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involution

Plus la pénétration et l'approfondissement du nouvel esprit scientifique eurent de succès, plus ce dernier - il en est toujours ainsi du vainqueur - devint prisonnier du monde qu'il venait de conquérir. Au début de ce siècle encore, un auteur chrétien pouvait considérer l'esprit moderne en quelque sorte comme une deuxième incarnation du Logos. "La profonde compréhension de l'animation de la nature dans la peinture et la poésie modernes, dit Kalthoff, l'intuition vivante dont la science elle-même, dans la rigueur de ses travaux, ne veut pas non plus se passer davantage, permettent de voir aisément comment le Logos de la philosophie grecque, qui poussa le type ancien du chrétien à s'éloigner du monde, dépouille son caractère d'au-delà et fête une nouvelle incarnation." En trés peu de temps, on dut s'apercevoir qu'il ne s'agissait pas d'une nouvelle incarnation du Logos, mais bien plutôt d'un effondrement de l'anthropos ou du Noûs dans la Physis. Le monde avait non seulement perdu son caractère divin; il avait aussi perdu son caractère spirituel. En transposant le centre d'intérêt du monde intérieur au monde extérieur, la connaissance de la nature a infiniment grandi en comparaison de ce qu'elle était autrefois; mais la connaissance et l'expérience du monde intérieur ont diminué en proportion. L'intérêt religieux qui, normalement, devrait être le plus fort et par conséquent décisif, s'est détourné du monde intérieur et les figures du dogme sont, dans notre monde, des résidus étranges et incompréhensibles, livrés à toutes sortes de critiques. Même la psychologie moderne a grand-peine à revendiquer pour l'âme humaine un droit à l'existence et à faire admettre qu'elle soit une forme d'être doué de qualités que l'on peut étudier et par conséquent objet d'une science empirique; qu'elle ne dépend pas uniquement d'un extérieur, mais possède aussi un intérieur autonome et qu'elle ne représente pas uniquement un moi conscient, mais également une existence qu'on ne peut atteindre qu'indirectement.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Métamorphose de l'âme et ses symboles

[ matérialisme ] [ régression ] [ rationalisme aveugle ]

 

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Ajouté à la BD par Neshouma

différence sexuelle

Avec le développement autocratique de la science absolue, la question féministe ne se posa même plus. La vie se prolongea indéfiniment par le remplacement progressif des différentes parties du corps. Les hommes ne mouraient plus, un peu comme autrefois du reste, que s’ils le voulaient bien, et les maladies étaient désormais inconnues.

On avait développé, en effet, d’une façon particulière, ce sens très ancien que l’on appelait jadis l’instinct chez les animaux, l’instinct de la conservation physique chez l’homme et qui n’est autre chose qu’une vue intérieure que nous avons des différents phénomènes qui se passent dans notre corps, une prescience certaine des dangers que peuvent lui faire courir tels ou tels germes étrangers.

Lorsque cette vue intérieure fut développée au plus haut point, comme il convenait, les maladies les plus graves furent arrêtées dès leur début. Pour la première fois, lorsqu’il n’y eut plus de médecins, la médecine fut autre chose que du charlatanisme et l’on n’eut plus recours aux vagues indications d’un empirisme inconscient, comme on l’avait fait jadis.

Tout naturellement la question de reproduction de l’espèce devint également sans intérêt. Les femmes ne se distinguant plus des hommes par leurs travaux et leurs occupations, elles ne s’en distinguèrent même plus bientôt par le costume. Elles furent les androgynes primitifs décrits par les religions antiques.

C’est assez dire que l’idée même de la maternité leur devint absolument étrangère.

Au surplus, grâce à des mesures énergiques prises dès le moment de la naissance par les savants du Grand Laboratoire Central, tout ce qui faisait jadis la préoccupation principale et la joie de l’humanité, devint une chose définitivement inconnue et profondément méprisée par des êtres scientifiques qui ne pouvaient connaître par eux-mêmes ce dont on leur parlait et qui considéraient l’amour comme un souvenir historique, comme une déchéance animale intéressant uniquement l’histoire naturelle et ne relevant que des simples recherches anatomiques.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, page 228-230

[ discours scientifique ] [ indifférenciation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

homme-animal

L'un des exemples les plus connus est l'évasion d'un chimpanzé délicieusement excentrique baptisé Cholmondeley. Chumley -c'était son surnom- avait vécu toute sa vie en animal domestique. Il partageait la table de son maître, fumait un paquet de cigarettes par jour, buvait de la bière et ne se promenait jamais sans vêtements. Quand il se retrouva brutalement dans la section des singes du zoo, nu et privé de tabac comme d'alcool, parce que son maître avait été contraint de se séparer de lui, il décida de passer à l'action. Il devait y avoir une erreur. Il n'allait quand même pas terminer ses jours dans cet asile pour singes dégénérés et pleins de tics. Il commença par faire la grève de la faim. "Pas de bière, pas d'aliments" devint sa devise. Les vétérinaires s'inquiétèrent et décidèrent de l'examiner. Les piqûres anesthésiantes n'existaient pas encore à cette époque, et il fallut attirer Chumley dans une grande caisse pour le chloroformer. Le chimpanzé sentit le gaz arriver, repéra l'ouverture pratiquée sur un côté de la caisse et la boucha discrètement d'un doigt prompt. Puis il s'assit et observa les visages, de plus en plus perplexes, des médecins de l'autre côté de la paroi. Ils avaient calculé qu'il lui faudrait cinq minutes pour perdre conscience, et il continuait à le dévisager. Au bout de dix minutes, il aurait dû être mort. Pourtant, il les fixait toujours de son regard impassible. Quand ils découvrirent le coup du doigt, ils comprirent qu'ils avaient affaire à un primate particulièrement ingénieux. Ils en eurent confirmation par la suite, quand Chumley réussit à pratiquer une ouverture dans le toit de sa cage d'infirmerie et fila vers Camden Town. N'ayant jamais beaucoup aimé marcher, il bondit dans un autobus. Là il constata avec étonnement que la vieille dame assise à son côté se mettait soudain à pousser des cris hystériques. La panique gagna alors tout l'autobus et Chumley, interloqué, se prit à douter de l'équilibre mental de l'espèce humaine.

Auteur: Morris Desmond

Info: La fête zoologique

[ inversion ] [ humour ]

 

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gamins

L’enfant ne remonte pas à la plus haute Antiquité. En réalité, il est d’invention récente, guère plus de deux cent ans. L’enfance, avant, c’était le bas âge et on n’en parlait pas, on attendait que ça passe. Puis l’enfance est arrivée. Et, avec elle, l’enfant et ses sortilèges. Il fut alors convenu que l’enfant était le meilleur revers de la médaille humaine et l’enfance le stade le plus enviable de la vie. L’enfant devint l’avenir de l’homme. En se prosternant devant lui, tous ceux qui n’étaient plus des enfants commencèrent à désirer plus ou moins consciemment l’état d’innocence qu’ils lui prêtaient. Du moins appelaient-ils ainsi ce qu’un autre a nommé "principe de plaisir".

Il est à noter que ce néo-totémisme infantomaniaque n’est apparu qu’après la disparition de l’enfant comme future force de travail et assurance vieillesse : c’est depuis qu’il n’est plus indispensable à la survie matérielle de ses parents, comme aux âges farouches où ceux-ci attendaient qu’il pousse la charrue à leur place quand ils ne pourraient plus le faire eux-mêmes, qu’il est devenu vital non seulement comme fruit de la performance technique (à travers les méthodes d’engendrement artificiel et toute la sacrée gamme des acharnements procréatifs) mais surtout comme idole ou fétiche. [...]

Pour qui, même enfant, a pris l’habitude de considérer l’enfance comme une sorte d’infirmité de naissance pénible mais curable, la surprise est constante que tant d’autres y voient les éléments d’une poésie perdue à retrouver, le temps des rires et des chants dans l’île aux enfants où c’est tous les jours le printemps. D’autant que l’infanthéisme fait rage quand justement il n’y a plus d’enfants ni d’enfance. Plus d’adultes non plus, par la même occasion. La frontière entre les deux stades de la vie s’efface au profit du premier dont l’adulte infanthéiste épouse à toute allure les goûts, la façon de parler, de jouer, de croire ou de ne pas croire, de s’émouvoir, de réclamer des friandises et des divertissements mais aussi des lois qui le protègent des dangers du monde extérieur.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1597-1597

[ fétichisation ] [ indistinction ] [ abstraction ] [ infantilisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

couple

Or il arriva que, le lendemain, le destin me réserva un don différent et unique : la rencontre avec une femme, jeune et faite de chair et d'os, chaude contre ma jambe à travers nos manteaux, allègre au milieu du brouillard humide des vallées, patiente, savante et sûre tandis que nous marchions dans les rues encore bordées de décombres. En quelques heures, nous sûmes que nous nous appartenions, non pour une rencontre mais pour la vie, ainsi qu'il en a été. En quelques heures, je m'étais senti neuf et plein de puissances nouvelles, lavé et guéri de mon long mal, prêt enfin à entrer dans la vie avec joie et vigueur ; le monde, autour de moi, était lui aussi soudainement guéri, et exorcisés le nom et le visage de la femme qui était descendue aux enfers avec moi et n'en était pas revenue. Mon écriture même devint une aventure différente, non plus l'itinéraire douloureux d'un convalescent, d'un homme qui mendie de la pitié et des visages amis, mais une construction lucide, qui avait cessé d'être solitaire – une œuvre de chimiste qui pèse et sépare, mesure et juge sur des preuves sûres, et s'ingénie à répondre aux pourquoi. À côté du soulagement libérateur qui est le propre de celui qui est de retour et raconte, j'éprouvais maintenant dans l'écriture un plaisir complexe, intense et nouveau, semblable à celui que j'avais éprouvé, étudiant, en pénétrant dans l'ordre solennel du calcul différentiel. Il était exaltant de chercher et de trouver, ou de créer, le mot juste, c'est-à-dire mesuré exactement, bref et fort, de tirer les choses du souvenir, et de les décrire avec le maximum de rigueur et le minimum d'encombrement. Paradoxalement, mon bagage de souvenirs atroces devenait une richesse, une semence ; il me semblait, en écrivant, croître comme une plante. Dans le train de marchandises du lundi suivant, pressé au milieu de la foule ensommeillée et emmitouflée dans les cache-nez, je me sentais joyeux et décidé comme jamais avant ni après. J'étais prêt à défier le monde entier et tout le monde.


Auteur: Levi Primo

Info: ​​​​​​​Le Système périodique

[ amour ] [ fertilisant ] [ contact ] [ rapprochement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

covid 2021

Que fut le co-vid, hors du fait qu'il était très peu léthal mais mettait en danger le flux tendu des systèmes médicaux occidentalo-consuméristes - au prétexte que l'homme, même très âgé, doit être protégé à tout prix. Alors que cette épidémie ressemblait plus à un message de notre une mère Gaïa, fatiguée par le désormais insupportable virus humain (rappelons que les bactéries nos mères sont capables d'effectuer un reset au niveau planétaire en une année). 

Cette pandémie ressembla aussi à une fenêtre d'opportunité pour les tenants de la gouvernance mondiale qui développèrent une vérité quasi inattaquable au prétexte qu'elle se fonde sur des bases scientifiques même si ces dernières ressemblent à un argument statistique anthropocentré dangereux à moyen terme. Tout ceci était donc bien naturel. Mais la réflexion générale sur l'anti-acharnement thérapeutique disparut en quelque jours et les cogitations sur "comment réguler la population humaine" s'évanouirent. Avec une surpopulation aucunement affectée par le corona. Et les chinois décidèrent d'autoriser un 3e enfant. Et le ministre Broulis se félicita d'un canton de Vaud à un million d'habitants en 2044, "il faut soutenir la croissance" était son message.

On avait plutôt l'impression que les mesures de controle et de traçage de l'épidémie amenaient de meilleurs outils de gouvernance. Le message de Gaïa unifiait donc les humains en un consensus planétaire difficile à contrer pour n'importe quel idéologue puisqu'à peu près toutes les vérités (surtout officielles) convergeaient vers un modèle de propagande en béton, efficacement appuyé sur la peur des populations. Ecran de fumée potentiel pour les agissements de certains gouvernement et du monde du capital ? Ce bon couple encore et toujours agressivement positionné en défenseur de la liberté d'expression et de l'intérêt général.

Ainsi, confrontée à une censure qui ne dit pas son nom, toute critique des doxas sanitaires et gouvernementales devint un peu plus difficile (et fort peu amenée dans les médias), cache-sexe en forme de masque anti-covid, dissimulant une fois encore et avec art les problèmatiques de l'encombrement de la planète par les humains, tout comme les inégalités qui régissent l'accès aux ressources et à la répartition des richesses pour ces mêmes bipèdes dépoilés.

Auteur: Mg

Info: 10 juin 2021

[ globalisation ] [ moraline personnelle ] [ opinion libre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

anecdote

Wojtek l'ours soldat
L'histoire véridique et singulière d'un soldat du IIème Corps polonais du général Anders : Wojtek (Albert) l'ours brun. Wojtek est né en 1941 dans la région d'Hamadam en Iran et décédé en décembre 1963 à Edimbourg en Ecosse.
Des soldats polonais avaient acheté un ourson orphelin en Iran qu'ils prénommèrent Wojtek. C'était un ours brun de Syrie mais il ressemblait beaucoup aux ours de Pologne. Les soldats ne pensaient pas que l'ourson allait devenir un ours imposant.
Il mangeait des fruits, des légumes, du pain, des conserves de viandes, de la confiture et parfois du miel.
Lorsqu'il était petit, il dormait sous la tente avec les hommes; puis, il eut droit à son propre dortoir : une caisse de bois. Mais il ne l'utilisait pas souvent, préférant aller se blotir contre ses soigneurs. Il devint la mascotte de toute la compagnie.
Lorsque l'Armée Anders dut s'embarquer pour l'Italie, Wojtek fut officiellement incorporé sur les registres du Corps et reçut son livret militaire et un matricule ce qui lui permit de suivre la troupe.
Petit, il s'était habitué à voyager à côté du chauffeur dans les véhicules. Plus tard, il fallait l'aider à grimper car il refusait de voyager autrement.
Wojtek a servi dans la 22ème Compagnie de ravitaillement de l'artillerie du 2ème Corps dont il est devenu l'emblème.
Les hommes le gâtaient et à force, il avait pris certaines de leurs mauvaises habitudes : il aimait la bière et les cigarettes, se battre pour la rigolade. Ce n'était pas une mascotte comme les autres puisqu'il portait les munitions jusqu'en première ligne et buvait à la bouteille.
Quoi de surprenant, on l'avait nourri de lait avec en guise de biberon, une bouteille de vodka dont la tétine était un préservatif (d'où aussi son attirance pour la vodka)..
Wojtek ne fumait pas mais mangeait des cigarettes ou des mégots.
Non, vraiment, Wojtek n'était pas une mascotte ordinaire, acheminant des caisses de munitions en première ligne durant la bataille de Monte Cassino.
Aucun des soldats qui avaient conduit à ses côtés ne sont morts; par contre, l'on raconte que ceux qui avaient refusé de le faire monter dans leurs véhicules périssaient peu de temps après...

Auteur: Internet

Info: https://sites.google.com/site/armeepolonaisesuite/wojtek-l-ours-soldat

[ homme-animal ]

 

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sécularisation

Le xvie siècle fut un équinoxe historique, où l’Idéal bafoué par les giboulées du sensualisme s’abattit enfin, racines en l’air. Le spirituel christianisme, sabordé dans ses méninges, saigné au tronc des carotides, vidé de sa plus intime substance, ne mourut pas, hélas ! Il devint idiot et déliquescent dans sa gloire percée.

Ce fut une convulsion terrible pendant cent ans, accompagnée d’un infiniment inutile et lamentable rappel des âmes. Notre circulante sphère parut rouler au travers des autres planètes comme un arrosoir de sang. Mais le martyre même ayant perdu sa vertu, la vieille bourbe originelle fut réintégrée triomphalement, toutes les portes des étables furent arrachées de leurs gonds et l’universelle porcherie moderne commença son bréneux exode.

Le christianisme, qui n’avait su ni vaincre ni mourir, fit alors comme tous les conquis. Il reçut la loi et paya l’impôt. Pour subsister, il se fit agréable, huileux et tiède. Silencieusement, il se coula par le trou des serrures, s’infiltra dans les boiseries, obtint d’être utilisé comme essence onctueuse pour donner du jeu aux institutions et devint ainsi un condiment subalterne, que tout cuisinier politique put employer ou rejeter à sa convenance. On eut le spectacle inattendu et délicieux, d’un christianisme converti à l’idolâtrie païenne, esclave respectueux des conculcateurs du Pauvre, et souriant acolyte des phallophores.

Miraculeusement édulcoré, l’ascétisme ancien s’assimila tous les sucres et tous les onguents pour se faire pardonner de ne pas être précisément la volupté, et devint, dans une religion de tolérance, cette chose plausible qu’on pourrait nommer le catinisme de la piété. Saint François de Sales apparut, en ces temps-là, juste au bon moment, pour tout enduire. De la tête aux pieds, l’Église fut collée de son miel, aromatisée de ses séraphiques pommades. La Société de Jésus, épuisée de ses trois ou quatre premiers grands hommes et ne donnant déjà plus qu’une vomitive resucée de ses apostoliques débuts, accueillit avec joie cette parfumerie théologique, où la gloire de Dieu, définitivement, s’achalanda. Les bouquets spirituels du prince de Genève furent offerts par de caressantes mains sacerdotales aux explorateurs du Tendre, qui dilatèrent aussitôt leur géographie pour y faire entrer un aussi charmant catholicisme… Et l’héroïque Moyen Âge fut enterré à dix mille pieds !…

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 226-228

[ décadence ] [ religion traîtresse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie antique

Le Moyen Âge vivait jusqu’alors sur la philosophie de Platon. Celle-ci ne voit dans la nature que des signes dont la signification se trouve dans le monde idéal, qui serait seul réel, le monde des idées pures. Elle conduit donc à un symbolisme systématique et délirant. Tout est symbole, rien de ce bas monde n’est réel. C’est le "mythe de la caverne", bien connu. On reste stupéfaits devant le succès d’une pensée si absurde et si contraire au bon sens naturel. Mais Aristote, au contraire, naturaliste, considère que la nature est bien réelle et contient en elle son intelligibilité. On découvrait enfin la nature que le XIIe siècle se contentait d’interpréter symboliquement. Aristote usait de la démonstration, procédé propre à la raison. La supériorité de cette métaphysique rationnelle sur les mythes platoniciens était si grande qu’elle devait nécessairement l’emporter. Aristote devint le "Philosophe" par excellence.

Hélas ! Aristote avait été "revu et corrigé" par Averroès. Ce dernier lui avait attribué l’idée d’un intellect-agent unique pour tous les hommes. [...] Cet intellect-agent unique n’est pas autre chose, dans un langage scolastique, que l’âme universelle du monde, enseignée par nos gnostiques. Je ne pense pas par moi-même, mais par une âme divine qui est logée en moi. Mes idées ne sont pas l’œuvre élaborée par ma faculté intellectuelle, elles sont reçues d’une intelligence divine qui agit en moi. Elles sont donc nécessairement vraies. L’erreur est impossible. Notre âme est un Esprit-Saint. Notre corps n’est qu’une carapace de matière unie temporairement à une âme universelle. Au moment de la mort, notre individualité disparaît. C’est le retour au néant, le "Nirvana" des bouddhistes, suivi de la plongée dans le Grand Tout. On ne peut être plus gnostique !

[...] Ce sera la gloire de saint Thomas de comprendre qu’il fallait d’abord rétablir la pensée véritable d’Aristote et pour cela retrouver le texte initial. Il ignorait le grec. Il obtint la traduction directe du grec en latin établie par Guillaume de Moerbeke. Il en soumit le texte à une exégèse rigoureuse, littérale. Quelle différence avec celui d’Averroès ! Ce dernier apparut alors, non pas comme le commentateur élu d’Aristote, mais comme son "dépravateur". Il a fallu un génie et un saint pour "exorciser" au sens propre Aristote et "délivrer" l’Occident de cette invasion gnostique sous étiquette musulmane.

Auteur: Couvert Etienne

Info: "La Gnose universelle", éditions de Chiré, 1983, pages 77 à 79

[ réception médiévale ] [ orient-occident ] [ historique ] [ aristotélisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

non-voyants

Dans l'histoire nous nous souvenons d'aveugles comme Diodote le stoïcien, et cet Aufidius dont parle Cicéron dans ses Tusculanes. Didyme d'Alexandrie, qui vivait au iv e siècle de notre ère, est un peu mieux connu. Vers la fin du Moyen Age, on cite encore quelques savants d'une mémoire remarquable : Nicaise, de Malines ou de Verdun ; Fernand, de Bruges; Pierre Dupont, de Paris. Sur Ulrich Schomberg (1601-1648), nous avons un témoignage de Leibniz. "Il a enseigné à Koenigsberg, dit Leibniz, la philosophie et les mathématiques à l'admiration de tout le monde." Bien qu'il n'eût perdu la vue qu'à l'âge de deux ans et demi, il n'avait conservé aucun souvenir de la lumière ni des couleurs, si bien que les impressions visuelles ne furent pour rien dans sa formation intellectuelle. Au XVIIIe siècle, le Suisse Huber dut quelque réputation à Voltaire, et, grâce à Diderot, on a connu chez nous l'Anglais Saunderson. Le premier étudia les moeurs de la ruche ; mais il convient de remarquer qu'il avait commencé ses travaux comme clairvoyant et qu'il put s'aider sans cesse de l'imagination visuelle. Saunderson, au contraire, devint aveugle dès sa première enfance, et il semble bien néanmoins qu'il poussa fort loin ses études mathématiques. Comme Saunderson, qui professa à l'Université d'Oxford, comme l'Ecossais Moyses qui, à la fin du xv e siècle, fut professeur de physique et de chimie, beaucoup des aveugles que je viens de nommer ont enseignée, des clairvoyants. Il en est de même de Penjon qui, au début du xix e siècle, fut professeur de mathématiques au lycée d'Angers. Comme on le voit, les mathématiques et la philosophie prédominent. Comme poètes, si nous laissons de côté les Grecs de l'époque légendaire, les Homère et le? Tirésias, et quelques Arabes dont nous ne connaissons que les noms, on ne peut guère citer que Malaval en France et Blacklock en Angleterre qui soient parvenus à une certaine notoriété. Nous ne pouvons pas, en effet, nommer le grand Milton qui n'a perdu la vue qu'à la quarantaine. Je ne parle pas d'Augustin Thierry, de William Prescot l'historien américain, de Ms c de Ségur, de Victor Brochard, professeur à la Sorbonne, de Henry Fawcet, ministre des postes en Angleterre, de Georges V, roi de Hanovre, et tant d'autres qui, frappés de cécité, continuèrent dans des voies très diverses à étonner leurs contemporains par leur activité.

Auteur: Villey Pierre Louis Joseph

Info: Le monde des aveugles: essai de psychologie

[ historique ]

 

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