Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 60
Temps de recherche: 0.043s

lecture

Le réformateur Saint-Simon ne lisait que des romans, et ce qu'il y avait de particulier dans ce goût, c'est qu'il lisait au hasard : Cherche-moi un roman, " disait-il à Julie; et elle lui apportait un roman. Quel qu'il fût, il le dévorait. Mme de Genlis ou Mme Barthélemy-Hadot, Auguste Lafontaine ou Ducray-Duminil, Pigault Lebrun ou Victor Ducange, Paul de Kock ou M. Paccard, peu lui importait.
Que ce fût Amandaou Thérésa, Georgina ou Evélina, pourvu qu'il y eût une héroïne, une forêt, une chaise de poste, une cabane et deux ou trois torrents, il n'en demandait pas davantage. Il lisait pour se reposer: il voulait un roman, et rien de plus. Un jour même il m'avoua en confidence qu'en fait de roman il préférait les plus bêtes ; et je dois dire que son libraire le servait à souhait.

Auteur: Halévy Ludovic

Info: La France littéraire

[ délassement ] [ facilité ]

 

Commentaires: 0

ennui

La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient, dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie. Il n’avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu’il habitait Rouen, d’aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’équitation qu’elle avait rencontré dans un roman.
Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères ? Mais il n’enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même qu’elle lui donnait.

Auteur: Flaubert Gustave

Info:

[ casse-pied ] [ couple ]

 

Commentaires: 0

opinions politiques

Dostoïevski était parmi les sceptiques. Lecteur assidu des auteurs socialistes, il ne s’en montrait pas moins critique à leur égard. Tout en reconnaissant la noblesse de leurs aspirations, il les considérait comme des chimères d’hommes honnêtes. Il insistait surtout sur le peu d’importance qu’avaient ces théories pour nous autres Russes. Ce n’était pas sur les doctrines socialistes occidentales, disait-il, que pourrait se fonder l’évolution de notre société ; les sources devaient en être recherchées dans la vie et les traditions historiques séculaires de notre peuple. Le mir, l’artel, la caution solidaire formaient à ses yeux une base autrement sûre du progrès social à venir que les rêveries de Saint-Simon et de ses adeptes. La vie dans une commune d’Icarie ou dans un phalanstère lui apparaissait comme plus pénible et plus avilissante que n’importe quel bagne. Il va de soi que nos fanatiques du socialisme ne partageaient pas sa manière de voir.

Auteur: Milioukov Alexandre

Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 59

[ déracinement ] [ critique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

altérité

J’aime l’humanité, disait-il, mais je m’étonne de moi-même ; plus j’aime l’humanité en général, moins j’aime les gens en particulier, c’est-à-dire séparément, en tant qu’individus. Dans mes rêves, je suis souvent allé jusqu’à songer passionnément à servir l’humanité, et peut-être me serais-je vraiment laissé crucifier pour les hommes si, pour une raison quelconque, cela était soudain nécessaire. Pourtant je suis incapable de partager, ne serait-ce que deux jours, une chambre avec un être humain, je le sais par expérience. A peine est-il près de moi, que déjà sa personnalité opprime mon amour-propre et entrave ma liberté. En vingt-quatre heures, je suis capable de haïr jusqu’au meilleur des hommes ; l’un parce qu’il mange lentement à table, un autre parce qu’il est enrhumé et qu’il se mouche sans cesse. Je deviens, disait-il, l’ennemi des hommes, à peine m’effleurent-ils. En revanche, il arrivait toujours que plus je haïssais les gens en particulier, plus mon amour de l’humanité en général devenait ardent.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Les frères Karamazov

[ paradoxe ] [ symbolique-imaginaire ] [ sentiments ]

 
Commentaires: 3

mégalomanie

Un mois auparavant, des voisins ayant porté plainte, il avait signé ses explications à la milice : "Serge Ivanovitch Kalmykov, génie nº1 de la Terre et de la Galaxie, décorateur des ballets Abaï." En ces temps où un seul être passait pour être le génie de l'humanité, pareille audace pouvait coûter cher, marquant soit une dérision, soit une intention de concurrence. Des hypothèses de cet ordre avaient, semble-t-il, été émises en haut lieu. Les choses en restèrent là. Un personnage important, ayant croisé Kalmykov dans la rue, s’était dit sans doute que cette tête-là ne lui rapporterait pas lourd. Il avait tort. Que le peintre fit son apparition dans la rue, et il se produisait aussitôt un brouhaha. La circulation ralentissait. Les gens s'arrêtaient. Un être insolite s'offrait à leurs regards : rouge, jaune, vert, bleu, couvert de passepoils, de franges, de rubans. "Imaginez, disait-il, qu'on nous regarde du fin fond de l'Univers. Que verrait-on ? Une masse rampante, morne et grise. Mais, soudain, comme un coup de feu, éclaterait une tache de lumière. Et ce serait moi !"

Auteur: Dombrovskij Ûrij Osipovic

Info: La faculté de l'inutile

[ égoïsme ] [ humour ] [ exagération ]

 

Commentaires: 0

savoir

Les adversaires de Pasteur, au lieu de le réfuter par des expériences de laboratoire, insinuaient que sa première pensée avait été de faire confesser par la science ses croyances personnelles. À ce moment-là, il était dans la plénitude de cette joie dont je parlais tout à l'heure, et je me rappelle comment se peignaient sur son visage le sentiment de la possession de la vérité et le tranquille dédain de ses contradicteurs. Nous en parlions souvent.
- Sans doute, me disait-il, si mes découvertes doivent venir en aide à la croyance en Dieu, je m'en féliciterai ! Mais je n'ai pas pensé un seul moment à leur donner cette croyance pour principe, ni pour fin. Mon opinion sur les infiniment petits est une conception purement scientifique. Aucune considération religieuse n'a dirigé mon oeil et ma main, et si mes expériences m'avaient démontré l'existence de générations spontanées, sans hésité j'en aurais convenu. Les recherches sur la cause première ne sont pas du domaine de la science. Elle ne connaît que ce qu'elle peut démontrer, des faits, des causes secondes, des phénomènes.

Auteur: Nisard Désiré

Info: Ægri somnia, Pensées et caractères/Calmann Lévy 1889 <p.242>

[ neutre ] [ laïcité ]

 

Commentaires: 0

alcool

IN VINO VERITAS
Un certain Frick Tobber parlait avec un certain Goggias dans un café.
"Goggias, lui disait-il, il m'arrive une chose étrange. Aujourd'hui tout me paraît différent des autres jours. Le monde me semble une saleté noire. Les hommes ont des regards faux, et leurs paroles sont empoisonnées ; les femmes ont des airs d'oiseaux de proie et se couvrent la face de fards comme d'un masque. Tout me paraît laid, déjà vu, usé ; les tableaux et les statues me semblent extravagants ; si je lis un livre, je le trouve stupide. J'ai des douleurs dans tout le corps et j'ai l'impression que les gens se réjouissent de me voir mal en point. Pareille chose ne m'était jamais arrivée. Je vois tout à l'envers ; j'ai peur d'être saoul."
Goggias répondit:
"Moi, je n'ai jamais bu que de l'eau dans ma vie et j'ai toujours vu le monde comme tu le décris.
- Alors, c'est moi qui ne suis pas saoul aujourd'hui", conclut Frick Toober.
Et il se fit apporter six canons de vin qu'il vida à la file.

Auteur: Guareschi Giovanni

Info: Mon petit monde à moi

[ anti dépresseur ] [ justification ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

"Tu me le paieras !" disait une fille à son père qui l'avait empêchée de se marier à un soupirant trop bien peigné. Et elle se tua. Mais le père n'a rien payé du tout. Il adorait la pêche au lancer. Trois dimanches après, il retournait à la rivière, pour oublier, disait-il. Le calcul était juste, il oublia. A vrai dire, c'est le contraire qui eût surpris. On croit mourir pour punir sa femme, et on lui rend la liberté. Autant ne pas voir ça. Sans compter qu'on risquerait d'entendre les raisons qu'ils donnent de votre geste. Pour ce qui me concerne, je les entends déjà : "Il s'est tué parce qu'il n'a pu supporter de..." Ah ! cher ami, que les hommes sont pauvres en invention. Ils croient toujours qu'on se suicide pour une raison. Mais on peut très bien se suicider pour deux raisons. Non, ça ne leur entre pas dans la tête. Alors, à quoi bon mourir volontairement, se sacrifier à l'idée qu'on veut donner de soi ? Vous mort, ils en profiteront pour donner à votre geste des motifs idiots, ou vulgaires. Les martyrs, cher ami, doivent choisir d'être oubliés, raillés ou utilisés. Quant à être compris, jamais.

Auteur: Camus Albert

Info: La Chute

[ relatifs ] [ projections ] [ autodestruction ] [ malentendus ] [ méprises ] [ idées fausses ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

écriture

Un livre est comme une vie, disait-il. Quand nous commençons à devenir conscients de nous-mêmes, il y a de nombreuses directions dans lesquelles la plupart d'entre nous pensent pouvoir aller et chacune d'elle semble également pertinente. En même temps nous sommes toujours confiants que le temps est avec nous et que si nous nous rendons compte après quelques années que nous sommes sur la mauvaise voie, nous pouvons toujours faire marche arrière et recommencer. Dès le milieu de notre vie, disait-il, nous ne sommes que trop conscients d'avoir pris le mauvais tournant ou un certain nombre de mauvais tournants mais nous sommes allées trop loin pour faire autre chose qu'aller obstinément de l'avant. Mais lorsque nous nous approchons de la fin de notre vie, disait-il, et lorsque nous sentons qu'il ne reste plus beaucoup de temps, nous comprenons que toutes les étapes doivent maintenant être les bonnes parce qu'à présent nous n'aurons pas droit à une seconde chance. En même temps, disait-il, il ne faut pas paniquer, car la panique ne peut que nous paralyser, nous devons continuer à faire le mieux possible les choses que nous savons pouvoir faire et les choses que nous savons devoir faire. C'est la même chose pour un roman, disait-il.

Auteur: Josipovici Gabriel David

Info: Moo Pak

[ souffle ]

 

Commentaires: 0

oser

Il faut prendre des risques, disait-il. Nous ne comprenons vraiment le miracle de la vie que lorsque nous laissons arriver l’inattendu. Chaque jour, Dieu nous donne, avec le soleil, un moment où il est possible de changer tout ce qui nous rend malheureux. Chaque jour, nous feignons de ne pas nous rendre compte que ce moment existe, nous faisons semblant de croire qu’aujourd’hui est semblable à hier et sera semblable à demain. Mais l’être qui fait attention au jour qu’il est en train de vivre découvre l’instant magique. Celui-ci peut être caché dans la minute où, le matin, nous mettons la clé dans la serrure, dans l’intervalle de silence qui suit le repas du soir, dans les mille et une choses qui nous paraissent toutes semblables. Mais cet instant existe, un instant où toute la force des étoiles passe par nous et nous permet d’accomplir des miracles. Le bonheur est parfois une bénédiction – mais, le plus souvent, c’est une conquête. L’instant magique de la journée nous aide à changer, nous pousse à partir en quête de nos rêves. Nous allons souffrir, nous allons traverser de mauvaises passes, mais ce sont là des périodes transitoires, qui ne laissent pas de traces. Et plus tard, nous pourrons regarder en arrière avec fierté et avec foi.

Auteur: Coelho Paulo

Info: Sur le bord la rivière piedra, je me suis assise et j’ai pleuré

[ éveil ]

 

Commentaires: 0