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capitalisme

En Inde, Gandhi n'était pas le seul à dénoncer cette "vaste entreprise de pourvoyeurs" qu'est devenue la civilisation, tout entière occupée à maintenir "des festins permanents à une population de gloutons" qui, pour mieux s'empiffrer, sèment la mort autour d'eux. "Une civilisation animée d'un appétit anormal doit faire d'innombrables victimes pour subsister, et ces victimes se trouveront dans les parties du monde où la chair humaine ne vaut pas lourd. Le bonheur des populations en Afrique et en Asie est sacrifié pour fournir aux caprices de la mode une suite sans fin de respectables déchets." Dans sa critique de l'égoïsme des peuples riches, Tagore, par la même occasion, fait le procès du fonctionnement même des sociétés occidentales où la cupidité se développe sans contrôle, encouragée, voire admirée, tandis que le système laisse ses nombreuses victimes sur les bas-côtés de la route : "Ce qui en Occident se nomme démocratie... ressemble à quelque éléphant, destiné uniquement aux promenades et aux amusements des plus habiles et des plus riches." Encore une fois, c'est l'esprit de profit qui est accusé. Pas plus que Gandhi, il ne croyait l'Occident en possession de la "vraie" civilisation ("Je ne m'oppose pas au progrès, mais si, par amour pour lui, la civilisation doit vendre son âme, je préfère demeurer dans l'état primitif").

Auteur: Jordis Christine

Info: Gandhi

[ nord-sud ] [ colonialisme ]

 

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renversement

Le chamanisme est un mode d'action qui implique un mode de connaissance, ou plutôt un certain idéal de connaissance. A certains égards, cet idéal est diamétralement opposé à l'épistémologie objectiviste encouragée par la modernité occidentale. Le telos* de cette dernière est fourni par la catégorie de l'objet : connaître, c'est objectiver en distinguant ce qui est intrinsèque à l'objet et ce qui appartient au contraire au sujet connaissant, projeté inévitablement et illégitimement sur l'objet. Connaître, c'est donc désubjectiver, rendre explicite la part du sujet présente dans l'objet pour la réduire à un minimum idéal (et/ou l'amplifier en vue d'obtenir des effets critiques spectaculaires). Les sujets, tout comme les objets, sont considérés comme les résultats d'un processus d'objectivation : le sujet se constitue ou se reconnaît dans l'objet qu'il produit, et se connaît objectivement lorsqu'il parvient à se voir "de l'extérieur" comme une chose. Notre jeu épistémologique est donc l'objectivation ; ce qui n'a pas été objectivé reste simplement abstrait ou irréel. La forme de l'Autre est la chose.

Le chamanisme amérindien est guidé par l'idéal inverse : connaître, c'est "personnifier", prendre le point de vue de ce qu'il faut connaître ou plutôt de celui qu'il faut connaître. Il s'agit de connaître, selon l'expression de Guimaraes Rosa, "le qui des choses", sans lequel il ne serait pas possible de répondre intelligemment à la question du "pourquoi". La forme de l'Autre est la personne.

Auteur: Viveiros de Castro Eduardo

Info: Métaphysique cannibale. *objet ou but ultime

[ mystique dématérialisante ] [ inversion ] [ secondéïtés révélées ] [ subjectivisme ]

 

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islam

L'Occident est également très redevable de la science arabe, surtout celle qui a rayonné entre les VIIIe et XIVe siècles. Il lui doit non seulement la traduction d'ouvrages scientifiques de la Grèce antique, mais aussi des découvertes et inventions remarquables encouragées par des khalifes tels que Harun-al-Rachid et Al-Ma'mun qui vécurent au IXe siècle. Grâce à Al-Birumi, Al-Sufi Ibn Yunnus parmi d'autres, l'astronomie fait à cette époque des progrès considérables. Le grand mathématicien Al-Khawarizmi (à l'origine du mot "algorithme"), peut être considéré comme le père de l'algèbre (Al-Jabr en arabe). Le travail de ce savant s'appuie sur une longue tradition qui puise ses origines dans les mathématiques babyloniennes, grecques, hébraïques et indiennes. L'introduction de chiffres arabes (eux-mêmes d'origine indienne) a débloqué une arithmétique qui stagnait depuis Euclide. La trigonométrie et la géométrie font des percées décisives grâce à Ibn Rushd (plus connu sous le nom d'Averroès), Al-Battani et Al-Khayyami. La médecine n'est pas non plus en reste notamment avec Avicenne ("le Galien de l'Islam"), Maïmonide (juif espagnol de culture arabe, médecin de Saladin et auteur d'une dizaine de livres), Al-Nafis (spécialiste de la circulation pulmonaire) et Ibn-Al-Quff (auteur d'un traité de chirurgie). [...] Pourquoi l'Europe, si prompte à reconnaître l'héritage de la culture scientifique de la Grèce antique, est-elle donc si réticente à admettre que la civilisation musulmane a largement contribué au patrimoine scientifique de l'humanité sans laquelle elle n'aurait pu se développer ?

Auteur: Girod Michel

Info: Penser le racisme, Calmann-Levy, 2004, pages 101-102

[ histoire ] [ sciences ]

 

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psycho-sociologie

C'est ici que la culture entre en jeu, dans l'image de ce moi idéalisé qui peut prospérer dans le monde des prises de contrôle par emprunt. Cette personne idéalisée se dérobe à toute dépendance ; elle ne s'accroche pas à d'autres. Les réformateurs de l'État-providence craignent qu'il ait encouragé la dépendance institutionnalisée : précisément ce qu'espérait Bismarck. En lieu et place de la vie institutionnelle, les réformateurs veulent notoirement plus d'initiative individuelle et d'esprit d'entreprise : des coupons pour l'éducation, des comptes d'épargne individuels pour la vieillesse et les soins médicaux. Autrement dit, chacun devrait gérer sa couverture sociale comme un service commercial.

Il est trompeur d'assimiler la peur de la dépendance à l'individualisme pur et simple. Dans le monde des nouvelles affaires, ceux qui prospèrent ont besoin d'un réseau serré de contacts sociaux ; si des cités globales se forment, c'est, entre autres raisons, qu'elles offrent un territoire local pour le networking (travail en réseau) en face-à-face. Les gens qui ne sont rattachés aux organisations que par ordinateur, qu'ils travaillent chez eux ou se retrouvent seuls sur le terrain, ont tendance à se marginaliser, parce que leur manquent ces contacts informels que l'on appelle parfois des "refroidisseurs".

La peur de la dépendance désigne plutôt la crainte de ne plus être maître de soi et, sur un plan plus psychologique, la honte de se retrouver à la merci des autres. Un des grands paradoxe du modèle de la nouvelle économie est qu'en faisant voler en éclats la cage de fer elle n'a réussi qu'à réintroduire ces nouveaux traumas sociaux et émotionnels dans une nouvelle forme institutionnelle.

Auteur: Sennett Richard

Info: La culture du nouveau capitalisme, p 45

[ post-capitalisme ]

 

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culture

L'étude des textes ne peut jamais être assez recommandée ; c'est le chemin le plus court, le plus sûr et le plus agréable pour tout genre d'érudition ; ayez les choses de première main ; puisez à la source ; maniez, remaniez le texte ; apprenez-le de mémoire ; citez-le dans les occasions ; songez surtout à en pénétrer le sens dans toute son étendue et dans ses circonstances ; conciliez un auteur original, ajustez ses principes, tirez vous-même les conclusions ; les premiers commentateurs se sont trouvés dans le cas où je désire que vous soyez : n'empruntez leurs lumières, et ne suivez leurs vues, qu'où les vôtres seraient trop courtes ; leurs explications ne sont pas à vous, et peuvent aisément vous échapper ; vos observations au contraire naissent de votre esprit et y demeurent, vous les retrouverez plus ordinairement dans la conversation, dans la consultation et dans la dispute. Ayez le plaisir de voir que vous n'êtes arrêté dans la lecture que par les difficultés qui sont invincibles, où les commentateurs et les scoliastes eux-mêmes demeurent courts, si fertiles d'ailleurs, si abondants et si chargés d'une vaine et fastueuse érudition dans les endroits clairs, et qui ne font de peine ni à eux ni aux autres. Achevez ainsi de vous convaincre par cette méthode d'étudier, que c'est la paresse des hommes qui a encouragé le pédantisme à grossir plutôt qu'à enrichir les bibliothèques, à faire périr le texte sous le poids des commentaires ; et qu'elle a en cela agi contre soi-même et contre ses plus chers intérêts, en multipliant les lectures, les recherches et le travail qu'elle cherchait à éviter.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères/Oeuvres/la Pléiade/Gallimard 1951, p.430 XV, 72

[ curiosité ] [ littérature ]

 

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reines de beauté

[Un samedi soir, le comité syndical organise pour les jeunes travailleurs une soirée ayant pour thème l'élection de "Miss Usine". Mais pour les vigilants activistes, aucun divertissement ne peut avoir lieu sans une finalité éducative, voire idéologique.]

Devant les trognes de tartuffe d'un jury pesamment sérieux, rafraîchi par quelques jeunes qui, au milieu de petites vieilles et de vieux gâteux, avaient l'impression de se trouver comme des gamins au premier jour de maternelle, se succédèrent, à tour de rôle, lentement, avec une certaine grâce, d'authentiques beautés, des jambes sculpturales et les seins d'albâtre, des rousses minces, frêles, aux regards innocents comme ceux des veaux nouveau-nées, des hanches solides, prolétaires, et des jambes charnues, des regards simulant le désarroi ou l'innocence et des salopes à l'air monacal, accompagnées d'un délire d'applaudissements, sifflées et encouragées par leurs connaissances, venues nombreuses, des blondes évaporées et des brunes pécheresses, toutes invitées en chœur à venir dans divers bistrots à la réputation douteuse : "la rousse numéro dix à La Grenouille verte ! ; la rouquine numéro cinq à La Mégère magnifique ! ; la deux au Canonnier ! ; la trois au Porte-Jarretelle rouge ! ; nous fournissons la bière, toi, viens avec ce que tu as de mieux !", ce qui énervait de plus en plus le jury. À la fin, sur le grand nombre de candidates, quatre remportèrent à peu près autant de points. Le jury s'était retiré dans une pièce attenante pour formuler des questions de manière à les départager, les goûts étant tellement divers, la simple beauté n'était pas suffisante pour devenir Miss. Et tandis que Jomo incontournable et insouciant comme toujours installait sa chaise au milieu de la scène, pour pleurer de nouveaux avec son chant et sa guitare les chevaux innocents en si grand nombre sacrifiés en l'honneur de l'apparition des tracteurs, les candidates passaient au second plan, se tenaient grelottantes et malheureuses derrière lui, abandonnées provisoirement même de leurs admirateurs ; la voix de Jomo, claire, puissante dominait la salle, réveillant dans le public des souffrances sans nom, une étrange envie de pleurer, à telle enseigne que la réapparition du jury fut accueillie par des sifflets et des huées ; c'est Jomo qu'ils voulaient, mais celui-ci quitta la scène l'air soumis et absent, laissant aux belles, tirées brusquement de leur torpeur, les applaudissements qui n'en finissaient plus.

Auteur: Buzura Augustin

Info: Vocile nopții, traduit du roumain par Guy Hoedts

[ prolétaires ] [ défilé ] [ spectacles mélangés ] [ malentendu ] [ musique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

atemporalité

Interrogé sur l’Atlantide, Bergier avait lancé l’hypothèse qu’il ne s’agissait pas d’une civilisation disparue dans le passé mais d’un "ressac du futur", d’un mythe en quelque sorte prémonitoire. Le temps est la grande énigme. Nous le constatons par le vieillissement, que ce soit l’usure des choses ou celle de notre propre corps, en d’autres termes par des phénomènes irréversibles et nous le repérons par des phénomènes périodiques comme l’alternance du jour et de la nuit, qu’il suffit de compter. Ainsi, dans le Poème de la création qui ouvre le livre biblique de la Genèse, chaque étape est scandée par le vers "Il y eut un soir, il y eut un matin", suivi du numéro du "jour" qui vient de s’achever. A l’échelle où se produisent généralement les phénomènes quantiques, il est battu en brèche car pratiquement toutes les équations qui les décrivent sont réversibles sur le temps. Olivier Costa de Beauregard en a tiré comme conséquence l’existence de "potentiels avancés" (comme on dit qu’une montre avance) où la cause se produit dans le futur et l’effet dans le passé. Richard Feynman, autre prix Nobel, considère le positon, l’électron dont la charge électrique est positive et qui joue dans l’antimatière le même rôle que l’électron à charge négative dans notre matière, il considère donc ce positon comme un électron qui remonte le temps. Il doit cette idée à son maître, John Archibald Wheeler, qui l’a encouragé à la développer sous forme de diagrammes pédagogiques.
Dans ce diagramme, l’un des plus simples de Feynman, on lit que la rencontre d’un positon e+ et d’un électron e- les annihile tous les deux en un jet de lumière représenté par l’onde γ, donc un photon. Au bout du processus, on retrouvera un positon et un électron émis à partir de la lumière. Le temps ordinaire, celui des pendules, se lit ici de la gauche vers la droite comme notre écriture. On voit que les petites flèches qui symbolisent les particules qui interagissent (e+ et e-) sont inversées : le positon semble s’éloigner du point de rencontre et se précipiter vers le point d’émission en remontant le temps tandis que l’électron se comporte comme n’importe quel objet de notre monde, va vers la rencontre et s’éloigne du point d’émission. Bien sûr, il faudrait mettre des guillemets partout, ce sont presque des métaphores de ce qui se passe vraiment mais ces métaphores sont parlantes.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle"

[ rétrocausalité ] [ physique quantique ] [ inversion du temps ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

instinct

Réflexes automatiques
La plupart de nos expériences "venant des tripes", telles qu'aimer instantanément - ou détester de suite par jugement lors de la rencontre d'une personne nouvelle sont bonnes. Des chercheurs de Leeds prétendent que ces sentiments - ou intuitions - sont vrais et que nous devrions les prendre au sérieux.
Selon le team mené par le professeur Gerard Hodgkinson du Centre for Organisational Strategy, Learning and Change at Leeds University Business School, l'intuition est le résultat de la manière dont notre cerveau traite et recherche l'information à un niveau subconscient. C’est donc un vrai phénomène psychologique qui nécessite davantage d'étude pour nous aider à améliorer son potentiel.
On a recensé beaucoup de cas où l'intuition a empêché des catastrophes, tout comme certains cas de rétablissements remarquables lorsque les médecins ont suivi leurs sentiments intuitifs. Pourtant, historiquement, la science a toujours ridiculisé le concept de l'intuition, le mettant dans la même boîte que la parapsychologie, la phrénologie et autres pratiques pseudo scientifiques.
Par l'analyse d'un éventail de documents de recherches examinant ce phénomène, les chercheurs concluent que l’intuition vient de ce que le cerveau, s'appuyant sur des expériences antérieures ainsi que sur des signes externes, prend une décision si rapidement que cette réaction est à un niveau non-conscient. Tout ce dont nous nous rendons compte c'est un sentiment général comme quoi ce quelque chose est exact ou erroné.
"Les gens expérimentent habituellement cette intuition vraie quand ils sont sous une forte pression ou dans une situation de la surcharge d'information ou de danger est aigu, ainsi l'analyse consciente de la situation peut être difficile ou impossible" dit le prof. Hodgkinson.
Il cite ce cas d'un conducteur de formule un qui freina brusquement en arrivant dans une courbe resserrée sans savoir pourquoi – qui, par conséquence a évité la collision avec des voitures arrêtées sur la voie, sauvant probablement sa vie.
"Le conducteur n’a pas pu expliquer pourquoi il a senti qu'il devrait s'arrêter, mais cette intuition fut beaucoup plus forte que son désir de gagner la course," dit le prof Hodgkinson."Il a subi l'analyse de psychologues après, où il lui a été montré la vidéo de l'événement afin de revivre mentalement. Rétrospectivement il s'est rendu compte que la foule, qui normalement l'aurait encouragé, ne le regardait pas mais regardait de l'autre côté de manière statique. C'était la cause. Il ne l'avait pas consciemment traitée, mais il avait vu que quelque chose s'était passé."
Hodgkinson pense que toutes les expériences intuitives se basent sur l'évaluation instantanée de tel ou telle sélection d’informations, externes ou internes - mais sans spéculer quand a savoir si ces décisions intuitives sont nécessairement les bonnes.
"Les humains ont clairement besoin de processus de pensée conscients et non-conscients, mais comment savoir si l’un ou l’autre est intrinsèquement `meilleur 'que l'autre." dit-il.

Auteur: Internet

Info: British Journal of Psychology, 2005, via Fortean TImes

[ vitesse ] [ première impression ]

 

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pouvoir

Lorsque tout effort politique vers la paix, de la part de gouvernements qui reflètent les aspirations les plus profondes de leurs peuples, s'avère vain, il est normal de chercher quelles raisons puissantes le font régulièrement échouer. On peut trouver une explication suffisante dans l'existence de ces individus et de ces groupes influents dont les convictions politiques, les intérêts professionnels ou les instincts commerciaux font des adversaires résolus de tout désarmement. Les militaristes sont parmi nous. Peu nombreux sont ceux qui jouent un rôle prépondérant sur la scène politique, pour la bonne raison qu'une attitude en faveur de la guerre rend impopulaire. Ce sont, comme Lord Robert Cecil disait dans une lettre au président Wilson en 1916 des hommes "capables et honorables", mais qui sont "passés maîtres dans l'art de l'obstruction". Et ils sont extrêmement puissants, comme le prouve l'histoire des échecs répétés des tentatives qui se fixaient pour but le désarmement et la fin des guerres.
Depuis cent ans du moins, les militaristes se recrutent toujours dans les mêmes milieux. Il y a d'abord les états-majors militaires qui sont profondément imbus de la croyance que les guerres sont inévitables, et que "la nature humaine ne change pas". Un autre groupe comprend les fabricants et les vendeurs de matériel de guerre qui, encouragés par leurs gouvernements nationaux à accepter un "devoir patriotique", trouvent un solide intérêt dans la préparation de la guerre et le développement de l'exportation des armes. Enfin il y a toujours eu les sociétés patriotiques dédiées à la propagation des idéaux nationalistes et à la glorification de la force militaire. De plus, l'influence des journaux techniques et commerciaux, avec leurs éditoriaux en faveur de l'utilisation militaire des ressources industrielles, ne doit pas être sous-estimée. Les activités de ces différents groupes se combinent pour créer le "complexe militaro-industriel" contre lequel le président Eisenhower mettait en garde ses concitoyens.
Il y a encore une classe de militaristes, la plus sinistre de toutes : les services secrets et les agences de renseignement qui opèrent en dehors du contrôle normal du gouvernement. Isolés dans leur clandestinité, ils sont laissés libres de poursuivre par des moyens souterrains ce qu'ils considèrent comme l'intérêt de leur pays. La mentalité nécessaire pour faire ce genre de travail en temps de paix veut que ces agences attirent au moins une certaine proportion d'hommes pour qui tous les étrangers sont des ennemis, et toute pensée libérale frappée d'anathème. La plus grande partie du travail des agents secrets reste toujours secret, mais ce qui en apparaît à la surface est de toute évidence hostile à la cause du désarmement et de la paix. Si l'on pense immédiatement à la CIA dans ce contexte, c'est seulement parce que des Américains consciencieux ont révélé à l'opinion publique quelques-unes de ses activités au cours des dernières années. Mais les autres nations, y compris la mienne, ont leurs services secrets, comme elles ont leurs "complexes militaro-industriels".

Auteur: Baker Philip Noël

Info: extrait d'un article de 1968 publié dans un ouvrage collectif Unless Peace Comes comprenant des textes réunis par Nigel Calder, en français sous le titre Les Armements Modernes

[ occulte ] [ armée ]

 

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socio-psychologie

Le matérialisme nord-américain - logé au cœur de la pensée collective - s'explique peut-être par une curieuse connexion de la langue anglaise, où le mot free signifie à la fois "libre" et "gratuit". Pour le français, la liberté est plutôt intérieure, car fonction de la conscience - ou politique. Tout le monde sait que le pouvoir de l'argent augmente le pouvoir sur les choses. Néanmoins, la liberté est séparée de l'économie par une différence de dignité. Sauf dans les cas de famine, on ne meurt pas pour le pouvoir d'achat : on y voit une commodité, non un idéal.

L'âme anglo-saxonne peut-elle échapper à cette nuance de dictionnaire et lutter contre la confusion qu'induit un seul mot pour deux horizons ? Une publicité pour une compagnie aérienne nous propose - grâce à un plan de fidélité - de "voler libres pour toujours", c'est à dire gratuitement de temps à autres. Soudain le fait de dépenser moins d'argent augmente la sensation de liberté. L'économie du moindre dollar est victoire, jubilation : réalisation. D'où le fait, chez les Canadiens, de marchander sans vergogne et de se battre pied à pied pour s'ouvrir le coin de ciel bleu d'une jouissance inversement proportionnelle au prix. La réduction est demandée comme un droit - mais sans baisse de générosité chez le vendeur ! La joie est chiffrée. Le désir de liberté - cette grande libido qui voudrait capturer la vie - est reporté sur l'argent. l'Éden est dans la gratuité. Le seul amour véritable est associé aux billets, le génie ou la justesse d'esprit sont des capitaux à réaliser. Le fait de payer incline à une certaine férocité des rapports, comme si dans l'échange il y avait, clandestinement, un gagnant et un perdant, une recherche de domination et la volupté de réduire en esclavage.

La qualité d'une œuvre finit par tenir à ces recettes. La liberté est d'autant moins comprise comme la direction même de la pensée, la recherche du savoir, la jubilation de comprendre. L'accent est rarement mis sur le plaisir volatil de l'analyse, bien séparé des questions d'intendance, dont d'autres cultures ne méconnaissent pas, pour autant, l'importance.

Ne noircissons pas cependant : s'il est peu d'accent mis sur le spirituel, il ne manque pas d'esprit impressionnants dans la vie courante. Le fait d'être peu encouragé à penser engendre une révolte qui porte loin. Et, si tant est que l'on valorise la gratuité, rien n'empêche d'arriver un jour à la poésie et à la subtile fraîcheur du rêve : sans valeur comptable, elles relèvent du miracle. Enfin, même si la relation à la richesse est omniprésente, elle ne détourne pas forcément de la tolérance et de l'harmonie : on est aimable avec le client potentiel, on le reste dès lorsqu'il n'achète pas car on l'aperçoit comme libre de l'emploi de son argent. Le matérialisme se transcende en sainteté ordinaire, l'amour et l'intelligence prévalent. Il n'en va pas toujours de même dans les pays où l'individualisme de la pensée incline au mépris.

Auteur: Gloaguen Alexis

Info: Digues de Ciel

[ linguistique ] [ capitalisme ] [ mot carrefour ] [ polysémie ] [ comparaison ] [ occident ] [ célébrité modèle ] [ marchandisation ] [ translangue ]

 

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