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océan

Il y avait deux mers dans la baie. La première était placide et silencieuse, bleu pâle, presque blanche, veinée de différents tons de vert quand on s'en approchait. Les barques, peu nombreuses, flottaient de telle façon qu'elles avaient l'air de montgolfières et le fond sous-marin, d'une masse d'air emprisonnée par un merveilleux scénographe dans un grand récipient de cristal liquide. L'autre mer était tempétueuse et rugissante, bleu foncé, à la surface éclaboussée de bave blanche et avec de grandes vagues rageuses qui vomissaient des giclées d'écume blanche en arrivant à la côte, comme sur une estampe d'Hokusai.

Auteur: Llop José Carlos

Info: Solstice

[ double ]

 

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langage

Elle dit : Ils désertent. Et toi tu comprends "île déserte". C'est seulement quand tu t'attardes sur la silhouette de la femme appuyée d'un air las sur la carrosserie du vieux break, indifférente aux enfants pourtant en plein soleil dans l'habitacle, scrutant l'immeuble bardé de pancartes "à vendre" ou "à louer", c'est seulement à ce moment précis que tu comprends le véritable sens. (...) Ils désertent, dit le pompiste et vous comprenez "île déserte" peut-être à cause du flot ininterrompu de voitures qui passent lentement devant la petite station-service isolée au milieu de la mer de bitume.

Auteur: Beinstingel Thierry

Info: Ils désertent

[ interprétation ] [ malentendu ] [ mécompréhension ] [ homophone ] [ double sens ]

 

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intranscriptible

Entre le verbe et l’Image, entre ce qui est figuré par le langage et ce qui est dit par la plastique, la belle unité commence à se dénouer ; une seule et même signification ne leur est pas immédiatement commune. Et s'il est vrai que l'image a encore la vocation de dire, de transmettre quelque chose de consubstantiel au langage, il faut bien reconnaître que, déjà, elle ne dit plus la même chose ; et que par ses valeurs plastiques propres la peinture s'enfonce dans une expérience qui s’écartera toujours plus du langage, quelle que puisse être l'identité superficielle du thème.

Auteur: Foucault Michel

Info: Histoire de la folie

[ représentation ] [ art pictural ] [ double codage ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

attitude

Ceux qui connaissent le vide séparatif sont subtils et pénétrants.
On ne saurait mesurer leur connaissance, mais on peut les décrire :
Ils sont hésitants, comme s’ils traversaient un fleuve gelé.
Circonspects, comme s’ils redoutaient leurs voisins.
Réservés, tel un invité chez un hôte de marque.
Modestes, comme la glace qui fond.
Rustiques, comme du bois brut, mais riches et généreux comme le sont les vallées, et cependant, ambigus comme de l’eau trouble.
Qui tranquillement peuvent être yin et devenir yang, et inversement ?
Ceux qui connaissent le vide séparatif.
Ils ne désirent pas être comblés, pas plus qu’ils ne redoutent les pires débordements.

Auteur: Lao Tseu Lao Tzi

Info: Tao te King, traduit par Guy Massat et Arthur Rivas, poème 15, page 51

[ taoïsme ] [ éveil ] [ double-vue ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie antique

Dans le Phèdre, tout comme dans la République, vous avez une tripartition de l’âme. Il y a un eros vil, et il y a un eros noble, et au-dessus se trouve la raison ou l’intellect. Ce que l’on appelle l’amour vil dans le Phèdre est appelé appétit ou désir dans la République ; l’amour noble est appelé "ardeur" dans la République. Cette tripartition ne se trouve pas dans le Banquet. Au lieu de cela, vous avez une autre tripartition : l’eros au sens tout simple, c’est-à-dire l’amour hétérosexuel qui a pour fin la procréation ; l’amour de la renommée immortelle, qui a une certaine parenté avec l’ardeur de la République, mais qui ne se confond pas avec elle ; et le troisième est l’amour hétérosexuel qui a pour fin la procréation ; l’amour de la renommée immortelle, qui a une certaine parenté avec l’ardeur de la République, mais qui ne se confond pas avec elle ; et le troisième est l’amour de la sagesse. Comment ces deux tripartitions sont liées, c’est là une question. Celui qui pourrait donner une réponse vraie à cette question pourrait prétendre avoir compris la doctrine platonicienne de l’homme.

Auteur: Strauss Léo

Info: Dans "Sur le Banquet de Platon", trad. Olivier Sedeyn, éditions de l'éclat, Paris-Tel Aviv, 2006, page 73

[ énigme ] [ question ] [ intertextualité ] [ double triade ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

duplication

Les hommes se retournent dans leur miroir comme les enfants dans leur lit : pour trouver le sommeil. La constance apparente des choses est ce sommeil ; la permanence du visible alliée à la confiance que notre identité ne va pas nous faire faux bond pendant la nuit. Pour cela, nous composons énormément, avec ce monde comme avec nous. Nous recouvrons nos mutuels abîmes d'une fine bande de gaze. Nous attribuons nos inconsistances crasses aux hasards de la vie. Et nous nous aveuglons sur ce qui glisse en nous avec l'évidence du fildefériste ivre dans le cirque anticosmique du dieu mauvais. Le premier garant de cet aveuglement, c'est encore notre visage. En lui s'unifient, lorsque nous le regardons, les multiples puissances que nous savons s'éparpiller et s'affronter inlassablement dans notre âme jusqu'au plus complet déchirement. C'est pourquoi nous retournons, toujours, dans le miroir, vérifiant notre constance, appuyant notre permanence, implémentant notre confiance, et nous nous rassurons... Mais parfois, quelque chose d'étrange se passe. Un détail nous échappe, un amour nous trouble, un mort nous parle. Soudain, c'est le miroir qui se retourne dans l'homme ; et ce qu'il lui montre alors n'est pas bien glorieux.

Auteur: Thiellement Pacôme

Info: Dans "Trois essais sur Twin Peaks", page 7

[ reflet ] [ chute ] [ double ] [ monologue intérieur ] [ justifications ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

vulgarisateur

À la fin des années 1930, la physique théorique apparaissait de plus en plus comme une construction formelle surplombant le langage, en principe impossible à transmettre hors du petit cercle des initiés. Pourtant, un jeune physicien du nom de George Gamow (prononcer Gam-off) entreprit de présenter au public les acquis révolutionnaires de la physique quantique et de la relativité, sans jamais laisser le lyrisme déborder sur les terres de la raison. Non, voulut-il démontrer, toute bardée de mathématiques qu’elle est, la physique ne vise pas l’éradication des mots. Comme toutes les entreprises humaines, elle exige une narration passant par la langue de tous les jours, un processus de diffusion qui la transporte par-delà son cercle d’origine. Il y a même urgence à réveiller la Belle au bois dormant. Mais comment procéder ? En trouvant des astuces, des détours, des analogies permettant de verbaliser – de baliser par le verbe – l’étrangeté de ses concepts. Il ne s’agit pas de photographier la physique, mais de la traduire, de la re-transcrire. Le "truc" de Gamow ? Mettre en scène les concepts, jouer avec, les sortir de leur contexte, les faire évoluer à l’air libre, dans la vie de tous les jours, plutôt qu’essayer de les expliquer d’une façon lourdement, tristement didactique.

Auteur: Klein Étienne

Info: Il était sept fois la révolution. Albert Einstein et les autres…

[ maths verbalisées ] [ double codage ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

relations humaines

Maintenant nous pouvons comprendre la vraie fonction de nos amis : ils ne sont pas nos alliés dans la bataille des intérêts, mais ils le sont dans la bataille des caractères. Ils prennent la vie comme nous. De là vient que nous supportons aisément qu'ils aient d'autres idées que les nôtres. Outre que ces dissentiments intellectuels peuvent avoir une fin, notre ami se rangeant à notre opinion, ou nous à la sienne, ils ne touchent pas au fond des natures. Mais très libres de différer sur les grands sujets, nous avons absolument besoin d'être d'accord avec nos amis dans les petites choses. Car les natures se révèlent dans ces occasions imprévues, nous y pouvons tâter l'étoffe dont chaque homme est fait, et quand il s'agit de ceux que nous aimons, nous avons besoin de sentir que c'est de la soie. Qu'un de nos amis s'oppose à nous dans une question de philosophie ou d'art, cela nous procurera le plaisir de faire de belles armes ensemble. Mais qu'un homme soit dur avec un pauvre, grossier avec une femme, brutal avec un inférieur, quand même il nous aurait donné d'autre part toutes les approbations possibles, il n'est pas de notre race, nous n'avons rien de commun avec lui. Car si les amitiés se développent sur le plan de l'esprit, elles se forment ailleurs.

Auteur: Bonnard Abel

Info: L'amitié, 1928

[ authentique ] [ double moral ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

xénolinguistique

J'ai terminé le dernier radical de la phrase, j'ai reposé la craie et je me suis rassise dans mon fauteil de bureau. En m'adossant, je contemplais la phrase géante en heptapod B dont j'avais couvert l'intégralité de mon tableau noir. Elle comprenait plusieurs propositions complexes : j'avais réussi à les intégrer toutes, avec une certaine élégance.

En l'examinant, je comprenais que les heptapodes aient créés un système d'écriture sémasiographique* ; il convenait mieux à une espèce au mode de conscience simultané pour laquelle le discours tenait lieu de goulet d'étranglement, puisqu'exigeant que chaque mot suive le précédent, séquentiellement. Avec l'écriture, par contre, tous les signes portés sur une page étaient visibles en même temps. Pourquoi enfermer l'écriture dans une camisole glottographique**, requérir d'elle le caractère séquentiel du discours ? Cela ne serait jamais venu à l'esprit de ces extraterrestres. L'heptapod B tirait parti des deux dimensions : au lieu de filer les morphèmes un par un, il en proposait une pleine page à la fois.

Maintenant que l'heptapod B m'avait offert un mode de conscience simultané, je voyais en quoi la grammaire de l'heptapod A se justifiait : ce que mon esprit séquentiel percevait jusque là comme inutilement complexe se révélait une tentative d'introduire une certaine flexibilité dans les confins du discours séquentiel. Par voie de conséquence, je pouvais plus facilement utiliser l'heptapod A, mais il me paraissait toujours un méchant substitut de l'heptapod B.

Auteur: Chiang Ted

Info: La tour de Babylone, L'histoire de ta vie, pp 198, 199. *système de signes graphiques porteurs de sens (les sémasiogrammes) dont le fonctionnement ne s'appuie pas sur une représentation directe de la parole. Qui ne passe donc pas par une conceptualisation parlée dans une langue et ne comporte pas d'indication grammaticale non plus.  **phonatoire

[ dualité sémantique ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ langage double ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

faux semblants

Tu n’as pas changé, m’avait écrit Richard. […] viens me retrouver dès que tu rentres de ces fichues vacances, j’ai soif de toi comme un mourant. J’avais refermé mon ordinateur. J’avais enfoui ma tête dans mon bras et j’avais couru, la bouche pleine d’un feu pâle, jusqu’à la forêt qui n’avait plus de réalité qu’au fond de moi. Quand j’étais arrivée dans le jardin, pieds nus, chacun avait déjà mis la table, et, juchée sur des escarpins vertigineux, Nathalie Popesco, cheveux mouillés parfaitement plaqués en arrière sur sa nuque éternellement bronzée, était en train de montrer aux enfants comment faire des origamis. Paul la regardait, admiratif. Et ma joie reflua. L’horreur que m’inspira ce que je vis dans les yeux de mon compagnon lorsqu’il s’écria, attendri, Regarde, c’est formidable, tout ce que Nathalie a fait pour les enfants !, et le petit couinement qu’elle poussa pour accueillir son compliment me glacèrent. Des paquets de nuages crevèrent dans ma tête. Je pleurai à l’intérieur mais personne ne le vit. Mon esprit se retrancha plusieurs dizaines d’années en arrière et, simultanément, dans les bras de Richard, pour n’en plus bouger. De là où je me trouvais, tout ce que j’avais créé avec Paul, tout ce qui, au fil des jours, avait façonné notre vie commune, toute cette fausse sagesse profane que, comme tous les couples, nous avions accumulée, année après année, pour nous aider à vivre ensemble, sembla se défaire sous mes yeux, tel un origami dont jamais je n’arriverais à maîtriser les pliages.

Auteur: Chiche Sarah

Info: Dans "Les enténébrés" page 269

[ double vie ] [ répulsion ]

 

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