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art pictural

Il n'y a que deux tableaux véritablement inestimables dans tout le musée, et l'un d'eux est le Christ mort, une oeuvre merveilleuse qui m'a totalement horrifiée, et qui a si profondément impressionné Fedor qu'il a déclaré que Holbein le Jeune était un peintre et un créateur de premier ordre. En règle générale, on voit toujours Jésus-Christ peint après sa mort avec tout le visage torturé et souffrant ; mais son corps, quant à lui, ne porte nulle trace de douleur et de souffrance... quoique, bien entendu, il ait dû les avoir. Mais ici, le corps tout entier apparaît émacié, les côtes et les os sont visibles, les mains et les pieds couverts de plaies, entièrement bleus et gonflés, comme un cadavre bavant la décomposition. Le visage lui-même est affreusement déchirant ; les yeux sont encore à moitié ouverts, mais sans aucune expression et ils ne donnent pas l'impression de voir. Le nez, la bouche et le menton sont tout bleus ; le tableau ressemble si étonnamment à une véritable dépouille que je n'aimerais pas rester seule avec lui dans une pièce... Fedor, cependant, a été complètement subjugué par lui, et il était si désireux de le voir de près qu'il est monté sur une chaise (...).

Auteur: Frank J.

Info: Dostoïevski, les années miraculeuses, Actes Sud, p. 319 sur, Le Christ mort, de Holbein

[ Dostoïevski ]

 

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distraction

On dit que Sir Isaac Newton lisait un jour Troïlus et Cressida à la jeune fille qui devait être sa femme. Il ferma un moment le volume pour bourrer et allumer sa pipe. Il tira quelques bouffées de tabac, s'arrêta quelques secondes, remit sa pipe à la bouche et se rapprocha de la jeune fille.
Il y eut une pause embarrassante de plusieurs minutes. Sir Isaac devenait de plus en plus troublé. Évidemment, il allait faire sa déclaration. La jeune fille baissa les yeux en rougissant. Le philosophe se mit à fumer avec un redoublement d'ardeur, et, saisissant la main de sa maîtresse, il l'approcha de son coeur. La jeune fille troublée n'offrit aucune résistance. On touchait au moment solennel.
Sir Isaac serra cette douce main, tout en continuant à regarder vaguement les nuages de fumée qui montaient en spirales, puis il saisit l'index de la jeune fille et l'introduisit à différentes reprises dans le fourneau de sa pipe, en pressant sur le tabac.
Dans sa distraction, le philosophé s'était servi du doigt de sa maîtresse comme d'un bourre-pipe !
La demoiselle poussa un cri de douleur, dégagea sa main et s'enfuit à la hâte. Elle ne paraît pas avoir gardé rancune à Newton, puisque plus tard elle devint sa femme.

Auteur: Dufresny Charles

Info: in le Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères d'Edmond Guerard

[ courtiser ] [ couple ]

 

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civilisation

Je ne suis pas d'accord concernant cette volonté d'immortalité (quel ennui pour beaucoup, à la longue...) qui serait le moteur de la progression humaine. Je crois sincèrement que nous sommes encore des singes - placé pour le savoir - qui fonctionnent encore et toujours avec des réflexes de peur instinctif vis à vis des choses incompréhensibles ou peu claires, la mort bien sûr, mais surtout la souffrance. Que cette recherche du confort et de l'éloignement de la douleur nous aient conduit à durer plus longtemps soit une progression de la race je n'en suis pas certain. Je peux observer toutes les personnes âgées qui "trainent" littéralement leurs fins de vie, processus qui n'est pas près de s'arrêter, surtout chez nous en Suisse où le niveau de vie permet de constater la part absurde (économique et humaine) de la chose. Pour pousser plus loin je dirai que nous autres judéo-chrétiens, en plus de nos habitudes avides, maintenant auto générées par les arguments pousse-à-jouir de la société de consommation, sommes probablement beaucoup trop centrés sur l'homme, qui n'est qu'une toute petite partie d'un processus global. Ethnocentrisme compulsif qu'on retrouve, j'en ai peur, chez la majorité des individus, surtout jeunes. Nous avons beaucoup à apprendre et à réfléchir sur nos habitudes et notre niveau de vie.

Auteur: MG

Info: oct 2008

[ religion ]

 

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enfanter

Et regardons les choses en face les gars, personne n'est jamais honnête en ce qui concerne la naissance d'un enfant. Pas même votre mère. "C'est une douleur qu'on oublie une fois que le petit bébé est dans tes bras." Conneries. J'APPELLE ÇA DES CONNERIES. Tout ami, cousin ou inconnu fouineur qui te dit à l'épicerie que ce n'est pas si terrible est un menteur, un sac à merde. Ton vagin a à peu près la taille de la circonférence d'un pénis. Il doit s'étirer, s'ouvrir et se transformer en une grotte à chauve-souris géante pour que l'humain suceur de vie que t'as fait grandir pendant neuf mois puisse en sortir, hargneux et toutes griffes dehors. Quelle personne saine d'esprit ferait ça de son plein gré ?  Voilà qu'un jour, t'es en train de te promener et tu te dis : "Tu sais, je pense qu'il est temps que je transforme mon vagin en un Arby's Beef and Cheddar (sans le cheddar) et que je me mette en selle pour me dévouer au minimum dix-huit ans pour quelqu'un qui va me sucer tant l'âme que la volonté de vivre vraiment dans mon corps, bref décider de ne plus être que la  coquille de la personne que j'étais, sans pouvoir plus baiser même si je paie pour."

Auteur: Sivec Tara

Info: Seduction and Snacks

[ dénigrement ] [ pensée-de-femme ] [ accoucher ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

désidentification

Comme il n’y a aucun problème dans le moment présent, il n’y a pas de maladie non plus. Quand quelqu’un adopte une croyance vis-à-vis de votre état et vous colle ainsi une étiquette sur le dos, celle-ci amène l’état à s’installer pour de bon, lui donne du pouvoir et fait d’un déséquilibre temporaire une réalité apparemment immuable. La croyance confère non seulement réalité et consistance à la maladie, mais aussi une continuité temporelle qu’elle n’avait pas auparavant. En vous concentrant sur l’instant et en vous retenant de l’étiqueter mentalement, la maladie est réduite à un ou à plusieurs des facteurs suivants : la douleur physique, la faiblesse, l’inconfort ou l’invalidité. C’est ce face à quoi vous lâchez prise maintenant, et non pas à l’idée de la maladie. Permettez à la souffrance de vous ramener de force dans le "maintenant" dans un état d’intense et consciente présence. Utilisez-la pour arriver à l’éveil.
[…] Etes-vous gravement malade et ce que je viens de dire vous met-il en colère ? Alors, c’est le signe flagrant que votre maladie a fini par faire partie du sens que vous avez de vous-même et que vous protégez votre identité, en même temps que vous protégez votre maladie. La circonstance qui porte l’étiquette "maladie" n’a rien à voir avec ce que vous êtes vraiment.

Auteur: Tolle Eckhart

Info: Dans "Le pouvoir du moment présent" pages 234-235

[ croyance performative ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

marchandisation

Ce sont de bien tristes conditions littéraires où se débattent les écrivains d'aujourd'hui... Une presse odieusement mercantile qui a transformé notre production intellectuelle en objet de réclame et qui force le génie pauvre à passer, les mains pleines d'or, à ses comptoirs... une critique indifférente ou enchaînée... un public ignorant qui ne sait vers qui aller et qui, naturellement, instinctivement, va vers tout ce qui est stupide ou abject... C'est plus qu'il n'en faut pour la protection des médiocres, et la défaite des talents... Et puis, il faut bien le dire, les écrivains sont trop nombreux. La mêlée est compacte, dure, égoïste. On n'y entend pas les cris de douleurs, les appels désespérés couverts par les hurlements de tous. Chacun pour soi. On ne se connaît pas ; on n'a pas le temps. On n'a le temps que de songer à ses intérêts, à sa réclame, à sa vie si disputée. Il paraît trop de livres, et les mauvaises herbes que personne n'arrache, et qui jettent à tous les vents leurs pullulantes graines, étouffent les belles fleurs poussées à leur ombre mortelle !... Heureux encore, quand, parmi les cimetières d'oeuvres mortes, une, de temps en temps, survit et finit par graver, sur la pierre dure de l'immortalité, un nom cher et glorieux comme celui de Jean Lombard !

Auteur: Mirbeau Octave

Info: In : préface de L'Agonie de Jean Lombard

[ décadence ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

hypothèse

Les anorexiques sont souvent des jeunes filles […] ayant une perception aiguë des êtres et des choses, "prises" littéralement dans une faim qu’aucune nourriture ne pourra jamais assouvir. La faim, c’est la faim de l’Autre. D’un autre qui n’a pas été là pour vous apprendre à dire "je" et "tu", un autre dont l’indifférence, la cruauté ou l’état dépressif les a plongées bébé dans la prostration ou la sidération (l’évitement de la dépendance). Or la maîtrise que leur donne le fait de ne pas manger ou de se faire vomir […] est préférée au fait de supporter le poids de cette attente d’amour rendue vaine, parce que cela leur donne un pouvoir imaginaire. Le pouvoir fait comme si c’étaient elles qui ne voulaient pas de l’amour maternel, et non l’inverse. Alors qu’en réalité, elles vivent dans l’enfer quotidien de leurs crises l’impossible coupure du lien ombilical. Il faut un certain deuil en direction de la douleur et du manque pour inventer une figure autour de ce vide, de cette absence. C’est une réinvention du monde, semblable à celle que rencontre l’artiste dans son travail quotidien avec la matière, que demande le travail de guérison de ces jeunes femmes dont la faim ne pourra être assumée comme telle qu’à se reconnaître pour ce qu’elle est : sexuelle, mais aussi spirituelle.

Auteur: Dufourmantelle Anne

Info: Dans "La sauvagerie maternelle", pages 129-130

[ explication ] [ symptôme ] [ trouble du comportement alimentaire ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

déclaration d'amour

Avec le même amour que tu me fus jadis
Avec le même amour que tu me fus jadis
Un jardin de splendeur dont les mouvants taillis
Ombraient les longs gazons et les roses dociles,
Tu m'es en ces temps noirs un calme et sûr asile.

Tout s'y concentre, et ta ferveur et ta clarté
Et tes gestes groupant les fleurs de ta bonté,
Mais tout y est serré dans une paix profonde
Contre les vents aigus trouant l'hiver du monde.

Mon bonheur s'y réchauffe en tes bras repliés
Tes jolis mots naïfs et familiers,
Chantent toujours, aussi charmants à mon oreille
Qu'aux temps des lilas blancs et des rouges groseilles.

Ta bonne humeur allègre et claire, oh ! je la sens
Triompher jour à jour de la douleur des ans,
Et tu souris toi-même aux fils d'argent qui glissent
Leur onduleux réseau parmi tes cheveux lisses.

Quant ta tête s'incline à mon baiser profond,
Que m'importe que des rides marquent ton front
Et que tes mains se sillonnent de veines dures
Alors que je les tiens entre mes deux mains sûres !

Tu ne te plains jamais et tu crois fermement
Que rien de vrai ne meurt quand on s'aime dûment,
Et que le feu vivant dont se nourrit notre âme
Consume jusqu'au deuil pour en grandir sa flamme.

Auteur: Verhaeren Émile

Info: Recueil : Les heures du soir

[ poème ]

 

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infantilisation

La guerre que mène le monde moderne contre de multiples différenciations (celles qui opposent les sexes, les âges, les espèces, etc.) est une guerre contre le passé du monde en tant qu'ensemble de conflits nés précisément de toutes ces différenciations et sources de douleurs. En éradiquant ces différences au nom de l'avenir radieux, on crée un type d'individu nouveau totalement désarmé, réinfantilisé, dépendant, flexible comme on dit aujourd'hui, prêt à croire n'importe quelle imbécillité, par exemple qu'Internet c'est le paradis sur la terre ou que se déplacer sur des roulettes est une manière d'atteindre un stade de félicité quasi totale, en somme en état de sidération devant le nouveau monde. C'est à cela que vise l'éloge permanent, et sur tous les plans, de l'indifférenciation. J'ajoute que même si cette indifférenciation a des "chefs d'orchestre" mondiaux, elle n'est pas pour autant imposée aux populations, bien au contraire. Celles-ci en demandent et en redemandent. La métaphore complète de cette situation, c'est ce que j'appelle la nouvelle civilisation hyperfestive, laquelle procède de l'abolition de l'ancienne distinction entre temps festif et temps non festif, et cette abolition me semble programmative de toutes les autres abolitions de différences, de toutes les autres transgressions de frontières, mélanges de genres et renversements de tabous (évidemment hérités, selon la vulgate gâteuse de l'époque, de la morale judéo-chrétienne).

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels III", page 292

[ individu-collectif ] [ aplanissement ] [ centralisme mou ] [ indifférenciation égalitariste ] [ politiquement fédérateur ]

 

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rejetés

Rassemblez-vous des enfants dans un collège ? Cette image en raccourci de la société, mais image d’autant plus vraie qu’elle est plus naïve et plus franche, vous offre toujours de pauvres ilotes, créatures de souffrance et de douleur, incessamment placées entre le mépris et la pitié : l’Évangile leur promet le ciel.

Descendez-vous plus bas sur l’échelle des êtres organisés ? Si quelque volatile est endolori parmi ceux d’une basse-cour, les autres le poursuivent à coups de bec, le plument et l’assassinent.

Fidèle à cette charte de l’égoïsme, le monde prodigue ses rigueurs aux misères assez hardies pour venir affronter ses fêtes, pour chagriner ses plaisirs. Quiconque souffre de corps ou d’âme, manque d’argent ou de pouvoir, est un Paria. Qu’il reste dans son désert ; s’il en franchit les limites, il trouve partout l’hiver : froideur de regards, froideur de manières, de paroles, de cœur ; heureux, s’il ne récolte pas l’insulte là où pour lui devait éclore une consolation. Mourants, restez sur vos lits désertés. Vieillards, soyez seuls à vos froids foyers. Pauvres filles sans dot, gelez et brûlez dans vos greniers solitaires.

Si le monde tolère un malheur, n’est-ce pas pour le façonner à son usage, en tirer profit, le bâter, lui mettre un mors, une housse, le monter, en faire une joie ?

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Dans "La peau de chagrin", Librairie générale française, 1984, page 324

[ laissés-pour-compte ] [ forts-faibles ] [ acharnement ] [ endurance ]

 

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