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méditation

Faire sa prière n'est pas tout à fait la même chose que prier, observa Anne, absorbée dans ses réflexions. Mais je vais m'imaginer que je suis le vent qui souffle, là-haut, dans le faîte de ces arbres. Lorsque j'en aurai assez des arbres, je m'imaginerai que je descends doucement, parmi ces fougères, et puis je m'envolerai jusqu'au jardin de Mme Lynde, et j'y ferai danser les fleurs, et là, d'un seul coup, je balayerai le champ de trèfle. Puis je soufflerai sur le Lac-aux-Miroirs et je le ferai onduler pour qu'il forme de petites vagues brillantes. Oh, comme le vent permet à l'imagination de vagabonder ! Eh bien, c'est fini, je ne dirai plus rien, Marilla.

Auteur: Montgomery Lucy Maud

Info: Anne La Maison aux pignons verts T01

[ voyage ]

 

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baise

Au lit j’avais quelque chose devant moi mais je pouvais rien faire avec. J’ahanais et ahanais comme une baleine. Vi était très patiente. Je continuais à me donner comme un beau diable mais j’avais trop bu.
"Désolé, baby", j’ai fait. Après ça j’ai roulé sur le côté. Et j’ai roupillé. Plus tard quelque chose m’a réveillé. C’était Vi. Elle m’avait ranimé la flamme et me chevauchait.
"Vas-y baby, vas-y !" je lui ai dit.
J’arquais le dos de temps en temps. Elle m’a regardé avec des petits yeux gourmands. J’étais en train de me faire violer par une enchanteresse café au fait ! Pendant une seconde ça m’a excité.
Ensuite je lui ai dit : "Merde, baby, descends. La journée a été longue et rude. Ça sera mieux la prochaine fois."
Elle est descendue. Mon truc a piqué du nez comme un ascenseur express.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Le Postier", page 135

[ impuissance ] [ comique ] [ alcool ] [ débander ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déclaration d'amour

Comme une grande fleur ...
Comme une grande fleur trop lourde qui défaille,
Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille
Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents,
Avec un long sourire où miroitent tes dents...
Je t'enlace ; j'ai comme un peu de l'âpre joie
Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie.
Tu souris... je te tiens pâle et l'âme perdue
De se sentir au bord du bonheur suspendue,
Et toujours le désir pareil au coeur me mord
De t'emporter ainsi, vivante, dans la mort.
Incliné sur tes yeux où palpite une flamme
Je descends, je descends, on dirait, dans ton âme...
De ta robe entr'ouverte aux larges plis flottants,
Où des éclairs de peau reluisent par instants,
Un arôme charnel où le désir s'allume
Monte à longs flots vers moi comme un parfum qui fume.
Et, lentement, les yeux clos, pour mieux m'en griser,
Je cueille sur tes dents la fleur de ton baiser !

Auteur: Samain Albert

Info: Recueil : Le chariot d'or

[ poème ]

 

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deuil

Le vieil écrivain était malade.
On feuilletait chez le libraire son dernier bouquin
et il me semblait assister à une vente aux enchères.
Sur la couverture, je m'attendais à voir
ses boutons, de chemise ou leur chiffre bizarre,
ses lunettes et son fume-cigarettes bon marché.

C'est hier qu'il est mort.
Les livres de sa bibliothèque,
des in-folios satinés, bien nourris,
des parchemins pelés et des albums pâlis
seront expédiés aux bouquinistes, en plein hiver.
Le vieux ne supportait pas qu'ils aient froid,
ni qu'ils soient seuls. Ils ont gardé peut-être
l'encre de son sang.

Maintenant tous ces bouquins vont être éparpillés,
leur peau se crispe de terreur,
les miroirs se déchargent de son image,
ses vêtements se liquéfient dans la commode
et dans son paquet de tabac chantent les cigales.

Désormais ces bouquins vont pâlir un peu
et je les empile, rayons compris, dans ma mémoire…
Sans broncher, il me conseillait de ne pas faire l'amour
"en présence des livres"
et c'est la première fois que je ne souris pas.

Les fenêtres s'éteignent,
le matou, plus décrépit que les fauteuils, s'esquive,
et je descends les marches usées de la maison du vieux
lorsque soudain,
à l'improviste, vers la chambre défunte
sortent de l'ascenseur, en me frôlant,
m’écrasant presque,
les jambes de sa fille, gainées de noir...

Auteur: Tomozei Gheorghe

Info: In 30 poètes roumains de Irina Radu, (p. 201-203, traduit du roumain par Irina Radu). Le vieillard et les livres

[ collection personnelle ] [ dispersion ] [ femmes-hommes ] [ théorie-pratique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

misanthropie

Je ne fréquente mes semblables qu’avec parcimonie […], considérant l’amour de l’humanité comme une illusion sentimentale autant que politique, et tentant de comprendre comment l’humanité s’abolit dans l’illégitimité du nombre, par exemple dans la foule que je traversais, ce jour-là, principalement composée de Noirs, de Maghrébins, de Pakistanais, d’Asiatiques, de diverses sortes de métis, et de quelques Blancs, hommes et femmes, dont deux petites lesbiennes se tenant par la main avec défi, suivies d’un nain dandinant son corps pitoyable entre de jeunes beautés tapageuses, et des enfants, des vieillards, laids, mal vêtus, l’ensemble se mouvant dans une puanteur constituée de relents d’égouts, de viennoiseries, de parfums et de produits de chez Mc Donald’s, au sein d’un vacarme dont on ne savait plus s’il annonçait la fin du monde ou s’il la faisait désirer, sur ce quai de la station Châtelet-les-Halles, un samedi après-midi, dans ce qui fut le ventre de Paris, et qui est devenu cette gigantesque gare souterraine, au-dessous des anciens cimetières des Innocents et de Saint-Eustache : des bas-fonds, où je ne descends jamais sans songer qu’à la foule se mêlent les spectres d’innombrables défunts, dont j’avais vu exhumer les os, quarante ans auparavant, et me demandant au milieu des grondements, des rumeurs et des cris, si, plus encore que la lumière, l’air libre n’est pas la première manifestation de la vérité. 

Auteur: Millet Richard

Info: Arguments d’un désespoir contemporain, Hermann éditeurs, 2011

[ mégapole ] [ surpopulation ] [ freaks ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

Lundi. Comme chaque lundi, je descends l’escalier pour partir travailler. Au rez-de-chaussée, Bernard, le concierge, m’attend comme d’habitude de pied ferme. Des choses immuables rythment notre vie et c’est rassurant. "Alors Bernard, comment ça va ce matin ? Et votre dos ? Toujours pareil… mais que dit votre médecin ? Ah, il vous a changé d’anti-inflammatoires. Bon je vais vous redonner les coordonnées de mon acupunctrice, Véronique, mais cette fois vous y allez, je vous jure qu’elle fait des miracles."

Mardi. Même rituel. Bernard guette mon passage, prêt à dégainer son "ça va ?", Comme s’il attendait vraiment des informations sur ma santé. Ce matin, il n’aura de moi qu’un "ça va, ça va…" supersonique : on dirait que j’ai un rendez-vous capital.

Mercredi. Je m’arrête au premier étage, en entendant Dupont, du troisième, ouvrir la porte. Il s’arrête tous les jours pour discuter avec Bernard. Faisant semblant de chercher je ne sais quoi dans mon sac, j’attends qu’il passe et je me glisse derrière lui pour sortir de l’immeuble sans parler à personne.

Jeudi. Je n’en reviens pas, ma fille Yasmin a eu 17 en politique internationale. Heureusement, Bernard est à son poste, il faut vraiment que je le dise à quelqu’un. Échanger avec lui quelques mots le matin, c’est bien agréable. Si les concierges n’existaient pas, il faudrait les inventer.

Auteur: Piazza Piervi

Info: Homo biologicus

[ nécessaires ] [ naturels ] [ essentiels ] [ routine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

moi-sujet

Au premier instant de répit, dès que je n'ai plus besoin de surveiller ma marche, pour éviter des véhicules ou ne pas gêner les passants, dès que je n'ai plus à parler au premier venu, ni la pénible obligation de franchir une porte toute proche - alors je pars de nouveau sur les eaux du rêve, comme un bateau de papier à bouts pointus, et je retourne une nouvelle fois à l'illusion languissante qui avait bercé ma vague conscience du matin naissant, au son des carrioles qui légumisent.

C'est alors, au beau milieu de la vie, que le rêve déploie ses vastes cinémas. Je descends une rue irréelle de la Ville Basse, et la réalité des vies qui n'existent pas m'enveloppe tendrement le front d'un chiffon blanc de fausses réminiscences. Je suis navigateur, sur une mer ignorée de moi-même. J'ai triomphé de tout, là où je ne suis jamais allé. Et c'est une brise nouvelle que cette somnolence dans laquelle je peux avancer, penché en avant pour cette marche sur l'impossible.

Chacun de nous a son propre alcool. Je trouve assez d'alcool dans le fait d'exister. Ivre de me sentir, j'erre et marche bien droit. Si c'est l'heure, je reviens à mon bureau, comme tout le monde. Si ce n'est pas l'heure encore, je vais jusqu'au fleuve pour regarder le fleuve, comme tout le monde. Je suis pareil. Et derrière tout cela, il y a mon ciel, où je me constelle en cachette et où je possède mon infini.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Le livre de l'intranquillité

[ refuge intérieur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

justifications

<third_planet> La nuit dernière mon copain avait du shit et voulait me faire fumer mais on ne savait pas où aller parce que les parents étaient à la maison.
<third-planet> Donc on a roulé dans le secteur pour trouver une place de parc et fumer dans la voiture.
<third-planet> On s'est retrouvé sur une place de parc devant un Wendys..
<Mr-Butlertron> Logique presque...
<third-planet> Je sais, c'était une idée ridicule. On était juste désespérés et on a pris ce qui venait ..
<third-planet> On se gare à l'arrière du parking sous un arbre, il fait sombre et on se sent en sécurité. On allume le joint et voilà un flic qui arrive en véhicule. On reste donc les deux bien tranquilles en espérant qu'il pense que la voiture est vide et juste garée ici. Le flic fait le tour du parking puis vient se garer derrière nous. Nous deux on flippe. Alors Bobby, mon pote, prend toute la came et la fout dans la boite à gants. Mais la voiture pue le shit et on se dit que c'est foutu.
<third-planet> Bobby dit que nous devons distraire le flics de l'odeur du shit. Alors dans un grand flash, il enlève son shirt, baisse mes pantalons et mets sa main dans mon slip. Avant que je puisse réaliser ce qu'il se passe le flic tape à la fenêtre. Puis il voit la situation et devient écarlate.
<third-planet> Je descends la vitre de ma fenêtre et le flic dit, d'une voix peu assurée, son visage rouge brillant, "you guys be good now" et il s'en va rapidement vers sa voiture qui part immédiatement.
<third-planet> Il n'a pas même remarqué l'odeur du shit.
<third-planet> On est rentré à la maison dans le plus inconfortable des silences qu'on ait jamais partagé..

Auteur: Internet

Info:

[ comédie ] [ homosexualité ] [ dialogue-web ]

 

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supplique

Je ne peux plus, je ne peux plus, vous voyez bien…

C’est tout ce que je puis.

Et vous me regardez et vous ne faites rien.

Vous dites que je peux, vous dites – aujourd’hui

Comme il y a des jours et des jours – que l’on doit

Lutter quand même et vous ne savez pas

Que j’ai donné toute ma pauvre force, moi,

Tout mon pauvre courage et que j’ai dans mes bras

Tous mes efforts cassés, tous mes efforts trompés

Qui pèsent tant, si vous saviez !

Pourquoi ne pas comprendre ? Au bois des oliviers

Jésus de Nazareth pleurait, enveloppé

D’une moins lourde nuit que celle où je descends.

Il fait noir. Tout est laid, misérable, écœurant Sinistre…

Vainement, vous tentez en passant

Un absurde sourire auquel nul ne se prend.

C’est d’un geste raté, d’une voix sonnant faux

Que vous me promettez un secours pour demain.

Demain ! C’est à présent, tout de suite, qu’il faut

Une main secourable dans ma main.

Je suis à bout…

C’est tout ce que je peux souffrir, c’est tout.

Je ne peux plus, je ne crois plus, n’espère plus.

Vous n’avez pas voulu

Pas su comprendre, sans pitié

Vous me laissez souffrir ma souffrance… Au moins

Faites-moi donc mourir comme on est foudroyé

D’un seul coup de couteau, d’un coup de poing

Ou d’un de ces poisons de fakir, vert et or,

Qui vous endorment pour toujours, comme on s’endort

Quand on a tant souffert, tant souffert jour et nuit

Que rien ne compte plus que l’oubli, rien que lui…

Auteur: Sicaud Sabine

Info: Poésies posthumes, 1958. "Aux médecins qui viennent me voir". Elle meurt à 15 ans d'une gangrène des os, après un an d'horribles souffrances.

[ mort volontaire ] [ euthanasie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

imagination

Tout est absurde. Celui-ci consacre sa vie à gagner de l’argent pour le mettre de côté, sans avoir seulement d’enfants à qui le laisser, ni le moindre espoir de voir quelque ciel réserver un sort transcendantal à sa fortune. Cet autre consacre tous ses efforts à se faire une réputation qui ne lui servira qu’une fois mort, mais il ne croit nullement à la survie qui lui permettrait de jouir de cette même réputation. Cet autre encore s’épuise à rechercher mille choses qu’en fait il n’apprécie nullement. Un autre, un peu plus loin (…)

Celui-ci lit pour savoir, inutilement. Cet autre jouit pour vivre, tout aussi inutilement.

Je me trouve dans un tram, et j’examine lentement, à mon habitude, tous les détails concrets des personnes qui se trouvent devant moi. Pour moi les détails sont des choses, des mots, des lettres. Cette robe que porte la jeune fille assise en face de moi, je la décompose en ses divers éléments : l’étoffe dont elle est faite et le travail qu’elle a coûté — puisque je la vois en tant que robe, et non pas comme simple étoffe ; la fine broderie qui borde le ras du cou se décompose à son tour : le galon de soie dont on l’a brodé, et le travail qu’a demandé cette broderie. Et immédiatement, comme dans un ouvrage primaire d’économie politique, se déploient sous mes yeux les usines et les activités diverses — l’usine où l’on a fabriqué le galon, d’un ton plus foncé, qui a servi à orner, de petites choses entortillées, l’endroit qui fait le tour du cou ; et je vois les ateliers dans les usines— machines, ouvriers, cousettes — mes yeux tournés vers le dedans pénètrent dans les bureaux, je vois les directeurs chercher un peu de calme, et je surveille, dans les registres, la comptabilisation de chaque chose ; mais je ne m’arrête pas là : je vois, au-delà, la vie familiale de ceux dont la vie quotidienne s’écoule dans ces usines, dans ces bureaux… Le monde entier se déroule sous mes yeux, du seul fait que j’ai devant moi, au-dessous d’un cou brun, qui par ailleurs supporte je ne sais quelle tête, une bordure, irrégulièrement régulière, d’un vert sombre sur le vert plus clair de la robe.

La vie sociale tout entière gît sous mon regard.

En outre, je devine les amours, les cachotteries et l’âme de tous ceux qui ont œuvré pour que la femme qui se trouve là, devant moi, dans un tram, porte, autour de son cou de mortelle, la sinueuse banalité d’un galon de soie vert sombre se détachant sur un tissu d’un vert plus clair.

J’ai le vertige. Les banquettes du tram, dont le siège est garni de paille aux brins alternativement plus fins et plus robustes, m’emportent vers des régions lointaines, se multiplient en industries, ouvriers et maisons d’ouvriers, existences, réalités — tout.

Je descends du tram, épuisé, somnambulique. J’ai vécu la vie tout entière.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Oeuvre poétique, NRF 2001

[ réalité support ] [ désenchantement ]

 

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