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angoisse

Quant à mourir de vieillesse, ce sera dans si longtemps qu'on peut se dispenser de l'envisager. Il ne faut pas vivre dans la conscience permanente de sa propre mort. Il faut l'oublier, et si d'aventure de telles pensées nous viennent, il faut les chasser, il faut les étouffer, sinon elles plongeront leurs racines dans la conscience, grandiront, et leurs spores venimeuses empoisonneront l'existence de celui qui les aura laissées s'installer. Il ne faut pas penser que l'on mourra. [...] C'est pour cette raison qu'il se voit vivre éternellement ou périr le lendemain dans une catastrophe. Ce n'est pas la mort qui effraie. C'est son attente.

Auteur: Glukhovsky Dmitry

Info: Métro 2033

[ égoïsme ] [ self-contrôle ]

 

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continuité de manifestation

Nous n’insisterons pas sur le reproche qui nous est adressé de parler "comme si la transcendance et la réalité soi-disant extérieure étaient séparées l’une de l’autre" ; si l’auteur [Massimo Scaligero] connaissait notamment ce que nous avons dit de la "réalisation descendante", ou s’il l’avait compris, il aurait sûrement pu s’en dispenser ; cela n’empêche d’ailleurs pas que cette séparation existe bien réellement "dans son ordre", qui est celui de l’existence contingente, et qu’elle ne cesse entièrement que pour celui qui est passé au-delà de cette existence et qui est définitivement affranchi de ses conditions limitatives ; quoi qu’il puisse en penser, il faut toujours savoir situer chaque chose à sa place et à son degré de réalité, et ce ne sont certes pas là des distinctions "d’ordre purement dialectique" !

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Initiation et réalisation spirituelle", chapitre II

[ langage limitant ] [ principe de simultanéité ] [ point de vue humain ]

 

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prochain-lointain

[...] ce prétendu amour universel est le manteau de la plus odieuse hypocrisie ? Il ne prétend aimer tous les hommes également que pour se dispenser d'en aimer un seul véritablement. Il déteste l'amour national et patriotique, parce qu'il hait les lois des nations et celle de sa patrie. Il déteste jusqu'à l'amour de la famille, et il y substitue l'amour universel, parce qu'il n'aime pas davantage et ses concitoyens et sa famille, qu'il n'aime le Chinois, le Tartare et le Hottentot, ou le barbare qu'il ne verra jamais ; et parce qu'il lui faut pour tous la même indifférence. Il étend ce lien pour annuler sa force et son action. Il se dit citoyen de l'univers, pour cesser d'être citoyen dans sa patrie, ami dans ses sociétés, père et enfant dans sa famille. Il nous dit aimer tout d'un pôle à l'autre, pour n'aimer rien autour de lui. Voilà ce que c'est que nos Cosmopolites.

Auteur: Barruel Augustin

Info: Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme (1792-1798), éd. P. Fauche, 1803, t. 3, p. 128-129

[ abstraction ] [ fausse charité ]

 

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gouvernement

Parmi les causes des désappointements du libéralisme, il en est une toutefois que nous ne saurions nous dispenser de signaler, c’est l’avènement de la démocratie, avènement qui sera le trait le plus saillant de l’histoire du dix-neuvième siècle et auquel le libéralisme a lui-même largement contribué. La démocratie était la seule souveraine dont il pût préparer le règne. Il aurait beau la renier, c’est l’enfant de sa chair et de son sang, mais un enfant qui, tout en gardant l’empreinte de ses traits, ne lui ressemble guère. Fille indisciplinée, passionnée, remuante, impatiente de toute règle, présomptueuse et arrogante, elle est loin d’écouter docilement les froides leçons de son père ; elle ne se fait pas scrupule d’être rebelle à ses maximes ; elle est portée, en grandissant, à ne voir en lui qu’un mentor gênant. Une fois émancipée et investie de la souveraineté, la démocratie s’est presque partout montrée prompte à faire bon marché des solutions libérales, chaque fois qu’elle en croyait apercevoir de plus conformes à ses appétits ou à ses ambitions. Rien de plus simple. Les intérêts ou les penchants, qui avaient d’abord espéré tout gagner à la ruine du principe d’autorité, se sont plus ou moins insurgés contre le principe de liberté, dès qu’ils ne se sont plus flattés d’y trouver leur profit.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, page VI

[ idéologies ] [ incompatibilité ]

 

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structure incorporée du langage

[...] la névrose est une question posée par le sujet au niveau de son existence même.

Cette question prend dans l’hystérie les formes suivantes – Qu’est-ce que c’est que d’avoir le sexe que j’ai ? Qu’est-ce que veut dire avoir un sexe ? Qu’est-ce que veut dire que je puisse même me poser la question ? En effet, du fait de l’introduction de la dimension symbolique, l’homme n’est pas simplement un mâle ou une femelle, mais il lui faut se situer par rapport à quelque chose de symbolisé qui s’appelle mâle et femelle.

Si la névrose se rapporte au niveau de l’existence, elle s’y rapporte de façon plus dramatique encore dans la névrose obsessionnelle, où il s’agit non seulement du rapport au fait même d’exister. C’est ainsi que se situent comme obsessionnelles les questions – Qu’est-ce que c’est que d’exister ? Comment suis-je par rapport à celui que je suis sans l’être, puisque je puis en quelque sorte me dispenser de lui, prendre assez de distance pour me concevoir comme mort ?

Si la névrose est ainsi une sorte de question fermée pour le sujet lui-même, mais organisée, structurée comme question, les symptômes se laissent comprendre comme les éléments vivants de cette question articulée sans que le sujet sache ce qu’il articule. Pour ainsi dire, la question est vivante, et le sujet ne sait pas qu’il est dans cette question.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, pages 548-549

[ définie ] [ chaînes signifiantes ] [ énigme ]

 
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pensée-de-femme

"Il y a plus de quarante ans, les Françaises obtenaient enfin le droit à disposer de leur corps." Le droit à disposer. La proposition claque comme un coup de fouet. Disposer de son corps, par-delà les transformations silencieuses, la pression atmosphérique, la lune, les cycles de la nature, les noyades hormonales, etc. Par-delà les régimes ininterrompus, l’alcanisation, l’oxydation, la constipation, l’ovulation, l’armature des balconnets, les onze centimètres de talon, les pantalons cigarette, les canons ornementaux. Par-delà la carapace diurne, de jour être une guerrière intraitable, un fauve prêt à tous les combats, et quand vient le soir et que les femmes sont dociles, la volte-face nocturne du devoir de douceur. Le droit de passage des hommes et des enfants. L’impératif de jouissance comme degré zéro de l’estime de soi. La femme-réceptacle, la femme-matrice, la jeunesse, l’avenir de l’homme. Des femmes intrépides ont bagarré dur pour qu’elle soit en droit de disposer de son corps. Cette femme lasse et courageuse a soulevé des montagnes d’humanité pour elle. Et pourtant, elle se sent en permanence indisposée – ce qualificatif fangeux que sa mère utilisait pour la dispenser des séances de piscine. Son corps est une zone franche dont les autres jouissent, les hommes qui se rincent l’oeil, les femmes qui la jalousent, tous ceux auprès de qui il faut faire bonne figure, c’est-à-dire tout le monde. Son corps exposé en vitrine dit combien elle vaut. Mais elle ne dispose de rien.

Auteur: Benaroya Ines

Info: Bon genre

 

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agonie

L'odeur du cinquième colle à ma blouse. Je la nettoierais cent fois qu'elle garderait encore la trace de mes allers et retours incessants.
Là-haut, la femme-oiseau-de-feu s'accroche et ne lâche rien :
- Pas de morphine. Je serai là jusqu'au bout, sans avoir l'esprit embrouillé.
L'équipe et moi passons chaque jour pour lui faire entendre raison. Parce qu'elle souffre et qu'on espère la soulager, croit-on.
Elle nous observe avec indulgence, elle sait la vérité : l'équipe soignante et moi, on voudrait tous qu'elle accepte pour nous tranquilliser, parce que la mort, c'est douloureux et effrayant : nous avons beau la côtoyer tous les jours, elle fait tous les jours aussi peur. Chaque soignant remet une couche lors de son passage :
- Pas d'antalgiques ? Êtes-vous certaine ?
Ou :
- On ne vous laissera pas dans cet état !
Hier, c'en était trop, la femme-oiseau-de-feu a haussé le ton et, avec l'air d'une mère qui dispenserait une leçon à son fils, elle a tapoté ma joue :
- Vous vous inquiétez tous pour rien : mon état ne signifie pas que je vais mourir, mais que je suis arrivée à la fin de ma vie.
Voilà : pas sa mort, non, mais la fin de sa vie. Tout simplement. Pour elle, la différence est abyssale. Elle est sereine dans sa douleur et dans la fin de sa vie. Réfléchit-on jamais au sens de certains mots ? Ils sont cuisants comme une brûlure de cigarette, mais ils font sens.

Auteur: Beaulieu Baptiste

Info: Alors voilà : Les 1001 vies des Urgences

[ passage ] [ détachement ] [ foi ]

 

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injustice terrestre

Mais vous qui êtes doués de cet heureux naturel qui vous fait voir le bonheur comme la récompense nécessaire de la vertu, et le malheur comme la suite infaillible des actions vicieuses, avez-vous réfléchi aux conséquences de cette opinion, ou plutôt de cette illusion, après des événements qui ont produit des revers si accablants ou des prospérités si inespérées ? Ils étaient donc bien coupables, ceux qui ont été si malheureux ! Ils étaient donc bien vertueux, ceux qui ont éprouvé de si heureux destins ! Voulez-vous accuser toutes les infortunes ou prenez-vous à tâche de justifier toutes les prospérités ? Je ne sais même si, au sortir d’une époque où l’on a vu les derniers malheurs être le partage des plus grandes vertus, et des fortunes si prospères qui ont été le prix des plus grands forfaits ; je ne sais si cette doctrine, qui place la récompense de la vertu dans la vertu même, et la peine suffisante du crime dans les remords, ne ressemble pas un peu trop à une dérision. On dirait qu’on accorde généreusement aux malheureux les honneurs de la vertu pour se dispenser de les plaindre, tandis qu’on se résigne courageusement aux remords qui suivent le crime, en s’en réservant le profit. On garde pour soi la morale d’Épicure ; on impose aux autres le stoïcisme de Zénon. Quand on est heureux on est vertueux : c’est peut-être ce qu’on se dit à soi-même : mais quand on est vertueux, on est assez heureux : c’est ce qu’on applique volontiers aux autres, et l’on y gagne d’être aussi tranquille sur le bonheur de son prochain que sur sa propre vertu.

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

Info:

[ mérite illusoire ] [ préceptes philosophiques confortables ]

 

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subjectivation

"La chair est triste, hélas, et j'ai lu tous les livres" dira plus tard le poète... Quelle complétude particulière pouvait offrir l'ère christique pré-médiévale et médiévale, que son dépassement par la rationalité et la technè moderne ne pourra jamais combler ? Qu'est-ce qui a été manqué dans ce "dépassement"? Tout simplement la dimension de l'autre, seule apte à garantir correctement l'institution du sujet, dans une circularité relationnelle vivante et vascularisée. Alors que le sujet est face à l'autre (à l'Autre), l'individu (moderne) est face au monde. Ce qui se perd au passage est l'intersubjectivité et sa fonction nutritive et vitalisante. Car le problème est que le monde est aussi silencieux que l'épais silence qui envahit tout entière la gravure de Dürer, où seul le crissement bavard du stylet du putto sur sa tablette s'inscrit en creux. La maladie de la modernité, poussée à son paroxysme par la période contemporaine, est entièrement résumée ici. L'homme, de fait, ne dialogue pas avec le monde: le monde est muet et ne répond pas, si ce n'est par les soubresauts d'efficacité auxquels la technoscience le contraint dans sa brutalité. Pour qu'il y ait dialogue, il faut que le logos réponde au logos, et que le sujet fasse face à un autre lui-même. Car le sujet ne peut se comprendre que dans la plénitude de l'histoire de son inscription au sein du monde, et non comme une chimère hors sol, pure catégorie fonctionnelle et logique, comme l'ont voulu les linguistes depuis Saussure. Le sujet s'institue dans les conditions intersubjectives de son avènement au monde, conditions d'extrême dénuement et de fragilité absolue, qui le livrent sans recours possible à ceux qui l'ont à charge: sa mère, éminemment, puis son père, qui seuls peuvent lui éviter la mort corporelle, affective et psychique par les nourritures terrestre, affective, et spirituelle qu'ils lui dispenseront. Le sujet, c'est cela: une immense fragilité qui ne tient que par la relation - il serait d'ailleurs plus approprié d'écrire "les sujets", tant il est vrai qu'un sujet seul ne peut se concevoir en vertu de ce que je viens d'exposer. Or le sujet parvenu à sa pleine institution donne le sentiment d'une monade autonome et fermée, essentialisable jusque dans les catégories formelles de la linguistique - "est je qui dit je", comme disait de si tautologique et désespérante manière Ferdinand de Saussure, que nous avons cité en ouverture de cet ouvrage. La modernité est ici prise en flagrant délit de solipsisme, faute logique - et ontologique - s'il en est.

Auteur: Farago Pierre

Info: Une proposition pour l'autisme

[ dépendance ] [ illusion d'autocréation ] [ erreur moderne ] [ isolement ]

 
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expérience

Comme tous les hommes de Babylone, j'ai été proconsul ; comme eux tous esclave ; j'ai connu comme eux tous l'omnipotence, l'opprobre, les prisons. Regardez : à ma main droite il manque l'index. Regardez ; cette déchirure de mon manteau laisse voir sur mon estomac un tatouage vermeil ; c'est le deuxième symbole, Beth. Les nuits de pleine lune, cette lettre me donne le pouvoir sur les hommes dont la marque est Ghimel, mais elle me subordonne à ceux d'Aleph, qui les nuits sans lune doivent obéissance à ceux de Ghimel. Au crépuscule de l'aube, dans une cave, j'ai égorgé des taureaux sacrés devant une pierre noire. Toute une année de lune durant, j'ai été déclaré invisible : je criais et on ne me répondait pas, je volais le pain et je n'étais pas décapité. J'ai connu ce qu'ignorent les Grecs : l'incertitude. Dans une chambre de bronze, devant le mouchoir silencieux du strangulateur, l'espérance me fut fidèle ; dans le fleuve des délices, la panique. Pythagore, si l'on croit le récit émerveillé d'Héraclide du Pont, se souvenait d'avoir été Pyrrhus, Euphorbe, et avant Euphorbe encore quelque autre mortel ; pour me remémorer d'analogues vicissitudes je puis me dispenser d'avoir recours à la mort, et même à l'imposture.
Je dois cette diversité presque atroce à une institution que d'autres républiques ignorent ou qui n'opère chez elles que de façon imparfaite et obscure : la loterie. Je n'en ai pas scruté l'histoire : il ne m'échappe pas que les magiciens restent là-dessus divisés ; toute la connaissance qui m'est donnée de ses puissants desseins, c'est celle que peut avoir de la lune l'homme non versé en astrologie. J'appartiens à un pays vertigineux où la loterie est une part essentielle du réel ; jusqu'au présent jour, j'avais pensé à elle aussi peu souvent qu'à la conduite des dieux indéchiffrables ou de mon propre cœur. Aujourd'hui, loin de mon pays et de ses chères coutumes, c'est avec quelque surprise que j'évoque la loterie et les conjectures blasphématoires que sur elle, à la chute du jour, vont murmurant les hommes voilés.
Mon père me rapportait qu'autrefois - parlait-il d'années ou de siècle ? - la loterie était à Babylone un jeu de caractère plébéien. Il racontait, mais je ne sais s'il disait vrai, que les barbiers débitaient alors contre quelques monnaies de cuivre des rectangles d'os ou de parchemin ornés de symboles. Un tirage au sort s'effectuait en plein jour, et les favorisés recevaient, sans autre corroboration du hasard, des pièces d'argent frappées. Le procédé était rudimentaire, comme vous le voyez.

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: La loterie à Babylone, in Fictions

[ incipit ] [ entame ]

 
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