre sans toi. Je veux te rejoindre. Je t'en supplie, emmène-moi jusqu'à toi. Je ne peux oublier mes sentiments pour toi en ce monde et mon chagrin est infini. En quoi vais-je croire maintenant ? Comment puis-je vivre alors que l'enfant te réclame ?
Je t'en supplie, lis cette lettre et réponds moi en détails dans mes rêves. C'est parce que je veux t'entendre me répondre en détails dans mes rêves que je t'écris cette lettre et que je te la donne. Lis-la attentivement et parle-moi.
Quand j'accoucherai de l'enfant qui est en moi, qui appellera-t-il Père ? Y a-t-il une personne qui puisse ne serait-ce que se figurer ce que je ressens ? Il n'y a pas de pire tragédie sur cette terre.
Tu es juste ailleurs, en un autre lieu et tu ne ressens pas de chagrin aussi profond que le mien. J'écris mal car il y a ni frontière ni fin à mon chagrin. Je t'en supplie, lis cette lettre attentivement et viens à moi en rêves, montre-toi et raconte-moi tout en détail. Je crois que je peux te voir dans mes rêves. Viens à moi en secret et montre-toi. Ce que je veux te dire n'a pas de fin et je m'arrête ici.

Auteur: Internet

Info: En 1998, des d'archéologues découvraient le cercueil de Eung-Tae Lee, mâle membre de la dynastie des Goseong Yi du XVIème siècle en Corée du Sud, écrite par sa veuve, enceinte de Won, leur futur enfant. Et avec les restes du mari cette lettre, datée du 1er juin 1586

[ déclaration d'amour ] [ deuil ]

 

Commentaires: 0

big brother

Facebook a manipulé les émotions de ses utilisateurs pour une étude
Une recherche publiée récemment expliquant comment Facebook a manipulé des informations de près de 700'000 utilisateurs anglophones a suscité l'inquiétude d'internautes. Le réseau social voulait étudier "la contagion émotionnelle" dans les groupes d'utilisateurs.
Pendant une semaine, du 11 au 18 janvier 2012, Facebook et des scientifiques des Universités Cornell et de Californie à San Francisco ont utilisé le système d'algorithmes du réseau pour modifier le contenu des informations reçues par un groupe d'utilisateurs afin d'étudier l'impact sur leurs émotions.
La recherche a été publiée dans la revue scientifique américaine Comptes rendus de l'Académie nationale des sciences (PNAS), datée du 17 juin. Les auteurs cherchaient à savoir si le nombre de messages positifs ou négatifs lus par les utilisateurs influençait la teneur de ce qu'ils postaient eux-mêmes sur le site.
Ils ont constaté que les utilisateurs ciblés commençaient à utiliser davantage de mots négatifs ou positifs selon l'ampleur des contenus auxquels ils avaient été "exposés".
"Les états émotionnels sont communicatifs et peuvent se transmettre par un phénomène de contagion, conduisant les autres personnes à ressentir les mêmes émotions sans en être conscientes", écrivent les auteurs de cette recherche. Selon eux, "ces résultats montrent la réalité d'une contagion émotionnelle de masse via les réseaux sociaux."
L'étude suscite une attention grandissante sur la toile après des articles publiés samedi dans la revue en ligne Slate et sur les sites du magazine "The Atlantic" et de "Forbes".
Levée de boucliers
Certains internautes expriment "leur trouble profond" ou qualifient la méthode utilisée "d'alarmante" ou de "démoniaque". Susan Fiske de l'Université de Princeton, qui a édité la recherche, a indiqué à "The Atlantic" avoir contacté les auteurs pour leur faire part de ses préoccupations quant à leurs travaux.
Ils lui ont dit que les autorités de leurs universités avaient approuvé ces travaux "car Facebook, apparemment, manipule systématiquement le contenu des informations diffusées".
Interrogé par l'AFP, Facebook, plus grand réseau social avec plus d'un milliard d'utilisateurs, a rejeté ces accusations. "Cette recherche a été menée pendant seulement une semaine et aucune donnée utilisée n'était liée au compte d'une personne en particulier", indique une porte-parole, Isabel Hernandez, dans un courrier électronique.

Auteur: Internet

Info:

[ pouvoir ] [ influence ]

 

Commentaires: 0

post-capitalisme

Nous pensons que nous vivons une mutation de l’économie libidinale, c’est-à-dire de la sublimation, c’est-à-dire de la science et des activités de l’esprit en général, une mutation qui nécessite des "agencements" nouveaux, je reprends le mot deleuzien délibérément : des agencements nouveaux entre l’initiative privée, bancaire, industrielle, de Recherche-Développement, et une nouvelle forme de puissance publique. Pas forcément l’État, mais aussi des ONG ou des associations en lien avec l’Europe, capables de créer des externalités en vue de bâtir de nouvelles solvabilités qui, pour le moment, n’existent pas.

Nous disons qu’il s’agit véritablement de changer de paradigme et de voir le caractère limite de la situation actuelle : le désir industriellement traité conduit à la destruction du désir, ce qui engendre la démotivation et du travailleur et du consommateur, là où, comme le redisent Boltanski et Chiapello après Max Weber, le capitalisme "marche" à la motivation ; sans motivation, il ne peut pas fonctionner. Il y a eu des techniques de fabrication artificielle de la motivation, et ces techniques ont fini par détruire cette motivation. Nous disons que c’est un problème écologique. On a exploité des champs de pétrole, de charbon et on a détruit ce qu’on exploitait, et il faut trouver des énergies renouvelables. C’est la même chose dans le domaine du désir, il faut trouver une énergie renouvelable de la libido.

Or la libido est constituée par des techniques ; ce n’est pas une énergie qui se développe spontanément, mais elle est articulée sur des techniques, des "fétiches", et plus généralement sur des prothèses : c’est la technè, l’artefactualisation du vivant qui constitue la libido, ce que Freud n’a pas pensé. Le capitalisme a très bien vu cela, il a développé, dans un sens, qui n’est pas celui de Marx, le "fétichisme" de la marchandise : il a utilisé la puissance de l’artefact comme captation du fantasme afin de fixer la libido sur ses propres objets. Le problème, c’est qu’il a fini par détruire toutes les structures qui sont les conditions de fonctionnement de cette libido, et qui ne se réduisent pas à la calculabilité. Donc le capitalisme a fini, en captant la libido, par la désingulariser. Or une libido désingularisée n’est plus une libido, c’est une pulsion. Aujourd’hui le capitalisme est arrivé à sa limite, il a transformé la libido en pulsion. Mais la pulsion, il ne sait pas quoi en faire, elle lui explose à la figure, et c’est ce que nous vivons en ce moment. Le 11-septembre a signé l’entrée dans cette situation, qui existait depuis bien longtemps, mais qui s’est, là, datée historiquement.

Auteur: Stiegler Bernard

Info:

[ sexualisation ]

 
Commentaires: 4
Ajouté à la BD par miguel