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christianisme-protestantisme

En 1504, il [Erasme] avait publié pour la première fois un traité destiné à éclairer ceux qui, "faisant consister la religion en cérémonies et en observances judaïques de choses matérielles, négligeaient la véritable piété". C’était l’Enchiridion Militis Christiani, livre hardi qui contenait en substance tout le programme des réformes souhaitées par Érasme. […] Dans l’été de 1518, Érasme chargeait Froben de le publier à nouveau et composait pour cette réédition une longue préface dédiée à un abbé alsacien, Paul Volz. C’était un manifeste. Avec prudence, à son ordinaire, mais avec décision, Érasme y conduisait une opération fort adroite. Il couvrait Luther, tout à la fois, de son autorité et de sa modération. Il se gardait de nommer le fougueux Augustin ; mais dans un passage semé d’allusions, il s’instituait l’avocat d’une liberté de critique qu’il revendiquait et pour lui et, visiblement, pour Luther. "De même, voilà quelqu’un qui nous avertit : mieux vaut se fier à de bonnes actions qu’aux grâces octroyées par le pape. Veut-il dire qu’il condamne absolument ces grâces ? Non, mais qu’il leur préfère les voies que l’enseignement du Christ indique comme plus certaines." Traduction assez libre des opinions de Luther ; mais la manœuvre était pleine d’adresse. "Cet homme est de mes hommes, semblait dire l’humaniste en désignant le moine. C’est une tête chaude, sans doute ; mais écoutez : je vais vous présenter, à ma mode, ses griefs et ses objections ; quand il parlera par ma bouche, vous direz tout d’une voix : il a raison. Au reste, ses critiques, préface d’un programme complet de réforme et de rénovation. Ce programme, dès 1504, je l’ai présenté à la chrétienté. Je le lui présente à nouveau, en 1518, dans cette édition revue et corrigée de l’Enchiridion." Tactique habile, intelligente et souple. Elle montre jusqu’à l’évidence qu’en 1518, Érasme connaissait encore bien mal Luther.

Qui l’aurait pu d’ailleurs avertir de son erreur ? Un seul homme, Luther, en rendant publics des griefs qu’il n’avait confiés qu’à des amis choisis, dans des lettres privées. Mais cette révélation brutale, encore qu’elle fût fort dans son tempérament, Luther pour cent raisons ne pouvait la faire. C’eût été la rupture. Or Luther ne pouvait pas rompre avec Érasme. Seul, il n’aurait peut-être pas hésité à le faire. Il n’était pas, il n’était plus seul. Des hommes l’entouraient, des amis, des partisans, dévots à lui mais dévots à Érasme, incapables de jeter l’anathème sur l’un pour demeurer fidèles à l’autre. Des hommes l’entouraient, qui pesaient sur lui, l’amenaient doucement à faire le geste nécessaire, celui qu’il accomplit le 28 mars 1519 lorsqu’il rédigea, à l’adresse d’Érasme, une lettre, la première, pleine d’humilité et de soumission extérieure, très orgueilleuse au fond et très brutale : une mise en demeure ; avec ou contre moi ?

Mais Érasme non plus n’était pas libre. Pas libre de dire, sinon de voir, que Luther n’était pas un de ses tenants ; pas libre de dénoncer les fautes qu’il lui voyait commettre : énormes cependant, de son point de vue à lui. C’est que tout de suite, avec leur flair grossier, ses ennemis, entre lui et Luther, avaient noué un lien direct. Luther, un suivant ; qui sait, un prête-nom d’Érasme ? L’humaniste avait dû comprendre que dès lors, toute condamnation de Luther serait sa condamnation à lui ; un coup mortel porté à la cause même de la réforme humaniste, à sa cause... A tout prix, il fallait empêcher les moines haineux de rejeter Luther comme hérétique. A tout prix, il fallait protéger Luther, intercéder pour lui auprès des princes, des prélats, des grands esprits ; faire l’opinion et la rendre intangible. A tout prix enfin, il fallait peser sur Luther, obtenir de lui qu’il usât de prudence sans se laisser pousser à l’irréparable. Besogne énorme. Érasme s’y attela virilement, habilement. Ainsi s’établit entre deux hommes munis de viatiques empruntés, l’un à cette antiquité païenne dont Érasme se nourrissait avec délices et qui l’aidait sans doute à comprendre Jésus ; l’autre, à la doctrine paulinienne et à la tradition augustinienne — ainsi s’établit entre Luther, uniquement et passionnément chrétien, et Érasme, adepte infiniment intelligent d’une philosophie du Christ toute saturée de sagesse humaine, une sorte de compromis qui permettait l’action. Ainsi, dans l’opinion des lettrés, naquit ce préjugé si fort qu’il vit toujours : Luther ? le fils spirituel et l’émule d’Érasme — le réalisateur de ses velléités réformatrices.

Une équivoque. Une première équivoque.

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, pages 85-86

[ affiliation ] [ malentendu ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Pour arriver à la connaissance et à la possession de Dieu, selon l'idée chrétienne, la seule voie est la sainteté; selon la philosophie scolastique, c'est la science, résumée en la science des sciences, la théologie; selon Platon, c'est la contemplation de la beauté. Dante en prenant Béatrice pour guide à travers la vie comme à travers son poème, réunit donc d'abord en elle les trois moyens naturels et surnaturels qui sont offerts à l'homme pour parvenir en la présence "de la divine Puissance, de la suprême Sagesse et du primordial Amour" ...... ...En plusieurs endroits de la Divine Comédie on trouve des traces des idées platoniciennes, plus ou moins modifiées par leur voyage à travers les oeuvres des Pères de l'Église. Il est probable que c'est surtout dans Boèce, auquel il a emprunté plus d'un trait, dans saint Augustin et dans saint Bonaventure que Dante s'est familiarisé avec certaines théories du philosophe grec...... ...Mais Dante est poète, plus encore que philosophe, et il avoue que lorsque la vue de la "femme belle et bienheureuse" lui a été enlevée, il s'est laissé entraîner hors de la bonne voie : "Les objets présents et les faux plaisirs ont détourné mes pas depuis que votre visage m'est caché." Alors Béatrice lui fait de mélancoliques reproches où l'on sent passer non pas un regret, mais un souvenir complaisant des jours vécus sur terre, pendant lesquels elle pouvait offrir son pur visage à la contemplation de son poète : Tu m'as quelquefois oubliée, et pourtant, lui dit-elle, "jamais la nature ou l'art ont-ils pu t'offrir un plaisir pareil à celui que tu ressentais à admirer ma beauté, maintenant ensevelie et perdue sous la terre!". Chaque fois qu'il parle de Béatrice, Dante a des mots charmants pour caractériser sa beauté. Tantôt il exalte la douceur de sa voix : ...mia donna Che mi disseta colle dolci stille ; Tantôt son sourire : ...raggiandomi d'un riso Tal che nel fuoco faria l'uom felice Puis c'est le fameux portrait de Béatrice, lorsqu'elle lui apparaît aux portes du Paradis, encadrée dans un passage céleste, triomphante et resplendissante d'une incomparable beauté : J'ai vu, au commencement du jour, tout l'horizon affranchi de nuages, et nuancée de rose la partie de l'orient au milieu de laquelle naissait le soleil, dont on pouvait supporter l'éclat tempéré par les vapeurs du matin; de même à travers un nuage de fleurs qui retombaient de toutes parts, je vis une femme, les épaules couvertes d'un manteau vert; elle était vêtue d'une draperie couleur de flamme ardente; un voile blanc et une couronne d'olivier ornaient encore sa tête.... O splendeur d'une lumière éternelle : quel est celui qui ne serait pas découragé en essayant de te reproduire telle que tu me parus dans l'air libre, là où le ciel t'environne de son harmonie! Il faudrait un long travail pour arriver à dégager complètement cette personnification des deux autres, tellement la Béatrice est marquée à la fois de son triple caractère. Serait-ce même possible? L'idée platonicienne que j'ai indiquée dans la Divine Comédie, n'y est qu'à l'état de vague réminiscence et si bien enchevêtrée dans les multiples emprunts du poète à toutes les connaissances humaines, que ce serait peut-être en exagérer l'importance que de l'exposer plus longuement. Néanmoins cette conception de la beauté immuable dans son essence, se transformant du visible à l'invisible, et aboutissant à la beauté unique et primordiale, est tellement en dehors des idées du XIVe siècle, qu'il m'a paru intéressant de la signaler. Un peu plus tard, avec le progrès des études grecques, qui ne commencent sérieusement que cinquante ans après la mort de Dante, on trouverait plus facilement dans les poètes quelques traces de philosophie socratique. On verrait par exemple Pétrarque considérant les choses mortelles comme une échelle qui monte au Créateur, - che son scala al Fattor, Mais cette recherche perdrait de sa nouveauté à mesure qu'on se rapprocherait des temps modernes et deviendrait banale. Rien de ce qui touche à Dante ne saurait l'être, rien surtout de ce qui touche à sa Béatrice. Je me suis plu à montrer la complexité de cette création aussi étrange que sublime, d'autres y reviendront. Le sujet ne sera jamais épuisé, car on se plaira toujours à suivre le grand poète dans son voyage vers l'infini, régions où nul autre que lui n'est monté si haut, où nul peut-être n'ira plus; qui oserait comme lui s'élever jusqu'aux étoiles? - Puro e disposto a salire alle stelle?

Auteur: Gourmont Rémy de

Info:

[ Dante Alighieri ]

 

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ascétisme absolu

L'histoire de Giri Bala (née en 1868) est racontée par Paramahansa Yogananda qui l'a rencontrée lorsqu'elle avait 68 ans, en 1936. À cette époque elle n'avait pas mangé ni but depuis 56 ans. Elle vivait simplement et humblement une vie de villageoise dans son village isolé de Biur.

La première fois que j'ai entendu parler de Giri Bala, témoigne Yogananda, c'était il y a plusieurs années auparavant par un homme érudit du nom de Sthiti Lal Nundy. Il est souvent venu chez nous à Garpar road pour éduquer mon frère Bishnu.
"Je connais bien Giri Bala m'a-t-il dit. Elle emploie une certaine technique yogique qui lui permet de vivre sans nourriture matérielle. J'ai été un de ses voisins proches à Nawabganj près d'Ichapur (nord Bengale). Je la voyais de très près. Je ne l'ai jamais vu manger ou boire.
Mon intérêt devint si fort, que j'ai été voir le Maharaja de Burdwan (H.H. Sir Bijay Chand Mahtab) et lui ai demandé de faire une enquête. Ébahi par cette histoire, il l'a invitée dans son palace. Elle a accepté le test et a vécu 2 mois enfermée dans petit coin de sa résidence. Plus tard elle est revenue pour un autre test de 20 jours, et une troisième et dernière fois pour le dernier test de 15 jours. Le Maharaja lui-même m'a confié que ces 3 rigoureux et minutieux examens l'avait convaincu sans aucun doute possible de son état de vie Pranique".

Elle a raconté à Yogananda comment, étant enfant, elle a avait eu un féroce appétit pour lequel elle avait souvent été moquée et/ou grondée. Fiancée à l'âge de 9 ans, elle alla vivre à l'age de 12 ans dans la maison familiale de son mari à Nawabganj. Un jour que sa belle-mère se moquait une fois de plus ouvertement de ses excès de nourriture, elle prit l'engagement prochain de ne plus rien manger de toute sa vie. Elle finit par s'enfuir de la maison de son époux, tourmentée en permanence par les moqueries de sa belle-mère.

Désespérée elle pria du plus profond de son âme et demanda l'aide du Divin en elle. Un Gourou ([Maître]) se manifesta alors et lui enseigna la voie d'un Kriya Yoga très spécifique qui l'aida à se libérer du besoin de nourriture matérielle.
Le gourou lui aurait dit : "très chère petite, je suis le gourou envoyé par Dieu pour répondre à ton urgente prière. Il a profondément été touché par son inhabituelle nature ! À partir d'aujourd'hui tu vas pouvoir vivre de Lumière Astrale, tes atomes corporels vont pouvoir se recharger dans l'Infini Courant".
Il l'a alors initié à une technique de kriya qui libère le corps de toute dépendance à la nourriture matérielle. Cette technique inclus l'utilisation d'un certain mantra et d'un exercice respiratoire difficile, tel que le commun des mortels ne peut le réaliser*.

C'était en 1880, elle avait 12 ans. Elle devint totalement pranique] ne mangeant plus ni ne buvant (isétie). De même elle ne produisit plus d'urine ni de selle. Et cela a duré jusqu'à son décès.

Yogananda l'interrogea sur plusieurs sujets qui, pensait'il, pourrait intéresser l'humanité dans son ensemble. Elle répondit sans problème à ses questions.
- "Je n'ai jamais eu d'enfant. Plusieurs années auparavant je suis devenue veuve. Je dors très peu, veille ou sommeil sont pareils pour moi. Je médite la nuit, et m'occupe de mes tâches domestiques dans la journée. Je n'ai jamais été malade ou subi d'affection d'aucune sorte. Je sens seulement de très légères peines lorsque je me blesse accidentellement. Je n'ai plus d'excrétion. Je peux contrôler les battements de mon cœur et ma respiration".
- "Mère, demandais-je, pourquoi n'enseignes tu pas à d'autres ta méthode pour vivre sans nourriture ?"
- "Non, dit'elle en secouant la tête. Il m'a été expressément demandé par mon gourou de ne pas divulguer mon secret. Ce n'était pas son souhait de fausser le drame de la création divine. Les fermiers ne m'auraient pas remercié d'enseigner à beaucoup trop de monde à vivre sans nourriture. Les succulents fruits auraient péri inutilement sur le sol. Il est clair que la misère, la famine, et les maladies sont l'ultime fouet qui pousse l'humanité à rechercher le pourquoi de la vie".
- "Mère ais-je dis doucement, à quoi peut bien servir d'avoir vécue sans manger ni boire toutes ces années ?"
- "À prouver que l'homme est Pur Esprit. À démontrer que par un cheminement Spirituel l'homme peut graduellement apprendre à se nourrir de l'éternelle Lumière Divine et non plus de nourriture matérielle".

Auteur: Anonyme

Info: Sur http://pranique.com/giribala.html. *Note : l'état pranique atteint pas Giri Bala est un pouvoir yogique (siddhi) mentionné dans les sutras de Patanjali (yoga sutra III:31). Elle a employé un certain exercice respiratoire qui affecte Vishuddha, le 5ème chakra, chakra de la gorge. Vishuddha chakra, contrôle le 5ème élément, l'akash ou éther, pénétrant l'espace intra-atomique des cellules physiques. Se concentrer sur ce chakra permettrait au dévot de vivre d'énergie éthérique.

[ inédie ] [ hindouisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

enfant gâté

Mme d'Estourmel, âgée de cinquante-sept ans, avait un fils unique de cinq ans. Cet Isaac de cette moderne Sara était l'enfant le plus gâté et le plus insoutenable que j'aie jamais rencontré. On lui permettait tout, on ne lui refusait rien, il était le maître absolu du salon et du château.
J'arrivai au Frétoy deux heures après le dîner; il y avait beaucoup de monde de Paris. J'avais un chapeau de villageoise, comme on disait alors ; il était neuf, tout couvert de fleurs charmantes, et attaché sur l'oreille gauche avec beaucoup d'épingles. A peine étais je assise, que le terrible enfant du château vint m'arracher des mains un superbe éventail et le mît en pièces. Mme d'Estourmel fit une petite réprimande à son fils, non pas d'avoir brisé mon éventail, mais de ne pas me l'avoir demandé poliment.
Un instant après, l'enfant alla confier à sa mère qu'il avait envie de mon chapeau, et Eh bien, mon fils, répondit gravement madame d'Estourmel, allez le demander bien honnêtement. " Il accourut aussitôt vers moi en disant : et Je veux votre chapeau. " On le reprit d'avoir dit je veux ; c'est ce que sa mère appelait ne lui rien passer. Elle lui dicta sa formule de demande : et Madame, voulez-vous bien avoir la bonté de me prêter votre chapeau ? " Tout ce qui était dans le salon se récria sur cette fantaisie : la mère et l'enfant y persistèrent; M. de Genlis s'en moqua un peu aigrement. Je vis que Mme d'Estourmel allait se fâcher ; alors je me levai, et, sacrifiant généreusement mon joli chapeau, j'allai prier Mme d'Estourmel de me le détacher, ce qu'elle fit avec empressement, car l'enfant s'impatientait violemment. Mme d'Estourmel m'embrassa, loua beaucoup ma douceur, ma complaisance et mes beaux cheveux.
Elle soutint que j'étais cent fois mieux sans chapeau, quoique je fusse tout ébouriffée, et que j'eusse une figure très ridicule, avec une grande parure et celte coiffure en désordre. Mon chapeau fut livré à l'enfant, sous la condition de ne pas le gâter. Mais en moins de dix minutes, le chapeau fut déchiré, écrasé, et hors d'état d'être jamais porté. J'eus grand soin, les jours suivants, de me coiffer en cheveux, sans chapeau et sans fleurs. Mais, par malheur, cet enfant gâté était reconnaissant; il s'attacha à moi avec une passion démesurée et ne voulut plus me quitter. Dès que j'étais dans le salon, il s'établissait sur mes genoux : il était fort gras et fort lourd ; il m'assommait, chiffonnait mes robes, et même les déchirait en posant sur moi des quantités de joujoux. Je ne pouvais ni parler à qui que ce fût ni entendre un mot de la conversation, et il m'était impossible de m'en débarrasser, même pour jouer aux cartes. Dans tous mes petits voyages je portais toujours ma harpe : on voulut m'entendre; il n'y eut pas moyen, tandis que je jouais, d'empêcher l'enfant (qui se tenait debout près de la harpe) de jouer aussi avec les cordes de la basse, ce qui formait un accompagnement peu agréable. Lorsque j'eus fini, on vint prendre ma harpe pour l'emporter : l'enfant s'y opposa en faisant des cris terribles. La harpe resta ; il en joua à sa manière, il égratigna les cordes, en cassa plusieurs, et dérangea totalement l'accord. Quand on représentait à Mme d'Estourmel que cet enfant devait m'importuner beaucoup, elle me demandait si cela était vrai, et elle prenait au pied de la lettre la politesse de ma réponse, en ajoutant qu'à mon âge on était charmé d'avoir un prétexte des amuser d'une manière enfantine, et que je formais avec son fils un tableau délicieux. Au vrai, cet enfant ne m'était pas aussi désagréable que tout le monde le croyait, non que j'aimasse ses jeux, mais sa personne m'intéressait et me divertissait.
Il était joli, caressant, original, et il n'avait rien de méchant. Avec une éducation passable, on en aurait facilement fait un enfant charmant. Sa pauvre mère a bien payé la folie de cette mauvaise éducation : l'année d'ensuite, l'enfant, pour la première fois de sa vie, eut un peu de fièvre ; il refusa toute boisson, et demanda avec fureur les aliments les plus malsains. Une légère indisposition devint une maladie sérieuse, et bientôt, mortelle, parce qu'il fut impossible de lui faire prendre une seule drogue, et que toutes les tentatives en ce genre lui causaient des accès de colère qui allaient jusqu'aux convulsions. Il mourut à six ans, et il était naturellement très robuste et parfaitement bien constitué.

Auteur: Genlis Madame de

Info: Mémoires

[ mort ] [ anecdote ]

 

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titres possibles pour ce logiciel

Tentative libératrice d'intégration-participation des idiosyncratiques parlêtres au sein des corpus lexicologiques consensuels.



Insertion inclusive des voix singulières dans les référentiels linguistiques partagés.



Démocratisation des langages et participation des locuteurs marginalisés aux corpus de référence.



Valorisation de la diversité linguistique et intégration des expressions idiosyncratiques dans un corpus souple.



Lutte contre l'homogénéisation linguistique et reconnaissance des variations dialectales et sociolectales.



Ouverture des corpus lexicographiques aux formes d'expression non normées et créatives. 



Ouvrir les barrières linguistiques et favoriser l'inclusion des voix minoritaires dans les discours officiels.



Célébrer la richesse et la diversité des langages humains et encourager l'usage de formes non standardisées.



Décloisonner les corpus linguistiques et favoriser le métissage des styles et des registres.



Donner une voix aux exclus du langage et enrichir les référentiels linguistiques par leur apport singulier.



Réinventer les corpus lexicographiques comme espaces de rencontre et d'échange entre toutes les formes d'expression.



Essai d'inclusion audacieuse des locuteurs atypiques dans les vocabulaires standard.



Enrichissement du lexique partagé par l'inclusion réfléchie d'expressions individuelles.



Ouverture mesurée du lexique standard à des expressions originales.



Dialogue constructif entre les expressions individuelles et le lexique établi.



Élargissement inclusif du vocabulaire officiel pour une meilleure représentativité.



Expérience visant à intégrer activement les expressions individuelles et divergentes dans les ensembles de mots communément acceptés.



Tentative d'articuler les singularités langagières au sein des structures linguistiques normatives.



Chanson rebelle des mots uniques qui se frayent un chemin dans la symphonie du langage commun.



Subversion douce-amère des codes linguistiques par l'irruption des voix hétérodoxes.



Frontière poreuse entre l'idiolecte et le lexique partagé, où se joue la subversion du sens.



Intégration expérimentale d'unités lexicales non standardisées dans des corpus linguistiques de référence.



Inclusion des marges langagières dans le centre du discours.



Peut-on élargir la norme linguistique pour y inclure les expressions singulières ?



Osons célébrer la diversité des voix qui enrichissent la langue ! 



Tissage audacieux de fils de laine dissidente dans la tapisserie du langage officiel.



Contrebande linguistique : faire passer les mots rebelles en douce dans un répertoire officiel.



Révolution lexicale : donner voix au peuple dans le grand livre de la langue.



Exploration des frontières du langage : où l'individuel rencontre le collectif.



Hommage aux hérétiques du langage : ceux qui ont osé défier la norme et enrichir la langue.



Laboratoire du langage : inventer les mots de demain en explorant les marges d'aujourd'hui.



Apprendre à écouter les voix oubliées : une clé pour une meilleure compréhension du monde.



Biodiversité linguistique : préserver la richesse des expressions pour un monde plus vibrant.



Silence entre les mots : espace fertile où naissent de nouvelles significations.



Que la langue s'épanouisse dans sa diversité, que chaque mot trouve sa place dans le chant du monde !



Marathon linguistique : les mots marginaux courent vers la ligne d'arrivée, celle de la reconnaissance.



Informatique, cerveaux humain et Intelligence artificielle au service de la diversité : algorithmes pour dénicher les pépites linguistiques cachées.



Quête du sens pur : explorer les profondeurs du langage pour découvrir la signification cachée dans les mots.



Rêve linguistique : où les mots se libèrent des conventions et dansent dans un ballet poétique.



Combat pour la liberté d'expression : briser les carcans du langage officiel pour donner voix à tous.



Éloge de la langue oubliée : retrouver les mots perdus et les faire revivre dans le langage d'aujourd'hui.



Vers un langage universel : où chaque mot, quelle que soit son origine, est accueilli et célébré.



Expressions plus courtes:

Inclusion des idiosyncraties dans les corpus consensuels.

Démocratisation linguistique et participation inclusive.

Valorisation classificatoire de la diversité des langages et expressions.

Lutte contre l'homogénéisation et reconnaissance des variations.

Ouverture des corpus aux formes non normées et créatives.

Briser les barrières linguistiques et inclure des voix minoritaires.

Célébrer la richesse et la diversité des langages humains.

Décloisonner les corpus et favoriser le métissage des styles.

Donner une voix aux exclus du langage et enrichir les corpus.

Réinventer les corpus lexicologique comme espaces de rencontre et d'échange.

Expressions plus imagées:

Peindre le paysage linguistique avec toutes ses nuances.

Faire chanter la symphonie des langages humains.

Tisser une tapisserie lexicale multicolore et inclusive.

Bâtir un Babel inclusif où toutes les voix se rencontrent.

Cultiver un jardin linguistique où chaque expression trouve sa place.



Etc.

Auteur: Mg

Info: 26 fév 2024, grandement aidé par Gemini pour les reformulations

[ déclinaisons ] [ humour ] [ variations ] [ FLP défini ] [ diachronie ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

comptine

Sur la plage où les algues sont bercées par les vagues, un petit crabe solitaire se frayait un chemin dans les bulles d'écume. Il s'appelait Némo et il était amoureux de Citrouille, une petite arapède, un joli coquillage rond qui se colle aux rochers.

Tous les jours, il tapait doucement sur sa coque en lui disant :

— Je t'aime, viens avec moi.

Elle l'aimait, elle aussi, c'était sûr, mais quitter sa maison, son rocher, c'était impossible.

— Comment veux-tu que je renonce à ce rocher qui me protège. Si je le quitte, si je me décolle de lui, je suis nue, vulnérable. Les vagues m'emporteront et j'ai mille occasions de me faire dévorer par tous les prédateurs qui rodent tout autour.

Némo se demandait comment convaincre Citrouille pour qu'elle accepte de le suivre. Il regarda le fond de la mer tout autour. Du sable à perte de vue, deux anémones discutaient sans se soucier d'eux, un peu plus loin une grande nacre rêvait. Tout était calme.

— Écoute-moi bien, Citrouille, j'ai une idée, voilà ce que tu vas faire : tu te décroches du rocher, tu glisses sur ma carapace, tu t'accroches bien dessus... Et hop ! Nous partons en voyage de noces.

— Je suis d'accord, répondit Citrouille en lâchant son vieux rocher.

Mais juste au moment où elle allait s'accrocher sur Némo, une petite vague qui venait du large et s'en allait dormir sur la plage l'emporta. Némo vit passer sa bien-aimée qui virevoltait dans l'écume en faisant de grandes cabrioles...

Le fond de la mer qui paraissait si calme devint alors menaçant. Deux murènes dont la tête sortait de trous de rochers ouvraient leurs bouches avec des centaines de petites dents pointues comme des clous. Un banc de mulets affamés qui passait dans l'écume s'intéressait aussi à Citrouille, et même un rouget qui somnolait au fond s'était réveillé...

Citrouille était ballotée par les vagues, aspirée vers le large, repoussée sur le sable. Némo essayait de la suivre, mais il n'y arrivait pas.

Si elle retournait dans la mer, ils étaient tous là prêts à la dévorer, si elle s'échouait sur le rivage elle mourait très vite desséchée par le soleil. Là-haut, une vieille mouette en quête d'un bon repas tournait dans la brise de mer en faisant de grands ronds au-dessus de Citrouille.

C'est à ce moment qu'elle glissa sur une surface lisse, régulière, au milieu des algues du bord de mer. Un abri inespéré !

— Némo, je m'accroche à ce rocher, cria-t-elle de toutes ses forces, nous nous reverrons plus tard...

Ce rocher tout rond était un petit ballon qu'un enfant avait envoyé sur les vaguelettes. Citrouille s'accrocha du plus fort qu'elle put. Quand l'enfant prit son ballon, Citrouille était accrochée dessus. Il n'avait jamais vu de coquillage pareil et il demanda à sa maman :

— C'est quoi, ce caillou plat collé à mon ballon ?

— Mais c'est une petite arapède, nous allons la détacher délicatement et tu iras la poser dans l'eau contre un rocher. Tu vas voir, elle se collera dessus comme sur ton ballon.

C'est ce qu'il fit. Citrouille but une gorgée d'eau de mer pour se donner des forces et d'un seul coup elle se colla au rocher.

Pendant ce temps, Némo, désespéré, longeait le rivage, plongeait dans l'eau et demandait à tous ceux de la mer, méduses, bigorneaux, huîtres, rascasses, limandes, grondins :

— Avez-vous vu Citrouille ? Je l'ai perdue dans un remous du rivage.

— Mais c'est qui Citrouille ? dirent-ils en cœur... Tu te mets dans un drôle d'état, mon pauvre Némo.

— La petite arapède de ma vie. Aidez-moi à la retrouver, je vous en supplie.

Alors, le voyant si malheureux, ils se mirent à la queue leu leu et ils suivirent le rivage à la recherche de Citrouille. Après le banc de sable, ils la trouvèrent très vite, affolée, collée de toutes ses forces sur un rocher, le bord de sa coque effrité par tous les chocs et cabrioles.

Némo s'approcha d'elle, il fit glisser doucement ses pinces sur sa coque ébréchée et il lui dit :

— Ma pauvre Citrouille, reste accrochée au rocher, je m'installerai dans le trou à côté et nous serons heureux...

Maintenant, le soir, quand les vagues s'endorment, si vous passez près du rocher de Citrouille et Némo, vous verrez monter de petites bulles d'eau... C'est Citrouille qui dit des mots d'amour à Némo... Et lui, il lui joue un petit concerto en grattant la mousse et le rocher avec ses petites pinces.


Auteur: Lieutaud Pierre

Info: Citrouille et Némo

[ historiette ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

docteur

Je l'ai [Dr Paul Carton] rencontré, une fois. Jeune père, je ne comprenais pas pourquoi mes deux enfants (dix-huit mois et six mois) ne sortaient d'une otite que pour entrer dans une rhinopharyngite ou vice versa. Ils étaient surveillés par un excellent pédiatre dont nous suivions méticuleusement les conseils alimentaires. Et ils continuaient d'être malades et de souffrir. C'est à cette époque que je perdis le sommeil. Je guettais dans la nuit le premier pleur de ma fille ou de mon fils. Je sautais aussitôt hors du lit pour prendre mon bébé dans les bras, le bercer, lui parler doucement, essayer de le calmer et de le distraire de son mal. Il continuait de pleurer en frottant son oreille de son petit poing fermé. La souffrance d'un enfant est horrible. Il ne sait pas, il ne comprend pas, il subit cette chose atroce qui s'est installée en lui et le déchire, et les parents ne peuvent rien faire pour le soulager. J'aurais voulu prendre son mal, souffrir de la tête aux pieds pourvu qu'il fût délivré. Mais ce genre de substitution ne fonctionne pas. C'est dommage.

Ma femme me relayait jusqu'à ce que, épuisés tous les trois, nous sombrions dans le sommeil. D'où nous tirait une nouvelle morsure de la bête tapie dans la petite tête, et le cri stupéfait de sa victime...

Au matin, le pédiatre alerté accourait et perçait le tympan. Tout le monde était enfin soulagé ! Le petit malade retrouvait le sourire. Ses parents aussi. Trois jours après, c'était l'autre oreille...

Un ami me conseilla de consulter le Dr Carton. Il habitait Brévannes et recevait peu de clientèle. Je lui écrivis pour lui demander rendez-vous. Il me répondit de lui envoyer d'abord la liste minutieuse de toutes les nourritures et boissons avalées par nos enfants pendant une semaine. Ce que nous fîmes. Puis nous lui conduisîmes les bébés.

C'était un homme d'aspect sévère, pourvu d'une longue barbe blanche. Il nous reçut dans son bureau un peu sombre, nous fit asseoir, prit sur la table une feuille de papier sur laquelle je reconnus mon écriture - c'était ma "liste alimentaire !" - , l'agita vers nous, et prononça ces mots que je n'oublierai jamais :

- Vous êtes des assassins !

C'était excessif, mais exact. Nous étions en train, en suivant les conseils de la pédiatre moderne, non pas de tuer nos enfants qui avaient une solide résistance, mais de les torturer, en croyant agir pour leur bien.

Il nous garda plus d'une heure, pour nous expliquer l'évidence, nous conseilla de lire deux de ses livres, nous dit le prix de sa consultation, qui était élevé, et s'en excusa en précisant qu'il prenait cher parce qu'il ne revoyait plus ses clients...

- Vous n'aurez plus besoin de me consulter.

C'était vrai. Nous suivîmes ses prescriptions, qui ne comportaient aucun médicament, et nos enfants ne furent plus jamais malades. Nous les avions tout simplement remis à un régime naturel et de bon sens.

C'était à la fin des années 30. Il était de mode, alors, d'administrer trop tôt aux bébés des nourritures trop riches. Leur organisme ne pouvait pas les assimiler, accumulait les toxines, et s'en débarrasser au moyen de maladies qui étaient des crises de "nettoyage". Je crains que cette mode ne continue, quand j'entends, l'hiver, des jeunes mères parler d'otites...[...]

Carton a réinventé la nourriture et la médecine naturelles. Il les avait baptisées "naturistes". Il a rejeté ce mot avec horreur quand le naturisme est devenu synonyme de nudisme! Pendant qu'il se battait contre les laboratoires pharmaceutiques, contre les industriels du sucre et des bonbons, contre les pontes de la médecine classique, des hommes astucieux commençaient déjà à le piller, de son vivant.

Dans son livre essentiel, La Cuisine simple, il n'est pas un seul menu qui ne comporte une salade de légumes crus. C'était avant l'invention industrielle des "vitamines". Un de ses élèves est devenu milliardaire et célèbre en fabriquant des produits dits "diététiques" qui se vendent dans le monde entier. Il n'a jamais cité le nom de son maître. Tous les "diététiciens" et les "nutritionnistes" - quels mots horribles! - l'ont piraté, lui prenant quelques miettes de vérité qu'ils ont mélangées à des montagnes d'erreur pour les commercialiser.

Les innombrables boutiques qui vendent aujourd'hui des produits dits "naturels" ou "de régime" ont germé sur le cartonisme, se nourrissant de lui sans même le connaître.

Carton est mort pauvre, toujours furieux, toujours combattant. Il avait fait une chute de six mètres alors qu'il cueillait des cerises. Côtes brisées, décalcifié, colonne vertébrale tordue, il s'enferma dans un corset aux baleines de fer, pour pouvoir continuer à recevoir un client par jour, et rester utile jusqu'à sa fin.

Auteur: Barjavel René

Info: Demain le paradis, Denoël, pp. 31-32

[ vocation ] [ biographie ] [ dévouement ] [ portrait ]

 
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censure douce

LE GONCOURT 2023 TROUBLÉ PAR UNE POLÉMIQUE AUTOUR DES "SENSITIVITY READERS"

L'auteur Kevin Lambert a fait appel à une "sensitivity reader" pour son roman, retenu dans la première sélection du Goncourt 2023. Nicolas Mathieu, décoré de ce prestigieux prix en 2018, s'est élevé contre cette pratique.

Le prix Goncourt ne s'attendait pas à une polémique en sélectionnant le roman d'un Québécois, jusqu'à ce qu'on apprenne qu'il était passé par la relecture d'une Canado-Haïtienne, pour éviter selon son auteur "certains pièges de la représentation des personnes noires".

L'un des personnages de Que notre joie demeure de Kevin Lambert, paru en août aux éditions Le Nouvel Attila et en lice pour le Goncourt 2023, est d'origine haïtienne. Pour qu'il soit le plus crédible possible, le jeune romancier de 30 ans s'est attaché les services d'une universitaire et autrice d'origine haïtienne également, Chloé Savoie-Bernard. Il la qualifie d'"amie". Elle a été rémunérée.

Ce rôle est appelé "sensitivity reader" en anglais, traduit par "démineur éditorial" ou "lecteur sensible". Chez les éditeurs nord-américains, la pratique est devenue banale. Les maisons d'édition françaises les plus renommées, en revanche, quand elles y ont recours, ne le revendiquent pas, comme si cela risquait de leur coûter des lecteurs.

"Chloé s'est assurée que je ne dise pas trop de bêtises"

Pour Kevin Lambert, c'était de l'histoire ancienne: le roman est paru dès septembre 2022 au Canada, aux éditions Héliotrope. Mais les Français l'ont découvert grâce au Nouvel Attila, qui l'a révélé sur Instagram le 4 septembre, la veille de la parution de la première sélection du Goncourt.

Propos de l'auteur rapportés par l'éditeur: "Je peux toujours me tromper. Chloé s'est assurée que je ne dise pas trop de bêtises, que je ne tombe pas dans certains pièges de la représentation des personnes noires".

"En tant que Blanc"

Vendredi sur Radio Canada, il s'est expliqué plus en détail. "Ça m'a permis de ne pas écrire que le personnage rougissait, à un moment. Parce que j'écrivais ça en tant que Blanc, un peu nono..." (neuneu, en France).

La relectrice a aussi évoqué son travail, dans le quotidien montréalais La Presse jeudi. "J'ai posé des questions à Kevin, je lui ai fait des suggestions", a précisé Chloé Savoie-Bernard. "Pas seulement sur le personnage d'origine haïtienne, mais aussi sur la structure générale du texte".

En France, l'idée qu'il faille être d'une certaine couleur de peau pour juger de la justesse de certains passages de romans divise. Le prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu, auteur classé à gauche, la rejette vigoureusement.

"Faire de professionnels des sensibilités, d'experts des stéréotypes, de spécialistes de ce qui s'accepte et s'ose à un moment donné la boussole de notre travail, voilà qui nous laisse pour le moins circonspect", écrivait-il sur Instagram mercredi.

Au festival littéraire Le Livre sur la place de Nancy samedi, il n'a pas voulu alimenter la polémique. "J'ai eu des échanges avec Kevin", a-t-il déclaré à l'AFP. "Et il n'y a aucune animosité entre nous, bien au contraire".

Un jeu "risqué"

Le milieu de l'édition et des lettres, en privé, s'interrogeait surtout sur les motivations du Nouvel Attila quand il a mis en avant cette relecture. "C'est peut-être un jeu de l'éditeur!", disait à l'AFP l'un des concurrents, face à quoi l'un de ses confrères était sceptique: "Ils ont créé un 'bad buzz'. Si c'est un jeu, il est risqué". "Kevin Lambert va se faire sortir de la liste du Goncourt", pariait une autre éditrice.

Si le jury a préféré récemment se préserver des polémiques en écartant les livres qui en suscitaient, deux de ses membres ont affirmé au quotidien Le Monde que rien n'était joué.

"Cette controverse n'aura aucun impact sur notre choix du lauréat", a dit l'un de ses membres, Pierre Assouline. "Nicolas Mathieu devrait se contenter d'écrire des romans (...) Laissons cette polémique. Les chiens aboient, la caravane Goncourt passe!", a abondé le secrétaire de ce jury, Philippe Claudel.

Dider Decoin, président du Goncourt, a lui aussi réagi à l'occasion du festival Le Livre sur la place de Nancy, balayant une "polémique stupide":

"Quand on est un auteur, on a le droit de faire appel à qui on veut pour relire un texte", a-t-il déclaré, comme le rapporte Le Figaro.

La position de Nicolas Mathieu a suscité une certaine sympathie de ses collègues écrivains français. "Il faut se faire confiance en tant qu'écrivain. Se documenter bien sûr, mais écouter notre imagination", disait un autre romancier de la rentrée littéraire.

La première sélection du Goncourt comprend 16 titres. Elle sera réduite le 3 octobre, avant que la liste des quatre finalistes soit révélée le 25 octobre. Le prix sera décerné le 7 novembr, au restaurant Drouant à Paris, comme le veut la tradition.

Auteur: Internet

Info: BFMTV.com, B.P. avec AFP Le 09/09/2023

[ convenable médiatique ] [ wokisme ] [ sensibilité post-coloniale ] [ pouvoir sémantique ]

 

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dernières paroles

Léonie chérie

J'ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd'hui témoigner de l'horreur de cette guerre.

Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l'odeur est pestilentielle. Tout manque : l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer. Nous partons au combat l'épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d'un casque en tôle d'acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d'un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie.

Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accès boisées, étaient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil à l'épaule j'errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s'étendait à mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s'emparant de moi. Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'état major. Tous les combattants désespèrent de l'existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes.

La semaine dernière, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre. Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y parviendront. Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution.

Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t'infliger. C'est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cœur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l'exemple est réhabilitée, mais je n'y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cœur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la fin.

Eugène ton mari qui t'aime tant.

Auteur: poilu anonyme

Info: Lettre à sa femme, Le 30 mai 1917

[ ww1 ] [ couple ]

 

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littérature

- Miguel.
- Quoi ?
- Je ne vais pas coucher avec toi aujourd'hui.
Elle regretta d'avoir ajouté ce 'aujourd'hui', comme si elle devait se faire pardonner ce refus ou le modérer.
- Qu'est-ce que tu as, Carmen ?
Sa surprise était authentique, il avait du mal à la croire. Son ton était celui qu'il aurait employé si, au bureau de tabac, on lui avait dit : aujourd'hui on ne vend pas de cigarettes.
- J'ai eu une journée difficile, j'ai besoin de dormir, je ne peux pas, dit-elle - et elle le regretta aussi.
Pourquoi est-ce qu'elle n'était pas capable de dire : je ne veux pas ?
- Je comprends.
Son ton était lugubre, sa mine offensée, presque méridionale pour un scandinave.
- Je te branle ?
- Qu'est-ce que tu dis ?
- Si tu veux, je te branle et tu t'en vas.
Pour une fois, elle avait réussi à dire ce qu'elle voulait dire.
Elle s'attendait à une réaction offusquée, peut-être une gifle, n'importe quoi pourvu qu'il parte en claquant la porte, persuadé de son bon droit, indigné par cette pute discutailleuse qu'il avait là, mais hors de chez elle, sous la pluie, avec ses chaussures aux pieds et sa cravate dans la poche de son blazer, à retourner vers sa femme et ses deux enfants.
Miguel fit une moue d'abnégation étonnée, comme s'il était confronté aux caprices d'un malade qui perd la boule.
- C'est d'accord, fit-il, condescendant.
C'était d'accord ? Carmen pouvait à peine le croire. Est-ce qu'il ne se sentait pas humilié ? Est-ce qu'il ne se rendait pas compte de ses sentiments pour lui ou est-ce que ça lui était égal, pourvu qu'il prenne son pied ? Qu'au bureau de tabac on refuse de lui vendre des cigarettes, c'était inacceptable, mais que le buraliste lui dise : aujourd'hui on n'a que des brunes, ça oui, il était prêt à le tolérer. Il ferait avec. La pute se rendait finalement à la raison.
C'était d'accord, il n'y avait aucun doute, car Miguel s'était mis à l'aise, la tête appuyée sur le dossier du canapé. L'abnégation avait cédé la place à un enthousiasme presque juvénile, comme si c'était là l'accomplissement reporté d'un fantasme persistant et tenu secret. Elle était sa pute, pour finir, c'était pour ça qu'elle allait le branler pendant que lui, affalé sur le canapé, terminerait son whisky.
D'accord. Le plus tôt serait le mieux. Si c'était ce qu'il fallait faire pour qu'il s'en aille, en avant. Elle défit sa ceinture et le bouton de son pantalon, puis elle baissa sa fermeture-éclair. Elle glissa sa main sous l'élastique de son slip et elle sortit sa queue.
- Attends, attends, l'interrompit-il.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Miguel laissa son verre sur la table et il baissa à la fois son pantalon et son slip jusqu'à ses chevilles.
- Mon costume, il est pratiquement neuf. Je n'ai pas envie de devoir l'apporter au pressing.
Il défit ses trois derniers boutons et écarta les pans de sa chemise pour éviter qu'elle soit tâchée.
- Ca y est ?
- Oui, ça y est.
Il revint se caler sur le canapé, son whisky une nouvelle fois à la main.
Le gland était à nu, humide et de couleur pourpre. La queue décrivait une légère courbe caténaire vers le haut et elle avait les veines enflées, comme une main serrée pour donner un coup de poing. Carmen était assise de côté sur le canapé, tournée vers lui. Elle commença à la masturber. Miguel regardait la main de Carmen et il cherchait parfois ses yeux, mais elle évitait son regard. Elle serrait avec force et, quand elle arrêtait, elle lui frottait le gland avec la pulpe de son pouce. Ça avait l'air de lui plaire. Elle voulait terminer le plus tôt possible et elle accéléra le rythme. Quand Miguel essaya d'approcher ses mains de ses seins, elle se rejeta en arrière.
- Laisse-moi les voir, demanda-t-il.
- Quoi ?
- Tes seins. Juste les voir. Sans toucher. Promis.
Elle défit la fermeture éclair de son jogging. Miguel regardait avec des yeux troubles. Carmen se caressa un sein avec la main qui lui restait de libre, elle le souleva sur sa paume et le pressa. Ca réussite à hâter le dénouement. Miguel se mit à pousser avec ses hanches au rythme de sa main, jusqu'à ce qu'il jouisse sans prévenir.
Ce fut une éjaculation douce, de jet d'eau de bassin municipal, qui ne projeta pas vers le haut, mais déborda sur la main de Carmen.
Elle frotta sa main sur son pantalon et elle referma la veste de son jogging.
- Merci. Je ne voulais pas que tu te sentes mal de ne pas baiser, dit Miguel.
Il ne manquait plus que ça : en plus il avait fait ça pour elle, cette espèce de Scandinave.
- Je veux me coucher maintenant.
Miguel termina son verre d'un trait, alla dans la salle de bain en tenant son pantalon avec ses mains, mit ses mocassins, sa veste Armani, glissa sa cravate dans sa poche et s'en alla par où il était venu, tout content, non sans promettre de l'appeler le lendemain.
Dès qu'elle referma la porte, Carmen décida de ne pas se laver les mains, c'était sa façon de s'imposer une punition.
Elle avait peur, elle avait envie de vomir, elle avait la certitude qu'il était en train d'arriver quelque chose à son fils.

Auteur: Reig Rafael

Info: Ce qui n'est pas écrit

[ scène ] [ couple ] [ sexe ] [ onanisme ]

 

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