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littérature

Soudain, il comprit. Ce n'était pas Donna. Il refit le trajet jusqu'à la cahute dans sa tête et se rendit compte qu'il s'était complètement trompé en croyant que le chemin les menait vers Haven. Ils avaient tourné trop tôt. Le mur contre lequel ils se tenaient enlacés n'était autre que le pan ouest de la salle des machines de la scierie. Le type en salopette, ses mains sales accrochées à son visage. William, la gangrène. Sa mère le jour de l'enterrement. Thomas se mit à suffoquer. Ses muscles gueulaient. Pendant que Donna fourrait sa langue débutante entre ses dents, il revit son père à chaque période de sa vie : son départ le matin, ses soirées au Blue Budd, son regard après le repas, la sieste sur la véranda, les ouvriers, le médecin, la main bandée et l'enterrement, les gosses dégénérés qui jouaient sur le tas de bois qui avaient fabriqué le cercueil.

Auteur: Coulon Cécile

Info: Le roi n'a pas sommeil

[ distraction ] [ gamberge ]

 

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manque de temps

Et je ne regrette pas d’avoir proposé ailleurs, comme une des définitions possibles de la culture, "la claire conscience de la préciosité du temps". L’homme cultivé n’a jamais trop de temps, il n’en a même jamais assez pour tout ce qu’il y a lire, à voir, à entendre, à connaître, à apprendre, à comprendre et à aimer. L’intelligible, par son énormité, est incommensurable à son intelligence. L’existant, par son immensité, est sans rapport de proportions avec sa soif de connaissance et les possibilités de sa mémoire. L’aimable, par son infinitude, outrepasse de toute part son amour. À tout moment il doit faire des choix, c’est-à-dire renoncer à des chemins, à des livres, à des études et à des distractions. Et ce qu’il est, autant que par ce qu’il lit, par ce qu’il entend et par ce qu’il étudie, il l’est par ce qu’il ne lit pas, ce qu’il ne fréquente pas, ce à quoi il refuse de perdre son temps, ce temps que la culture rend précieux. 

Auteur: Camus Renaud

Info: La grande déculturation, éditions Fayard, 2008

[ . ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

tournures d'esprit

Cogito interruptus...

Il y a des livres dont le compte rendu, l'explication et le commentaire s'avèrent plus faciles que la simple lecture ; car seul l'exercice de la pensée permet d'en suivre sans distraction les argumentations, les implacable nécessités syllogistiques ou les enjeux ponctuels de relation. C'est pour cette raison que des ouvrages comme la Métaphysique d'Aristote ou la Critique de la raison pure ont plus de commentateurs que de lecteurs, plus de spécialistes que d'amateurs.

Il y a au contraire des livres qui sont très agréables à lire mais sur lesquels il est impossible d'écrire, car dès qu'on tente d'en faire un commentaire ou une présentation, ils se refusent à entrer dans la proposition "Ce livre dit que". Qui les lit par plaisir en a pour son argent. Mais qui les lit pour les raconter aux autres s'indigne à chaque ligne, déchire les notes qu'il vient de prendre, cherche la conclusion qui suit les "donc" et ne la trouve pas.

Auteur: Eco Umberto

Info: La Guerre du faux

[ lire ] [ dualité ] [ délassement ] [ logique formelle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

introspection

Il est vraiment étrange que, moi qui me moque du patinage comme de je ne sais quoi, à peine je ferme les yeux, je vois une immense patinoire.

Et avec quelle ardeur je patine!

Après quelque temps, grâce à mon étonnante vitesse qui ne baisse jamais, je m'éloigne petit à petit des centres de patinage, les groupes de moins en moins nombreux s'échelonnent et se perdent. J'avance seul sur la rivière glacée qui me porte à travers le pays.

Ce n'est pas que je cherche des distractions dans le paysage. Non. Je ne me plais qu'à avancer dans l'étendue silencieuse, bordée de terres dures et noires, sans jamais me retourner, et, si souvent et si longtemps que je l'aie fait, je ne me souviens pas d'avoir jamais été fatigué, tant la glace est légère à mes patins rapides.

Au fond je suis un sportif, le sportif au lit. Comprenez-moi bien, à peine ai-je les yeux fermés que me voilà en action.

(...)

Auteur: Michaux Henri

Info: La Nuit remue

[ songes ] [ glissades ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

poète

Lorsqu'il souriait, il lui semblait que pour amener ce sourire sur ses lèvres, il lui avait fallu au préalable, péniblement, l'extraire du plus profond d'une caverne rocheuse. (...) Alors qu'en lui l'homme désespérait, que son être saignait de mille blessures douloureuses, son art s'élevait comme un danseur richement paré, très haut, et là où Hölderlin sentait qu'il sombrait, sa musique et ses vers enchantaient. Il chantait la destruction et l'anéantissement de sa vie sur l'instrument de la langue qu'il parlait, dans de merveilleuses mélodies dorées. Il demandait justice pour son droit et son bonheur en miettes comme seuls demandent les rois, avec une fierté, une hauteur sans égale dans toute la littérature.

Les mains d'un pouvoir fatal l'arrachèrent au monde et à ses dimensions trop étriqués pour lui, et le jetèrent par-dessus le bord du saisissable, dans la folie, et il sombra comme un géant dans ses abîmes désirables et bienfaisantes, inondés de lumière, riche en feux follets, afin d'y somnoler pour toujours, dans une douce distraction et dans l'opaque.

Auteur: Walser Robert

Info: Hölderlin

[ éloge ] [ contraste ] [ portrait ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

conscience immédiate

[…] l’expression "faire le vide dans son esprit" est mal interprétée si nous la comprenons dans le sens de débarrasser son esprit de toute pensée, puisque cette tâche est impossible à réaliser. En fait, il faut plutôt comprendre que cette expression, souvent invoquée dans le contexte de la méditation, ne signifie pas tant arrêter la pensée que faire le vide d’action et de distraction, arrêter le tumulte des pensées et se concentrer sur l’instant présent. Méditer, ce n’est pas arrêter toute pensée, ce qui est infaisable, mais s’arrêter de constamment s’agiter pour retrouver la sérénité intérieure ; c’est passer du mode "faire" au mode "être" ; c’est ne pas toujours ressasser le passé ou penser à l’après, mais se concentrer sur l’instant présent ; c’est se concentrer sur son souffle et être conscient de son corps et des objets qui nous entourent ; c’est éliminer le plein du bruit et de la fureur, c’est s’échapper du tapage, du chaos et des sensations turbulentes pour retrouver le vide de la pleine conscience et de la présence attentive.

Auteur: Trinh Xuan Thuan

Info: Dans "La plénitude du vide" pages 17-18

[ moment présent ] [ réceptivité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

USA

- Comment être le propre créateur de sa vie au coeur d'un monde de plus en plus globalisant ?
- Pour garder sa vie en main, il faut contrôler la quantité et les genres de messages auxquels on est exposé. Les médias de masse (films, radio, télévision, magazines, Internet...) envahissent notre esprit et nous contrôlent. Il faut s'éloigner de cette distraction et focaliser son attention sur son art et les gens qui nous entourent.
- Le désir de reconnaissance, la célébrité sont-ils, selon vous, les nouveaux moteurs existentiels de notre monde "civilisé" ?
- Je pense que le problème existentiel de notre époque est un combat permanent pour comprendre qui dit la "vérité". Notre version de la réalité était autrefois contrôlée par très peu de gens (le roi, le pape, le prêtre, le président...) A présent, chacun a sa propre vision des choses et tous se battent pour imposer leur histoire comme l'unique réalité.
- Sont-ils les instincts révélateurs d'une société déshumanisée en quête d'identification ?
- Non. Les gens font ce qu'ils ont toujours fait : ils essaient de se lier, de dominer, de créer une communauté.

Auteur: Palahniuk Chuck

Info: interview en 2006

[ sociologie ]

 

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distraction

Ce qui est propre à la photographie et proprement fascinant en elle tient au fait qu’elle réunit deux des principales activités d’aujourd’hui : la reproduction et l’acquisition. A quoi il faut ajouter le fait que ce qu’on acquiert ainsi [...] ne coûte que le prix des ustensiles nécessaires à cette acquisition, puisque ce que le photographe acquiert (en l’occurrence la vue) se tient gratuitement à sa disposition, ce qui constitue dans notre monde marchand une fabuleuse exception. Ce n’est bien sûr pas un hasard si "appuyer sur le déclencheur" se dit en anglais "to shoot" (tirer) comme si le sujet de la photo était un gibier. Ce qui est fascinant dans la photographie, c’est, en fin de compte, qu’elle est à la fois une acquisition et quelque chose de funny, c’est-à-dire un loisir qui convient aux analphabètes du loisir parce qu’il prend ouvertement l’apparence d’une occupation et souvent même d’un travail, bref, parce qu’il se présente comme un hobby. Le hobby appartient lui aussi à la problématique du fantomatique puisqu’il est un délassement qui joue au travail ou un travail exécuté dans le but de se délasser du travail.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, page 207

[ critique ] [ possession ] [ effigie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

divertissement

Certain sociologues à vocation critique sont tentés de voir dans cette littérature de série et surtout dans ses formes les plus modernistes l'expression d'un vaste complot de la bourgeoisie, c'est-à-dire une manière particulièrement subtile de fournir un nouvel opium au peuple pour le faire tenir tranquille. Il faut cependant observer que la grande majorité des producteurs de cette littérature sont eux-mêmes d'origine populaire. Il s'agit en général d'anciens boursiers qui ont "réussi" parce qu'ils avaient le "don du baratin" et qui connaissent leur public populaire comme seuls le connaissent ceux qui en sont issus. Si complot il y a, il est parfaitement diabolique puisqu'il faudrait supposer que "les autres" auraient entraîné les plus brillants sujets des classes populaires à devenir, par intérêt ou inconscience, les agents de l'abrutissement de leur propre classe d'origine. En fait, dans leurs mémoire, les auteurs de cette littérature populaire insistent toujours sur leur "sentiment d'appartenance au peuple".
(...) Ce serait surestimer la technique de la plupart de ces professionnels que de les croire capables de doser lucidement les ingrédients qui font leur succès. En fait, les écrivains à guimauve croient à leurs fadaises au moins autant que leurs lecteurs.

Auteur: Hoggart Richard

Info: La culture du pauvre

[ distraction ] [ sociologie ]

 

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loisirs

On ne saurait attendre d’hommes oppressés dans leur travail quotidien par l’étroitesse d’une occupation très spécialisée assez peu supportable et que l’ennui accable, qu’à l’instant où la pression et l’enui cessent, après le travail, ils puissent aisément retrouver leur "forme humaine", redevenir eux-mêmes (pour autant qu’ils aient encore un "soi"), ou même seulement le vouloir. Le moment où la dure pression à laquelle ils sont soumis se relâche ressemble plutôt à une explosion, et comme ces êtres libérés si soudainement de leur travail ne connaissent rien d’autre que l’aliénation, ils se jettent, lorsqu’ils ne sont pas tout simplement épuisés, sur des milliers de choses différentes, sur n’importe quoi qui puisse relancer le cours du temps après le calme plat de l’ennui et les transporter dans un autre rythme : ils se jettent donc sur la rapide succession de scènes que leur propose la télévision.

[...] Elles [la radio et la télévision] favorisent en même temps le désir et son exténuation : tension et relâchement, rythme et inactivité, dépendance et détente – elles servent tout cela simultanément. Elles nous dispensent même d’avoir à courir après les distractions, puisque désormais ce sont elles qui courent après nous.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, page 159

[ divertissements ] [ facilité ] [ consommation ] [ passivité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson