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anecdote

Un jour Louis XIV jouant au tric-trac, il y eut un coup douteux. On discutait, les courtisans gardaient le silence. Le comte de Grammont entre. - Jugez-nous, lui dit le roi. - Sire, c'est vous qui avez perdu, dit le comte. - Eh ! comment pouvez-vous décider contre moi avant de savoir ce dont il s'agit? - Eh! Sire, ne voyez-vous pas que, pour peu que la chose eût été seulement douteuse, tous ces messieurs vous auraient donné gain de cause ?

Auteur: Grammont Antoine III duc de

Info: in Dictionnaire amusant : recueil d'anecdotes drolatiques, de traits singuliers et caractéristiques... de Ch. de Bussy, A. Delahays, Paris, 1859

[ pouvoir ] [ crainte ] [ prudence ]

 

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esprit récurrent

Feynman, jeune étudiant à Princeton, s’intéressait à la rotation du dispositif d'arrosage de la pelouse. Ce dispositif était constitué de deux bras en S qui tournaient à mesure que de l'eau était propulsée par les extrémités. Feynman se posa la question: si le dispositif aspirait l'eau au lieu de la projeter, le sens de rotation du dispositif serait-il inversé ? John Wheeler * raconte que Feynman discutait du problème avec tout le monde, convainquant un jour ses interlocuteurs que le sens de rotation était inversé, puis, le lendemain, qu'il ne l'était pas, avec, dans les deux options, des arguments aussi persuasifs que péremptoires.

Auteur: Castellani Leonardo

Info: Les Génies de la Science n°19: Feynman, génie magicien. *qui eut Feynman comme assistant à Princeton pendant le doctorat de ce dernie

[ pensée hyperbate ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Sylvie est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant.
Elle ne voulait pas déranger, elle m'a dérangé au-delà de tout.
Cette année, l'hiver a commencé plus tôt, le 12 novembre. Je crois qu'il va durer très longtemps et être particulièrement rigoureux.
Sylvie m'a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d'un oiseau qui traversait la rivière. On n'était pas d'accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n'as pas tes lunettes, elle ne voulait pas le reconnaître par coquetterie, elle m'a répondu, je vois très bien de loin, et elle s'est tue, définitivement. Les pompiers sont arrivés, ils n'ont pas réussi à ranimer le feu, elle s'était éteinte.
Elle n'aimait pas parler d'elle, encore moins qu'on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu'elle est partie.

Auteur: Fournier Jean-Louis

Info: Veuf

[ littérature ] [ deuil ] [ veuf ] [ couple ]

 

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organisation du travail

Selon Adam Smith, le travail libre rapporte plus que le travail des esclaves. En effet, ces derniers auraient tendance à manquer de motivation. Depuis que cette abomination est - officiellement - abolie, nous avons fort heureusement accompli des progrès considérables puisque même l'ancienne forme de management (terriblement verticale et si peu conviviale) est désormais tombée dans les oubliettes de I'histoire de l'exploitation. Ceci dit, lorsqu'une injonction était émise du haut de la hiérarchie vers le bas, les choses avaient le mérite d'être claires. On obéissait ou non, on discutait, on argumentait, mais surtout, en dernier recours, on pouvait biaiser de bien des façons.

Désormais nous sommes passés à un mode de gestion et de communication horizontale. Désormais il n'y a plus de chef, mais un manager au sein d'une équipe. Plus de salariés, mais des collaborateurs. Des espaces de travail plus ouverts et conviviaux. Plus de vouvoiement, on se tutoie tous. Bref, oublié le management par la contrainte, place au management par la confiance. Youpi! "ll y a des résultats évidents sur la productivité et la qualité de l'engagement du personnel. Il y a moins d'arrêts maladie, moins d'absentéisme, moins de turn-over et donc de meilleurs résultats économiques." Hourra ! La preuve est faite que la bienveillance au travail, c'est payant. Chacun devra se sentir valorisé d'être ainsi pris en considération. Et chacun devra bien sûr se montrer à la hauteur des attentes.

Auteur: Jobard Thierry

Info: Contre le développement personnel. Page 40, Rue de l'échiquier.

[ post-lumières ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

philosophe-sur-philosophe

En juin 1941 je recevais d'un ami dominicain le R.P. Perrin résidant alors à Marseille une lettre que je n'ai pas conservée, mais qui contenait en substance ceci : "Je connais ici une jeune fille israélite agrégée de philosophie et militante d'extrême gauche qui, exclue de l'université par les lois raciales, désirerait travailler quelque temps à la campagne comme fille de ferme. Une telle expérience aurait besoin à mon sens d'être contrôlé et je serais heureux que vous puissiez prendre cette jeune fille chez vous." Mon premier réflexe fut plutôt négatif. Puis le désir d'accueillir la proposition d'un ami et de ne pas écarter une âme que le destin plaçait sur ma route, ce halo de sympathies dû aux persécutions dont ils commençaient à être l'objet, qui entourait alors les juifs, et, brochant sur le tout, une certaine curiosité me firent revenir ensuite sur ce premier mouvement.

Quelques jours après, Simone Weil débarquait chez moi. Nos premiers contacts furent cordiaux, mais pénibles. Sur le plan concret, nous n'étions d'accord à peu près sur rien. Elle discutait à l'infini d'une voix inflexible et monotone et je sortais littéralement usé de ces entretiens sans issue. Je m'armai alors, pour la supporter, de patience et de courtoisie. Et puis, grâce au privilège de la vie commune, je constatais peu à peu que ce côté impossible de son caractère, loin d'être l'expression de sa nature profonde, ne traduisait guère que son moi extérieur et social. Les positions respectives de l'être et du paraître étaient retournées chez elles : contrairement à la plupart des hommes, elle gagnait infiniment à être connues dans une atmosphère d'intimité ; elle extériorisait, avec une spontanéité redoutable, le côté déplaisant de sa nature, mais il lui fallait beaucoup de temps, d'affection et de pudeur vaincue pour manifester ce qu'elle avait de meilleur. Elle commençait alors à s'ouvrir de toute son âme au christianisme ; un mysticisme sans bavure émanait d'elle : je n'ai jamais rencontré, dans un être humain, une telle familiarité avec les mystères religieux ; jamais le mot de surnaturel ne m'est apparu plus gonflé de réalité qu'à son contact.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Préface à "La pesanteur et la grâce" de Simone Weil, Librairie Plon, 1988, pages 9-10

[ portrait ] [ description ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Le maître du roman policier Jussi Adler-Olsen confronte le Danemark à un des épisodes les plus sordides de son histoire moderne dans Dossier 64. Entretien avec un écrivain qui place le polar au service du devoir de mémoire.
Étaient-ils bien connus au Danemark, les sordides événements de la petite île de Sprogø, demande-t-on d’emblée à Jussi Adler-Olsen? "Well, disons qu’ils le sont maintenant", répond-il sans totalement parvenir à voiler la pointe de fierté qui teinte sa voix. Comprendre : les enquêtes du trio formé de Mørck, Assad et Rose, équipe spécialisée dans les cold cases (les cas non résolus), sont à ce point populaires qu’elles ont le pouvoir de transformer n’importe quel chapitre obscur ou oublié de l’histoire en sujet d’actualité. "Je suis heureux que plusieurs journalistes aient donné la parole à ces femmes depuis la parution du roman."
De 1922 à 1961, ce sont des milliers de femmes qui auront été isolées de force sur cette île alors accessible seulement par bateau, "un vrai Alcatraz", dit Adler-Olsen. Filles-mères, adolescentes à la santé mentale fragile, drop-outs en tous genres; ces jeunes marginales seront pour la plupart stérilisées, avec la bénédiction de l’État, afin de stopper la dissémination des "mauvais gènes" dont elles sont porteuses. De l’eugénisme pur déguisé en maintien de la paix sociale. Représentante fictionnelle de ces victimes dans le quatrième tome des enquêtes du département V, Nette verra son passé la happer de plein fouet, comme un boomerang rappliquant depuis une autre vie, malgré les nombreux efforts qu’elle avait déployés depuis la fin de son internement pour reléguer aux oubliettes ce sombre épisode de son existence.
"Quand j’étais jeune, la majorité des Danois ne savaient pas ce qui se passait sur cette île, se rappelle l’écrivain. Mon père, psychiatre, avait travaillé dans une des institutions chargées d’évaluer les femmes envoyées là-bas. J’avais 7 ou 8 ans quand il m’a parlé de cette île que nous voyions au loin quand nous passions en ferry-boat. Mon père discutait de tout très ouvertement, c’était tout un personnage, et il m’avait dit : “Les femmes qui sont enfermées sur cette île n’ont commis aucun crime, elles y sont seulement parce qu’elles ont peut-être couché à gauche, à droite.” Ça le rendait très honteux que certains de ses collègues aient usé de leurs pouvoirs pour mettre à l’écart des gens qu’ils jugeaient indésirables."
On aura compris que, pour Adler-Olsen, le polar peut et doit servir plus que le simple et pur objectif du divertissement. Intrigue haletante et devoir de mémoire ne sont pas mutuellement exclusifs, semble-t-il répéter tout au long de ce Dossier 64, dont on tourne fébrilement les pages comme il se doit, bien qu’en prenant peu à peu la mesure de cette horreur, jusque-là occultée par l’histoire officielle. Lire le souffle court, les fesses sur le bout de son siège, n’équivaut pas forcément à lire idiot.
Déterrer ce chapitre sombre du Danemark permet aussi à l’auteur de fustiger en douce la montée de l’extrême droite, qui tente de légitimer sa haine de l’étranger dans un discours sécuritaire. Parler du passé pour souligner ce que le présent a de dégoûtant, si vous préférez. "Je ne dirais pas que le Parti populaire danois [qui prône des frontières plus étanches à l’immigration] est un parti d’extrême droite, mais il tente tranquillement de changer notre définition de ce qui est acceptable dans le débat public et de ce qui ne l’est pas, note-t-il. Ce ne sont pas des fascistes à proprement parler, ils ne font pas que du mauvais, mais on peut voir les Chemises noires se profiler entre les lignes de leurs idées."
Hommage au père d’Adler-Olsen, Dossier 64 se lit donc aussi comme une mise en garde adressée à ses compatriotes danois. "Certaines de ces femmes vivent toujours et n’ont jamais été compensées par l’État, déplore-t-il. Je ne répéterai jamais assez que ce genre d’abominations ne doit jamais, jamais se reproduire. Mon livre est peut-être une sorte de mince compensation."
L’autre Mørck
"Je pense que le thème commun à toutes les histoires que je raconte, c’est l’abus de pouvoir."
Il n’y a qu’un pas à franchir entre cette analyse et le passé de Jussi Adler-Olsen, qui a vu, des ses yeux vu, la dureté de nombreuses institutions de santé mentale, dans lesquelles il a vécu avec sa famille et son psychiatre de père. "C’était des endroits merveilleux où grandir, entourés de lacs et de forêt", lance-t-il comme pour briser le cliché d’une enfance sinistre peuplée de personnages inquiétants. "Il y avait beaucoup de garçons de mon âge, on jouait au football ensemble, on organisait des carnavals. Mon père me disait au sujet des patients : “Tu dois réaliser qu’ils ont déjà été comme toi et moi, à une certaine époque.” J’ai appris très tôt à voir derrière la façade des gens et à me méfier de l’abus de pouvoir, ce qui me sert aujourd’hui quand j’écris des livres. Mon père était gentil, mais ils étaient nombreux les médecins sans empathie qui traitaient les patients comme de la merde."
Et Jussi Adler-Olsen, jamais à court d’anecdotes, de remonter jusqu’à l’origine du nom de son antihéros, le plus bourru des enquêteurs attachants, Carl Mørck. "J’avais 5 ou 6 ans et cet homme, qui était devenu complètement fou après avoir tué sa femme, est devenu mon meilleur ami. Il était très gentil… si on exclut le fait qu’il avait tué sa femme. Mon père disait, pour dédramatiser la situation : “Ils se battaient sa femme et lui comme chien et chat. Il était le chien et il a gagné.” La médication l’avait rendu raisonnable à nouveau. Je me promenais partout avec lui dans l’institution. Il s’appelait Mørck."
Quant aux critiques qui reprochent à Adler-Olsen d’avoir dépeint à trop gros traits son personnage du docteur Curt Wad, leader d’extrême droite, il réplique : "Hitler, W. Bush, Mussolini, Berlusconi se comportaient tous comme des caricatures, vous savez".
Roman sur le passé qui revient hanter le présent comme un cadavre qui remonterait à la surface d’une mer étale, Dossier 64 rappelle que le spectre de l’horreur guette toujours, même quand le soleil brille. "En temps normal, le Danemark, comme le Canada j’imagine, est un des plus merveilleux endroits où vivre. Et c’est précisément pour cette raison qu’il ne faut pas oublier, qu’il faut prendre soin de notre climat social. Tout ça est très fragile."

Auteur: Tardif Dominic

Info: Jussi Adler-Olsen : Le polar et la mémoire, https://revue.leslibraires.ca, 07/04/2014

[ jeunesse ]

 

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