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parents-enfants

Il n'y a personne pour me soutenir et cette absence est un espace où je respire, observant avec quelle tension les parents s'adressent à leur enfant prodige.
C'est seulement douze ans plus tard que j'ai appris de quel soutien, invisible et silencieux, je fus accompagnée. Ma mère, pendant cent jours, à mes côtés, a pratiqué les cent huit inclinations qui, dans le bouddhisme coréen, représentent un acte de vénération et d'humilité remarquable. Sur un large coussin elle s'est posée chaque matin debout, les mains jointes, et pendant plus de trois mois a accompli cette profonde révérence envers le monde qu'incarnent ces cent huit inclinations à l'égard du vivant, de ce qu'il y a de plus précieux en l'homme, sa part divine et son trésor. Elle ne m'en a rien dit et je n'ai rien vu. A mes côtés, à mon insu, dans le petit appartement de la rue Saint-Nicolas, elle m'a soutenue, portée, accompagnée. Il n'y avait personne avec moi physiquement le jour du concours d'entrée au Conservatoire de Paris, mais il y avait bien plus. Il y avait l'amour de ma mère qui, invisible et silencieux, me hissait de ses bras attentifs et patients pour m'aider à m'ouvrir à l'Esprit.

Auteur: Hyun-Jung Lim

Info: Le son du silence

[ éloignement ] [ appui ] [ dévouement ]

 

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imaginaire

Cette foule serait comme des chenilles qui foisonnent sur un pêcher ; comme un champ dense de cannes à sucre ; un banc de sardines ; une nuée d’insectes ; le lit asséché d’une rivière semé de galets multicolores… Non, ce qui lui ressemblerait le plus, ce sont les dessins clignotant que l’on voit derrière les paupières en serrant fort les yeux. Et chacun de ces points clignotants serait alors cet homme puant l’alcool aux incisives cassées qui remet sa casquette, cet ex-aviateur amputé des deux bras à la suite d’un accident, debout, l’air absent, qui fixe mastiquant son chewing-gum le profil de sa fille qui tient les manches vides du complet veston, cette femme aux longs orteils qui crie, sans savoir à qui, qu’on lui piétine son chapeau tout neuf, cet infirmier en uniforme bleu qui bourre de coton la bouche d’un malade et trinque à la bière avec son collègue, ce fou à lier qui saute à cloche-pied en transpirant, ce jeune garçon robuste avec dans son dos sa vieille mère qui a bandé d’un pansement ses paupières boursoufflées et pleines de pus, cet exhibitionniste qui montre son sexe à tout le monde, cette femme squelettique, ce vieillard à la jambe articulée, ce nourrisson qui agonise…

Auteur: Murakami Ryūnosuke

Info: La Guerre commence au-delà de la mer

[ personnages phosphènes ]

 

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audimat

Il n'existe [...] pas de journaux d'opinion, il existe des journaux d'une opinion, ce qui ne semble pas absolument la même chose. Or la charité, d'accord avec le bon sens, ne nous permet pas de refuser aux imbéciles le droit d'avoir une opinion, sous peine de rejeter ces malheureux hors de l'humanité pensante. Et comme ils ne réussiront jamais à s'en former une à leur strict usage, force leur est bien d'emprunter celle des autres. Chaque journal se trouve donc ainsi tenu de compter avec eux, c'est-à-dire de ménager les imbéciles, dont il assume la charge, et Dieu sait si l'espèce est facile à scandaliser ! Scandaliser les imbéciles ne mène à rien de bon. Je crois, au contraire, que la stupide, l'effroyable monotonie de la vie moderne - dont les vertigineux manèges de chevaux de bois nous fournissent la parfaite image - incline les meilleurs esprits à des solutions médiocres, à des mensonges moyens, et que le seul scandale est capable de les remettre debout, face à l'inflexible vérité ! On ne peut raisonnablement demander au directeur d'un journal de risquer quotidiennement cent imbéciles dans l'espoir - souvent déçu - de réveiller un dormeur, de lui réapprendre à penser. La faillite serait au bout d'une telle expérience.

Auteur: Bernanos Georges

Info: Journal de la guerre d'Espagne/Essais et écrits de combats I/la Pléiade/nrf Gallimard <p.1446>

 

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gêne

Paraná, boulevard Racedo, en face de l’ancienne gare, 2 heures 03

"Les voilà donc, les deux types assis sur la cuvette. Ils savent qu’ils sont l’un à côté de l’autre et n’osent pas faire ce qu’ils ont à faire parce qu’ils se méfient du bruit. Un chef ne peut pas péter. Un employé non plus. Encore moins avec l’écho qu’il y a dans les toilettes. Donc les types se retiennent. Et là, c’est le moment crucial, tu comprends ? Va savoir s’il n’y a pas aussi un petit mot sur la porte en face du chef. Les deux pensent et attendent. C’est là que surviennent les révélations… T’as déjà entendu parler d’Héraclite ? Non ? C’était un philosophe grec qui disait que le temps est comme le fleuve. Le fleuve reste égal à lui-même, contrairement à l’eau. Eh bien, quand on est assis, le temps passe différemment. Une personne toujours assise se noie plus vite que celle qui reste debout, ça, c’est indiscutable. L’eau t’arrive au cou avant. C’est pour ça qu’il faut beaucoup réfléchir, c’est pour ça que je dois beaucoup réfléchir… Et c’est ce qui explique que les deux hommes qui sortent de ces toilettes ne sont pas les mêmes que ceux qui y sont entrés. Ils ont peut-être même fait une découverte les concernant, tu comprends ?"

Auteur: Romero Ricardo

Info: Les chiens de la pluie

[ chiottes ] [ wc ] [ petit coin ]

 

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éclore

Avant même de naître, je crois que nous marchions. Nous étions déjà debout, la horde entière étalée en arc, déjà fermes sur fémurs et nous avancions avec nos carcasses raclées et nos côtes nues, les rotules rouillées de sable, à griffer le roc avec nos tarses. Nous avons marché longtemps ainsi, tous ensemble, à chercher la première de toutes nos prairies. Nous n’avons jamais eu de parents : c’est le vent qui nous a faits. Nous sommes apparus doucement au milieu de la friche armée des hauts plateaux, à grandes truellées de terre voltigée pris dans nos ossements, par l’accumulation des copeaux de fleurs, dit-on aussi, sur cette surface qui allait devenir notre peau. De cette terre sont faits nos yeux et de coquelicots nos lèvres, nos chevelures se teintent de l’orge cueilli tête nue et des graminées attirées par nos fronts. Si vous touchez les seins d’Oroshi, vous sentez qu’ils sortent du choc des fruits sur son torse, et mûrissent toute une vie. Ainsi en est-il des animaux et des arbres, de tout ce qui est : seuls naissent vraiment les squelettes, seuls ont une chance ceux qui se dressent au-dessus de leur paquet d’os et de bois, en quête d’une chair, en quête d’une écorce et d’un cuir, de leur pulpe, en quête d’une matière qui puisse, en les traversant, les remplir.

Auteur: Damasio Alain

Info: La Horde du Contrevent

[ effort ] [ survie ]

 

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focalisations

Quand il entra dans le salon, encore étourdi de fièvre, la tête lourde, seule l'énorme bibliothèque scientifique du colonel Marius Buisson, comme un géant debout, comme une dernière sentinelle, occupait la pièce principale. Les étagères étaient couvertes de bibelots en terre cuite ornés d’inscriptions juliennes, de petits instruments astronomiques dont un astrolabe en cuivre qui donnait la hauteur des étoiles et, à l'arrière, en file comme un peloton d'exécution, de vieux livres aux reliures embellies par Simier R. du Roi, parfois amassés à l’horizontale, désordonnés et scintillants en une constellation de papier.

Ce premier jour, Mouchot ne s'approcha pas des livres. Le lendemain, il parcourut rapidement le dos des couvertures, l'air oisif, sans s'y attarder. Au bout d'une semaine, il feuilleta certains volumes et, quelques jours plus tard, il avait formé une pile sur sa table de chevet, dont un seul livre attira véritablement son attention. C'était un ouvrage de Claude Pouillet sur la chaleur solaire.

Cette lecture le plongea dans une série de curiosités autour du soleil. Seul dans son nouveau logement, où flottaient encore le fantôme du colonel Buisson et les oriflammes tachées des guerres étrangères, il apprit que des médecins italiens désinfectaient des plaies avec des rayons solaires concentrés, à l'aide de ballons d'eau en verre, et que l'astronome Cassini, en 1710, avait offert au Roi-Soleil un miroir qui pouvait fondre un morceau de fer en une heure.

Auteur: Bonnefoy Miguel

Info: L'Inventeur

[ convexe-concave ] [ loupe ] [ lentille ] [ historique ]

 

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texte-image

Dans la Revue Blanche, pour illustrer un article de Paul Adam "L’assaut malicieux", qui expliquant avec une certaine compassion le cas néo-grec d’Oscar Wilde, Lautrec en a donné un croquis à la plume. Debout, de profil, sanglé dans sa redingote, la main gauche tenant un papier, l’esthète est en attitude de combat devant la cour. … Ce portrait est une chose des plus mordantes et fixe bien l’être étrange qu’était Wilde.

Traité comme un sujet de fresque, ce gros homme, gras, bouffi, blafard, est de face, et tient au premier plan, en buste, toute la mise en page, avec, au loin, dans la brume, la Tour de Westminster et la Tamise. Il respire la suffisance, l’arrogance.

La tache blanche des chairs, du plastron de la chemise et la filasse des cheveux, se détachant sur le noir et les violets du col et du smoking, avaient fait la joie de Lautrec. Si l’on n’a point regardé le faciès à bajoues, le dessin de la bouche petite, ronde et sensuelle, les yeux aigus sous les boursouflures et les poches, le nez d’oiseau de proie, les cheveux collés à plat et séparés par une raie au milieu de la tête, on ne peut nullement comprendre "l’Esthète" rempli de génie à ses heures, maintenant une des gloires de la littérature anglaise, qui fut en même temps tout orgueil et cabotinisme et peut-être un parfait incompréhensif des choses d’art dont il parlait si bien.

Auteur: Joyant Maurice

Info: Henri De Toulouse-Lautrec 1864 -1901

[ personnage ]

 
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revanche

22 novembre. - Comment m'atteindre moi-même ? Que suis-je, au long de tant d'heures contradictoires, vides ou brusquement envahies d'un tel tohu-bohu de sensations et d'idées, plates à en mourir ou passionnées jusqu'au rouge ?

Je hais la religion où le hasard m'a fait naître. Cette haine est mon épine dorsale, mon seul tonique. Dussé-je n'avoir plus d'autre raison d'être, je voudrais que celle-ci pût me suffire. Je hais cette religion pour ses mensonges, sa férocité, sa stupidité, ses victoires, toujours frauduleuses et aussi pour tout le mal qu'elle m'a fait. J'étais debout, en bon équilibre sur mes pieds, plein de sève et de confiance. Mais je me suis souvenu de la construction catholique. J'ai eu la candeur de vouloir édifier ma destinée sur ce fallacieux échafaudage. Je ne suis pas de bois creux comme tous ces religionnaires. Je pèse mon franc poids d'homme. Le système s'est écroulé sous moi et me voilà par terre, les membres disloqués, infirme peut-être pour le reste de ma vie. Mais ma haine me sera une béquille.

Je suis cet estropié qui cherche sa vengeance et qui est parvenu à se refaire au moins une règle : travailler à cette vengeance obstinément, envers et contre tout. Je suis aussi infiniment malheureux. Dans cette ville saumâtre et chafouine, j'endure un exil des sens et de l'esprit qui s'aggrave chaque jour. J'ai encore eu des projets de fuite. Je sais qu'ils sont vains. Anne-Marie n'entrera jamais dans ma vie et cependant, elle la domine !

Auteur: Rebatet Lucien

Info: les deux étendards (1952, 1312 p., Gallimard) p. 738

[ hargne ] [ colère ] [ interrogation ] [ romantisme ]

 
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dépaysement

Et je vis là un des plus grands mystères de la nature humaine : dans un bouquet d'arbres, près du petit temple, une femme se tenait debout, le visage exalté. Elle étreignait une statue de pierre cunéiforme. Elle priait, quel dieu je l'ignorais alors. Je compris que j'assistais à un très grand mystère. Je ne dérangeai pas cette femme, cette femme ceinte d'un obi - la ceinture japonaise - en forme de papillon, chaussée de petits bancs de bois, et le visage resplendissant d'une beauté qui m'était incompréhensible. Et je pensai alors qu'il me faudrait raconter dans un récit comment le Japon avait entraîné, attiré, noyé, dissous l'étranger, comme aurait pu le faire un marécage, comme aurait pu le faire un sylvain ou quelque être de ce genre : de tout mon coeur je voulais pénétrer l'âme japonaise, son quotidien et son époque ; j'avais devant mes yeux le fantastique de ce quotidien, de la vie courante, des gens, et je ne comprenais rien, ne pouvais ni comprendre ni interpréter quoi que ce fût ; et je sentais que ce pays qui m'était inaccessible m'engloutissait comme un marécage, soit qu'il renfermât en effet de grands secrets, soit que je fusse en train d'enfoncer des portes ouverts que la police gardait précisément parce qu'elles n'ouvraient sur rien. Le thème auquel se sont confrontés les écrivains qui sont allés au Japon, celui de la non-fusion de l'âme de l'Orient avec celle de l'Occident, de l'homme occidental happé, englouti, déformé par l'Orient, atteint du mal qu'on pourrait nommer febris orientis, et néanmoins, plus tard, rejeté par l'Orient, ce thème se présentait maintenant également à moi.
Par la suite, après cette aube dont j'ai parlé, il y eut encore des jours dans le soleil, dans le vent, au sein de la terre fleurissante, à se promener dans les montagnes et à fuir devant la police.

Auteur: Pilniak Boris

Info: Racines du Soleil Japonais

[ Asie ]

 

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parapsychologie

Je ne connais aucun rituel magique parce que je n’y crois pas. Donc pour moi, je ne vous recommanderais pas l’exorcisme ou autres rituels. Ces moyens ne fonctionnent que si tous ceux qui sont en présence y croient, alors ce serait légitime. Je connais le cas d’une étable qui était hantée, quelque chose d’assez fréquent, ici, en Suisse. Alors, on faisait appel à un père franciscain pour qu’il vienne purifier spirituellement l’étable au moyen d’un savoir particulier auquel il avait été formé. C’est un véritable "medicine-man" sachant s’y prendre avec les esprits malins et les fantômes, en utilisant la magie de son Eglise, l’exorcisme. Autre exemple, parmi les animaux du petit cirque "Knie" un éléphanteau souffrait de diarrhée. Tous les vétérinaires des environs avaient prodigué leurs meilleurs soins, mais rien n’y faisait et l’éléphant ne guérissait pas. Alors, on fit venir le "medecine-man", ce père franciscain du monastère. Il parla à l’éléphant pendant trois demi-heures, il lui massa le dos, le regarda longuement dans les yeux et lui dit qu’il devait arrêter d’être malade, se soumettre, et être gentil. Et tout à coup, tout en le regardant toujours intensément dans les yeux, il dit : "A présent, il veut bien être guéri. Demain, il sera sur pied. Ne faites plus rien, il s’est soumis". Et le lendemain il était debout, sur pied. Voilà de la médecine primitive authentique, c’est ce que fait le "medecine-man", il fait pénétrer quelque chose dans les têtes. Ce petit éléphant à juste réagit comme n’importe quel être humain sensible, ou n’importe quel enfant. Nous autres ne pourrions pas pratiquer de pareille magie, car nous avons du mal à y croire. Si nous étions capables d’y croire, nous serions redescendus à un autre niveau et à ce niveau, notre conscience serait encore tellement circonscrite, avec une portée tellement limitée, que nombre de ses contenus psychiques ne seraient pas conscients, mais extériorisés.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "L'analyse des visions"

[ pouvoirs ] [ chamane ]

 
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