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pornographie en ligne

"Vous l'avez déjà fait par téléphone ?" demanda-t-elle, les yeux brillants et enthousiastes.

"Fait quoi ?"

"Le grid", dit Alys. "Vous ne connaissez pas le réseau téléphonique ?"

"Non", admit-il. Mais il en avait entendu parler.

"Vos tropismes sexuels - ceux de tout le monde - sont connectés électroniquement et amplifiés, autant que vous soyez capable de le supporter. C'est addictif, parce qu'électroniquement amélioré. Les gens, certains d'entre eux en tout cas, s'y enfoncent tellement qu'ils ne peuvent plus en sortir ; toute leur vie tourne autour de cette activité hebdomadaire - ou, bon, même quotidienne ! - le rendez-vous avec ce réseau téléphonique. Ce sont des téléphones à images ordinaires, qu'on active par carte de crédit. C'est donc gratuit au départ ; les sponsors vous facturent une fois par mois et si vous ne payez pas, ils coupent votre téléphone du réseau".

"Combien de personnes," demanda-t-il, "sont impliquées dans cette opération ?"

"Des milliers."

"En même temps ?"

Alys opina. "La plupart d'entre eux le font depuis deux, trois ans. Et ils se sont détériorés physiquement - et mentalement - à cause de ça. Parce que la partie du cerveau où l'orgasme se situe est progressivement cramée....

Auteur: Dick Philip K.

Info: Flow My Tears, The Policeman Said. Doubleday. 1974

[ addiction ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

femme-par-homme

Le 8 mai j’avais quitté l’usine effiloché comme d’habitude

couvert de poussière dans les rues coudoyant des messieurs en pelisses

parmi de belles femmes fatigué et effiloché

et un humide dégoût emplissait ma bouche

cette belle dame m’avait perçu du haut de sa voiture

j’étais un gars pas mal – le crachat ça ne se voit pas

elle avait des cheveux ondulés et une voiture

ma présence là noyée de poussière éveillait en elle un suave frisson sous ses bas

et jusqu’à la porte de son appartement luxueux la voiture légère a roulé

où travailles-tu me demanda-t-elle pendant qu’elle enlevait son manteau

depuis quelques jours à l’usine de gaz

tu es un gars bien bâti et assez beau tu pourrais mieux gagner

depuis six mois et jusqu’à hier je ne mangeais qu’une fois tous les deux jours

notre discussion pouvait se prolonger à l’infini

mes paroles à moi sentaient le pain le gaz

elle gazouillait comme un piano ouvert des paroles de romances à la mode

et pourtant la manière virile dont ma chair s’arrondissait sur les os

faisait que nous nous entendions à merveille

l’heure est avancée, couchons-nous

le lit sentait moelleusement le chaud et le propre

la dame savait mieux faire l’amour que discourir

et moi j’aimais ses cheveux parce que j’avais besoin de les tirer.

Le matin elle me dit au revoir mon cher

(il était 5 heures et à 6 l’usine ouvrait)

nous nous reverrons ce soir à 8 nous dînerons ensemble

auprès de mes paroles sentant le pain le gaz

je conservais une bouche pleine de crachats

elle la vit elle s’en effraya

cette belle dame avec laquelle toute nuit je me suis promené dans l’amour et l’automobile – elle disparut

à sa place fumait une vieille ridée, ses lunettes sur son nez qui lisait assidûment les Saintes Écritures.

Auteur: Luca Ghérasim

Info: La Sainte communion. Publié dans "Meridian" N° 11,1927, puis traduit du roumain par Micaela Slăvescu et cité dans "La Réhabilitation du rêve", p. 510-511

[ rencontre ] [ différences sociales ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

honte

Litost est un mot tchèque intraduisible en d'autres langues. Sa première syllabe, qui se prononce longue et accentuée, rappelle la plainte d'un chien abandonné. Pour le sens de ce mot je cherche vainement un équivalent dans d'autres langues, bien que j'aie peine à imaginer qu'on puisse comprendre l'âme humaine sans lui.

Je vais donner un exemple : l'étudiant se baignait avec son amie étudiante dans la rivière. La jeune fille était sportive, mais lui, il nageait très mal. Il ne savait pas respirer sous l'eau, il nageait lentement, la tête nerveusement dressée au-dessus de la surface. L'étudiante était irraisonnablement amoureuse de lui et tellement délicate qu'elle nageait aussi lentement que lui. Mais comme la baignade était sur le point de prendre fin, elle voulut donner un instant libre cours à sont instinct sportif et elle se dirigea, d'un crawl rapide, vers la rive opposée. L'étudiant fit un effort pour nager plus vite, mais il avala de l'eau. Il se sentit diminué, mis à nu dans son infériorité physique, et il éprouva la litost. Il se représenta son enfance maladive sans exercices physiques et sans camarades sous le regard trop affectueux de sa mère et il désespéra de lui-même et de sa vie. En rentrant tous deux par un chemin de campagne ils se taisaient. Blessé et humilié, il éprouvait une irrésistible envie de la battre. Qu'est-ce qui te prend ? lui demanda-t-elle, et il lui fit des reproches ; elle savait bien qu'il y avait du courant près de l'autre rive, il lui avait défendu de nager de ce côté-là, parce qu'elle risquait de se noyer - et il la frappa au visage. La jeune fille se mit à pleurer, et lui, à la vue des larmes sur ses joues, il ressentit de la compassion pour elle, il la prit dans ses bras et sa litost se dissipa.

[...]

La litost est un état tourmentant né du spectacle de notre propre misère soudainement découverte.

Auteur: Kundera Milan

Info: Le livre du rire et de l'oubli

 

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Ajouté à la BD par miguel

taiseux

Plus tard, quand elle revint dans la pièce pour éplucher les pommes de terre à côté de son mari, elle le trouva installé à la table donc il avait enlevé le napperon. Il y avait étalé ses couteaux à sculpter, et déjà de petits copeaux jonchaient le sol tout autour de lui.

- Que fais-tu donc, Otto ? demanda-t-elle avec un étonnement sans bornes.

- C’est pour voir si je suis encore capable de sculpter, répondit-il.

Elle était un peu irritée. Otto avait beau ne pas être grand psychologue, il devait pourtant se douter de l’impatience avec laquelle il attendait les explications qu’il avait promis de lui donner. Et voilà qu’il avait exhumé ses couteaux à sculpter et qu’il tripotait ses petits morceaux de bois, tout à fait comme au début de leur mariage, lorsqu’il la mettait au désespoir par son éternel silence ! Alors, elle n’avait pas autant qu’aujourd’hui l’habitude de ce mutisme, qui pourtant aujourd’hui lui semblait encore plus intolérable... Justement aujourd’hui ! ... Sculpter du bois ! Grands dieux, voilà tout ce que cet homme trouvait à faire après de tels évènements ! Ce silence si âprement défendu, allait-il le rendre plus insupportable encore ? Y aurait-il de longues heures pendant lesquelles il sculpterait le bois sans prononcer une parole ? ... Pour elle, quelle nouvelle et cruelle désillusion ! ... Mais elle ne pourrait pas la supporter aussi passivement que toutes les autres.

Inquiète, au bord du désespoir, elle regardait pourtant avec une certaine curiosité le morceau de bois long et épais qu’il tournait pensivement dans ses grosses mains et dont il faisait sauter çà et là quelques copeaux.

- Qu’est-ce que ce sera, Otto ? demanda-t-elle, un peu malgré elle.

[...] A cette question presque involontaire, Otto parut d’abord ne vouloir répondre de nouveau que par un grognement. Mais il s’avisa peut-être que, ce matin, il avait exigé un peu trop d’Anna. Ou peut-être était-il tout simplement disposé à s’expliquer.

- Ce sera une tête, dit-il. Je veux voir si je suis encore capable de sculpter une tête... Jadis, j’ai sculpté beaucoup de têtes de pipes.

Et il se remit à travailler son morceau de bois.

- Des têtes de pipes ? ... Voyons, Otto, réfléchis ! ... Le monde s’écroule, et tu penses à des têtes de pipes ! ... Quand j’entends ça ! ...

Il ne semblait faire grand cas ni de sa colère ni de ses paroles.

- Naturellement, ce ne sera pas une tête de pipe… Je veux seulement voir si je suis capable de sculpter notre garçon tel qu'il était.

La mauvaise humeur d'Anna tourna court sur-le-champ. Ainsi, c'était au petit qu'il pensait ! Et s'il pensait au petit, et songeait à sculpter une image de lui, c'est qu'il pensait aussi à elle et qu'il voulait lui faire plaisir. Elle se leva de sa chaise, laissant là ses pommes de terre, et dit :

- Attends, Otto, je t'apporte les photos. Pour que tu saches comment notre petit était réellement…

Il eut un mouvement de refus :

- Je ne veux pas voir de photos. Je veux évoquer Otto par la sculpture, tel que je l'ai ici en moi.

Il se toucha le front. Après un silence, il ajouta encore :

- Si j'en suis capable !

Elle était tout émue. Leur fils vivait donc également en lui ; il avait en lui une image bien nette de leur fils.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, pages 156 à 158

[ père-fils ] [ père-par-mère ] [ couple ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson