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nature

Il pleuvait encore légèrement, mais, avec l'insaisissable soudaineté d'un ange, un arc-en-ciel avait déjà fait son apparition. Il demeura suspendu au-dessus du champ moissonné en un langoureux étonnement de lui-même, rosâtre et vert avec une effusion violacée le long de sa lèvre intérieure, dominant l'orée d'un bois lointain dont il laissait transparaître une partie frémissante. Des flèches de pluie égarées qui avaient perdu à la fois le rythme et le poids et la capacité de faire le moindre bruit, étincelaient à l'aventure, ici et là, dans le soleil. Là-haut, dans le ciel lavé par la pluie, de derrière un nuage noir comme un corbeau, se dégageait un nuage d'une ravissante blancheur qui brillait de tous les détails d'un moulage, monstrueusement compliqué.

Auteur: Nabokov Vladimir

Info: Le don, Gallimard, Collection Folio n°2340, 1992, p.119

[ littérature ]

 

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prière

[…] le Te Deum fut, s’il est permis de s’exprimer ainsi, improvisé à Milan par les deux grands et saints docteurs saint Ambroise et saint Augustin, dans un transport de ferveur religieuse ; opinion qui n’a rien que de très probable. En effet, ce cantique inimitable, conservé, traduit par votre église et par les communions protestantes, ne présente pas la plus légère trace du travail et de la méditation, n'est point une composition : c’est une effusion ; c’est une poésie brûlante, affranchie de tout mètre ; c’est un dithyrambe divin où l’enthousiasme, volant de ses propres ailes, méprise toutes les ressources de l’art. Je doute que la foi, l’amour, la reconnaissance, aient parlé jamais de langage plus vrai et plus pénétrant.

Auteur: Maistre Joseph de

Info: Dans "Les soirées de Saint Petersbourg", 1836, Premier entretien, page 49

[ éloge ] [ admiration ] [ origine ] [ christianisme ] [ catholicisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cinéma hollywoodien

Paradoxalement, l’ours d’Annaud [dans L'Ours] ou le dauphin de Besson [dans Le Grand bleu], qui ont l’air de plaider pour les grands espaces de la Nature indomptable, sont parfaitement en phase, par exemple, avec cette mode du cocooning (on reste chez soi, dans son "cocon", pour mieux développer son karma) qui fait fureur en ce moment aux Etats-Unis. C’est donc très américain, tout ça. Très écologique. Très "Verts". Très Greenpeace. Très "forêt primitive". L’enjeu est toujours le même : il s’agit de vous intimider assez profondément, vous et votre foutue manie critique d’Occidental doutant, dissolvant, trop cérébral donc négatif, pour vous ramener dans la communauté approuvante par des effusions floues, et vous réconcilier avec la germination universelle en éternel retour. Sentiment contre raison. Et musique ! Les prétentions de l’individu ne sont-elles pas intolérables au regard des exigences de ce qui le dépasse de tous côtés, protoplasme germinatif, espèce, immensité, océans et le bataclan ? 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 405

[ greenwashing ] [ critique ] [ sentiments mièvres ] [ new age ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

eau

L'eau. Si on se glisse en elle sans la déranger, elle approuve, elle aime, elle s'enroule au corps, l'emporte et sourit avec lui.
Pour peu qu'on la frappe, qu'on la force, elle réplique immédiatement avec une énergie incroyable.
Au jeu de la violence, c'est elle qui l'emporte.
L'eau surenchérit.
Elle ne cède qu'à l'effusion onctueuse.

Et d'ailleurs, son nom le disait déjà, mais c'était de façon si discrète qu'on n'entendait pas.

Je dis bien, je répète: Eau. A-t-on jamais vu, lu, manipulé un mot semblable? un mot juste fait de son eau. Un mot d'eau imprenable, impossible à mordre, à cogner contre les dents, inodore et sans saveur, glissant entre les doigts.
J'écris _eau_. E. A. U.
Oh, ça alors...

Nulle consonne où agripper le mot, pas plus que la chose. (...)

Eau sans prise aucune.
Eau qui ne connaît que la déprise. De soi en elle, au travers d'elle.
Eau qui ne commence ni ne finit, me révélant mon indéfinité accordée à la sienne.

Auteur: Leclerc Annie

Info: Eloge de la nage

[ aqua simplex ]

 

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musique

Martha Argerich parle mieux que personne de Chopin. Martha Argerich nous restitue Chopin dans sa vérité : viril, dur, net, et d'autant plus profond : on abandonne les mièvreries, les effleurements maniérés du clavier, les effusions au miel, les tempi languides, les déhanchements outrés et autres chichis de chochottes aux pianistes pour coiffeurs sensibles, décorateurs de vitrines ou visagistes, on laisse les effets de rubato à la pédale aux pianistes pour pédales ! [...] Les qui veulent de la sucrerie et du larmoyant, du Chopin sanglotant et dégoulinant de mélasse, faites pas chier ! Vous nous laissez entre mélomanes avertis, et vous, vous courez vous scotcher devant votre télé : chance ! c'est Jacques Chancel ! Vous avez remarqué qu'au Grand Echiquier, il y a toujours, toujours, toujours un pianiste virtuose ou prétendu tel, en smoking blanc, larges revers de satin blanc pailleté, pattes d'ef et noeud pap géant qui massacre allègrement un nocturne ou un prélude de Chopin, le noie sous le sirop d'orgeat, le sucre candi, la guimauve, la chantilly, l'interprète, ce nocturne ou ce prélude, comme s'il s'agissait de l'arrangement d'un tube balnéaire de l'été ? Tout ce que vous aimez !

Auteur: Léger Jack-Alain

Info: Zanzaro circus : Windows du passé surgies de l'oubli

[ classique ] [ romantisme ]

 

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portrait

Marie de Galilée, lascive et inspirée,
Les hommes de ton époque t'ont souvent reproché,
D'avoir mené ta vie dans la sensualité.

Ta quête est restée pure parce que ton cœur l’était,
Dans l’amour sans mesure où tu t’abandonnais,
Et les plaisirs du corps où tu te complaisais.

L’Éros sans l’Agapé est toujours versatile,
La plénitude approche ; s’enfuit le temps d’après,
L’amertume revient comme loi de gravité.

Ton âme fut enflammée quand te fut révélée
Le visage de celui que tant tu espérais ;
On l’appelait Jésus, prophète de Nazareth.

Tu l’as accompagné en servante fidèle,
L’as drapé tendrement de tes cheveux de jais,
Et chanté sa louange de ta bouche vermeille.

Lorsque fut sacrifié ton bien-aimé sauveur
Ton cœur fut crucifié, son sang était ses pleurs,
Tu l’avais tant cherché, déjà il te quittait.

Il est resté vivant dans ton for intérieur,
Ressuscité des morts, victorieux à jamais,
Et tu fus la première à porter la nouvelle.

Le sauveur de ton âme et de l’humanité
T’avait sortie du gouffre préfigurant l’enfer,
Tu étais délivrée en esprit et en chair.

La vie transfigurée devait inaugurer
Ta dévotion future au souvenir vivant
De l’éternel amant de ton âme et ton cœur,

Marie de Galilée, ton nom soit glorifié.

Auteur: Fossat Simon

Info: Dans "Poèmes de l'asphalte", pages 67-69

[ effusion ] [ amoureuse ] [ post-catholicisme ]

 

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totem et tabou

Ce coupable du mal, qui met la communauté en danger, à son insu peut-être, il faut le débusquer. Les animaux politiques, malades de la crise, se réunissent donc pour confesser leurs fautes et trouver le coupable - fût-ce le baudet, le bouc, le taureau, le cheval ou le premier venu – afin de le sacrifier (de le "faire sacré"), et d’apaiser la colère du ciel. Car, dit ce vieux salaud de Caïphe, le sacrificateur, "il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, plutôt que la nation entière périsse." (Jean. Ch. 11, v.48, 51) On sait la suite. Le sacrifice unanime de la victime émissaire, son effusion de sang, purge, purifie la communauté de ses maux et fautes. Vient le moment où saisie de remord et de culpabilité, elle s’écrie d’une voix, "nous avons tué un dieu !" Ou, "brûlé une sainte !" Ou, "pendu un innocent !" Cette révélation prend souvent du temps. Elle travaille la communauté au fur et à mesure de la répétition du lynchage primitif, transformé en rite religieux (qui relie). Un rite de gratitude et d’adoration envers le dieu caché dans la victime, qui par sa mort a fait que tous vivent. Ensemble et en paix. Alors naît le culte du Loup, cette fierté d’appartenir à la meute, d’en être reconnu membre et de chasser avec.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/je_hurle_avec_les_loups.pdf

[ chasse au loup ] [ ambivalence ]

 
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couple

L'amour est masochiste. Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d'angoisse des amants, cet état d'attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces mille inquiétudes au sujet de l'absence de l'être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d'humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l'amour-propre sont en jeu, l'honneur, l'éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l'imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillent et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu'à la complète inhibition, la complète annihilation de l'âme, jusqu'à l'atonie des sens, jusqu'à l'épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu'à la sécheresse du coeur, ce besoin d'anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d'effusion, d'adoration, de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l'hyper irritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l'amour d'après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d'une main sûre le tableau clinique du masochisme ?

Auteur: Cendrars Blaise

Info: Moravagine, p.61, Livre de Poche, no 275, Paris, 1960

[ voyage ]

 

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